Titre : Se taire et laisser faire
Auteur :
aylalaPersonnage : Regulus
Rating : G
Note : Voici un petit cadeau pour
ezilda qui avait envie qu'on lui écrive un petit quelque chose ! Tu vois,il fallait juste demander ! ^_^
Se taire et laisser faire
Regulus frissonna, remonta son col et enfonça le plus possible sa tête dans son cou pour se protéger du froid mordant de l’hiver. Il frotta machinalement son avant-bras gauche qui le brûlait, lui rappelant qu’on l’attendait. Enfouissant ses mains aussi profondément que possible dans ses poches, il jeta un dernier regard à la lourde porte du 12 square Grimmaurd, soupira et transplana.
Il détestait se rendre là bas. Ce qui, quelques mois auparavant lui avait parut important, grisant, excitant même, le dégoutait aujourd’hui. Il ne comprenait pas comment il avait pu se leurrer à ce point, pourquoi il avait mis tant de temps à comprendre réellement ce dont il s’agissait. Il s’était laissé berner, il était tombé dans le piège et il n’avait compris que trop tard qu’il ne pourrait jamais plus reculer.
Le manoir devant lequel il arriva était sombre et lugubre. Le vent qui soufflait dans les arbres secs, creux et décharnés lui donna un peu plus la chair de poule. Le jeune homme ne s’attarda pas à l’extérieur et se dépêcha d’aller se mettre à l’abri des morsures du froid. Il fut surpris devoir le hall aussi bondé. D’habitude, l’endroit était presque désert. Regulus observa toutes ses personnes du coin de l’œil. Il s’agissait exclusivement de jeunes hommes de son âge environ. Ils avaient tous l’air à la fois excité et apeuré. Ils se donnaient l’air d’être important. Regulus retint de justesse un soupir… Les nouvelles recrues avaient encore cette candeur, cette innocence, cette impression de faire ce qu’il fallait faire, parce que c’était bien, parce qu’ils le méritaient…
Regulus se souvenait que lui aussi avait tremblé d’impatience avant de Le rencontrer pour la toute première fois. Il se souvenait à quel point il s’était sentit important, utile, nécessaire. Il se souvenait de cette bouffée de fierté qui l’avait envahie quand on lui avait apposé la Marque sur le bras.
Tout cela, il n’en était plus fier désormais. Bien au contraire, si tout cela avait été à refaire, jamais il n’aurait eu la folie de se laisser convaincre par cette pensée malsaine, macabre qu’Il avait déguisé sous de belles phrases et de beaux discours.
Sans un mot, Regulus atteignit le bout du couloir. Il entra dans la pièce qui donnait sur le jardin, et salua d’un signe de tête les Mangemorts présents qui ne prirent pas la peine de lui rendre son salut. Le jeune homme ne s’en offusqua pas, il avait l’habitude. Il était jeune et il n’était pas particulièrement puissant. On ne le considérait pas avec autant de respect que ceux qui faisaient réellement leur preuve. Ceux que la violence ne terrifiait pas. Ceux qui méprisaient la vie de ceux qui n’étaient pas leurs égaux. Ceux qui ne pleuraient pas après avoir tuer un homme…
Regulus soupira une nouvelle fois. C’était dans ses instants là, quand il se sentait méprisé, ignoré, quand on lui accordait à peine un regard, quand son statut de Mangemort ne lui offrait finalement pas la distinction qu’on lui avait pourtant promis qu’il regrettait de ne pas avoir le courage de son frère.
Il y avait pourtant peu de chose qu’il enviait à Sirius. Ils ne s’étaient jamais entendus et s’étaient cordialement détestés toute leur vie. Mais juste pour une fois, il aurait aimé avoir son courage, son panache et sortir en claquant la porte, et en hurlant haut et fort qu’il en avait assez, qu’il ne supportait plus toutes ses horreurs et que jamais plus il ne reviendrait.
Malheureusement, il en était bien incapable et cela aussi le rongeait aussi surement que le souvenir de ses personnes qu’il avait blessé et torturé et dont les visages tordus par la douleur hantaient encore ses cauchemars.
Regulus croisa ses bras sur sa poitrine et s’appuya contre le mur du couloir. Il savait que quand Il aurait décidé qu’il serait temps de le voir, Il le ferait venir à lui. Il devait donc se contenter d’attendre, avec au creux du ventre l’appréhension de ce que serait sa prochaine mission, avec le dégout des choses horribles qu’il allait devoir faire. Parce qu’il n’avait pas le choix…
Après quelques secondes, le jeune homme remarqua qu’on le fixait avec insistance. Il se tourna vers la nouvelle recrue la plus proche de lui. Un jeune garçon dont le visage conservait encore quelques rondeurs enfantines. Ce dernier s’approcha alors un peu plus de lui et murmura.
- « Toi aussi tu es là pour Le voir ? Pour Lui demander de te prendre dans ses rangs ?»
Il y avait de l’excitation dans sa voix, une boule se forma dans le ventre de Regulus. Il se contenta de faire non de la tête et d’un geste discret, il releva sa manche, dévoilant la Marque que tous ici, dans ce couloir espérait posséder un jour.
- « Waouh ! Tu en es déjà ? » s’exclama le jeune homme avec admiration.
Mais Regulus était loin, bien loin, de se sentir fier de lui. Il n’éprouvait désormais pour sa condition qu’un dégoût morbide et coupable.
- « Il n’y a pas plus grand honneur que de servir le Seigneur des Ténèbres ! » lança alors la jeune recrue « Il n’y a rien au monde de plus important, rien qui n’en vaille plus la peine ! »
Regulus le fixa d’un air grave et ne pris pas le temps de répondre. Quand bien même il aurait eu l’audace de lui dire qu’il avait tort, qu’il faisait fausse route, qu’il ferait mieux de fuir tant qu’il en avait encore la possibilité, ce jeune homme ne l’aurait pas écouté.
Alors il se tut et détourna le regard, déçu par son manque de cran, accablé de voir combien ce jeune homme pouvait lui faire penser à lui-même à ses débuts dans les rangs des Mangemorts, et attristé de savoir déjà combien il souffrirait de tout ce qu’on allait lui faire endurer.
Car rester en vie quand on portait la Marque des Ténèbres c’était aussi cela. Se taire et laisser faire.