Cancanez, il en restera toujours quelque chose (partie 2)

Jul 03, 2008 15:45

Titre : Cancanez, il en restera toujours quelque chose
Auteur : Anonyme, n'insistez pas !
Genre : Humour, romance
Rating : G

Quelques personnages maltraités pour les besoins de cette histoire : Hannah Abbot, Mandy Brocklehurst, Millicent Bulstrode, Roger Davies, Seamus Finnigan, Justin Finch-Fletchley, Astoria Greengrass, Su Li, Neville Londubat, Ernie MacMillan, Pansy Parkinson, Padma Patil, Parvati Patil, Adrian Pucey, Zacharias Smith, Romilda Vane, Fred Weasley, Blaise Zabini…

Prompt 119 - Les ragots tournent dans la prestigieuse école de magie Poudlard, Pansy Parkinson et ses crises d'hystérie, Mandy Brocklehurst que l'on voit disparaître le soir, Astoria Greengrass et Romilda Vane qui se crient mutuellement dessus, Fred Weasley amoureux, Padma et Parvati Patil brouillées, Roger Davies qui rougit devant une de ses poursuiveuses, mais que se passe-t-il à Poudlard ?

Partie 3- Une question de technique

« Dernière rumeur à étudier : méfions-nous de ces Serdaigles trop tranquilles », dit Lavande.

« Ses camarades se sont aperçus que Mandy Brocklehurst disparaît tous les soirs. Ils se posent des questions…

-Et si elle était possédée ?

-Seamus ! » s’exclamèrent simultanément Dean et Neville.

Seamus adressa un coup d’œil appuyé à Dean :

« Une personne que nous connaissons bien a été possédée par Vous-Savez-Qui autrefois.

-C’est absurde », grinça Millicent, exaspérée.

Seamus, toute à sa théorie, n’en tint pas compte :

« Quels sont les symptômes d’une possession ?

-Tu dérailles, Seamus », dit Neville.

Néanmoins, tous se tournèrent machinalement vers Blaise Zabini et Theodore Nott.

« Ne me regardez pas comme ça ! Tous les hommes qui ont épousé ma mère étaient techniquement sains d’esprit ! » protesta le premier.

« Il est certaines choses qu’il est bon d’ignorer », renchérit le second.

« L’idée même est complètement absurde », répéta Millicent. « Il suffit de la prendre en filature un soir, ce n’est pas bien compliqué. »

« Non, non et non ! J’en ai assez fait comme ça ! » répondit Justin à Zacharias.

Prendre une Serdaigle en filature, et puis quoi encore ! Il n’était pas détective privé !

Mais il avait d’autres soucis en tête que Zacharias.

« Allez, Zabini, on ne me la fait pas ! Quelle est ta motivation ?

-Je l’ai déjà dit, Pucey. Je m’ennuyais, et votre club était l’opportunité de remédier à cet inconvénient.

-A d’autres !

-Je pourrais te demander quelles sont tes motivations.

-On essaie de renverser les rôles ?

-Je note que tu ne réponds pas à ma question. Quant à Millicent, tu veux me faire croire que sauver les malheureux calomniés de la fureur des ragots suffit à la rendre heureuse ?

-C’est la version officielle.

-Je suis Blaise Zabini. Je me contente de la version officieuse.

-Millicent veut se venger de Vaisey. C’est du moins ce que j’en ai déduit.

-Intéressant. Et ton rôle dans tout ça ?

-Je m’amuse. Comme toi, je m’ennuyais. Maintenant, excuse-moi, voilà ma cible.

-Astoria ?? ».

Adrian était parti d’une idée très simple : quitte à user de son charme pour soutirer des informations, autant les tenir d’une source très bien informée sur la nature de la querelle qui l’opposait à Romilda Vane, plutôt que d’obtenir des renseignements de seconde main.
Trois quart d’heure et une Astoria minaudante plus tard, Adrian savait tout.

« Quelle technique », admira Blaise qui avait suivi l’emploi de la lourde artillerie (sourires en coin, compliments subtils, mèches châtain retombant sur le front, yeux pétillants) sur l’innocente Astoria.

« Non mais, tu te rends compte de la naïveté de ces jeunettes ! » articula Adrian, hilare, entre deux éclats de rire. « Romilda et elle se sont crêpé le chignon afin de savoir…qui allait conquérir le cœur de Malfoy !

-Tss. Quel manque de goût. Triste génération », ricana Blaise.

« Elles ne manquent pas entièrement de goût, » tempéra Adrian. « Après tout, leur fanclub m’a classé à la 8ème place des joueurs de Quidditch les plus séduisants.

-Je t’ai observé avec Astoria. Malgré tes démentis, tu ne peux pas nier la rumeur : tu es bel et bien un séducteur impénitent. »

Adrian fronça les sourcils :

« Ce n’est pas le cas, et je te prierai à l’avenir, Zabini, de ne pas apporter de l’eau au moulin des vils canaris qui fabriquent ces mensonges.

-Ne te vexe pas, mais après ta prestation avec Astoria, on voit que tu maîtrises la technique. Fidèle à ta réputation, en somme.

-Mais tu vas arrêter de me jeter ma réputation à la figure ! Je ne suis pas celui qu’on croit !

-Ben voyons…Tu n’es pas un séducteur-né, qui conquiert des cœurs à la pelle dans toutes les maisons ?

-Ma technique, comme tu dis Zabini, n’est pas complètement innée.

-Attends un peu… Tu veux dire que ces sourires et ces hochements de tête compatissants ne sont pas naturels ?

-Disons que j’ai travaillé mon naturel. Sans m’entrainer sur de vraies filles au préalable.

-Comment ?

-Mon oncle Wilberforce m’a offert un miroir magique pour mes douze ans. Ce miroir a la particularité de réagir comme la plupart des femmes réagissent à un sourire, un visage avenant.

-J’imagine qu’un tel objet est inestimable, » approuva Blaise. « L’idée même de t’en séparer pour une somme conséquente…

-Prends-le si tu le veux. Pour moi, ça n’a plus d’importance.

-Il est défectueux ? » s’inquiéta Blaise. (il songeait que le miroir pourrait l’aider à être plus démonstratif, ce que sa petite amie apprécierait, se plaignant souvent qu’il avait le visage sculpté dans le bois).

« Non, il marche très bien. Mis à part le fait que tout ce que j’ai appris ne m’a servi à rien avec la seule fille qui compte ! ».

Inconscient des intentions de Seamus, Marcus Belby vidait son sac et son verre de Bièreaubeurre :

« Aujourd’hui, l’entrainement a été pire que de coutume… »

« Tu as bien joué aujourd’hui, Li », conclut Roger à la fin du debriefing. Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine, même heure.

-Tu te paies ma tête ? C’est ça que tu me donnes comme feedback après deux heures de match ? Que j’ai bien joué ? Et mes faiblesses, mes erreurs, ce que je dois améliorer ? ».

Encore ce petit côté perfectionniste !

Roger parut désarçonné :

« Tu n’en as pas commise beaucoup ? » offrit-il pour apaiser la furie.

« Je suis la seule de l’équipe dont tu n’as pas détaillé les performances. Si tu ne m’observais pas, Davies, admets-le au lieu de prétendre que je n’ai rien à améliorer !

-Il y aura quelques petites choses à corriger, mais dans l’ensemble tu n’as pas à t’en faire. Tu as bien joué.

-Je ne veux pas bien jouer ! On peut toujours faire mieux, Davies ! » cria une Li hystérique. « Avoue que tu ne faisais pas attention à moi !

-Je t’observais, zut ! Enfin », amenda-t-il précipitamment, « quand j’en avais le temps. Je n’ai pas passé toute la durée du match à t’observer toi seule.

-Ce n’est pas ce que je te demandais, Davies ! »

« Et puis, Kenneth a fait un signe à Roger, qui a hésité, mais il a hoché la tête et il a dit…il a dit…

-Qu’a-t-il dit ? » pressa Seamus.

« Que puisqu’elle était si douée, elle n’avait qu’à faire ses preuves en dirigeant notre équipe au cours de notre prochain match contre les Gryffondors ! » gémit Marcus.

Seamus en resta comme deux ronds de flan.

« Elle va nous achever à l’entraînement », conclut Marcus, l’œil morne.

Dans un fauteuil de la salle commune, Pansy lisait intensément.

« Pannnns ! Viens ici tout de suite ! ».

Indifférente aux cris de Draco, elle tourna une page.

« Au secours ! ».

Avec un soupir furieux, elle se rendit en direction des sons horrifiés proférés par le blondinet.

« Quoi encore ? »

Frénétique, il répliqua :

« Quelqu’un a osé toucher à mes affaires de toilettes et mon gel a disparu ! Pan, regarde sous le lavabo si…

-Maintenant, ça suffit ! » hurla Pansy.

Draco en lâcha son tube de dentifrice.

« Pendant des années, » poursuivit Pansy de plus en plus agitée, « des années, j’ai essayé de me convaincre que tu étais parfait pour moi. Je t’ai respecté, admiré, vénéré, parce que le système patriarcal m’ordonnait de le faire, mais aujourd’hui, je te largue, toi et ce stupide système qui m’a lavée le cerveau au point de croire qu’un sale gosse pourri gâté incapable de faire ses lacets sans l’aide de son elfe de maison m’était supérieur !

-Tu… tu nous fais une crise d’hystérie, Pans », balbutia timidement Draco, essayant en vain d’injecter un semblant d’autorité dans sa voix défaillante.

« Ne m’appelle plus Pans ! » lâcha-t-elle d’un ton létal. Elle déboula de la porte de la salle commune si violemment qu’elle bouscula un peu Astoria Greengrass, qui venait payer ses respects à son beau Dray.

Après la blessure infligée à son ego par son ancienne amie, Draco accepta assez aisément les attentions de la jeune Poufsouffle.
Astoria, à la poursuite du gel perdu, profita de la situation pour admirer le profil de Draco.

« Ah ! »

Victorieuse, elle rendit le gel au Serpentard qui s’en empara avec transport. Elle en profita pour examiner un flacon qui était posé sur la commode :

« C’est mon shampoing personnel », daigna l’informer Draco. « C’est hors de prix et Mère l’importe exprès de…Ah ! Qu’est-ce que tu fais ? »

Astoria vidait le flacon dans le lavabo. Sa tâche menée à bien, elle adressa un sourire pas du tout contrit à Malfoy :

« Je m’excuserais si j’avais tort, ce qui n’est pas le cas.

-Pas le cas ? Comment oses-tu, insolente moufflette ?

-Tu es laid quand tu cries », observa Astoria avec une candeur rafraichissante.

« Je savais qu’on ne pouvait rien attendre de bon d’une Poufsouffle », lâcha Draco avec mépris.

« Je peux m’expliquer, maintenant ? » s’impatienta Astoria, ses yeux noisette étrécis sous le coup de la colère.

« Tu en as assez fait comme ça. Ta sœur avait raison : ta répartition prouve que tu as l’intelligence d’un elfe de maison. »

Astoria tourna les talons, sous le choc d’avoir découvert que son héros était peut-être beau, mais tout aussi sot.

Astoria Greengrass tira un trait sur ses ambitions de devenir la future Mme Malfoy, négligeant au passage de signaler au bellâtre que son shampoing contenait des ingrédients visant à donner un lustre particulier à la chevelure, mais pouvant également provoquer chez l’homme des calvities précoces.

Elle partit si vite qu’elle ne remarqua pas ce qu’elle était venue chercher : une boîte de chocolats pour Draco. Mais même si elle l’avait vue, Astoria ne l’aurait pas jetée au feu comme elle l’avait souhaitée : Romilda Vane avait sa bénédiction pour mettre le grappin sur Malfoy.

« Qu’est-ce que tu disais de si important à Harry ? » demanda Dean à Neville.

« Je lui posais une question en défense contre les forces du mal. Dis, ça tient toujours pour ce soir ? » ajouta-t-il en baissant d’un ton.

« Et comment ! On ne sera pas nombreux, à cause de Terry. »

Blaise Zabini faisait son rapport à Lavande et Millicent.

« Les Blaireaux futés n’ont pas découvert le motif de la dispute d’Astoria et de Romilda. En revanche, c’est Zacharias qui a découvert que Fred Weasley était amoureux et ils ont une piste concernant l’état de la relation Li/Davies. Ils ne disent rien pour l’instant, car…

-…les rumeurs sont moins crédibles quand il s’agit de Quidditch, je sais », coupa Millicent, agacée. « Il nous faut des preuves solides dans cette affaire !

-J’en ai », intervint Seamus en franchissant la porte. « Céder le temps d’un match, le poste de capitaine à sa belle, c’est-y pas de l’amour ? ».

Lavande était déjà partie confirmer la rumeur : Roger Davies était fou de Su Li.

Sur le chemin, elle rencontra Zacharias et Ernie. Dédaigneux, Zacharias s’arrêta à sa hauteur :

« Pour une association prétendument soucieuse de la vérité, je constate qu’on ne tarde pas à répandre des rumeurs aussi fragiles qu’un crin de licorne battu par les flots.

-Descends de tes grands chevaux, Smith. Tu te prends pour un chroniqueur de Sorcière Hebdo ? Les ragots, c’est mon rayon.

-Les tabloïds de bas étage aussi, sans aucun doute ».

Ernie préféra s’éclipser vers un endroit plus tranquille.

Il n’avait pas prévu de tomber sur Pansy Parkinson en chemin. En temps ordinaire, il l’aurait laissée tranquille, mais les Blaireaux futés s’étaient promis d’éclaircir cette histoire de cuiller et d’hystérie (et vérifier que Pansy ne représentait aucun danger pour ses pairs). Le vice-président ne pouvait manquer une occasion pareille de lui demander (avec désinvolture, pour ne pas l’alerter) :

« Salut, Pansy ! Alors…euh… ça roule ? ».

Pansy le fixa. Ce n’était pas Millicent, mais il ferait l’affaire.

Alors elle se confia à lui.

Ernie n’en crut pas ses oreilles.

Qui aurait pu deviner que des ouvrages moldus égarés dans une bibliothèque sorcière et empruntés par erreur par Pansy aient pu pousser cette dernière à tout remettre en question ?

Ernie se promit de jeter un coup d’œil à l’un d’entre eux, ne serait ce que celui intitulé Histoire du Féminisme.

Padma Patil ne savait pas si elle avait eu raison d’interrompre sa sixième heure de révision pour suivre Justin Finch-Fletchley dans un endroit inconnu. Mais il avait semblé repentant :

« J’ai réfléchi à ce que tu m’as dit. Je veux me rattraper pour ce que je t’ai fait.

-Tu ne m’as jamais fait quoi que ce soit », avait-elle protesté. « Nous ne nous sommes jamais parlés avant…

-Justement. Laisse-moi m’excuser pour ça. »

La voix de Justin la tira de ses pensées :

« C’est ici. »

Padma le suivit des yeux alors qu’il faisait un signe à l’adresse d’un chevalier en armure de pierre tenant à la main une boule ronde en lieu et place de la lance qu’elle attendait.

Le chevalier les salua, la boule tourna sur elle-même et il s’effaça, dévoilant une porte que Justin ouvrit :

« Après toi ».

Padma Patil retint un cri d’horreur à la vue de la créature vivante recouverte d’un magma visqueux qui lui tournait le dos.

« Padma, bienvenue au club de Bavboules. »

Elle reconnut Susan Bones, qui lui fit coucou de la main, une Poufsouffle plus jeune dont elle ne se rappelait plus le nom, deux Gryffondors nommés Andrew Kirke et Jack Sloper, Theodore Nott…

« Les maisons ne vous posent pas de problème ?

-On a deux Serpentards très sympas », dit Justin. « C’est l’avantage des Bavboules. On est moins glamour qu’une équipe de Quidditch, et on attire moins de monde, mais la rivalité inter-maison n’est pas aussi exacerbée. Tiens, par exemple, Hannah et Blaise forment une équipe du tonnerre. Ils nous ont infligé une raclée terrible lors du dernier tournoi.

- Nous ?

-Eleanor Branstone et moi. Malheureusement, nous sommes loin d’être au niveau international. Mais cette année, avec Hannah et Blaise, on a des chances de se qualifier pour le championnat inter-écoles.

-Les Marseillais raflent tout, » dit Andrew Kirke d’un air sombre.

Justin secoua la tête :

« Ils ont un jeu moldu qui y ressemble, ils sont avantagés par rapport à nous. Les Bavboules sont les enfants pauvres du sport sorcier.

-Tu veux jouer, Padma ? » proposa Hannah.

Padma regarda son élégant chemisier blanc, puis le liquide grumeleux dont tous les joueurs étaient plus ou moins recouverts.

« Et comment ! » répondit-elle.

Du diable si Ernie savait comment ça s’était fait, mais voilà qu’après la confidence de Pansy (« Je ne veux pas rentrer chez les Serpentards tout de suite »), il l’avait invitée au club très privé et très secret dont il faisait partie.

Un club qui n’admettait des Serpentards que sous réserves (même si Nott s’était montré très correct les fois où il était venu), et qui n’avait à ce jour jamais admis de femmes.

Il pensa avertir Pansy, ravie de pouvoir se distraire bien qu’elle ignorât l’objet du club, de ce léger détail. Mais à l’idée de se faire traiter de phallocrate, il recula.

Justin craignait d’y être allé un peu fort. Malgré un usage excessif du Récurvite, l’apparence d’ordinaire impeccable de Padma était encore quelque peu bouleversée.

Au détour d’un couloir, ils rencontrèrent Parvati.

« Padma ! » s’écria cette dernière, reconnaissant sa sœur. « Que t’est-t-il arrivé ?

-Je me suis amusée, » répondit Padma, mine pincée.

Parvati perdit aussitôt son sourire aimable :

« Je dois y aller. Au revoir », dit-elle du bout des lèvres, adressant un léger signe à Justin au passage.

Dans l’ombre, Theodore Nott eut un fin sourire.

Rose Zeller regarda sa montre. L’heure du couvre-feu approchait, et Mandy Brocklehurst ne quittait pas sa salle commune. Zacharias ne serait pas content.

En dépit de l’accueil mitigé qui lui avait été fait, Pansy s’amusait énormément. Elle se découvrit un talent inattendu pour le poker explosif auquel, bien involontairement, des années passées à faire la morte au cours de parties de bridge se déroulant à l’heure du thé l’avaient efficacement préparée.

Les autres membres du cercle, composés ce soir de Dean Thomas, Seamus Finnigan et Neville Londubat, avaient protesté en la voyant entrer: c’était sérieux, le poker explosif, cela se jouait entre hommes…

Lorsque Pansy commença à les plumer, ils rendirent les armes.

Au fil de la conversation- les membres perdaient leur laconisme-, Pansy apprit qu’Ernie et Seamus étaient les deux passionnés de poker du groupe, que Terry Boot s’était fait interdire de cercle durant deux semaines pour comptage de cartes mais que c’était plus fort que lui, que Nott passait de temps en temps…

Au cours des parties, elle apprit également qu’on jouait pour quelques Noises afin de ne ruiner personne ; que les mains d’Ernie trahissaient ses impatiences et ses annonces gonflées à bloc ; que Dean était un bon joueur, mais trop prudent ; que Neville était meilleur bluffeur qu’on ne le croyait ; et enfin, que Seamus s’imposait comme un adversaire redoutable.

« Tu veux revenir jeudi prochain ? » proposa Ernie.

« Les réunions de notre cercle ont lieu le premier mercredi de chaque mois, puis tous les jeudis », précisa Dean.

« Qui viendra ? » demanda Pansy.

Dean et Seamus répondirent qu’ils seraient présents et qu’alors « tu pourras prendre ta revanche, Parkinson », la défia le dernier.
Neville s’excusa : il avait des révisions à rattraper jeudi prochain, mais il viendrait à la réunion suivante. Ernie, lui, serait en retard, mais ne manquerait ça pour rien au monde.

La jeune fille glissait le long des murs, pas assez vite pour qu’Ernie, tapi dans l’obscurité, ne réussît à la suivre. Il se réjouit : cette semaine de filature allait enfin porter ses fruits.

Soudain, au détour d’un couloir, il perdit sa trace.

Mandy Brocklehurst les avait encore semés, songea rageusement Lavande Brown, qui avait suivi Ernie et leur cible commune.

« Calme-toi, Seamus », répéta Dean d’une voix apaisante.

La victoire des Serdaigles sur les Gryffondors avait été un coup dur pour tout le monde. Su Li, capitaine, avait donné l’exemple à une équipe beaucoup plus offensive que d’habitude. On chuchotait déjà que ce passage de relais provisoire serait permanent, et que l’équipe rétrograderait gentiment son ancien capitaine au poste de poursuiveur vedette.

« J’avais misé gros sur notre victoire », souffla Seamus.

« Bah ! Tu te referas au poker ! » dit Neville, passant en sifflotant un air gai, ce qui lui arrivait souvent dernièrement.

« Ben…on dirait que mon plan n’a pas marché », reconnut Kenneth, penaud.

Tout comme son futur ex-capitaine, il se sentait tiraillé : d’une part, ils comptaient une victoire au compteur contre les Gryffondors, et leur équipe s’était surpassée ; d’autre part, cela confortait la place de Li, désormais présentée par les commentateurs comme « le plus grand espoir de Serdaigle » pour remporter la coupe, et Kenneth, en dépit de sa loyauté sans failles envers Roger, désirait arracher la victoire des mains de la défaite.

Le plan initial avait été de neutraliser Li en lui proposant de montrer ce dont elle était capable. La victoire contre les Gryffondors avait été jugée « tactiquement impossible » par Roger, Sous couvert d’offrir sur un plateau le poste de capitaine à Li, Roger renforcerait son autorité au sortir du match, ayant prouvé aux sceptiques que les qualités de Li ne surpassaient pas les siennes. Cela avait constitué l’argumentation choc de Kenneth, et Roger s’était laissé convaincre.

(Puis, quand Li se serait rendu compte de la difficulté de la tâche de capitaine, elle se montrerait éventuellement plus gentille avec lui et cesserait de le traiter en mascotte potiche devant son succès dû à sa popularité plus qu’à son talent).

« Maintenant, que fait-on ? » demanda Kenneth.

Roger soupira :

« Le reste de l’équipe est unanime : ils veulent Li pour capitaine-stratège, à condition que je l’assiste et, pour reprendre les termes de Bradley, que je serve d’intermédiaire entre vous et elle.

-Tu vois que tu es tout de même indispensable ! » rit Kenneth, soulagé de voir que l’équipe ne désavouait pas entièrement Roger.

Ce dernier le regarda de travers :

« En d’autres termes, vous me jetez en pâture aux lions !

-Voyons Roger, tu dramatises. Tu t’es tiré de situations autrement difficiles.

-Tous les médiateurs finissent en chair à pâté », philosopha sombrement Roger.

« Tu joueras de ton charme auprès de Li », le taquina son ami.

Roger craqua :

« Cela fait un an et demi que je ne fais que ça, et ça ne prend pas ! Quand je la complimente sur son jeu, elle croit que je la ménage ; quand je la joue pédagogue pour expliquer pourquoi ma stratégie est défensive et non offensive, elle me traite de mou du genou !

-C’est sa manière d’être », commença Kenneth. Roger, sur sa lancée, ne l’écouta pas.

« Je sais que c’est une maniaque de l’ordre : je jette toutes les deux heures des sorts de Défroissis à mes chemises, je noue ma cravate autour du cou à m’en étouffer, je renonce pour elle à mon look cool que tout le monde m’enviait, et en remerciement, elle ne m’accorde pas un regard ! Rien ! Nade, niente, zilch !

-Nom d’un Magyar à pointes décérébré, Roger ! » réalisa soudain Kenneth. « Les Cancaneurs ont vu juste ! Tu es amoureux de Li ! ».

La confiance des élèves de Poudlard dans la fiabilité des informations des Cancaneurs monta d’un cran le soir-même.
Ses voisins de table notèrent que Millicent jubilait tout au long du repas.

Su Li passa une semaine agitée. Davies, pour une raison inconnue (parce qu’elle lui avait soufflé un poste pour lequel elle était mieux qualifiée ?) s’appliquait à la fuir, Fred Weasley s’était surpassé et avait inondé un étage entier (en solo, ce dont elle pouvait se réjouir- les dégâts auraient été difficilement réparables si son jumeau y avait mis du sien).

Elle retrouva le coupable tout près des lieux du crime et le houspilla sans ménagement, ignorant que son aura ombrageuse ressemblait singulièrement à celle de Molly Weasley lorsqu’elle piquait une colère. Le ravissement béat du farceur lui échappa jusqu’à ce que le jeune homme lance à brûle pourpoint :

« Li, ça te dirait de sortir avec moi ? »

L’impudente proposition fit tonner Li :

« Je n’apprécie guère ce genre de plaisanteries, Weasley !

-Je suis on ne peut plus sérieux, délicate Préfète-en-chef. »

Armée d’une réplique cinglante, Li s’apprêtait à effacer le sourire espiègle qui illuminait le visage de Fred, mais quelque chose dans son regard lui fit prendre conscience que sous ses dehors de fanfaron, le jeune homme attendait sa réponse avec anxiété.
Gênée, elle balbutia :

« Fred, ce n’est qu’une de tes blagues, n’est-ce pas ? ».

Elle espérait un rire chaleureux, la confirmation que oui, ce n’était qu’une farce. Retirer des points sans état d’âme était une chose, éconduire un soupirant sincère en était une autre.

Son air peiné la blessa :

« Je suis désolée, Fred. C’est juste que…ce que tu demandes est impossible.

-Pourquoi ? » demanda-t-il âprement, avant de se reprendre et de dire froidement : « Je vois. Je ne suis qu’un vulgaire marchand de farces et attrapes, et tu es la version femelle de Percy. Ton espèce ne fraie pas avec la mienne.

-Ne fais pas l’idiot, Fred ! » s’exclama Li, frustrée. « C’est juste que…que.. »

Elle se creusa la tête, tentant d’examiner objectivement les faits. Fred Weasley était peut-être un fauteur de troubles patenté, mais il débordait d’intelligence et Li tenait cette dernière en haute estime. L’année serait bientôt finie, rien n’empêcherait ensuite l’ancienne Préfète en chef de se compromettre avec l’ancien ennemi numéro Un de l’ordre scolaire.

Mais Li avait-elle besoin de ces complications ? Elle avait une équipe à mener à la victoire, et sortir avec l’ennemi la décrédibiliserait aux yeux de ses partenaires. Davies en ferait des gorges chaudes.

« C’est Davies, n’est-ce pas ? » attaqua soudain Fred. « La rumeur disait donc vrai : ce bellâtre sans une once d’imagination t’a finalement capturée ? ».

Li tomba des nues. Les préfètes-en-chef, par nature très occupées, n’ont guère le temps d’écouter les rumeurs.
Il était peut-être temps que cela change.

Désœuvrée, Astoria déambulait tristement dans Poudlard. Une nouvelle fois, ses illusions s’étaient envolées. Comme Romilda, elle avait eu sa période Harry Potter : des photos de l’attrapeur cheveux au vent, achetées à prix d’or à Colin Creevey (les clichés inédits du jeune Gryffondor, qui avait le sens des affaires, alimentaient tout un marché noir extra-scolaire), avaient un temps orné les murs de sa chambre, au grand désespoir de Daphné. Puis, elle s’était amourachée de Draco Malfoy, autre attrapeur aux si beaux cheveux.

Quel dommage que la substantifique moelle ait été absente de la carcasse de l’élégant Serpentard, songea-t-elle amèrement.
Astoria s’immobilisa soudain, pétrifiée par la vision qui s’offrait à elle.

Baigné de clair-obscur, Fred Weasley s’abîmait dans une pose mélancolique inhabituelle chez lui.

Il avait l’air si triste que l’âme romanesque d’Astoria en fut toute remuée. La rumeur était bien fiable : Fred souffrait d’un chagrin d’amour !
Et puis, comment se faisait-il qu’elle n’ait jamais remarqué sa glorieuse chevelure rousse ?

Plongé dans sa douleur, Fred ne prêta pas attention à la jeune Poufsouffle aux yeux noisette brillants qui le dévorait du regard.
Il aurait dû.

Li entama sa ronde du soir avec un regain d’énergie farouche. Depuis qu’elle avait décidé de prêter l’oreille aux ragots, elle avait appris des nouvelles préoccupantes.

Alors comme ça, Mandy Brocklehurst échappait à la vigilance des Serdaigles pour courir la prétentaine dans Poudlard ? Voilà qui était inadmissible !

Quant à la rumeur concernant Davies…Hé bien, Davies attendrait.

Chaque problème en son temps.

« Brown, qu’est-ce qu’on fait dehors à cette heure-ci ? Et cela vaut pour toi, MacMillan : dix points en moins pour Gryffondor et Poufsouffle ! Rentrez dans vos salles communes !

-Mandy Brocklehurst vient juste de se faufiler par là, j’en suis sûre ! » plaida Lavande.

« Rentrez dans vos salles communes respectives ! » ordonna Li, avant de s’engager dans la direction qu’on lui avait indiquée.

Les corridors étaient tranquilles. Trop même au goût de Li. Elle fit quelques pas.

Un tintement retentit.

Li eut un sourire cruel : si Mandy croyait qu’en se réfugiant derrière une armure, elle allait pouvoir lui échapper…

A sa stupéfaction, une silhouette émergea de derrière le chevalier de Catogan et se dirigea vers elle.

« Préfète-en-chef, arrêtez ! » fut ce que Li trouva de mieux à dire.

« Lumos ! » cria Ernie, revenu avec Lavande.

Ils tenaient leur scoop sur la trop-discrète Mandy…

La lumière frappa la jeune fille de plein fouet, éclairant ses yeux vides.

« Mandy ! » hurla Lavande.

La concernée tressaillit et cligna des yeux.

« Où est mon lit ? » murmura-t-elle innocemment.

Ernie nota à ce moment que Mandy était en pyjama mauve imprimé de chatons blancs.

« Que faites-vous ici ? Où m’avez-vous emmenée ? C’est une mauvaise blague, c’est ça ? ».

Lavande, Li et Ernie prirent note que réveiller une somnambule était une très mauvaise idée…

Le lendemain, tout Poudlard sut qu’il n’avait pas lieu de s’alarmer si l’on apercevait Mandy Brocklehurst, une fois le couvre-feu passé, parcourir les couloirs de la vénérable institution.

Et que surtout, la réveiller était hors de question.

Justin s’inquiétait. Padma accepterait-elle de devenir membre du Club des Bavboules ? Le seul club auquel les Serdaigles studieux et non sportifs condescendaient à appartenir était le club de Sortilèges.

De plus, Padma n’avait pas l’habitude de l’ambiance survoltée des matchs du Club de Bavboules. Se faire aplatir par le tandem Hannah/Blaise, et recouvrir d’une substance peu ragoûtante, avait peut-être été un début difficile pour l’ancienne préfète, plus accoutumée à l’ordre qu’à la joyeuse pagaille des Bavbouleurs.

Il savait par les Blaireaux qu’elle avait passé les trois derniers jours à la bibliothèque.

« Justin ! ».

Padma fonçait sur lui, une nuée de feuillets recouverts d’une écriture serrée dans son sillage.

« J’ai repensé à ce que tu m’as dit après que nous ayons perdu six parties d’affilée contre Hannah et Blaise. »

Justin s’agita, mal à l’aise. Il avait senti que sous des dehors sereins, Padma avait mal digéré leur cuisante défaite.

« Tu as dit que ce n’était qu’une question de technique. J’ai potassé le sujet à la bibliothèque- et crois-moi, les ouvrages de Quidditch sont surreprésentés par rapport aux livres traitant des Bavboules, mais j’ai réussi à dénicher des conseils que j’aimerais bien qu’on mette en pratique. »

L’œil rond, Justin la regarda sans mot dire.

Gentiment menaçante, Padma conclut :

« Parce que Justin, il est hors de question que nous perdions la prochaine fois ! »

Justin se réjouit : il avait sous-estimé l’esprit de compétition de Padma.

Partie 5 - On dit que…

Lavande quittait Millicent quand une préfète-en-chef majestueuse (bien que légèrement perturbée) attaqua la Serpentarde :

« Bulstrode ! J’aimerais te parler ».

Millicent réprima un sourire que la Serdaigle aurait peu apprécié :

« C’est au sujet de Davies ? ».

Interdite, Li trouva le moyen d’articuler :

« Des bruits sont parvenus jusqu’à moi et, » s’enflamma-t-elle, « je serais satisfaite que vous retiriez de la circulation ces potins sans fondements. S’il s’agit d’une tentative de déstabilisation de mon équipe à la veille de jouer notre match décisif…

-Li », interrompit nonchalamment Millicent, « toute ton équipe a fini par comprendre le sens des regards de veau mourant que te jetait Davies. »

Li fixa Millicent un instant puis, ayant déterminé qu’on ne se moquait pas d’elle, laissa tomber le masque.

« Quelle mouche a piqué Davies ? D’habitude, il ne s’occupe que des filles comme Cho Chang ou Sarah Fawcett.

-Tous les mêmes », approuva Millicent. « Un joli visage, des rires béats d’admiration, et ils vous laissent tomber comme de vieilles chaussettes ! » renchérit-elle, un brin rancunière envers certains éléments de la gent masculine. Combien de fois Warrington et Pucey ne l’avaient-ils pas lâchée au beau milieu d’une conversation passionnante sur le Quidditch, tout ça parce qu’une charmante niaise entrait dans leur champ de vision ?

« Mais qu’est-ce qui lui prend ? » répétait Li.

Millicent n’avait pas d’explication.

« C’est flatteur qu’il t’ait remarquée, non ? » hasarda-t-elle.

Les yeux noirs de Li étincelèrent d’indignation :

« Parce que je dois me sentir honorée d’être rabaissée au rang de ses cruches de conquêtes ? ».

A ce moment, Theodore Nott, qui passait tout à fait accidentellement par là, mais qui n’avait pas pu intervenir plus tôt à cause des cinq minutes passées derrière la porte à refaire ses lacets, décida d’intervenir. Les affaires de Davies et d’une certaine autre personne allaient bénéficier de son ingérence éclairée.

« Si vous me permettez une remarque, je crois qu’il est flatteur pour toi, Li, d’avoir su inspirer en Davies un changement assez profond pour qu’il outrepasse les signaux peu accueillants que tu n’as cessé d’émettre à son encontre. Tu lui as appris à voir plus loin qu’une jolie face, à perdre sa superficialité, ce dont tu peux être fière, quelle que soit la décision que tu prendras par rapport à ses sentiments. »

Li se radoucit imperceptiblement :

« Si l’ego de Davies a pu se dégonfler grâce à mon intervention, c’est déjà quelque chose. Mais il y a encore beaucoup à faire », ajouta-t-elle machinalement, yeux perdus dans le vague.

Li partie, Theodore s’attaqua à Millicent :

« Alors, les rumeurs disent vrai ? Tu te retires de la présidence du club que tu as fondé, au bénéfice de Lavande Brown ? ».

Millicent eut un large sourire :

« Tu es toujours extrêmement bien informé, Theo. Lavande gérera très bien ce club.

-Maintenant tu peux être franche avec un vieil ami comme moi : débusquer les ragots, ça couvrait quoi ? ».

Millicent capitula :

« Ce macho de Vaisey refusait de me considérer pour le poste de batteur de l’équipe. Et ce, même après que j’ai passé l’été à m’entraîner pour être au niveau des joueurs !

-Un entraînement intensif ? » interrogea Theodore.

Millicent ricana, narquoise :

« Juste ma version des abdos, pompes et autres 3 X 500 ! Mais je viens de négocier avec Vaisey : j’entre dans l’équipe l’année prochaine ! Ou alors notre capitaine verra sa réputation sévèrement entachée, et comme chacun sait désormais que les rumeurs que je lance sont fiables, qui osera protester quand je dirais que Vaisey collectionne les brosses à cheveux d’Angelina Johnson ?

-Joli plan », admira Theodore. « Adrian va remporter un joli pactole. »

Il fut sommé de s’expliquer :

« Adrian connaissait mon plan ?

-Pas dans les grandes lignes, mais il savait que tu ne renoncerais pas. Il a misé 30 Gallions sur toi auprès de Finnigan- et laisse-moi te dire que tu n’avais pas la cote, à 48 contre 1. On connait Vaisey, et parier que tu deviendrais Batteur la saison prochaine était un pari plutôt risqué.

-Il croyait en moi ? » souffla Millicent. « Pourquoi ? ».

Theodore se dirigeait vers la sortie :

« Comme tous les Serpentards, il est conscient de ton volontarisme. Ajoute à cela qu’il te comprend plutôt bien, d’un point de vue tout à fait empathique… »

Il n’avait pas fait deux mètres que Millicent se ruait vers la salle commune des Serpentards.

Theodore n’eut pas besoin d’interroger Blaise : son ami lui raconta avec force détails l’arrivée en trombe de Millicent dans la salle commune, la manière fort peu cérémonieuse avec laquelle un Adrian tétanisé fut extirpé de son canapé et emmené à l’extérieur, pour revenir dix minutes plus tard, très décoiffé. Toute velléité de commentaire ironique fut étouffée par la présence de Millicent à ses côtés. Cette dernière avait perdu de son épaisseur, mais n’en demeurait pas moins une jeune femme athlétique (trop) prompte à s’échauffer.

« A propos Zabini, puisque la saison est propice aux romances, pourquoi ne pas t’afficher ouvertement avec ta dulcinée ? ».

Blaise sursauta :

« Theo, tu délires.

-Va dire ça à Hannah Abbot. Franchement, tu crois que vos rendez-vous au club de Bavboules m’ont échappé ? Sinon, il était habile de votre part de proposer d’espionner le camp adverse, qui pour le compte du club de Millicent, qui pour celui de Zacharias. Cela vous a donné une excuse pour vous rencontrer à la bibliothèque. Mais tu ne penses pas qu’il est temps de vous montrer ?

-Theo, une Poufsouffle et un Serpentard ne peuvent que s’attirer des ennuis. On va faire scandale ! ».

Nott eut un fin sourire. Le genre de sourire qui rappelait à Blaise que le discret Theodore avait son propre agenda.

« Donne-moi deux mois, et ce ne sera plus un problème.

-Deux mois ? » questionna Blaise, sceptique.

« Deux mois » confirma Nott, énigmatique.

« D’ici deux mois…Il parle du bal de printemps ? » s’exclama la bien-aimée de Blaise, mise dans la confidence.

Parvati s’avança d’un pas assuré vers la table des Serdaigles. Tous les dîneurs retinrent leur souffle.

Padma se leva.

« Parvati. Tu te joins à nous ? » dit-elle comme s’il s’agissait de la chose la plus naturelle qui soit.

Sa sœur eut un sourire gracieux :

« Avec plaisir. »

A la table des Gryffondors, c’était la stupéfaction. Seamus résuma le sentiment général :

« Elles se réconcilient…juste comme ça ! ».

Dean Thomas échangea un regard complice avec Theodore Nott. Eux savaient.

« Parvati Patil ? ».

La jeune fille se retourna, surprise.

« C’est Padma », mentit-elle avec aplomb. « Et vous, qui êtes-vous ? »

Elle ne reconnaissait pas ce garçon. Quoique sa tête lui dît quelque chose…

« Je suis Theodore Nott et je ne me trompe jamais, Parvati » déclara-t-il en souriant.

Ce n’était pas un sourire inoffensif. Ce n’était pas un rictus menaçant non plus, mais Parvati le trouva…Ni bon, ni mauvais. Déstabilisant.

« Je sais beaucoup d’autres choses.

-Ravie de l’apprendre », rétorqua-t-elle.

Ses mots l’arrêtèrent :

« Tu es une excellente comédienne. Transmets également mes compliments à Padma. Jouer les sœurs brouillées pour obliger les autres élèves à vous considérer comme deux entités séparées, pas comme les sœurs Patil…C’était rusé. En revanche, je me demande comment les Gryffondors et les Serdaigles prendront la nouvelle. Toute la maison Gryffondor en particulier était en émoi.

-Que veux-tu, Nott ? » siffla Parvati.

Le Serpentard eut un sourire désarmant (astuce filée gracieusement par Adrian Pucey pour services rendus) :

« Tu demandes quel est le prix de mon silence ? ». Il soupira théâtralement. « Je ne suis pas un vulgaire maître-chanteur.

-Tu es un Serpentard et je ne te connais pas », répondit Parvati, butée.

« Laisse-moi t’apprendre à me connaître. Rendez-vous devant les escaliers, à huit heures tapantes, pour le bal de printemps.

-Comment ? Mais… ».

Les protestations de Parvati s’étouffèrent devant l’orchidée délicate qui se matérialisa dans la main du Serpentard. Voilà qui ressemblait davantage à une invitation dans les règles.

« J’y réfléchirais », dit-elle dignement.

Le Vert et Argent s’inclina.

Deux mois plus tard, la paire défraya la chronique au Bal de Printemps. Nott, celui par qui le scandale arrivait, retomba ensuite dans l’obscurité (ce qui lui convenait très bien) alors qu’on découvrait avec stupeur qu’Hannah Abbot et Blaise Zabini ne s’harmonisaient pas seulement qu’aux Bavboules.

Il restait quelques semaines avant la fin des cours. Les rumeurs repartirent de plus belle.

On raconte que l’équipe de Bavboules de Poudlard a de bonnes chances de se qualifier pour le prochain tournoi européen. Ce serait un événement pour Poudlard, qui n’a pas participé aux championnats depuis quelques douzaines d’années.

On raconte que Mandy Brocklehurst continue d’aller la nuit par les couloirs, sans que personne ne la prenne sur le fait. Les somnambules évitent tout de même les patrouilles des préfets, ce doit être un sixième sens.

On raconte que Draco Malfoy en a eu ras-le-bol des crises d’hystérie de Pansy Parkinson et l’a larguée, mais on ne comprend pas pourquoi il a choisi Romilda Vane pour la remplacer. On chuchote que mis au courant, Harry Potter a demandé si Draco Malfoy aimait le chocolat et, ayant reçu une réponse affirmative, a déclaré qu’il souhaitait « beaucoup de bonheur » à son ancien ennemi.

On raconte que Pansy Parkinson fait chanter Seamus Finnigan à hauteur de plusieurs Noises par semaine. Comment expliquer qu’on ait vu le jovial Irlandais remettre tristement son précieux argent à la Serpentarde ?

On raconte que Fred Weasley, suite à un chagrin d’amour, s’est jeté à corps perdu dans le travail. Sept nouveaux brevets de farces et attrapes ont vu le jour, au grand désespoir de Rusard. On dit également que la relève est assurée : Astoria Greengrass a démissionné du Club des Fans de Quidditch et est devenue une consommatrice assidue des produits issus de la boutique des deux frères.

On raconte que c’est Su Li qui, toute à son euphorie d’avoir fait gagner la Coupe de Quidditch à sa maison, a embrassé passionnément Roger Davies et non l’inverse. On attend les photographies de Colin Creevey pour confirmation…

« Vous voyez, Severus, les maisons se sont rapprochées ! Je vous parie que les élèves feront encore plus fort l’année prochaine ! ».
On raconte que Severus Snape peaufine sa lettre de démission à chaque remarque innocente faite par Dumbleodre sur l’unification des maisons…

Après avoir hissé sa valise dans le compartiment présentement occupé par Pansy, Theodore, Terry (levé d’interdiction), Dean, Seamus et Ernie, occupés à disputer âprement une partie de poker sous l’œil curieux de Parvati, Neville Londubat passa un autre compartiment où l’équipe des Bavbouleurs était en grande discussion. Nul ne le remarqua.

« Je peux m’asseoir ? » demanda-t-il à la jeune Serdaigle qui occupait un wagon vide.

« Pourquoi pas ? » répliqua cette dernière.

Malgré l’accueil peu encourageant qui lui était fait, Neville s’assit en face d’elle. Mandy pointa sa baguette en direction des stores et verrouilla la porte.

Neville et elle se sourirent.

« On s’en est bien tirés, finalement », dit Neville.

« Nous sommes passés sous le radar cette année. Mais nous n’aurons pas toujours la carte de ton ami Harry pour fuir les préfets…

-…et les cancaneurs de toute sorte », finit Neville.

Il soupira. Dire que leurs rencontres étaient tout à fait innocentes. Il aidait Mandy en Botanique, elle lui donnait des tuyaux en Sortilèges. Mais avec ces colporteurs de ragots qui déformaient tout, mieux valait faire discrètement cet échange de bons procédés. Quand l’opiniâtre Su Li s’en était mêlée, il avait bien cru qu’ils allaient être cuits.

Mais Mandy avait réagi au quart de tour en jouant les somnambules. Imprévisible, comme le jour où, enrubannée de bandages divers, elle avait déclaré à un Neville repentant qu’elle ne changerait pas de binôme en Potions, même si à l’avenir, ce serait elle qui s’occuperait des écailles de limande à découper. Ils avaient été amis depuis.

Et si autre chose devait advenir, eh bien… autant qu’aucun blaireau futé ou cancaneur ne s’en mêle.

« Pour l’année prochaine, on continue ? » proposa Neville d’une voix hésitante.

Les notes de chacun avaient connu des remontées substantielles. Tous deux pouvaient se passer de tutorat.

Alors qu’au dehors retentissaient les voix de Lavande et Zacharias, et que fusaient les noms d’oiseaux, Mandy fit un clin d’œil à Neville :

« Pour vivre heureux, vivons cachés ».

Ce qu’ils firent avec bonheur.

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