Cancanez, il en restera toujours quelque chose (partie 1)

Jul 03, 2008 15:48

Titre : Cancanez, il en restera toujours quelque chose
Auteur : Anonyme pour quelques minutes.
Genre : Humour, romance
Rating : G

Quelques personnages maltraités pour les besoins de cette histoire : Hannah Abbot, Mandy Brocklehurst, Millicent Bulstrode, Roger Davies, Seamus Finnigan, Justin Finch-Fletchley, Astoria Greengrass, Su Li, Neville Londubat, Ernie MacMillan, Pansy Parkinson, Padma Patil, Parvati Patil, Adrian Pucey, Zacharias Smith, Romilda Vane, Fred Weasley, Blaise Zabini…

Prompt 119 - Les ragots tournent dans la prestigieuse école de magie Poudlard, Pansy Parkinson et ses crises d'hystérie, Mandy Brocklehurst que l'on voit disparaître le soir, Astoria Greengrass et Romilda Vane qui se crient mutuellement dessus, Fred Weasley amoureux, Padma et Parvati Patil brouillées, Roger Davies qui rougit devant une de ses poursuiveuses, mais que se passe-t-il à Poudlard ?

Prologue- Que de chocs !

Severus Snape sortit du bureau du directeur avec une épouvantable migraine et de sombres pressentiments. Décidément, certaines choses ne changeaient pas.

Rien n’était sacré pour Albus.

Quoi, Severus se remettait à peine du décès l’été dernier du Seigneur des Ténèbres dans des circonstances suspectes (se résumant à la veine insolente d’une poignée d’adolescents ) et se rétablissait à peine de l’injection massive de venin qu’il avait reçue des crocs de Nagini lorsqu’il avait tenté de secourir Potter et sa bande de têtes brûlées (Severus l’admettait piteusement, il n’apprenait jamais). Enfin et surtout, il était encore en état de choc depuis le moment où il s’était réveillé à Sainte-Mangouste, avait appris que le Seigneur des Ténèbres mangeait désormais les pissenlits par la racine, et qu’accessoirement il avait une dette de vie envers Londubat.

Il s’était évanoui…euh, avait perdu connaissance sous le coup.

Qui eût cru qu’un simple Stupéfix de Londubat surprendrait tant Nagini, peu habituée à de telles audaces, que la pauvre bête en ferait une crise cardiaque et mourrait sous le choc ?

Comme quoi, la domestication des reptiles n’avait pas que de bons côtés. On s’habituait à sa vie douillette de boa constrictor/ doudou particulier du Seigneur des Ténèbres, tout ça pour tomber raide mort à un éclair lumineux inoffensif sorti de la baguette de Londubat. Triste fin, vraiment. Et que de regrets…Si Severus avait su qu’il en fallait si peu pour se débarrasser de Nagini, il aurait lui-même réglé le problème depuis longtemps en écrasant la vipère d’un bon coup de talon. Les choses étant ce qu’elles sont, sans Londubat, on n’aurait pas pu extirper de la bête refroidie le venin encore chaud contenant l’antidote au poison infectant Severus.

Durant ce premier festin de rentrée sans Voldemort, les rumeurs étaient allées bon train sur les héros estivaux. Maintenant que Potter s’affichait avec Lovegood, elle aussi héroïne de la saga de l’été (sans lui dénier le rôle crucial qu’elle avait eu dans l’élimination du Seigneur des ténèbres, Severus comprenait le silence des autres sur Ce Qui S’était Passé Cette nuit Là. Lui-même eût été bien en peine d’expliquer à quel point Miss Lovegood avait fait preuve d’un remarquable esprit de ressource lorsque, désarmée, elle avait jeté une de ses boucles d’oreille sur le nez…les narines…enfin, ce qui en tenait lieu…, du Seigneur des Ténèbres. Le choc d’avoir reçu un radis sur le pif (ce qui faisait tout de même beaucoup de chocs pour la même nuit, notait Severus) avait temporairement distrait son attention de Potter, qui n’attendait pas d’autre encouragement, ( cette version de la fin de Vous-Savez-Qui ne rentrerait pas dans les annales.), bref, maintenant que le Survivant était casé, et heureusement, avec Lovegood, les groupies s’étaient rabattues sur Londubat, connu comme le Garçon-Qui-Avait-Tué-le-Serpent-de-Vous-Savez-Qui ( nul ne savait ce que Severus lui devait, ce dont il se réjouissait) et qui était toujours célibataire. Ginny Weasley lui faisait des sourires appuyés, Romilda Vane l’avait inclus dans la liste officielle des 10 Garçons à Suivre de Poudlard…

Non que Severus écoutât les rumeurs. Il était confiant : toutes ces billevesées prendraient fin sous peu, préparation anticipée des ASPIC oblige.

Jusqu’à ce qu’Albus s’en mêlât.

« Severus, vous savez ce que la disparition de Voldemort signifie pour Poudlard ? s’exclama-t-il avec une jovialité qui n’augurait rien de bon.

- …

- Pour la première fois depuis des années, aucune menace latente ne plane sur nos étudiants !

- C’est une bonne chose ? »

Le sarcasme de Severus échappa au directeur :

« Nos étudiants peuvent enfin profiter de leur jeunesse. »

Et Albus fit cette perturbante prédiction :

« L’amour fleurira, les langues se délieront et les maisons s’uniront ! »

Partie 1 : Elles courent, les rumeurs

« Vaisey ! Hé ! Je t’appelle ! »

Furieuse, Millicent tapa du pied et prit le chemin de la Grande Salle pour prendre son petit-déjeuner.

Elle se laissa tomber sur le banc, entre Theodore Nott et Blaise Zabini. Ils ne relevèrent pas son manque de manières lorsque, négligeant les formalités, elle planta une fourchette rageuse dans ses œufs brouillés.

Les chuchotements parvenaient à ses oreilles. Rien que de très banal, Poudlard ne serait pas Poudlard sans commérages. Cependant, depuis quelques semaines, Millicent avait l’impression que ces potins prenaient de l’ampleur et qu’on commençait vraiment à raconter tout et n’importe quoi.

A commencer par le fait que si elle avait tant changé durant l’été et ne ressemblait plus à une armoire à glace, c’était grâce à un Esthéticomage. Plusieurs filles (dont des Gryffondors) avaient même osé lui demander l’adresse du praticien.

« L’opération a dû lui coûter un paquet de Gallions.

- Tu crois ?

- Ben oui, c’est de la magie instable. Pour se débarrasser de la moitié de sa masse corporelle… »

Millicent serra brièvement les poings et entreprit de rattacher ses cheveux châtains. La petite Astoria Greengrass qui, de la table des Poufsouffles, fixait les Serpentards, détourna prestement son regard, horrifiée par les torsions inhumaines que Millicent infligeait à sa chevelure.

Un esthéticomage ! Le culot !

Et Higgs qui a osé m’inviter à la prochaine sortie de Pré-au-lard ! Pour mieux se moquer de moi, je parie. Son œil au beurre noir lui apprendra à ne pas chercher Millicent Bulstrode.

Quant à Vaisey, il ne paie rien pour attendre. Il verra ce qu’il en coûte de s’opposer à moi.

Assis à côté de Cornelius Warrington, qui se mirait dans son verre vide de jus de citrouille, Adrian Pucey adressa un clin d’œil à la revêche Serpentarde. Millicent ignora les yeux verts pétillant dans sa direction. Les deux septième année, bourreaux des cœurs officiels de Serpentard, étaient les seuls, avec les laconiques Nott et Zabini, qui toléraient sa compagnie (et vice-versa, ce qui, dans le cas de Millicent, avait son importance. Demandez à Terrence Higgs).

Quant à la seule amie que Millicent comptait parmi les vert et argent, la seule qui la défendait contre les sophistiquées Tracey Davis et Daphne Greengrass à l’époque où Millicent était encore bâtie comme un troll, elle faisait présentement face à Draco Malfoy et tournait sa cuiller dans un bol en porcelaine, l’air maussade.

« Le sucre, Pansy, » ordonna Draco sans quitter des yeux l’article du Prophet qu’il était en train de lire.

La cuiller s’immobilisa un moment, puis reprit ses tours.

« Le sucre, Pans », s’impatienta Draco.

Millicent observa la scène, étonnée. Pansy avait toujours manifesté une faiblesse incompréhensible pour l'arrogant blond platine. Lui eût-il demandé de se transformer en paillasson, elle se serait exécutée sur-le-champ.

« Pans ! J’attends ! »

Chtong !

La cuiller fonça en piqué sur le front de Draco, y rebondit et atterrit dans la tasse de thé de Blaise Zabini qui, stoïquement, la repêcha et la mit de côté.

Le silence se fit à la table des Serpentards. La main de Pansy demeurait figée en l’air.

Les yeux très noirs, elle cria, vibrante d’indignation :

« Je ne suis pas ton elfe de maison ! »

Et devant la grande salle muette, Pansy sortit avec la force d’une bourrasque.

Millicent sourit. Pansy s’affirmait. La cuiller était un bon début, même si Millicent y préférait l’efficacité d’un uppercut…

« Tout va bien. Elle pleure probablement dans sa chambre à l’heure qu’il est. Elle va s’excuser, » dit Draco à voix haute, à l’attention des autres tables.

…avec un peu de chance, ce serait peut-être pour la prochaine fois.

« Qu’est-ce qui a pris à Parkinson ?

- Malfoy a eu de la chance. Elle aurait pu ne pas manger de porridge.

- Et… ?

- Imagine qu’elle ait été en train de tartiner un toast à la confiture d’oranges. Quel couvert aurait-elle lancé à la tête de Malfoy ?

- Oh…

- DEGAGEZ DE MON CHEMIN !

- Malfoy n’avait pas l’air dans son assiette. Tu crois qu’il nous a entendus ?

- J’en suis convaincu. »

Dans un couloir…

« C’est honteux ! Tricheuse ! »

Le long nez de Romilda Vane se retroussa supérieurement.

« Tu te fais des idées, Astoria. Tu ne peux pas supporter ma popularité. En revanche, ce qui est sûr, c’est que tu peux oublier… »

Cric !
Clac !

« Elles se battent à la moldue ?

- Une Gryffondor et une Poufsouffle ?

- C’est la petite sœur de Daphne Greengrass !

- Des quatrième année ? Si jeunes et déjà si violentes…

- Mais séparez-les ! »

« Elles ont été convoquées par MacGonagall, mais elles refusent de donner le motif de leur querelle.

- Un poignet cassé, une cheville tordue… c’est plus qu’une simple querelle !

- Elles ne sont pas membres d’un club de fans de Quidditch ?

- Je ne sais pas. Il faudrait demander à Sally-Ann Perks, elle en fait partie. »

A la bibliothèque…

« Psst ! Padma, tu sais où est Parvati ?

- Non, Ginny.

- Tu es sûre ?

- Oui, Ginny.

- Oh, d’accord. Sinon, tu n’aurais pas vu Neville ?

- Non, Ginny.

- Bon, ben… à plus ! »

« Padma ?

- Oui, Anthony ?

- Tu as déjà rédigé ton essai sur les Propriétés de la Mandragore dans le cadre d’une Potion calmante ?

- Tu m’as posé la question hier, Anthony.

- Je sais. C’est Terry qui m’a chargé de te demander…

- De…de me demander… ?

- S’il avait ses chances…

- Continue…

- Avec ta sœur.

- Tu lui diras que je n’en ai pas la moindre idée, et que, si elle l’intéresse tant que ça, il n’a qu’à lui demander lui-même, comme un homme, et sans passer par des intermédiaires !

- Je le lui dirais, ne t’énerve pas.

- Je suis calme.

- Mais tu connais bien ta sœur, tu devrais savoir si…

- En ce moment, ma sœur et moi, nous ne nous parlons pas.

- Ah. Je vais…rejoindre Terry.

- Vas-y. »

« Padma, tu as vu Parvati ?

- Non, Lavande.

- Tu as une idée de l’endroit où…

- Je n’en ai pas la moindre idée, et évite de me le demander à l’avenir. Jusqu’à nouvel ordre, je ne parle plus à cette peste qui est ma sœur !

- Tu plaisantes ?

- J’ai l’air de plaisanter ?

- Non ... »

« Tu as entendu…les sœurs Patil sont brouillées !

- Elles ne veulent rien avoir en commun !

- Padma s’est coupé les cheveux…Avant ils lui tombaient jusqu’au milieu du dos et maintenant ils s’arrêtent aux épaules !

- Parvati l’ignore dans les couloirs !

- Elles ne se parlent même plus !

- Qu’est-ce qui les a divisées ainsi ? »

Dans une salle abandonnée du premier étage…

« Qu’est-ce qui te fait croire que je vais accepter ta proposition, Bulstrode ?

- Parce que, Brown, je t’offre une opportunité en or. Actuellement, le moindre vermisseau ose répandre des rumeurs insensées, chacun s’en mêle, résultat : on ne saura jamais le fin mot de l’intrigue ! Tu es la première commère de Poudlard : avec ma logistique et ton flair, nous allons former le Club des ragots officiels.

- Nous redonnerons leurs lettres de noblesse aux commérages ! » s’exclama Lavande.

C’est ainsi que furent jetées les premières bases du Club des ragots officiels de Poudlard, surnommé plus tard par ses détracteurs « Club des cancaneurs ».

Le soir même de ce début d’alliance entre une Gryffondor et une Serpentarde, Albus Dumbledore sourit tout au long du dîner et babilla tout aussi péniblement (pour Severus Rogue) sur les joies des relations entre les maisons.

D’ailleurs, il admettait qu’un Club officiel ne serait pas de trop pour démêler le vrai du faux dans tous ces ragots. On avait beau être d’ores et déjà remarquablement informé, on ne se lassait jamais de potins frais !

Partie 1- Recrutement et concurrence

« Brown, c’est ça que tu m’as amené ? »

Millicent contempla, incrédule, la fine équipe que sa nouvelle équipière avait assemblée. Une équipe qui semblait fort peu heureuse d’être là et la considérait avec une méfiance non déguisée. Un garçon impertinent- Finnigan, si la mémoire de Millicent ne lui jouait pas de tours- se braqua instantanément :

« Nous ne sommes pas venus jusqu’ici pour nous faire mépriser par une Serpentarde désœuvrée. Dean, Neville, on s’en va. On trouvera un autre moyen de régler le problème de Parvati. »

Millicent garda le silence- qu’est-ce qui avait pris à Lavande de ramener Londubat pour des missions aussi délicates ! Le Gryffondor avait beau être auréolé du titre d’héros de guerre pour avoir dézingué l’orvet privé de feu Vous-Savez-Qui, Millicent avait un mauvais pressentiment. La semaine de la rentrée, Londubat avait trouvé le moyen de renverser la moitié d’un chaudron contenant une potion hautement inflammable sur lui-même et sa partenaire Serdaigle, les envoyant tous deux à l’infirmerie. Un Severus Snape en petite forme retira 180 points aux rouge et or, un Albus Dumbledore désinvolte leur en réaccorda 150 sous le fallacieux prétexte que Londubat avait plaqué sa partenaire au sol pour la protéger et recevoir le plus gros de la potion. Potion qu’il avait lui-même répandue, mais l’héroïsme du geste occulta ce fait aux yeux de la population féminine et romantique de Poudlard.

Cet échantillon de la population n’incluant pas, vous vous en serez doutés, Millicent.

Elle était donc prête à laisser filer ces Gryffondors aux gros sabots (à part, peut-être, celui dont elle ne se souvenait plus du nom, qui ne disait jamais rien et qui, à l’instar de l’homme invisible des Serpentard, Theodore Nott, devait en savoir trop pour son bien). Mais quelqu’un s’interposa entre la porte et les Gryffondors offensés.

« Je sais que vous vous demandez certainement à quelle sauce elle veut vous manger. Mais n’en prenez pas ombrage : elle terrorise tout le monde sans discrimination. Vous n’êtes pas une cible particulière », badina un garçon à la cravate vert et argent, l’air franc et ouvert.

Un peu méfiants, Neville, Dean et Seamus revinrent néanmoins sur leurs pas.

« Je me présente : Adrian Pucey, 7ème année.

- Seamus Finnigan.

- Neville Londubat.

- Dean Thomas.

- Theodore Nott ».

Les Gryffondors sursautèrent en entendant cette voix désincarnée. Après avoir cligné des yeux, ils s’aperçurent que Nott occupait un coin peu éclairé de la pièce. Qu’ils n’aient pas remarqué sa présence auparavant les perturba et réjouit Millicent. Avoir Nott dans son équipe constituait un plus indéniable.

« Vous vous demandez sans doute pourquoi nous vous avons convoqués, commença Lavande. Certains d’entre vous ont sans doute remarqué la prolifération de fanclubs excessifs… »

Seamus donna un coup de coude à Neville, qui rentra les épaules et fixa le sol. Depuis qu’il avait trouvé une ribambelle de petits cœurs chantant son nom sur son lit, le malheureux ne se sentait même plus en sécurité dans le sanctuaire de sa chambre.

« …et surtout, de rumeurs sans fondements.

- Comme quoi ? » demanda innocemment Seamus.

Millicent ne put se retenir :

«Comme le fait que j’ai fait appel aux services d’un Esthéticomage au cours de l’été ! »

La majorité des personnes présentes, qui avaient fermement cru que c’était le cas, se sentirent dûment rabrouées pour leur crédulité. Lavande se promit de demander plus tard à Millicent sa recette pour brûler naturellement autant de calories.

« Je propose donc la constitution d’une association. Le Club des ragots officiels de Poudlard, reprit Lavande, ignorant les moues des garçons. Notre club se chargera de démêler le vrai du faux parmi tous ces fatras d’idioties que l’on entend dans les couloirs.

- Tout ce que nous voulons, c’est aider Parvati », précisa Dean.

« Ce club vous en donnera les moyens. Avec des correspondants dans les plus grandes maisons de Poudlard, il sera facile de connaître les sources d’une rumeur…et d’en vérifier la fiabilité », décréta Millicent. « Theodore est un puits sans fond d’information sur les élèves de Poudlard.

- Dean est très observateur », ajouta Lavande. « Seamus connaît pas mal de monde chez les Poufsouffle, Neville également.

- Je n’ai pas pris la décision de rejoindre le club pour l’instant ! » s’écria Neville, alarmé.

Lavande eut un geste aérien de la main :

« Bien sûr, Neville. »

Elle lança un regard de défi à Millicent, ayant prouvé l’efficacité de son « équipe ».

« Tu pourrais nous assurer les services de ce gamin qui dort avec son appareil photo ?

- Colin ! Quelle bonne idée ! » approuva Lavande. « Mais au fait, tu n’as pas dit à quoi il servirait. »

« Il » haussa les épaules.

Millicent fit de même en considérant Adrian avec un brin de perplexité :

« Il était volontaire.

- Tu comptes recruter des Serdaigles ? » interrogea Seamus.

Lavande et Millicent échangèrent un regard empli de commisération. Les Serdaigles étaient de brillants esprits, sans aucune prédisposition aux ragots (à moins que ces derniers ne concernent les sujets pressentis pour tomber aux prochains ASPIC). Si Vicky Frobisher ne l’avait pas rapporté à Lavande, cette dernière n’aurait jamais cru à un tel manque d’imagination de la part des cerveaux de Poudlard. Mais jugez plutôt :

«Vous pensez à une variante d’un sort de pigmentation ? Mais qui pourrait en vouloir à Roger ?

- Je vous le dis, cette affaire sent le coup fourré et les jumeaux Weasley.

- Bradley, Kenneth : procédons de manière rationnelle ; on peut d’ores et déjà éliminer la théorie de Rainbowitch, il ne passe qu’à une seule couleur.

- Rouge profond », précisa Bradley, le poursuiveur.

« Ecarlate », re-précisa doctement Kenneth, batteur et pinailleur redoutable.

« D’autres symptômes ? » récapitula Bert, qui se destinait à une brillante carrière de Médicomage.

« Il lui arrive de s’interrompre au beau milieu d’une phrase, puis de se mettre à bégayer », avoua tristement Bradley.

Il y eut un silence horrifié. Le capitaine de l’équipe des Serdaigle, brillant et beau garçon, l’idole et la mascotte de ses pairs, ne mériterait plus son surnom de « Langue de velours », gagné à plus d’un titre ?

« Cela lui arrive fréquemment ? » s’inquiéta Bert.

Bradley se concentra un instant, puis son visage s’éclaira.

« Surtout quand Li est là ! »

Il y eut un bref moment de soulagement collectif. Chacun connaissait l’effrayante Su Li, poursuiveuse vedette de l’équipe et accessoirement Préfète-en-chef. Si l’on surnommait Roger « Langue de velours », la langue vipérine de Li était autrement connue. Rien d’étonnant à ce que, de temps à autre, leur bien-aimé capitaine se soit laissé déstabiliser par les critiques virulentes de cette joueuse hors pair, perfectionniste pour elle et pour les autres, et qui ne faisait pas mystère de son envie de voir les Serdaigles remporter la coupe avant de quitter Poudlard. Malheureusement, avec des Gryffondors qui avaient la pêche, des Serpentards plus baraqués que jamais grâce aux exercices de musculation imposés par Vaisey en digne successeur de Flint et des Poufsouffles particulièrement revanchards (la présence d’un certain Zacharias Smith dans leurs rangs y était-elle pour quelque chose ?), les policés Serdaigles étaient relativement assurés de finir à nouveau en queue de peloton.

« Elle a mis en pièce sa dernière tactique », souffla Kenneth.

Un silence religieux s’établit de nouveau. La diatribe de Li avait marqué les esprits. Même Marcus Belby, le second batteur et le plus costaud de l’équipe, s’était senti mal alors que Li critiquait sa défense mollassonne. Morag MacDougal, gardienne au cœur mieux accroché, était actuellement en train de lui tapoter dans le dos et d’épuiser sa propre réserve de mouchoirs brodés, à l’abri des regards indiscrets. Quant à l’attrapeuse, Cho Chang, elle était déjà partie avec son petit ami du moment, Michael Corner.

« Qu’elle l’ait secoué, d’accord », admit Bert. « Mais comment expliquer ses rougeurs ? »

Le malaise s’installa à nouveau. Les Serdaigles n’aimaient pas les questions sans réponses.

Vicky Frobisher, quant à elle, se félicita de son emplette. Les oreilles commercialisées par les jumeaux Weasley avaient fait leur preuve. Elle ne repartirait pas avec des infos confidentielles sur la stratégie de Davies, mais elle saurait tirer parti, elle, des rougeurs intempestives du beau capitaine.

« Nous nous passerons des Serdaigles, dit Lavande. Mais j’ai en tête quelques Poufsouffles qui pourraient faire l’affaire. »

La réaction des Poufsouffles en question ne fut cependant pas aussi enthousiaste que prévu.

Sollicités, Ernie MacMillan, Justin Finch-Fletchley et Hannah Abbot se montrèrent curieusement réticents à les rejoindre. Lavande énuméra en vain les arguments qui devaient motiver leurs interlocuteurs à se mêler aux pourfendeurs de rumeurs infondées.

« Ce ne sera pas possible, je le crains, trancha Ernie. Mais nous apprécions le fait que vous ayez envisagé de faire appel à nos lumières.

- Oh, arrête ton char, Bernie », grommela Seamus.

Millicent ne comprenait pas la résistance des Poufsouffles et le fit savoir :

« Vous vous plaignez continuellement d’être les oubliés…

- …les petits, les obscurs, les sans-grades… », glissa Adrian, qui avait des lettres.

« …mais quand nous vous offrons de vous associer à nous, vous refusez !

- Que croyez-vous nous offrir de si important ? » lança une voix moqueuse.

Son propriétaire venait de pénétrer la salle commune des Poufsouffles.

« Oui », répéta Zacharias Smith, triomphant, « quel besoin pour nous de rejoindre le Club des ragots officiels de Poudlard quand nous avons à disposition un club tricentenaire, par et pour les Poufsouffles, qui remplit les mêmes fonctions ?

- J’ignorais que nous avions de la concurrence », déclara Lavande, affichant ouvertement son scepticisme.

« Parce que ce club est demeuré dans l’ombre, connu de nous seuls Poufsouffles, jusqu’à ce que son directeur actuel ne décide de vendre la mèche », expliqua Hannah, fronçant les sourcils.

Zacharias balaya l’objection d’un revers de main :

« Il est temps que Poudlard comprenne qu’il faut dorénavant compter avec les Poufsouffles, qui disposent du meilleur réseau d’informateurs de l’école !

- Les Poufsouffles n’ont jamais colporté le moindre ragot vérifié ! C’est ridicule ! Votre réseau ne peut pas être meilleur que le mien !

- Oh, tu fais allusion à Patricia Stimpson, Vicky Frobisher et Parvati Patil, qui te répètent des informations glanées auprès de sources aussi fiables qu’un Scroutt à pétard domestique ? »

Lavande s’empourpra :

« Mes infos sont fiables !

- Des clous !

- En tant que vice-président et membre actif du Club des Blaireaux futés…

- Des quoi ? » s’esclaffa Seamus.

Hannah se porta au secours d’Ernie :

« Le club se nomme ainsi depuis trois cent ans et ce nom nous va comme un gant !

- Les Blaireaux futés : pour savoir où vous en êtes dans le labyrinthe des cœurs de Poudlard ! » chanta fièrement Ernie.

Zacharias grinça des dents :

« Ernie, ce n’est pas ce que nous faisons.

- Et le cas Li versus Davies, alors ?

- Ernie !

- Divulgue-leur nos investigations en cours, pendant que tu y es !

- Mince alors ! Vous le savez déjà ?

- Ils ont une longueur d’avance sur toi, Millie.

- Appelle-moi Millie encore une fois, Adrian, une seule, et le sourire en coin qui est ta marque de fabrique s’effacera à jamais de tes lèvres tuméfiées.

- Tu aimes trop mon sourire pour lui faire un coup pareil.

- A ta place, je n’en serais pas si sûr ».

Neville interrogea calmement Hannah :

« Nous voulons juste aider Parvati et Padma à se réconcilier. Pourriez-vous nous dire ce que vous savez de leur brouille ?

- Neville…

- Non, non et non ! Ce serait trop simple ! Ce club a été créé pour que les Poufsouffles, toujours tenus à l’écart de tout, sachent ce qui se passe avant tout le monde. Je ne vois pas pourquoi vous bénéficieriez de notre contribution. », coupa Zacharias.

« Nous en avons assez de nous faire exploiter », approuva Ernie.

« Vous avez autant intérêt que nous à ce que n’importe qui à Poudlard se sente libre de cancaner à tort et à travers », dit Millicent.

Zacharias toisa Lavande :

« C’est certain ».

Hannah parut hésiter un instant, puis elle croisa le regard de Millicent :

« Aucun d’entre vous n’a jamais eu affaire à des Poufsouffles non coopératifs ? Je crois qu’il est temps de changer l’image que vous avez de nous. »

Elle sortit la première.

Partie 2- Donner de sa personne

« Nous ne nous sommes toujours pas décidés, » déclara Dean, approuvés par Seamus et Neville. « Ne nous comptez pas encore comme membres. »

Millicent encaissa le coup (attendu) et prit sa liste :

« Voici les premières rumeurs.

- Choisies parmi les plus persistantes », intervint Lavande.

Millicent s’éclaircit la voix :

« Cas n°1 : Roger Davies rougit devant Su Li, et se comporte en règle générale comme un parfait abruti en sa présence.

-Le capitaine des Serdaigle qui rougit devant sa poursuiveuse, voilà de quoi m’intéresser au Quidditch ! » s’exclama Lavande.

Tous les autres échangèrent des regards désolés.

« Que savons-nous de Davies ? » demanda Millicent.

« Capitaine de l’équipe de Quidditch des Serdaigle, joue au poste de poursuiveur. Bon élève, adulé dans sa maison, et sa réputation de séducteur est aussi impressionnante que la tienne, Pucey », énuméra Dean.

L’intéressé eut un petit rire modeste :

« Ma réputation a été, il me faut le confesser, quelque peu surfaite.

- Adrian, tes amours n’intéressent personne ! » assena Millicent. « Bon, des infos sur Li ?

- Neville, rappelle-moi pourquoi nous faisons ça.

- Pour que ces Serpentards nous aident à réunir Parvati et sa sœur. »

A la surprise générale, Theodore Nott sortit d’un ton monocorde :

« Préfète-en-chef. Ultra-perfectionniste. Passionnée de Quidditch. Poursuiveuse pour Serdaigle. Certains de ses coéquipiers, qui ont demandé à rester anonymes au moment de leurs confidences à des tierces personnes, auraient souhaité que ses nouvelles fonctions l’amènent à renoncer à sa place de poursuiveuse. Contrairement à leurs espérances, Su Li est parvenue à remplir au mieux ses fonctions sans anicroches particulières, exceptés un A en Potions et un E en Métamorphose, à la suite desquels elle aurait traité Roger Davies de « tacticien sans envergure », de « pseudo-stratège du dimanche/à la petite semaine »…

- … pseudo-stratège du dimanche/à la petite semaine ? » répéta Neville, front plissé.

« Su Li n’apprécie pas de devoir choisir entre deux insultes qu’elle juge également appropriées pour qualifier les capacités du capitaine. D’autant plus qu’elle désire gagner la coupe de Quidditch avant son départ de Poudlard et qu’elle a des réserves concernant les capacités de Roger Davies à réaliser cet objectif.

- Je la comprends, » dit rêveusement Millicent. « C’est sa dernière chance ».

« N’empêche qu’elle est drôlement revêche. Davies se serait entiché d’elle alors qu’elle passe son temps à le rabrouer ? » répliqua Seamus, incrédule.

« Comment peut-on apprécier d’être constamment humilié ? » questionna Neville.

Triturant sa cravate, Adrian lâcha :

« D’un point de vue purement empathico-théorique, je peux comprendre Davies. Rencontrer une fille qui ne le mettait pas sur un piédestal, qui ne se gênait pas pour le critiquer, ça devait le changer de ses groupies gloussantes. »

Au nom des admiratrices de séduisants joueurs de Quidditch, et d’un point de vue tout aussi empathico-machin, Lavande se sentit légèrement froissée.

Achevant de malmener sa cravate, Adrian conclut :

« Elle n’y va pas avec le dos de la cuiller, mais au moins il est sûr qu’elle est naturelle avec lui. »

Il glissa un coup d’œil à son auditoire qui manifestement, échouait à se placer sur la même longueur d’onde de point de vue empathi-vous savez quoi.

« Ah ! » s’exclama Millicent en se donnant une grande tape sur le front.

« Quoi ? » sursauta Adrian avec la mine d’un lapin effaré.

« En parlant de cuiller, j’aimerais qu’on étudie le cas de Pansy plus tard. Parce que je connais bien Pansy, et qu’elle n’est pas du tout hystérique comme le prétendent de mauvaises langues perfides, et …

- Millicent ? Terminons d’abord l’étude de la rumeur n°1, veux-tu ? » intervint fermement Lavande.

« Merci, » dit froidement Theodore. « Pour corser la situation, il semblerait que Su Li convoite de plus en plus ouvertement le poste de Roger Davies.

- Voilà les femmes ! » chuchota Dean à l’adresse de Seamus. « Tu leur donnes ton cœur, mais non, elles veulent te piquer ta place ! ».
On passa à la rumeur n°2.

« Padma et Parvati Patil sont brouillées », annonça Lavande.

« Ce n’est pas une rumeur, c’est un fait ! » confirma Dean.

« Ce que nous voulons, c’est connaître le pourquoi du comment ! » réclama Seamus.

« On a supplié Parvati de parler à nouveau à Padma, mais elle se refuse à faire le premier pas, » ajouta Neville.

« Que font les Serdaigles, de leur côté ? » demanda Adrian.

« On ne sait pas », avoua Seamus, penaud.

« Vous pourriez coordonner votre action avec les amis de Padma…

- C’est vrai, ça ! » nota Dean.

Seamus protesta :

« En ce moment, les Serdaigles ne parlent que des révisions pour les Aspics blancs ! Impossible de leur faire desserrer les dents à propos d’autre chose.

- On trouvera un moyen », assura Adrian.

Neville, muet, hocha la tête.

Rouge d’excitation, Lavande leur apprit la rumeur n°3 :

« Tenez-vous bien : Fred Weasley est moins farceur que d’habitude en ce moment. Il a moins d’appétit, semble préoccupé. Son frère s’est confié à des amis. Il pense que Fred est amoureux ! »

(Les jumeaux Weasley étaient en effet revenus étudier à Poudlard après leur cinquième année. Après la guerre, leur mère estima qu’ils n’avaient plus aucun prétexte qui tienne la route pour justifier leur manque de diplôme. Les jumeaux tenaient cependant à leur boutique : un compromis avait donc été trouvé, et de manière inédite Poudlard avait ouvert ses portes aux deux frères afin qu’ils puissent étudier en alternance.)

« Mais on ne sait pas de qui », précisa Lavande.

« Et nous ignorons si ces rumeurs sont fondées, » lui rappela Millicent.

« Fred Weasley nous a semblé normal la dernière fois que nous l’avons vu », réfléchit Dean à voix haute.

« Je confirme », dit Adrian, passant machinalement la main sur ses côtes. S’il se pâmait d’amour, Fred Weasley n’en frappait pas moins ses Cognards avec une force redoutable. Le premier match Gryffondor/Serpentard de la saison avait été musclé.

« Je surveillerais cette affaire de près » décida Lavande, ce que nul ne contesta.

« Je veux qu’on se mêle du cas de Davies et Li, » décréta Millicent.

Seamus se porta volontaire. Il souhaitait suivre l’évolution des événements.

La réunion se conclut sur ces termes. Millicent résolut, une fois ses objectifs atteints, de parler à Pansy, qui semblait être un peu ailleurs ces derniers temps- sauf, bien entendu, lorsqu’elle faisait rebondir des couverts de table sur le front de son bien-aimé.

« Anthony Goldstein a été préfet avec Padma. Il saura nous aider. Peut-être pourra-t-il servir de médiateur entre Parvati et sa sœur.

- Anthony est sous constante médication. Avec le nombre de Philtres de paix que lui a prescrit Madame Pomfresh, je doute qu’il soit en mesure de nous aider.

- Qui t’a raconté ça, Neville ?

- Tout le monde le sait.

- Demandons à Terry. », suggéra Dean.

Seamus s’opposa violemment à cette idée :

« Non, Boot nous demandera quelque chose en échange ! E je présume que vous savez tous de quoi il s’agit.

- Mais puisque nous le lui accorderons dans un mois, on pourrait faire une exception, non ? Pour Parvati », dit Neville.

Dean secoua la tête :

« Je suis d’accord avec Seamus. Il y a des principes en jeu !

- Dommage qu’on ne connaisse pas vraiment de filles chez les Serdaigles », soupira Seamus. « A part Terry et Anthony, nous n’avons pas de contact avec eux.

- Sans compter que tu t’es porté volontaire pour éclaircir l’affaire Li/Davies. Qu’est-ce qui t’a pris ? » interrogea Dean.

Seamus sourit :

« Je m’intéresse à l’affaire.

- A d’autres, Seamus ! » plaisanta Dean.

L’Irlandais rendit les armes :

« Disons que j’ouvre les paris sur la défaite de Serdaigle, qui arrivera en dernière place du championnat annuel de Quidditch. Avec un capitaine amoureux et malheureux en amour, Serdaigle n’a aucune chance contre notre équipe !

- Seamus, » soupira Neville d’un ton las.

« Ce n’est pas très fair-play », déclara Dean, sévère.

Le bookmaker improvisé n’en eut cure. Ces deux-là n’en miseraient que plus gros.

« Millicent ?

- Lavande ?

- Les Blaireaux futés vont tenter de nous coiffer au poteau, non ?

- C’est aussi mon sentiment. »

Su Li patrouillait comme elle étudiait et jouait au Quidditch. Efficacement, en appliquant à la lettre la culture des résultats. Deux rondes, quatre vingt dix points enlevés de manière équitable à cinq contrevenants au règlement et deux retenues distribuées plus tard, elle osa aborder avec elle-même un sujet peu agréable.

D’ordinaire, ce n’était déjà pas très réjouissant de songer que Serdaigle avait peu de chances de remporter la coupe de Quidditch, tout ça parce que l’on s’obstinait à maintenir dans son poste cette triple buse gominée de Roger Davies.

(Bon, les cheveux noirs de Davies n’étaient pas du tout plaqués en arrière comme ceux de Draco Malfoy. Pour tout dire, sans présenter d’épis, ils semblaient constamment légèrement ébouriffés par une brise légère, mais Li ne se laissait pas impressionner par leur souplesse apparente : qui ignorait la manie des joueurs de Quidditch de passer négligemment la main dans leur chevelure afin de lui donner du volume ?).

Davies, donc, se complaisait dans des tactiques trop sages qui éliminaient d’office leur équipe face à l’impétuosité des Gryffondors et l’agressivité marquée des Serpentards.

Etrangement, alors que le sujet la faisait bouillir à ce point du récit, Li se sentait drôlement perturbée, déstabilisée même, par l’attitude de Davies à son égard. Or, c’était bien la première fois que son capitaine (pas pour longtemps, si elle avait son mot à dire) la déroutait.
Elle n’avait pas été attendrie par sa courtoisie de façade quand il la laissait exposer son point de vue au cours du debriefing de fin d’entraînement, ses yeux bleu sombre faussement attentifs. Ni quand il avait commencé à l’éviter comme Severus Snape en personne alors qu’elle se dirigeait vers lui pour lui donner son honnête opinion. Ni quand il avait craqué et, l’image du gentleman séducteur des Serdaigles se fissurant, avait lâché : « Non mais, oh ça va ! » suivi d’un plus éloquent « Tu pourrais t’arrêter de critiquer une minute ! ».

Mais que Davies rougisse et prononce des paroles décousues dépourvues de sens en sa présence, voilà qui était nouveau. De plus, elle se sentait surveillée lorsqu’ils volaient en formation serrée ; elle se retournait vivement, et un crac audible du côté de Davies se faisait entendre : cou tendu, yeux fixés sur des cibles improbables, le capitaine mettait un point d’honneur à feindre l’indifférence.

A quoi Davies jouait-il ?

« Pucey, cette cravate est une partie du tout que forme l’uniforme. Fais-moi le plaisir de la renouer. »

Le Serpentard s’exécuta à contrecœur, puis lui décocha un de ses sourires en coin qui fit s’accélérer son cœur de quelques battements à la minute. Comment faisait-il ça ?

« Fred Weasley, j’espère pour toi que cette boîte rouge que tu tiens à la main ne contient aucun feu d’artifice modifié par tes soins ?

- Pas par les miens uniquement, suave Préfète-en-chef. Mon frère serait vexé que je ne le crédite pas au générique.

- Boîte confisquée. Dix points en moins pour Gryffondor. Franchement, Weasley, tu es à Poudlard, pas dans ton magasin : concentre-toi un peu moins sur tes blagues et beaucoup plus sur tes ASPIC, cela nous fera des vacances. »

S’éloignant, elle maudit la fainéantise de son homologue, qui s’arrogeait toujours la partie Nord de Poudlard et la Tour d’astronomie. Les seuls délinquants qu’on y trouvait n’avaient d’autres desseins que se conter fleurette et se laissaient cueillir comme des champignons, anesthésiés par l’altitude et leurs sentiments.

A la réflexion, c’était une bonne chose que Callwader s’occupe de la Tour d’Astronomie.

La patrouille de Su Li, bien que touchant à sa fin, se termina de façon relativement banale pour un jeudi soir.

Si l’on exceptait le fait qu’elle dût voler au secours de Zacharias Smith, qui arborait à présent un coquard à l’œil gauche, courtoisie de son assaillant, Fred Weasley pour ne pas le nommer. Tous deux refusèrent de donner le motif de leur querelle, même si elle détermina que Smith n’avait pas porté le premier coup.

La nouvelle fut accueillie par les Poufsouffles avec admiration. C’était très habile de la part de Zacharias de capitaliser sur son impopularité afin de faire sortir de ses gonds Fred Weasley.

Un simple « Alors, Weasley, comment vont les amours ? » avait obtenu cette réponse franche et directe : un crochet du droit.

Le Club des Blaireaux Futés en avait la confirmation : Fred Weasley était amoureux.

Premier set remporté. Lavande en pleura de frustration.

Seul Justin Finch-Fletchley, membre pas mal passif du Club des blaireaux futés, fut contrarié par l’acte de son président. Quand l’heure serait venue pour lui de faire ses preuves, il espérait qu’il n’aurait pas à donner de sa personne pour découvrir la vérité.
C’est alors que sa première mission d’importance lui fut confiée.

Hannah n’était pas mécontente de la nouvelle notoriété des Blaireaux futés : non seulement on savait à présent que les Poufsouffles étaient au fait des derniers développements à Poudlard, mais ils pourraient à présent dénoncer publiquement les rumeurs qui ne reposaient sur rien.

Non qu’elle-même ait beaucoup souffert de ces rumeurs. Mais bon, cela lui était toujours un peu pénible d’entendre qu’elle se consumait d’un feu secret pour Neville Londubat : d’une part parce qu’ils n’étaient que bons copains, et que d’autre part…
…son petit ami secret pourrait finir par mal le prendre.

« Je peux m’asseoir ? ».

Nonobstant le fait qu’il y avait d’autres places libres, Justin avait repéré la table de Padma Patil.

Sans lever les yeux de son essai, elle opina de la tête. Justin la remercia, puis, un peu maladroitement, sortit un tome très épais sur la Métamorphose. Le livre fit un bruit sourd en heurtant la table.

« Tes révisions semblent déjà bien entamées », apprécia-t-il.

(Avec les Serdaigles, il était certain de tenir là un sujet en béton. Plus sûr que la pluie et le beau temps.)

« Dis-moi, le nombre de pages est-il proportionnel à ta culpabilité ? » demanda soudain Padma.

Justin se crispa :

« Quelle culpabilité ? ».

Padma poursuivit tranquillement :

« Celle que tu éprouves pour faire semblant de t’intéresser aux activités d’une fille que tu n’as jamais pris le temps de connaître au cours des six dernières années. »

Justin ne souffla mot.

« Comme beaucoup de monde, tu veux savoir pourquoi je ne parle plus à ma jumelle.

-Non ! » protesta Justin. « Je leur ai dit qu’il s’agissait d’une affaire privée et… »

Il s’interrompit, réalisant que sa technique d’immersion totale n’était pas entièrement au point.

Il nota le pli amer de la bouche de Padma :

« Je vais te donner ce que tu veux. »

Elle planta ses yeux dans les siens :

« Dis-leur que je ne parle plus à Parvati parce que j’en avais assez de n’avoir aucun ami, et d’être pour tout le monde juste un clone moins intéressant de Parvati. Avec ces infos, ils devraient te laisser tranquille et tu ne te sentiras plus obligé de me faire la conversation ».

Penaud, Justin quitta la bibliothèque.

Au cours du dîner, à la table des professeurs, on parlait avec animation.

« Vous avez entendu la dernière ? » disait Madame Pomfresh au Professeur Flitwick. « Fred Weasley est amoureux !

- Padma Patil ne supportait plus de n’être qu’un double de sa sœur aux yeux des autres élèves », expliquait le Professeur Chourave à ses voisins.

« Le rapprochement des maisons, cette lubie qui est la vôtre, n’est pas prêt d’être réalisé.

- Severus, voyons, vous ne réalisez pas qu’il a déjà commencé ? Peut-être même plus tôt que nous l’imaginons.

- Albus, soyez plus terre-à-terre. A ce propos, je dois vous avertir que mon armoire à ingrédients a encore été visitée par des intrus cette semaine. Dites à Potter et compagnie de se tenir à l’écart de mon laboratoire, ou il lui faudra éviter de boire pendant quelques semaines. Quelques gouttes d’amandes amères dans un verre d’eau sont si vite glissées par maladresse… ».

« Maintenant, la cause de la brouille de Parvati et de Padma est élucidée. », commença Dean. « Et pas par vous.

- Nous allons donc quitter ce club », acheva Neville.

Millicent soupira. Ses objectifs étaient loin d’être atteints, elle n’avait pas compté avec la concurrence des Blaireaux, et ses informateurs se désistaient.

« Les garçons, s’il-vous-plaît ! » supplia Lavande. « Les circonstances ont changé. Vous ne pouvez pas laisser cet horrible Smith gagner ! Ecoutez au moins les dernières rumeurs ! ».

Avec un grognement, Dean et Neville se rassirent.

« Astoria Greengrass…

- La petite sœur de Daphné », précisa Nott, ce qui lui valut un regard noir de Lavande qui n’appréciait pas d’être interrompue.

« Astoria, qui a été répartie à Poufsouffle, je le dis pour la petite histoire…

- Ce que Daphné n’a toujours pas digéré » glissa Theodore.

« Astoria se chamaille constamment avec Romilda Vane, une de nos Gryffondors, pas très appréciée.

- Qu’est-ce qu’on sait d’autre ? »

« Toutes deux appartiennent au Club de fans de Quidditch », dit Rose Zeller. Elle rosit légèrement : « J’en suis également membre.

- Quel est le but de ce club ? » demanda Hannah.

Rose vira au cramoisi :

« Nous soutenons les joueurs de Quidditch. Surtout les plus talentueux et les plus…

- Photogéniques ? » suggéra Zacharias. « Eleanor Branstone m’a appris que vous aviez passé un contrat avec Colin Creevey. »

Rose opina du bonnet avec enthousiasme :

« Il nous donne des clichés inédits de nos joueurs favoris ! Notre salle est décorée de posters grandeur nature…

- Sais-tu pourquoi Romilda et Astoria se disputent ? » questionna Ernie.

« Non…mais on dit qu’elles se sont mis en tête d’aborder leur joueur favori…et apparemment, il s’agit du même. Mais j’ignore lequel. Romilda et Astoria sont très secrètes. »

« Qui veut élucider cette situation ? Il faudrait pouvoir parler à un membre de ce club de fans autoproclamés de Quidditch, ou plutôt de joueurs. », dit Millicent.

Adrian eut un large sourire :

« C’est du tout cuit pour moi. Je saurai tirer la vérité d’une de ces filles. »

Millicent leva les yeux au ciel et chuchota à Lavande :

« Le pire, c’est que c’est vrai. Je ne vois pas ce que ces malheureuses lui trouvent pour se laisser enjôler comme ça ».

Lavande, elle, voyait très bien.

« J’espère que de l’autre côté, ces stupides Blaireaux ne nous ont pas coupé l’herbe sous le pied », soupira-t-elle.

« J’arrive à point pour vous proposer mes services. »

L’onctueux Blaise Zabini sourit d’un air débonnaire :

« Je suis prêt à espionner l’autre camp pour vous…et sans aucune contrepartie », dit-il, prévenant la question instinctive naissant sur les lèvres de Millicent.

adrian pucey, romilda vane, mandy brocklehurst, échange, su li, roger davies, milicent bulstrode, parvati patil, astoria greengrass, neville londubat, pansy parkinson, ernie macmillan, justin finch-fletchley, fred weasley, padma patil, zacharias smith, hannah abott, seamus finnigan, blaise zabini, fic

Previous post Next post
Up