[Fic] DUG - "C'est dur dur d'être un michant"

Apr 25, 2010 08:35

Artiste : drakys
Titre de l'oeuvre : C'est dur dur d'être un michant
Fandom : Dans une galaxie près de chez vous
Rating : PG
Genre : Humour
Nombre de mots : 3604 mots
Disclaimer : Claude Legault et Pierre-Yves Bernard
Une commande de : little_meenoo, sur le prompt : Brad - Un jour de repos
Betalecture : supaidachan

Le capitaine arpentait la salle de commandement le dos raide, les mains croisées dans le dos et avec un froncement de sourcils qui lui creusait un Grand Canyon entre les sourcils.

"Braaad", commença-t-il, sur un ton qui laissait supposer que le scientifique allait en manger toute une et même deux.

"Non mais c'est pas ma faute, j'étais pas là pis j'ai rien vu", Brad fouilla frénétiquement dans la poche intérieure de sa veste. "J'ai même un billet du médecin pour dire que-

- Suffit!", le capitaine leva une main pour l'interrompre. "J'veux rien t'entendre-

- On dit juste entendre, Charles, parce que rien finit pas par t et tu peux pas faire le lien à l'oral", pensa bon de préciser Valence - en remarquant le regard presque miiichant que le capitaine lançait dans sa direction, elle continua: "Si tu veux rien entendre, comment tu vas faire pour le laisser se défendre?

- J'ai pas l'intention de le laisser se défendre.

- Charles! C'est pas démocratique!

- Ça tombe bien, on n'est pas une démocratie. On a une hiérarchie solide comme...", il chercha une comparaison à faire, fronça les sourcils. "Comme de quoi de ben solide.

- Ben là", fit remarquer Brad. "Elle est pas solide solide votre hiérarchie, vous avez le droit de la changer à tout bout d'champ.

- Seulement quand les circonstances sont... circonstancielles", le capitaine soupira et se pinça l'arrête du nez. "Coudonc, je couve-tu que'que chose? Me semble que j'ai de la misère à faire une phrase cohérente!

- Ça doit être le stress...", commenta automatiquement Valence.

"Exactement! C'est pour ça qu'il faut que j'envoie Brad faire de quoi de plate loin loin dans le fond du vaisseau, pour que j'y vois pu la face!

- Mais", se risqua Brad, parce qu'un bon Mais bien placé n'était jamais perdu.

"Il a raison, Charles. C'est pas une raison pour le punir, si tu lui aimes pas la face.

- C'est pas juste la face que je lui aimes pas. Je l'aime pas de façon juste et équitable: y'a rien que j'y aime.

- Mais en souscrivant à cette philosophie destructrice, tu influences l'organisation négative de son moi par tes commentaires qui le dénigre. Si Brad se sentait aimé ou même juste un peu apprécié pour son implication dans la m-

- Mmmission", la coupa le capitaine par habitude et ils regardèrent tous les trois un point lointain à l'extérieur de l'écran.

"Je suis sûre qu'il s'épanouirait et deviendrait humain, comme tout le monde."

Le capitaine essaya de ne pas avoir l'air exaspéré et son effort lui donna l'expression de quelqu'un préoccupé par des problèmes sévères de constipation.

"Humain? Lui?", sa voix dégoulinait de doute.

"Écoute, c'est prouvé : quand j'étais à l'université, on faisait des tests sur des souris et celles qu'on insultait, ben, ils elles? déprimaient et se suicidaient.

- ...Comment elles faisaient ça?

- Oh, elles se jetaient sur le distributeur de nourriture qui donnait des chocs électriques. C'était vraiment triste, ça laissait une odeur dégueulasse de poil grillé dans le laboratoire.

- 'Scusez?", intervint Brad. "On pourrais-tu passer à ma sentence? Faut-tu vraiment que je perdre mon temps à écouter vos niaiseries?"

***

Il y avait des tâches plus ingrates sur le vaisseau que de laver les douches. Le seul problème, c'était que Brad savait très bien que les tâches plus ingrates étaient les prochaines sur sa longue longue liste de choses à faire.

"Avoyez! Frottez, l'grand nez!", l'encouragea Pétrolia.

Brad roula des yeux. Elle était là pour le surveiller, ce qui était probablement juste une autre façon de le torturer. ...Ou pas, parce que le capitaine n'avait pas un esprit tout à fait assez tortueux pour penser à quelque chose d'aussi mean. Reste que c'était chien, il était tout à fait capable de laver les douches sans supervision.

"Relaxez-vous les bigoudis, vous voyez ben que j'frotte!", il agita mollement son éponge pour appuyer son propos. "C'est quand même pas ma faute si on n'a pas les bons outils pour laver dans les coins. Si j'avais une brosse à dents au moins ou que'que chose, j'pourrais faire mieux.

- Donnez-moi deux minutes, j'vais vous en trouver une moi!", sourit Pétrolia et une pensée soudaine plus tard, demanda: "Vous voulez de la pâte à dents aussi?

- Ben oui, pourquoi pas? Apportez donc du rince-bouche, tant qu'à y être, la céramique aura pas mauvaise haleine. Pis prenez pas la brosse à dents de Bob! J'veux pas salir ce que je viens de laver", Brad poussa un soupir qu'il essaya de rendre le plus mélodramatique possible. "Si au moins on avait une façon plus efficace de frottez les douches..."

Pétrolia s'arrêta.

"...Qu'est-ce que vous voulez dire? Si c'était pas aussi plate à faire, comment on vous punirait quand vous faites une niaiserie ou que vous êtes juste fatiguant?"

Brad déposa son éponge au fond de la douche. C'était l'étape délicate qui commençait. Convaincre Pétrolia de quelque chose était aussi compliqué que de faire de la neurochirurgie: son cerveau avait tendance à partir en vrille sur tout et surtout, n'importe quoi, et s'arranger pour orienter ses pensées du point A au point B sans devoir passer par le reste de l'alphabet était un défi de taille.

"Vous pensez pas qu'il y a assez d'autres affaires à me faire faire sur le vaisseau? Tsé, compter des rivets ou classer des bouts de câbles par couleur, ça aussi c'est plate en maudit.

- Ouais mais là, c'est aux douches que Charley a pensé.

- Mais imaginez toutes les autres choses inutiles que vous pourriez inventer si les douches avaient pas besoin que je les nettoie!

- ...Comme quoi?

- Ben là, j'sais pas", Brad secoua la tête. "C'est pas à moi de les inventer quand même, j'ai déjà assez de misère à trouver des coups chiens à faire.

- Vous pourriez arrêter de faire des coups chiens, ça serait plus simple pour tout le monde.

- Ben là!", s'exclama Brad. "Qu'est-ce que je ferais d'autre?

- Vous pourriez scientifer, vous êtes pas supposé être bon là-dedans?

- Analyser des bouttes de roche pis des gouttes d'eau, c'est pas ben ben l'fun", se plaignit Brad et pour la forme, il fit semblant de frotter un bout de tuile. "Non mais, eille ! Imaginez c'que le capitaine dirait si vous inventiez de quoi pour aseptiser les douches automatiquement !

- Charley aime pas ben ben ça quand j'patente des affaires."

C'était un argument de poids. Chaque fois que Pétrolia se risquait à inventer quelque chose de nouveau, le capitaine hurlait. Souvent parce qu'il se retrouvait victime de l'invention en question. Comme quand Pétrolia avait modifié un innocent canard pour le bain en rafraîchisseur d'air: le capitaine avait senti La Fraîche Brise d'Été au Début du Printemps pendant une semaine, en plus d'être temporairement aveugle d'un oeil. Pétrolia avait beau eu dire que ce n'était pas sa faute, que c'était l'huile essentielle de Fraîche Brise d'Été qui aurait dû venir avec un avertissement qu'il ne fallait pas la mélanger avec l'huile essentielle de Début de Printemps, parce que tsé, comment elle aurait pu savoir que ça faisait un gaz lacrymogène du torieux, le capitaine avait été en beau tabarschloutte pendant une semaine.

"Je pense que si vous trouviez un moyen pour que ça sente pas trop le Bob dans la salle de bains, il serait... reconnaissant.

- ...Reconnaissable, qu'est-ce vous voulez dire?", demanda Pétrolia, confuse. "Pas comme la fois qu'mon refroidisseur d'air s'est mis à pitcher d'la peinture bleue pis qu'il a eu l'air d'un schtroumpf pendant un mois?

- Y serait content, j'veux dire", se corrigea Brad, abaissant son mental nettement supérieur au niveau de vocabulaire approprié.

"Oh. ...Content comment? Parce que si c'est content genre Bravo Pétrolia, Mais Si Vous Recommencez, Je Vous M'Autadine En Bas du Vaisseau, C'est-tu Clair?, j'aime pas trop ça quand il est content de même.

- Je pense qu'il va être content comme dans assez content pour ne pas vous m'autadir en bas du vaisseau.

- J'ai peut-être une idée...", murmura Pétrolia, les yeux dans la graisse de bine.

Brad sourit. Les douches allaient être propres sans qu'il s'en mêle: peut-être que Pétrolia allait les faire exploser, mais au moins, elles seraient propres en maudit quand elles allaient exploser.

***

Avec Bob, c'était le timing qui comptait. Il était le plus vulnérable quand il était à une fraction de seconde de manger quelque chose. Son cerveau était alors entièrement monopolisé par la série d'instructions complexes qui s'assuraient de l'ouverture des lèvres du pilote et de l'amorce du mouvement de bras nécessaire pour que la main s'approche de la bouche et y dépose de la bouffe. Brad attendit patiemment, caché par un tournant de couloir bien placé. Il vit Bob, le pogo, le mouvement entamé pour diriger le second item vers le premier.

"Bob, mon Bob, si c'est pas mon Bob, ce cher Bob!", tonna Brad en se jetant vers lui, les bras grands ouverts.

Le pogo resta par miracle coincé à un centimètre des lèvres de Bob. Les yeux du pilote se fixèrent éventuellement sur Brad et un neurone solitaire quelque part s'agita mollement pour lui rappeler que la bouche servait aussi à parler:

"Hein?

- Ah, Bob, mon ami Bob! Belle journée, n'est-ce pas, Bob? J'ai une offre d'une durée limitée pour vous! Vous allez voir, vous allez aimer ça!", il lui tendit un papier.

Un conflit devint visible sur le visage du pilote. D'un côté, son cerveau lui rappelait avec insistance l'existence du pogo dans sa main, pogo qui serait nettement plus heureux s'il était mangé. D'un autre côté, son cerveau lui indiquait que ce pogo non mangé ne se mangerait pas tout seul. Quelque part, depuis un coin plus obscur, son cerveau murmura que s'il frappait Brad tout de suite, il pourrait manger son pogo plus vite.

"C'est un coupon pour que j'vous fesse gratis?"

Le sourire déjà forcé sur le visage de Brad se força un peu plus.

"Non, c'est encore mieux! Et permettez-moi de profiter de l'occasion pour vous dire que j'aime ça quand vous m'frappez, vous faites bien ça. Non, c'que j'ai pour vous, c'est l'emplacement d'une cargaison secrète de pogos de luxe!

- Des pogos de luxe?

- Oui, ils viennent avec la ligne de moutarde déjà dessus!", expliqua Brad, qui commençait à espérer que l'estomac de Bob se grouille un peu plus pour prendre le contrôle de son cerveau.

Bob regarda le papier, perplexe. Brad attendit. Et attendit. Et attendit un peu plus longtemps avant de s'impatienter.

"Coudonc, c'est pas compliqué gros épais!", il remarqua l'expression d'animal blessé dans les yeux de Bob et se corrigea : "J'vous dit ça en toute amitié, Bob. Vous avez juste à passer par les conduits d'aération, l'entrée est là!

- Ah ok", fit Bob, sans bouger.

"Qu'est-ce que vous attendez alors?

- ...J'peux-tu finir mon pogo?"

Brad se demanda si c'était possible de se fouler un œil en roulant des yeux et, dans le doute, nota la possibilité comme future justification pour ne pas faire quelque chose.

"Si je vous dit oui, allez-vous enfin vous bouger le c- l'appétit?"

Bob ne fit qu'une bouchée de son pogo et se rappela éventuellement de recracher le bâton.

"C'est là?", demanda-t-il, pour être certain.

Pour l'aider, Brad avait pris la peine d'indiquer l'entrée par un énorme carton sur lequel il était écrit Entrée, avec un grosse flèche pour la pointer plus clairement. Il serra les dents.

"Oui, c'est là", confirma-t-il et Bob commença à entrer dans le conduit d'aération. "Ah, Bob! Pendant que j'y pense!", Brad lui sourit et tira un tutu rose nanan, taille XXL de la poche intérieure de sa veste. "Mettez ça!

- C't'un tutu", fit remarquer Bob avec une justesse étonnante, ce qui força Brad à trouver une meilleure interprétation de la vérité :

"Non, c'est... une combinaison ultra légère faite d'un alliage rare. Si vous la porter, ça va vous permettre de désactiver le dispositif sophistiqué qui bloque l'entrée de l'emplacement de la cargaison secrète de pogos de luxe."

Il y avait des jours comme ça où, vraiment, Brad aurait passé la journée à s'aimer très fort. Comme le lundi. Et le mardi. ...Et, à bien y penser, le mercredi et le jeudi et le vendredi aussi et même pendant la fin de semaine!

"Vous pensez à tout, Brad! ...J'peux-tu vous fesser pour vous dire merci?

- Je préférerais pas, mais demain, peut-être? Me semble que j'ai un p'tit quinze minutes de libre dans mon horaire.

- Ok!", sourit Bob et il enfila le tutu sans faire d'histoires. "Vous allez me l'rappeler, hein? Au cas que j'oublie?

- Bien sûr!", Brad lui donna une grande claque dans le dos pour sceller leur accord.

Il grimaça aussitôt et massa sa pauvre main meurtrie. Bob se glissa avec une certaine difficulté dans le conduit d'aération et Brad se frotta les mains: bonne chose de faite, les conduits d'aération seraient propres aussi vite que ça prendrait à Bob pour ramper partout. Quelques heures plus tard, le pilote dégringola depuis le plafond jusqu'au plancher de la salle de commandement - probablement via un panneau de moindre qualité construit par la Spitfire Corporation. Valence le regarda, éberluée.

"Mais voyons Bob! Où c'est que t'as pris ça ce tutu gris-là!?"

***

Brad soupira. Il traîna un papier d'une pile à une autre et soupira encore, un peu plus fort. Un autre papier changea de place et il accompagna le mouvement d'un soupir.

"Vous savez, Brad", fit remarquer Valence sans lever les yeux de son magazine. "Si vous faisiez un effort pour être moins insupportable, le capitaine verrait certainement que vous êtes... que vous êtes, hm...", Brad constata sans grande surprise qu'aucun adjectif flatteur ne lui vint à l'esprit. "Que vous faites des efforts", termina mollement la psychologue.

"Je fais pas exprès", se défendit Brad.

"Ah non?

- ...Sauf quand je pousse Bob dans les marches, mais vous allez quand même pas me dire qu'il risque de se faire mal! À'grosseur qu'il a, il doit avoir des coussins gonflables intégrés.

- Brad, continuez donc de faire le ménage dans votre dossier au lieu de mépriser les autres."

Le scientifique fit changer une feuille de pile et soupira. Il devait y avoir à peu près soixante-dix-huit boîtes pour contenir son dossier et ça, c'était parce que Valence archivait ce qui était plus vieux que deux ans. Ils avaient dû libérer de l'espace dans la cale pour entreposer le reste.

"J'vois pas pourquoi faut que j'fasse ça.

- Parce qu'on vous a dit de l'faire, Brad."

Brad s'orienta aussitôt vers une autre approche.

"J'vais faire ça tout croche.

- C'est en ordre alphabétique, vous vous souvenez de votre alphabet au moins?", cette fois, Valence leva les yeux de sa lecture et pencha la tête sur le côté, avec un sourire exagéré et elle commença à chanter: "A-B-C-D-E-F-G H-I-J-K-L-M-N-O-P Q-R-S T-U-V W-X-Y-Z, maitenant je les connais, toutes les lettres de-

- Ok, c'est beau!"

Il fronça les sourcils en retournant au tri de son dossier. Il devait y avoir une façon de déjouer Valence: même si elle était plus vite que les autres, ça ne voulait pas dire qu'il était invulnérable. Le hic, c'était de trouver la petite faille et y insérer de quoi l'élargir. Brad déplaça deux ou trois feuilles de plus et commenta à voix haute, comme pour lui-même:

"J'me demande pourquoi le capitaine m'fait faire ça."

Valence ne lui répondit pas, mais Brad ne l'entendit pas tourner une page de son magazine. Ce qui voulait dire qu'elle écoutait soudain avec un peu plus d'intérêt.

"J'me demande si ce n'est pas une critique sur votre façon d'organiser vos dossiers.

- Brad, triez plus et jasez moins."

Une autre feuille changea de pile.

"...Il demande à personne d'autre de trier mes dossiers pis mes rapports, il doit plus aimer ma façon de classer que la vôtre. Ce serait pas surprenant, c'est pas difficile de voir qu'il ne pense pas que du bien de votre pourtant fascinante et utile profession."

Le magazine fut refermé dans un froissement de papier glacé.

"Oh ben eille! Voir si quelqu'un de fucké dans tête organise ses affaires mieux que moi! Tassez-vous, Brad!

- Non! C'est à moi de le faire!", contra Brad avec un enthousiasme louche que Valence, dans sa soudaine furie, ne remarqua même pas. "On m'a demandé de le faire, je veux le faire! Vous m'empêcherez pas de le faire!"

Il essaya de couvrir une partie du dossier avec son corps, mais la psychologue l'agrippa par le collet.

"Brad, vous savez que j'suis pas trop fan de la violence physique à moins que ce soit vraiment justifié, mais si vous êtes pas sorti de mon bureau dans dix secondes, je vais vous faire sortir à grands coups de pied dans le c-"

Brad était dehors bien avant qu'elle termine ce mot pourtant très court.

***

Flavien le surveillait de près, ce qui laissa supposer à Brad qu'il se tenait trop avec Pétrolia, pour attraper les mêmes défauts. Ce qui voulait dire... que leur stupidité était probablement contagieuse! Où est-ce qu'il avait mis son Purell, encore? Il fouilla distraitement ses poches, à la recherche de la petite bouteille en plastique.

"Que-c'est que vous faites!", cria soudain Flavien et Brad se redressa pour s'essuya le front.

Il y laissa une longue traînée d'huile sale et réprima un frisson de dégoût. Ses mains étaient sales, ses vêtements étaient sales, son visage était sale, même sa saleté était sale. Il allait avoir besoin de prendre une longue douche en tête-à-tête avec un savon et la perspective ne l'enchantait pas plus que ça. Pas après avoir laissé Pétrolia seule à bidouiller dans la salle de bains sur une invention qui allait aussi bien pouvoir le désintégrer que lui laver le derrière des oreilles avec une efficacité accrue.

"Eille, c'est déjà assez compliqué de nettoyer ce morceau-là du moteur, ça me prend pas vous qui me gueule après pour me nuire!

- Vous faites ça tout croche!

- C'est pas ma faute si vous êtes meilleur que moi", grommela Brad.

Il y eut un silence et le scientifique tourna la tête pour cacher un début de sourire qui menaçait pas mal de devenir un grand sourire victorieux.

"...Je suis meilleur que vous? Moi?

- Ben là, Flavien! Le capitaine passe son temps à le dire! Il dit...", Brad réalisa que mentir avait ses limites: inventer des compliments à faire à Flavien lui levait le cœur. "Il dit Flavien-ci, pis Flavien-ça. C'est toujours Flavien. Vous, je veux dire. Il dit rien qu'ça. Il dit même que Flavien, que vous êtes le meilleur pour lubrifier les pistons du moteur. Il dit que sans vous, les pistons pistonneraient pas comme ils pistonnent quand vous les lubrifiez. Le king de la lubrification des pistons de moteur, c'est comme ça qu'il vous appelle."

Un autre silence se glissa dans la conversation, le temps que la galaxie au complet installe ses étoiles dans les yeux de l'opérateur radar.

"...Il dit ça pour vrai?

- Est-ce que je vous mentirais, Flavien?", rétorqua Brad.

"Ben...

- Est-ce que je vous ai dit comment le capitaine me disait toujours combien les pistons sont propres quand vous les nettoyez?", le scientifique rectifia le tir dès qu'il sentit un doute légitime dans le ton de Flavien. "C'est pas des farces, il dit qu'on pourrait manger dessus, s'ils étaient plus grands!"

"Wow, j'sais pas quoi dire!

- Dites que vous allez lubrifier les pistons à ma place, maudit niaiseux! C'est pas ça que j'voulais dire", tenta de se reprendre Brad, réalisant sa ratée en voyant l'expression de Flavien. "Ce que je voulais dire, c'est... c'est que... en fait, ce que je voulais dire, c'est que je serai jamais capable de faire une aussi belle job que vous, Flavien. Comment vous faites? Vous devez bien avoir un secret?

- Ben...", Flavien parut y penser sérieusement. "J'les frotte, pis quand j'ai fini, j'mets de l'huile, mais pas trop et j'essuie le surplus.

- Et vous les frottez comment les pistons, dites-moi? Vous devez sûrement avoir une technique spéciale!

- Non, j'pense pas.

- Flavien, faites-moi donc pas de cachettes! Montrez-moi comment vous vous y prenez que je sois capable d'le faire! S'il vous plaît!", supplia Brad en lui tendant une guenille.

Flavien la prit sans se poser de questions, se pencha vers la pièce à nettoyer et commença à frotter.

"C'est pas ben compliqué, vous euh... ben vous frotter", il sourit. "C'est juste ça, faut frotter! Vous voyez mon mouvement-là? Faut y aller avec l'épaule, ça aide. Quand j'aurai fini ça, j'vais vous montrer comment les huiler!"

Brad resta le temps de jeter quelques Hm hmm et Ah, je vois ! bien placés et s'éclipsa ensuite, vite fait, bien fait. Le temps que Flavien réalise qu'il s'occupait seul des pistons, il allait être loin.

***

Brad s'installa confortablement sur sa couchette et feuilleta L'art de la manipulation (et comment bien réussir son pâté chinois), jusqu'à la bonne page. Il soupira, épuisé, mais satisfait. C'était presque aussi fatiguant de trouver comment ne pas faire ses corvées que de les faire... mais bon, au moins, manipuler les autres n'abîmait pas sa peau fragile. Encore heureux, parce qu'il n'avait pas un budget illimité pour s'acheter de la crème à mains.

Oh, le capitaine allait bien le pogner dans le détour pour avoir séché ses corvées et les avoir comme un peu forcées sur les autres! Reste que, demain était un autre jour et après une journée de repos et une bonne nuit de sommeil, il allait tout à fait être apte à trouver de nouvelles manigances pour se sauver des punitions qu'il aurait pour s'être sauvé de ses punitions précédentes.

(25 avril 2010)

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Notes supplémentaires :
Au cas où : ce que Valence chante, c'est cette chanson.

artiste : drakys, 2010, fandom : dans une galaxie..., fanfic, rating : pg

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