Je t'attendrai

Sep 10, 2007 11:59

Titre: Je t'attendrai

Personnages: Cedric Diggory, Morag MacDougal, Cho Chang

Catégorie: Essai

Genre: Romance, Drame

Rating: G

Disclaimer: Harry Potter est à JKR. J'ai emprunté une réplique à la pièce d'Oscar Wilde An ideal husband ainsi qu'au film bollywoodien Mohabbatein.

Note: offert à ezilda pour son anniversaire, posté à sa requête. Ne suit pas entièrement le tome 4. Compatible avec l'OS "ma délicate décision", mais peut se lire indépendamment.

Je t’attendrai

Partie 1- Fair play

Par une glaciale soirée d’hiver, Cedric Diggory, mains enfoncées dans les poches de son manteau de laine et écharpe à rayures jaunes de sa maison crânement en évidence, prenait le frais dans le parc désert de Poudlard. Il avait subrepticement quitté la salle commune des Poufsouffles, sa flambée revigorante et ses discussions animées pour la solitude qu’il était certain de trouver aux alentours du terrain de Quidditch. Il marchait à pas lents, sans se soucier du froid mordant, goûtant la quiétude du lieu que nul ne troublait…
"Hé !"
Il s’était réjoui trop vite.
"Hé ! Diggory !"
Le doute n’était plus possible sur les intentions de celle qui le hélait aussi cavalièrement. S’il en conçut quelque déplaisir, il n’en montra rien et fit face à l’intruse avec la courtoisie inébranlable dont il faisait preuve envers tout individu, qu’il soit Professeur, élève, capitaine de Quidditch rival ou adoratrice éperdue (oui, il avait déjà eu affaire à des groupies déchaînées par le passé, une expérience fort déplaisante. Il en frissonna rétrospectivement).
Il révisa son jugement alors que ses yeux gris dévisageaient calmement la nouvelle venue. Son manteau mal boutonné, son écharpe aux couleurs de Serdaigle clairement passée à la hâte, tout cela se présentait mal. Ces éléments suggéraient la précipitation du chasseur qui, ayant vu sa proie sur le point de lui échapper, s’était lancé derechef à sa poursuite, sans prendre la peine de charger entièrement son fusil…ou, le cas échéant, de prendre des moufles et un bonnet, réalisa Cedric alors que la jeune fille frottait ses mains gelées l’une contre l’autre et que deux délicats flocons de neige s’accrochaient à ses mèches de jais.
Mais, contrecarra l’esprit analytique de Cedric, il paraissait douteux que la jeune fille se fût donnée tant de mal pour un autographe, car il savait par expérience que les fans de son humble personne n’avaient pas pour habitude de jeter des regards meurtriers à son intention. Or, les yeux bleu sombre de la Serdaigle lançaient des éclairs trahissant une certaine envie d’en découdre.
"Bonsoir."
D’un revers de la main, la jeune fille balaya le salut en bonne et due forme du pacifique Poufsouffle :
"Je te dispense des formalités, Diggory. Je viens te parler de choses sérieuses. Tu as réservé le terrain de Quidditch pour chaque lundi et jeudi matin de tout le mois de Décembre !" accusa-t-elle.
"C’est exact" confirma Cedric. "Tu es bien renseignée" sourit-il.
Malheureusement, la Serdaigle ne sembla pas goûter le compliment. Bien au contraire, si Cedric devait en juger par le drôle de pli que prirent ses lèvres.
"Bref, notre bien-aimé Capitaine, Roger Davies, étant un excellent stratège sur le plan théorique doublé d’un parfait crétin sur le plan pratique … " reprit-elle.
Cedric cilla au portrait de son rival. Il n’avait jamais empêché ses coéquipiers de Poufsouffle de parler librement, ni de critiquer si besoin était, mais il espérait que lorsqu’ils parlaient de lui dans son dos, ils ne l’arrangeaient pas ainsi.
"Attends une minute…tu es une joueuse de Serdaigle ? Tu es remplaçante ? "
S’il avait espéré l’amadouer, il en fut pour ses frais. Le joli visage se fit encore plus revêche, ce que Cedric n’aurait pas cru possible.
"Je suis en troisième année, mais voilà deux ans que je suis poursuiveuse titulaire"- elle insista lourdement sur le « titulaire », histoire de lui faire prendre conscience de sa bourde-"mais peut-être que si tu étais moins enclin à admirer notre attrapeuse sous toutes les coutures sous prétexte de l’empêcher de s’emparer du Vif avant toi, tu prendrais conscience qu’entre le serrement de mains entre capitaines et la fin du match, l’équipe des Serdaigles comporte d’autres joueurs que Cho Chang et Roger Davies. "
Nom d’un hippogriffe ! ça se voyait donc tant que ça ? Il admirait la belle attrapeuse depuis des années sans oser le lui déclarer. Ils s’étaient rapprochés l’année précédente, grâce à leurs cercles d’amis communs. Pourtant, bien qu’il la fréquentât régulièrement, il ne lui avait toujours pas avoué ses sentiments.
La Serdaigle ne s’attarda pas sur ces considérations et revint à la charge :
"Il se trouve que nous avons un problème de dates. Si tu pouvais échanger avec Roger la matinée du jeudi contre celle du mardi, cela nous aiderait énormément, car deux Poursuiveuses et un Batteur ont leur réunion hebdomadaire du club de sortilèges pile sur le créneau horaire choisi par notre capitaine.
-Pourquoi Roger n’est-il pas venu m’en parler en personne ? Nous aurions pu trouver un arrangement.
-Roger traverse une phase Oliver Wood. Sa nouvelle devise est " le Quidditch ou rien". Lorsque nous lui avons rappelé nos autres obligations, il nous a mis en demeure de choisir entre le club de Sortilèges et l’équipe de Quidditch, ou de lui présenter une alternative. J’ai donc été dépêchée par les autres pour trouver une solution, et comme je sais que le mardi matin convient aux membres de ton équipe, d’après leur emploi du temps...
-Comment t’es-tu procuré l’emploi du temps des Poufsouffles ?
-Je ne suis pas sectaire. Je compte des amis parmi les Poufsouffles" rétorqua la Serdaigle, visiblement agacée.
Moi excepté, apparemment, constata Cedric avec amusement.
"C’est bon. Dis à Davies que tout est réglé".
Il lui sourit de ce sourire qui en avait amadoué plus d’une sans qu’il en ait eu vraiment conscience, mais son geste ne rencontra pas l’effet escompté.
"Te moquerais-tu de moi ? " interrogea la Serdaigle, méfiante.
Sincèrement surpris par sa réaction, il répliqua :
"C’est bien ce que tu m’as demandé, n’est-ce pas ?"
Elle répondit à sa question par une série d’autres questions :
"Tu cèdes comme ça ? Sans discuter ? Sans rechigner ?
-J’avoue que je ne comprends pas bien… "
Une expression étrange se peignit sur le visage de la jeune fille. D’une voix changée, elle murmura :
"Alors, la rumeur disait vrai ? Tu es fair-play à ce point ? "
Devinant l’interrogation muette des yeux de Cedric, elle expliqua de son meilleur ton "je suis rationnelle et on ne me la fait pas" :
"Tu aurais pu t’insurger, me renvoyer à Flint et à Wood, m’accuser de vouloir profiter de la générosité bien connue des Poufsouffles, de te prendre pour une bonne poire, bref, me créer mille difficultés…mais tu ne l’as pas fait.
-Tu ne m’as pas demandé la lune ! C’est faisable, ça arrange ton équipe sans léser la mienne…pourquoi m’y serais-je opposé ?
-Tu es un drôle de phénomène, Cedric Diggory", repartit son interlocutrice après un court silence. "En tout cas, merci.
-Ce n’est pas grand-chose" se défendit-il.
"C’est vrai. Mais merci quand même. Et…je sais que tu ne te poses pas la question, mais l’emploi des Gryffondors n’était pas compatible avec le nôtre, quant aux Serpentards…Je voyais mal Marcus Flint daigner m’écouter.
-Je comprends" compatit Cedric.
Elle le considéra une dernière fois, puis s’arracha à sa songerie:
"Merci, passe une bonne soirée ! "
Elle se hâtait en direction du château quand il l’interpella :
"Hé ! Je ne connais toujours pas ton nom ! "
Elle se retourna et cria :
"Un autre jour ! Apprendre mon existence, c’était déjà beaucoup!"
Elle disparut au loin, et il ne garda d’elle qu’un sourire espiègle, aussi charmant qu’inattendu.

***************************************************************************

Il la revit au match suivant, Serdaigle versus Poufsouffle. Dans les airs, alors qu’il survolait le terrain à la recherche du Vif d’Or, il la croisa qui arrivait à toute allure en sens inverse, concentrée et bagarreuse telle qu’il se la rappelait. Ses yeux croisèrent les siens, et il inclina la tête en guise de salut, pour s’excuser de ne pas l’avoir reconnue, l’autre soir. Cedric estimait peu fair-play d’ignorer ses adversaires, et il s’en voulait d’avoir offensée la jeune Serdaigle qui avait eu le cran, bien que de trois ans sa cadette, d’intercéder pour son équipe auprès de lui. Elle passa en un coup de vent- peut-être n’avait-elle pas compris son geste ?
Mais lorsqu’ils se retrouvèrent deux jours plus tard au détour d’un couloir, elle le salua la première :
"Salut, Diggory.
-Appelle-moi Cedric. C’est ainsi que mes amis m’appellent."
Il s’était arrêté et lui tendait la main. Elle y mit la sienne, dissimulant sa surprise :
"D’accord. Alors appelle-moi…
-…Morag ? Je me suis renseigné. D’après le dicton, on se doit de connaître ses adversaires".
Morag MacDougal sourit :
"Si ma mémoire est bonne, le dicton est : "Apprends à connaître tes amis, et apprends à connaître tes ennemis mieux encore. " Dans laquelle de ces catégories me classes-tu ?
-Chez les adversaires de valeur sur le terrain, et chez les amis, je l’espère, en dehors.
-L’offre est tentante. Je ne suis pas une ennemie, alors ? J’ai été un peu dure avec toi l’autre jour.
-Non, tu as été franche.
-Et toi, trop confiant. Tu sais que ça risque de te jouer des tours, Digg…Cedric ?
-J’ai confiance.
-En quoi ?
-En ma bonne étoile…et en la loyauté."
Elle eut une moue sceptique, et en resta là. Ils se revirent entre deux cours durant l’année, échangeant des pronostics sur les résultats des matchs de Quidditch, et le dernier jour de classe, sur le quai de la gare de Charings’Cross, elle lui souffla un : "Bonnes vacances !" avant de se perdre dans la foule sans qu’il ait pu lui répondre. Sa bande d’amis, des Poufsouffles et des Serdaigles de cinquième et sixième année, l’entouraient déjà. Des promesses de correspondance assidue furent échangées, et dans la cohue, Cho déposa un léger baiser sur sa joue. Il y pensa sur tout le chemin du retour.

***************************************************************************

Cette quatrième année débutait comme un rêve. Il avait connu l’euphorie d’avoir été choisi pour entrer dans la légende. Plus que l’anticipation de la gloire qui retomberait sur lui et sur sa chère maison, c’était l’attente des épreuves qui faisait bouillir son sang. Il brûlait de l’envie de se mesurer à des adversaires mus par le même désir de faire honneur aux leurs, de tester leur bravoure et leur magie dans un tournoi qui appelait au dépassement absolu de soi. Il montrerait au monde ce dont les Poufsouffles étaient capables. Il prouverait que les valeurs des blaireaux, pugnacité et loyauté, n’étaient pas encore dépassées.
Il avait déniché un coin tranquille, à l’abri de ses admirateurs -tout Poudlard était derrière lui depuis sa désignation comme champion de l’école. Cependant, il n’en tirait pas une grande satisfaction, car l’autre champion légitime faisait les frais de l’amitié qu’on lui portait, à lui. Où était passé ce sentiment d’unité qui faisait la beauté du Tournoi ? Deux champions pour Poudlard, cela créait deux fois plus de chances pour l’école de défendre ses couleurs. Si lui pouvait coexister avec Harry Potter, pourquoi les autres y voyaient-ils un inconvénient ?
"Je n’ai pas encore eu l’occasion de t’adresser mes félicitations. J’espère que cet accès de mélancolie n’a pas ma négligence pour origine…
-Morag. Cela faisait longtemps.
-Tu as vu le temps passer, toi ? J’avais cru comprendre qu’entre le tournoi, les fêtes de soutien données en ton honneur par ta maison et tes hordes de fans inconditionnels, tu avais complètement oublié mon existence. Ce ne serait pas la première fois, remarque" le taquina-t-elle.
Il nota qu’elle n’arborait aucun badge de soutien.
"En effet, je n’ai pas de badge. "confirma Morag, amusée, le prenant en flagrant délit.
Il balbutia:
"Je ne vérifiais pas…Tu es libre de soutenir le Champion de ton choix…
-Tu connais mon admiration pour Viktor Krum. C’est de loin mon attrapeur préféré.
-Le meilleur du monde, tu veux dire" approuva loyalement Cedric, bien qu’il éprouvât une légère contrariété à l’écoute des louanges d’un attrapeur infiniment plus doué que lui au Quidditch.
Morag éclata de rire :
"Allons, ne sois pas stupide ! ma loyauté indéfectible envers Poudlard me fera soutenir ses deux champions de toutes mes forces. J’aurais volontiers porté un badge "Go ! Poudlard ! Go ! Potter & Diggory !", mais je ne trouve que des badges pro-Diggory et anti-Potter, et je ne veux pas soutenir l’un sans l’autre.
-Ce n’est pas moi qui en ai eu l’idée. J’ai voulu dissuader mes amis de les porter, mais ils ne m’ont pas écouté " protesta Cedric, rougissant jusqu’à la racine des cheveux.
"Ne te fatigue pas, Cedric. Je sais bien que tu n’y es pour rien. "
Il y eut une courte pause, puis elle maugréa :
"Tu es bien trop fair-play pour ça."
Et Cedric sentit qu’aujourd’hui, il ne s’agissait pas d’une critique. S’il avait osé aller jusque-là, il aurait dit que Morag approuvait.

***************************************************************************

Le lac était doucement éclairé par un croissant de lune. Cedric attendait, nerveusement, à l’affût du moindre bruit. Un léger craquement l’avertit d’une présence et il se retourna, sourire aux lèvres, sourire qui se figea quand il aperçut Morag.
"Morag ! Qu’est-ce que…
-Bonsoir à toi aussi ".
D’ordinaire, nul n’avait besoin de rappeler à Cedric ses bonnes manières. Il en fut confus et tenta de retrouver son empire sur lui-même, alors que Morag, apparemment inconsciente de la situation, poursuivait :
"Tu t’interroges peut-être sur les raisons de ma présence ici. Tu me connais, j’aime faire un petit jogging les soirs de printemps, quand l’air est doux…Et bien que tu l’aies sans doute entendu une centaine de fois, tu as été extraordinaire dans ce tournoi. Face au dragon, j’ai eu la frousse de ma vie. J’ai bien cru que tu allais te faire griller vif.
-J’ai eu cette impression, moi aussi."
Ils rirent tous deux, son rire grave et serein contrastant avec la nervosité de son rire à elle.
"Enfin …Tâche de rester en vie, voilà ce que je voulais te dire.
-Et ton jogging ?
-C’est un prétexte comme un autre. Il est impossible de t’adresser deux mots durant la journée, avec tous les admirateurs qui te suivent comme ton ombre et ta garde rapprochée en dernier recours. "
Cedric ne s’attendait pas à cette admission. Son but avait été de rappeler à Morag son but initial, car il était assez pressé.
"Merci pour le conseil.
-Tu le trouves stupide, n’est-ce pas ?
-Non. Superflu, à la limite" reconnut gentiment Cedric.
"Pas dans ton cas." assena Morag, catégorique.
Cedric rompit le silence :
"Morag, cela t’embêterait de…Ecoute, je ne veux pas te chasser, mais j’attends quelqu’un, pour ainsi dire, et…
-Oh ! " fit Morag. Puis :
"C’est Cho l’heureuse élue ? Ne t’inquiète pas, Casanova, je m’éclipse. Je m’y attendais."
Son rire en cascade la suivit dans la nuit tombante. Cedric l’entendit longtemps après son départ. Cho arrivait déjà au rendez-vous, s’excusant pour son quart d’heure de retard.

***************************************************************************

Le bal fut féerique. Cho ne quittait pas son bras, radieuse. Et lui se sentait heureux, aimé, soutenu, prêt à affronter la dernière étape du tournoi. Une fois le bal achevé, Cho et lui s’embrassèrent. Son monde était parfait.

***************************************************************************

"Cedric ! "
Morag se tenait devant lui, très pâle.
"Morag ? Est-ce que ça va ? Tu as l’air malade " s’inquiéta Cedric.
Elle balaya d’un revers de main ses questions, comme lors de leur première rencontre, en fille qui va droit au but.
"Je suis malade d’inquiétude, oui ! "
Elle le fixa de ses yeux écarquillés par la peur. Il y lut des vagues houleuses, un ciel de tempête.
"J’ai un pressentiment. D’habitude, je laisse ce genre de choses à Trelawney et consort. Mais je ne peux pas me taire, d’autant plus que l’histoire du Tournoi me conforte dans mon inquiétude, et…
-Morag ! Tu t’égares un peu, non ? " la reprit-il avec douceur.
"Tu as raison. Désolée. C’est juste que je me suis beaucoup documentée- quand je suis nerveuse, je me réfugie dans mes connaissances. C’est rassurant. Sauf que cette fois-ci, rien de ce que j’ai découvert ne me rassure. Cedric, beaucoup de gens sont morts au cours de ce Tournoi.
-On me l’a déjà dit, tu sais.
-Ne plaisante pas avec ça ! La dernière ligne droite est cruciale, parce que c’est au moment où l’on croit avoir réussi le plus dur que l’on baisse la garde ! Les statistiques montrent que près de soixante-douze pour cent des Champions décédés au cours de ce tournoi ont été tués lors de la dernière épreuve !
-Je ferais attention. Ne t’inquiète pas pour moi, Morag. " essaya-t-il de la raisonner. Mais elle se débattit :
"Non, ce n’est pas vrai ! Tu ne m’as jamais prise au sérieux ! Tu te moques de moi, et tu n’en as strictement rien à faire de ce que je te dis !
-C’est faux ! ". Les yeux gris de Cedric devinrent graves :
"Je t’interdis de penser une chose pareille. Je te prends au sérieux. Vas-y, je t’écoute.
-Tu es trop bon. Trop gentil. Trop confiant, je te l’ai déjà dit. "énuméra Morag. "Peut-être ne suis-je qu’une Serdaigle froide et cérébrale, mais je sais que le monde n’est pas bon, Cedric. Par le passé, on a vu des Champions perdre la tête et se mettre à en attaquer d’autres. On a vu des trahisons, des Avada Kedavra dans le dos…Juste…Méfie-toi, Cedric. Sois sur tes gardes. Ne fais jamais de cadeau, parce qu’on ne t’en fera pas. J’ai peur parce que…tu étais trop parfait pour exister, et tu es trop parfait pour vivre longtemps.
-Morag, je suis loin d’être tel que tu me décris. J’ai beaucoup de défauts" commença Cedric, gêné.
"Ne fais pas ton modeste. Promets-moi seulement que si jamais tu es menacé, ou que tu te sens menacé…
-Oui ?
-Tu riposteras le premier.
-Je ne peux pas riposter le premier ! Si on riposte, c’est à une attaque.
-Tu m’as bien comprise. Ne demande pas d’explications, tire d’abord, analyse ensuite !
-Je ne peux pas te promettre ça" Morag détourna la tête et se mordit les lèvres, "mais je te promets de faire mon possible pour rester en vie, ça te va ? ".
Il lui prit le menton et la força à le regarder :
"Je te le promets."
Elle s’essuya les yeux d’un revers de manche et rétorqua :
"Il faudra m’en contenter. Cedric ?
-Oui ? "
Elle le fixa intensément, puis se jeta dans ses bras et le serra à l’étouffer :
"Même si tu ne remportes pas la Coupe, tu seras toujours un Champion."
Puis, aussi vite qu’elle s’était jetée sur lui, elle se dégagea de son étreinte et s’enfuit.

***************************************************************************

Progresser à l’intérieur du labyrinthe était un vrai cauchemar. Morag avait dit vrai, la trahison avait pris les traits de Viktor Krum. Krum ! Lui qu’il avait toujours tenu pour un homme d’honneur, un adversaire digne d’estime. Oui, le labyrinthe les changeait irrévocablement. Les masques tombaient. Allait-il perdre ses illusions, à son tour ?

***************************************************************************

Potter lui avait sauvé la vie. La loyauté existait encore. Tous ces principes, en lesquels il avait cru et auxquels il s’était toujours efforcé d’être fidèle, les bafouerait-il à présent que Harry gisait à terre pour lui avoir porté secours ?
La coupe s’offrait à lui, tentatrice. La quête du Tournoi allait prendre fin, le Champion n’avait qu’à s’emparer du trophée brillant d’un éclat translucide.
Mais lui se mépriserait à tout jamais s’il acceptait cette victoire tronquée.
Il était "fair-play", et alors ? Il y plaçait sa fierté.
"Prends la. " dit-il à Harry.

***************************************************************************

Finalement, ils l’avaient prise toux deux, exultant d’avoir surmonté les obstacles sans avoir renié ce qu’ils étaient. Cedric sentait la griserie de la victoire lui monter à la tête quand la promesse que Morag lui avait arrachée lui revint à l’esprit. Rester sur ses gardes…
Mais c’était inutile à présent, non ?
La Coupe les entraîna dans un endroit étrange, désert. Il sentit l’inquiétude gagner Harry n même temps que lui. Quelque chose bougea dans l’obscurité…
Tire d’abord…
Il porta la main à sa baguette, sa fidèle alliée. Sentir le contact du bois sur sa peau le rassura un peu.
Quelqu’un émergeait de l’obscurité.
Il pointa sa baguette vers l’intrus, voulant lui demander qui il était, ce qu’il voulait, mais les mots le désertèrent et il entendit la voix de Morag, entêtante… qui le suppliait.
Promets-moi…
"Tue l’autre ! " ordonna une autre voix. Une voix mauvaise…
Tire d’abord…
Il eut à peine le temps de dégainer et de songer à l’un des sorts informulés qu’il avait appris pour parer aux attaques qui se présenteraient au cours du Tournoi…Son pied se prit dans une racine, ou était-ce le bord d’un caveau ?
"Avada Kedavra !"
Il plongeait dans un monde de ténèbres.
Et les flots obscurs se refermèrent sur lui.

Partie 2- La visiteuse

Objets informes, ombres aux contours mal définis, blancheur trop vive qui l’éblouissait…
Le monde l’appelait.
Engourdi, il cligna des paupières. Les ténèbres le retenaient, l’empêchaient d’ouvrir les yeux sur l’insupportable clarté.
Il faillit céder, mais dans un ultime sursaut de volonté, il parvint à soulever ses paupières.
Ses yeux gris accrochèrent un mur blanc, puis un homme vêtu d’une robe verte…une robe de Médicomage.
On le vit, on s’exclama de surprise, on s’empressa autour de lui. La gorge serrée, il voulut parler, mais n’émit que quelques sons gutturaux.
Au milieu du brouhaha, il comprit qu’on allait appeler ses parents. Rien ne lui échappa, pas même l’excitation de deux jeunes internes chuchotantes :
"Après tout ce temps, on ne s’y attendait plus !
-Dame ! Quatre ans!".
Avec une effroyable lucidité, il comprit qu’il s’était endormi adolescent pour se réveiller homme. Et désormais, retourner en arrière lui était interdit.
***************************************************************************

"Cedric !"
Sa mère l’embrassait sur le front, sur les joues. Il avait voulu se lever en la voyant arriver, mais ses jambes, encore trop faibles, le lui avaient interdit. Elle était la même que dans son souvenir, avec peut-être, quelques mèches grises de plus.
Son père n’avait rien dit, mais ses yeux s’étaient emplis de larmes. Il le dévisageait avec un mélange d’incrédulité persistante et d’émerveillement.
"Mon fils" dit-il enfin. "Mon fils" répéta-t-il comme pour se convaincre de la réalité
Et Cedric sut qu’il était de retour.

***************************************************************************

Harry Potter l’avait ramené pour mort, mais le sort qu’il avait jeté pour se protéger lui avait sauvé la vie. Le prix à payer avait été ces quatre années de coma. Il avait manqué la guerre, la défaite, un an auparavant, de Vous-Savez-Qui par ce même Harry Potter. Il retrouvait un monde blessé, mais en paix. Il s’en était passé des choses en quatre ans…
Il demanda des nouvelles de ses camarades, mais ses parents ne purent l’éclairer. Ils avaient "perdu le contact".
"Et Cho ?" s’enquit-il d’un ton qu’il voulait dégagé.
Sa mère parut contrariée, et son père prit un air faussement détaché.
Tel père, tel fils, sourit Cedric. Les hommes Diggory n’avaient jamais été doués pour le mensonge.
"Vous avez perdu le contact avec tous mes amis de Poudlard ?" interrogea Cedric, cachant tant bien que mal son désarroi.
Sa mère posa sur lui un regard empli de commisération. Son fils ne l’avait jamais dupée.
"C’est étonnant que tu n’aies pas demandé ce qu’était devenue…
-Amos ! " interrompit sa mère. "J’ai prévenu les personnes qui devaient l’être. Cedric, l’hôpital va te garder encore en observation.
-Pas pour longtemps, mais ils veulent s’assurer que tu rentres à la maison en bon état. Je te promets que tu rentreras chez nous bientôt. "
Il soutint sans ciller le regard anxieux de son père :
"Tout ira bien, papa, maman."
Si sa réponse rassura son père, elle ne convainquit pas sa mère.

***************************************************************************

Avec mille précautions, son père répondit à ses questions, mais Cedric devinait ses réserves, savait déchiffrer ses silences. Il avait quatre années à rattraper. Quatre années d’une vie.
Sa mère était présente, attentive, guettant ses moindres réactions. Il lui opposa une face impassible.
Vers la fin de la journée, ses parents le quittèrent à regret, pour préparer ses affaires. Dans quelques jours, il serait de retour chez eux.
Chez eux…Ces mots avaient-ils encore un sens ?
Avant de le laisser, sa mère lui murmura à l’oreille :
"Repose-toi. Il se peut que sous peu, tu reçoives une visite. Tous ne t’ont pas oublié, Cedric."

***************************************************************************

Le lendemain matin, il perçut le bruit d’une porte que l’on entrouvrait précautionneusement, des pas légers, une présence qui n’était pas celle d’un Médicomage.
Il ouvrit les yeux. Un instant, il nourrit un fol espoir à la vue de mèches de jais, mais l’illusion se dissipa trop vite. Ce ne furent pas les yeux mystérieux de Cho Chang qui l’accueillirent, mais de francs yeux bleu sombre, bien qu’énigmatiques à leur manière.
"Cache ta joie, Cedric. Je sais bien que je ne suis pas celle que tu attendais, mais tu pourrais faire semblant d’être content de me voir. C’est fou ce que cette scène me rappelle un soir de printemps au bord du lac…
-Morag. Tu…tu es venue ?
-Tu te souviens de moi, c’est déjà ça. D’après les premiers rapports de ta mère, j’avais craint que tu ne fusses devenu amnésique. Je constate avec une joie mêlée de désappointement que ce n’est pas le cas, sauf quand il s’agit de moi. Qui sait ? Un jour, je n’aurais pas à attendre de déclic.
-C’est très gentil" commença Cedric avant de s’arrêter, à court de mots.
Morag reprit le flambeau. Elle avait changé en quatre ans, moins garçon manqué, plus mûre, et dans ses yeux, une lueur grave qui n’y était pas auparavant.
"Je passais par là, j’ai appris les nouvelles- les excellentes nouvelles, et je voulais te souhaiter un bon retour.
-Un bon retour ? " questionna-t-il, désarçonné.
"Bon retour parmi nous" répondit Morag.
Aussi étrange que cela puisse paraître, ses mots sonnaient juste.

Partie 3- Discussion à bâtons rompus

Elle revint le lendemain. Il lui posa les questions qu’il n’osait pas poser à ses parents, lui demandant de lui raconter la période qui avait suivi son coma, revenant sans cesse à ce cher Poudlard. Sans faire d’ironie, elle lui décrivit la tristesse, l’incompréhension qui s’était emparée des élèves, la campagne de désinformation du Ministère, l’Armée de Dumbledore qu’avait créé Potter, et dans laquelle nombre de Poufsouffles et de Serdaigles s’étaient engagés, pour venger sa mémoire.
"Venger ma mémoire ! Comme tu y vas ! " protesta Cedric. "Je n’étais pas mort !
-Beaucoup de gens pensaient que tu ne te réveillerais plus" répliqua Morag avec le manque de tact qui la caractérisait. Parfois, Cedric ne savait pas s’il détestait cette franchise brutale, ou s’il l’appréciait pour le changer de la trop grande subtilité que l’on employait à son égard.
Autrefois, il avait d’ailleurs éprouvé le même genre de confusion envers un élève de sa maison répondant au nom de Zacharias Smith.
"Je suis heureuse que tu leur aies apporté un démenti formel pas plus tard qu’avant-hier" se rattrapa Morag.
"Et Cho ?
-J’ignore ce qu’elle devient.
-Mais…que s’est-il passé pour elle à Poudlard ? "
Il l’implorait du regard, ne comprenant pas sa réticence. Elle céda :
"Nous n’étions pas très proches…Elle a beaucoup pleuré, tout Poudlard l’a vue.
-C’est tout ?
-Je ne connais que ce qui est de notoriété publique, Cedric. Je suis désolée. "
Elle fuyait son regard.
"Morag, tu sais autre chose. Dis-le-moi, s’il te plaît. Elle n’a pas eu trop de peine ? Elle s’est consolée, dis ?" demanda-t-il d’une voix sourde.
Elle le dévisagea :
"Tu es vraiment…ineffable, Cedric.
-Ne me torture pas. Dis-moi si elle s’est remise de mon accident.
-Oui.
-Comment le sais-tu ?
-Elle a beaucoup pleuré, mais elle s’est vite consolée ! " explosa Morag.
Cedric ferma les yeux :
"Qui ?
-Cedric…
-Qui ? " répéta-t-il sans élever la voix, mais fermement.
"Potter…
-Elle a raison…c’est un garçon bien.
-Puis Michael Corner, un Serdaigle. C’est tout ce que je sais, Cedric. "
Quelque chose dans le ton de Morag le piqua au vif :
"Je ne la blâme pas du tout.
-Inutile de me le dire, je te connais.
-Elle aurait eu tort de m’attendre ! Tout le monde me donnait pour mort !
-Certes. Tu as ton opinion, et moi la mienne.
-J’aurais pu ne pas me réveiller avant quinze ans ! Dans de telles situations, il n’y a pas de date d’expiration du délai ! Ç’aurait été égoïste de ma part d’attendre d’elle un tel sacrifice. Tu ne te rends pas compte, Morag, de ce que ça représente. " conclut-il sobrement.
"Cedric, elle est sortie avec eux l’année suivant ton accident. Je ne la condamne pas, mais…
-Mais ?
-C’est juste qu’à sa place, j’aurais attendu un peu plus longtemps", acheva-t-elle avec douceur.
Cedric reprit son masque flegmatique et se renfonça dans les oreillers :
"J’apprécie ton soutien, Morag, mais ne la juge pas aussi durement. Tu n’étais pas à sa place.
-C’est vrai. Je n’y étais pas" reprit pensivement la jeune femme.
Il s’écoula deux jours avant qu’elle ne revienne.

"Je croyais que tu m’avais abandonné" lança Cedric, mi sérieux, mi-rieur, alors qu’elle pénétrait dans la chambre.
"Je pensais que je t’importunais" rétorqua Morag.
Il se récria, et planta ses yeux gris dans les siens :
"Ce n’est pas vrai. Tu m’as apporté une aide précieuse. Je ne sais comment te remercier. Tu n’étais pas obligée de me rendre visite…
-Nous étions amis, non ? " coupa Morag.
Cedric ne tint pas compte de l’interruption :
"Pourquoi ?"
Elle soupira :
"Pour un garçon aussi futé, tu peux te montrer drôlement obtus, Cedric Diggory. "
Elle passa le reste de la matinée à lui lire des coupures de presse qu’elle avait sélectionnées. Petit à petit, Cedric refaisait avec elle le chemin des années de guerre. Silencieux, il enregistrait les informations qu’elle lui distillait au compte-gouttes. Pris par cet effort, il en oublia de chercher le sens de sa phrase.

essai, cedric diggory, cho chang, morag macdougal, fic

Previous post Next post
Up