Entre deux silences

Feb 04, 2008 12:00

Titre : Entre deux silences
Auteur : Anadyomède
Personnage : Bellatrix Lestrange
Catégorie : Croisade, Les soeurs Black  "Mon plus grand regret"
Rating : G

Le ciel est zébré de rouge et de vert. Devant moi, les sorts fusent, les corps tombent et les cœurs s’abîment dans la haine, se perdent dans la nuit qui nous enveloppe de sa douce folie. La lumière me brûle les yeux. Je souffle un peu, je me sens bien ici, ma tête est haute et mon regard fier. Je défie le monde de me faire tomber. Ils n’y arriveront jamais. Personne.

Ma cape tournoie dans le vent, mes pas son précis. Je sais où je vais et je sais qui je cherche perdue au milieu de ce cauchemar. Elle est là.

Alors ma voix vient troubler les ténèbres. Cette nuit qui se dresse entre mes doigts m’appartient. Elle me protège, je suis imprégnée de son amour car je suis ce qu’elle a fait de moi tout comme cette gosse, là, qui ne me voit pas encore mais qui m’attend, est le résultat de l’amour stupide d’Andromeda.

« Nymphadora, ma chérie, viens dire bonjour à tata ! »

Elle m’aperçoit enfin et sursaute. Un court instant, son regard se trouble. Je l’observe ne souriant. Lentement. Parce qu’à travers son visage pâle, un autre se reflète et que j’ai presque l’impression de me reconnaître au fond de ses yeux. Elle est drôle cette gosse, avec son petit visage de souris un peu crispé et ses cheveux roses. Ah, rouge maintenant !

Décidemment…

Je fais un pas en avant. Juste pour voir qu’est-ce qu’elle aurait donné si elle avait été une Black. Elle ne bouge pas mais serre un peu plus fort sa baguette entre ses doigts fins.

Alors comme ça, c’est une brave petite que j’ai devant moi ? Un ricanement s’échappe de mes lèvres gonflées. Quel dommage qu’il faille déjà éteindre ses yeux tendre et qu’il est l’heure à son corps de partir rejoindre celui de son père mort au combat.

« Ça faisait longtemps, hein chérie, que nous ne nous étions pas vu.

- Trop en effet, tata. »

Je lui souris. Le vent frappe mes joues et désordonne mes cheveux. J’aime cette sensation de vide qui m’envahit dans l’air du soir. Aujourd’hui, dans quelques secondes, je terminerai ma vengeance. Cette gosse n’a pas sa place ici. Elle ne l’a jamais eu. N’est-ce pas pour elle et pour son moldus de père qu’Andromeda est partie ? Stupide petite Andromeda qui a cru qu’on pouvait tourner le dos à sa vie aussi facilement et qui doit être persuadé que si j’étais face à elle, je lui pardonnerai.

Mais t’as rien compris. Je ne suis pas quelqu’un de gentil, je n’ai pas de pitié pour les traîtres. Surtout quand ils ont une once de mon sang.

La gosse ne bouge pas. Elle attend, n’osant peut-être pas m’attaquer la première. Peut-être qu’elle se dit que je serais clémente avec elle.

Ce sont tous des imbéciles.

Je lève ma baguette mais alors que je m’apprête à en finir avec la petite, une ombre se dresse et une lumière verte plus rapide que la mienne me frôle. Je tourne la tête. L’intrus est là. Je ne met pas longtemps à le reconnaître, c’est ce foutu loup-garou.

Evidemment.

Après un moldus, la deuxième génération de traîtres ne trouve rien de mieux qu’un bête sauvage pour se reproduire. Mes ancêtres doivent se retourner dans leurs tombes, je pourrais presque entendre leurs soupirs désespérés qui me murmurent d’arrêter ce carnage fait à notre rang.

« Dolohov ! »

L’interpellé me regarde aussitôt. Je susurre alors :

« Occupe toi donc de ce loup-garou pendant que je clos mes retrouvailles avec ma petite nièce préférée, veux-tu ? »

Le Mangemort rit, oui, et le loup-garou valse par terre.

« Comme ça, ça ira ?

- Tant qu’on y est, vas jusqu’au bout ! »

Encore des cris, des sorts, et la nuit pour tout engloutir. Je reste spectatrices face aux cadavres qui m’entourent, c’est un tableau qui m’apaise. Entre mes doigts, le sang devient noir, je porte mon nom avec fierté jusqu’à l’éternité.

L’heure tourne. La gosse n’est pas loin, elle a des larmes plein les yeux mais se bat comme un beau diable. Je l’observe un instant. L’envie soudaine de lui dire « Attend, regarde, regarde lui comme il tient sa baguette, tu vois la faille ? Regarde chérie, et apprend. » me tiraille le cœur. Ce n’est pas le bon moment. Elle n’est pas la bonne personne.

Si seulement son sang serait resté pur… Alors oui, je lui aurais tout appris. Mais Andromeda a choisi. Elle est partie en nous laissant tous ici, tant pis. On était pourtant unis dans notre folie.

Je rejette mes cheveux en arrière et chasse l’image de cette vague sœur que je ne connais plus : les lâches n’ont pas leur place dans mon cœur barricadé de larmes et de fer.

« Nymphadora chérie ! je crie, et une rage soudaine déferle sur moi et fait trembler mes doigts parce que sous mes yeux, je vois défiler toutes ces belles années que j’ai dû amèrement rayer de ma tête. Nymphadora, ne pars pas déjà ma jolie, moi qui voulait tant faire ta connaissance, regarde moi, regarde moi petite ! »

Deux secondes. C’est le temps que la gosse met pour plonger ses yeux dans les miens et comprendre. Elle veut lever sa baguette mais c’est déjà trop tard.

Regarde chérie, cette fois c’est toi qui commet la faute. Et elle est impardonnable. Je suis désolé, tu sais.

La gosse brille un court instant puis s’effondre. Plus loin, le loup-garou hurle et j’entend Dolohov susurrer un « T’en fais pas, tu vas la retrouver maintenant » avant de le faire tomber, lui aussi.

Voilà. Un vide envahit les silences de mes nuits et je reste debout à contempler mon œuvre. Et je me dis : « C’est fini. » mais je sais que ce n’est qu’un début.

Le début de la guerre, le début de ma fin, je ne rêve pas, mais ça sera la tête haute. J’ai travaillé à ma chute avec plus de courage qu’un Gryffondor n’en n’aura jamais.

Je jette un dernier regard au corps étendu de la gosse. On dirait presque qu’elle dort. Et à cet instant, je regrette juste de ne pas avoir emporter la mère avec la fille parce que des deux, je crois que c’est elle la plus sale.

Sa gosse, au moins, m’a affronté et ne s’est pas lâchement enfuit dans le noir.

Je soupire. Il fait froid ici. Alors, avec un dernier sourire, je m’enfonce à nouveau dans ma nuit à la recherche d’autres victimes. Seule.

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