Essai- Du vermillon dans mes cheveux- Seconde partie

Jan 06, 2009 21:12



Titre : Du vermillon dans mes cheveux

Défi- C’est pour un cliché !

Prompt n°28 : Ils se réveillent et se rendent compte qu’ils sont mariés.

Pairing n°31: Mandy Brocklehurst/Adrian Pucey.

Genre: Romance, Humour.

Rating: PG

Disclaimer : comme chacun sait, HP appartient à JKR. Plus une réplique empruntée à la série « The Office », version US.



Londres, cabinet Greengrass & Zabini

-J’ai de bonnes nouvelles pour toi, commenta Blaise Zabini après qu’Adrian eut exposé la situation. Ce mariage va pouvoir être facilement annulé. Bien entendu, il faudra compter avec la paperasserie  et la lenteur habituelle de notre système, mais dans trois mois, six tout au plus, tu seras à nouveau un heureux célibataire aux yeux du Ministère. Tu n’as même pas besoin de mes services- et je ne dis pas cela parce que je ne facture pas d’honoraires à mes amis. N’importe quel  avocat de seconde zone te tirera d’affaire.

Adrian écoutait avec attention. Il parla enfin, avec décision :

-Blaise, je veux que tu sois ma représentation juridique.

-Adrian, je ne crois pas que tu ais saisi ce que je t’expliquais. Pourquoi gaspiller un joker comme moi dans un imbroglio juridique aussi insignifiant ? Amène ta Serdaigle d’épouse, je lui répéterais exactement ce que je viens de te dire.

-J’ai parfaitement compris, interrompit Adrian. C’est pour cette raison que je te demande d’être ma représentation juridique dans les faits, et notre avocat lorsqu’elle m’accompagnera à ton bureau et que tu lui expliqueras avec conviction qu’il faudra six mois minimum, un an dans le pire des cas, pour que la bureaucratie insupportable du Ministère prononce l’annulation de notre union.

Une fois n’était pas coutume, Blaise Zabini en resta sans voix.

-A partir de maintenant, considère-moi comme ton client.

-Un instant ! s’exclama Blaise. Puis-je savoir quelles sont tes intentions envers cette Serdaigle ?

Blaise avait tout de même quelques principes.

-Je ne lui veux que du bien, protesta Adrian. Ecoute, Blaise, je ne te demande pas d’entraver le cours de la justice, juste de le ralentir.

Un moment de silence pudique, puis :

-Je suis amoureux d’elle et elle  refuse de me donner une chance. Ce mariage imprévu, c’est une occasion en or servie sur un plateau d’argent que me donne le destin ! C’est peut-être ma seule chance.

Sous ses airs graves et cyniques, Blaise Zabini possédait une âme de midinette. La confession d’Adrian l’émut quelque peu :

-D’accord. Je te donne six mois. Fais-en bon usage.

*****

Assis sur un banc du parc moldu dans lequel Mandy lui avait donné rendez-vous (pour éviter d’être surpris ensemble par leurs nombreuses connaissances respectives), Adrian finissait d’exposer à son épouse les « avis » de Blaise.

-Six mois ! répéta la jeune femme d’un air douloureux.

-Peut-être même une année entière dans le pire des cas, jugea utile de rappeler Adrian à toytes fins utiles.

-Vous avez une petite mine, nota-t-il, soucieux. Je vous offre un café ?

-Vous êtes lourd, Pucey ! explosa Mandy. Que les choses soient claires entre nous : je n’accepte de supporter votre présence que pour discuter de l’annulation de notre mariage, et j’aimerais d’ailleurs vous voir plus concerné que cela à l’idée d’être enchaîné légalement à une quasi- inconnue pour un laps de temps indéterminé !

-Quelque part, philosopha Adrian, je suis heureux que ce soit vous. A votre place, d’autres femmes auraient déjà essayé de profiter de la situation.

-Vous pouvez dormir en paix, Pucey. Votre vertu n’a pas à craindre de moi. Je suppose que c’est le rituel qui m’a transporté dans votre chambre pour notre, euh.., bégaya-t-elle.

-…nuit de noces ? acheva Adrian, morose.

Mandy marmonna inintelligiblement et transplana.

*****

Comme chaque semaine depuis un mois, Mandy attendait avec nervosité l’arrivée d’Adrian sur le vieux banc de pierre. Les nouvelles n’étaient guère brillantes : le Ministère demandait toutes sortes de formulaires plus farfelus les uns que les autres. La semaine dernière, n’y tenant plus, Mandy s’était rendue chez Greengrass et Zabini, où leur avocat lui avait confirmé qu’il tentait tout ce qui était zabiniennement possible pour accélérer la procédure, mais qu’il lui fallait être patiente.

Patiente. Ha !

Comme de bien entendu, Adrian n’annonça rien de nouveau.

-Café ? proposa-t-il à la fin de son speech. Histoire de mieux connaître ma femme, tu sais.

-Vous n’abandonnez donc jamais, grinça Mandy.

Adrian sourit avec un angélisme dont elle ne fut pas dupe.

-Ma réponse n’a pas changé, dit-elle.

-Pas plus que ma question, répliqua-t-il.

Mandy soupira et transplana.

*****

Il était en retard, et elle n’appréciait pas la manière dont un homme d’une trentaine d’années l’avait sifflée alors qu’elle allait s’asseoir sur leur banc. Elle ouvrit un livre et fit de son mieux pour l’ignorer.

Il s’approcha d’elle :

-On est toute seule, ma jolie ?

Sa voix mielleuse l’irrita.

-J’attends quelqu’un, répondit-elle froidement. Veuillez me laisser.

Sa baguette était dans sa poche, mais elle se voyait mal comment expliquer à un escadron d’Oubliators pourquoi avoir utilisé de la magie sur un moldu qui, techniquement, ne l’avait pas agressée.

-Laisser une belle fille sans compagnie ? Je ne crois pas, non.

-Je ne me répéterai pas, siffla-t-elle. J’attends…

Il la coupa en ricanant :

-Tu ne te débarrasseras pas de moi de cette façon.

-Mandy ! appela une voix familière.

L’homme recula alors qu’Adrian avançait rapidement :

-Il y a un problème, chérie ? dit-il en posant une main possessive sur son bras. Que voulez-vous à ma petite amie ? ajouta-t-il à l’intention de  l’importun, le gratifiant d’un regard glacial.

Ce dernier jeta un coup d’œil à l’allure athlétique du Serpentard (courtoisie d’années de pratique du Quidditch), et fila sans demander son reste.

C’était injuste, pensa Mandy. Ses menaces à elles n’avaient eu aucun effet, et elle se doutait que si ses amis de Serdaigle, comme Terry ou Anthony, étaient venus à sa rescousse, leur stature plus frêle n’aurait pas aussi aisément découragé cet individu.

-Mandy, est-ce que ça va ? lui demanda Adrian avec inquiétude.

Elle s’aperçut qu’elle tremblait. De rage, non de peur.

-Je te proposerais bien un café, mais je crains que cela ne soit mal interprété, souffla Adrian dans une piètre tentative de la dérider.

-J’aurais pu me débrouiller seule et lui jeter un maléfice quelconque. Je n’avais pas besoin de vous.

-J’essayais d’aider, dit-il sur la défensive.

-Vous ne comprenez pas ! s’exclama-t-elle avec colère. Je n’ai pas besoin de vous, point final !

-Mais…

-C’est humiliant de ne cesser d’être importunée que lorsque votre « petit ami » vient à la rescousse ! Grande nouvelle, Pucey : je ne suis pas « votre » petite amie, ni même votre femme ! Je n’appartiens à personne, compris ?

-Ce n’est pas seulement cet incident qui vous bouleverse, n’est-ce pas ? comprit-il. On en revient encore à notre mariage.

-Ce n’est pas un mariage, c’est une farce ! martela Mandy.

-Si ce sont les conditions peu orthodoxes de notre union qui vous déplaisent, je n’ai rien contre une redite avec robe blanche, invités et traiteur, plaisanta Adrian.

Elle le dévisagea avec incrédulité :

-Comment pouvez-vous être si léger à ce sujet ? Le mariage n’est pas une blague, et oui, plus vite le nôtre sera annulé, mieux je me porterai !

Elle poursuivit, cherchant ses mots :

-Si je suis autant en colère, ce n’est pas à cause de l’accident en lui-même, mais de votre attitude à ce propos ! La vérité, c’est que le mariage est effrayant ! Pour moi, il ne s’agit pas de tomber amoureuse et de convoler dans l’année qui suit. Se marier, c’est signer un contrat dans lequel vous vous liez de manière irrévocable à une seule personne, pour le reste de votre vie ! Maintenant, est-ce que vous avez peur, Pucey ?

Front plissé, il demanda :

-Donc, votre rejet catégorique de la situation vient du fait que vous avez peur du mariage, et non de votre animosité à mon égard ?

-Evidemment ! L’idée même d’être mariée me donne des sueurs froides. Que je le sois à vous n’est que la cerise sur le gâteau empoisonné.

Adrian prit note.

-Tout ça à cause d’un peu de vermillon dans mes cheveux ! ajouta sombrement Mandy.

*****

Mis au courant de la situation, Cornelius, de retour de son voyage de noces, lâcha un : « Pas de bol, mon vieux ! » et, aucun commentaire supplémentaire ne lui venant à l’esprit, s’empressa de tout raconter à Padma.

Terrence lui conseilla de « tout annuler » et  d’arrêter de raconter « ces fadaises sur ton regard qui a accroché le sien, et votre mariage est un signe du destin. Adrian, par pitié reprends-toi ! ».

Comme  Blaise Zabini le résuma si bien : « tant de sorcières espèrent te convaincre de te ranger, et la seule que tu es prêt à appeler Madame Pucey est une phobique de l’engagement ! ».

Ironie du sort.

*****

-Alors tu sais ? murmura Mandy, résignée.

-Cornelius ne peut rien me cacher, répliqua Padma.

-Je pensais que nous réussirions à le faire annuler rapidement, mais cela fait six mois que cela dure !

Padma compatit :

-Cependant, tu aurais pu tomber sur pire qu’Adrian !

-Ne commence pas, marmonna Mandy.

-Honnêtement, tu ne ressens rien pour lui ?

Sous son œil aigu, Mandy s’agita.

-Tu n’es pas insensible à son charme ! fit Padma, heureusement surprise.

-C’est purement physique ! cria Mandy, mise au pied du mur.

Padma grimaça :

-Je ne veux pas tout savoir.

Mandy leva les yeux au ciel :

-Ce n’est pas de ça que je parle. Je faisais allusion à des réactions stupides, que je ne peux pas contrôler…L’électricité qu’il y a entre nous est le produit d’une simple attraction physique, rien de plus. Ma tête me dit de ne pas céder ! Ce n’est que physique. Une relation sentimentale ne se définit pas là-dessus !

-Oui, mais ça ne peut pas faire de mal ! taquina Padma. Sérieusement, de mon point de vue, je vois ces réactions physiques comme le symptôme de quelque chose de plus profond, que tu refuses de reconnaître parce que tu as peur.

-Padma ! protesta Mandy. Je refuse de laisser des phéromones dicter ma conduite !

Son amie eut une soudaine intuition :

-Tu sais qu’Adrian est sérieux à ton sujet, n’est-ce pas ?

-Non, il ne l’est pas, répondit Mandy, mais sa voix manquait de conviction.

-C’est pour cette raison que tu le repousses encore et encore. Mandy Brocklehurst, tu n'es qu'une froussarde!

*****

Assise devant la télévision, Mandy écoutait distraitement sa série favorite. Les mots de Padma repassaient en boucle dans son esprit, bloquant sa concentration.

Ces derniers mois, en dépit de ses meilleurs efforts, elle s’était habituée à Pucey. Il avait de l’humour, ne se laissait pas démonter dans une discussion, et la dernière fois qu’elle l’avait vu, il sonnait à sa porte, dossiers lévitant autour de lui :

-Comme nous sommes encore mariés aux yeux de la loi, notre foyer fiscal a changé, et sachant que tu travailles dans le service comptable de Gringotts, je me suis dit que tu pourrais m’aider à remplir ma fiche d’impôts ? S’il te plaît.

Elle avait été incapable de résister. L’heure qui s’était ensuivie avait été reposante, agréable alors qu’ils discutaient paisiblement tout en faisant les comptes. Elle ne l’avait mis à la porte qu’après qu’il ait commenté qu’ils étaient un vrai petit couple dorénavant.

La voix du personnage d’Andy Bernard, de The Office, interrompit ses pensées :

Tous mes succès, en affaires ou avec la gent féminine, résultent de ma capacité à épuiser lentement et douloureusement la résistance de quelqu’un. (1)

Mandy déglutit nerveusement.

*****

La tête de Blaise émergea de l’âtre sans crier gare.

-Blaise ? interrogea Adrian.

-Viens dans mon bureau. Tout de suite.

-Mais…

-J’ai la visite de quelqu’un qui n’est pas content du tout.

*****

Lorsqu’Adrian arriva dans le bureau de Blaise, il trouva ce dernier songeur et Mandy furieuse.

-Pucey ! Ainsi que je l’ai expliqué à ton avocat, la plaisanterie est finie. J’ai fait ce que j’aurais du faire il y a sept mois: consulter un tiers ! Devine ce que j’ai appris ?

-Quoi donc ? tenta bravement Adrian.

-Que notre mariage aurait dû être annulé bien plus tôt ! Comment expliques-tu cela ?

Adrian sentit sa gorge se serrer. Allait-il perdre la confiance de Mandy à jamais, alors que leurs rapports venaient à peine de s’améliorer ?

-Permettez, Miss Brocklehurst, intervint Blaise. Votre mariage a été dûment annulé voilà trois mois déjà.  Je constate que des explications s’imposent. Veuillez accepter mes excuses pour le tour innocent que j’ai joué à Adrian et dont vous avez été à mon regret victime.

-Le tour que tu m’as joué ? répéta Adrian.

-Voyez, Miss Brocklehurst, Adrian ici présent a juré qu’il ne se marierait jamais. L’idée même de se caser lui est si horrible qu’il a tourné en dérision notre ami commun, Cornelius Warrington, lorsque ce dernier a annoncé qu’il épouserait la charmante Miss Patil. Il a froissé de nombreux partisans du mariage, dont moi-même, à cette occasion. J’ai donc jubilé lorsqu’Adrian, pâle et échevelé, la mine hagarde, m’a supplié de faire annuler son mariage dans les plus brefs délais. Pendant des mois, je l’ai donc fait mariner- je comptais lui annoncer la supercherie la semaine prochaine. J’ignorais, Mademoiselle, que la situation vous était aussi insupportable.

Mandy se tourna vers Adrian, hésitante :

-Est-ce vrai ? Etiez-vous aussi démoralisé que Monsieur Zabini le décrit ?

Adrian hocha la tête.

-Pourquoi paraissiez-vous si insouciant ?

-Vous étiez suffisamment angoissée pour nous deux. Je ne voulais pas ajouter à vos tourments.

-Vous avez été si gentil, et je me sens si stupide, grogna Mandy.

Blaise retint un sourire. Faites confiance à Adrian pour tirer son épingle du jeu, en prenant des poses de Gryffondor noble prêt à souffrir en silence par la même occasion.

-Vous, Monsieur Zabini, je vous retiens ! Pucey, je ne sais pas comment m’excuser pour ma conduite. Dire que je craignais que vous fussiez amoureux de moi ! rit-elle.

Adrian parvint à sourire :

-Je suis un célibataire content de son sort, je vous l’assure ! Si vous voulez vous excuser, en revanche, je prendrais bien un café.

-Je vous invite si vous me promettez de ne pas flirter !

-Je ne peux que vous promettre la futilité de mes intentions ! Flirter, cependant, est ma seconde nature…

-Marché conclu ! dit Mandy, soulagée.

Ils s’en allèrent fêter leur liberté retrouvée.

*****

Le lendemain…

-Alors là, chapeau, murmura Adrian. Même pour un Serpentard, ta prestation était brillante.

-Je t’en prie, fit modestement Blaise. Je suis avocat. Tu n’es pas déçu de la tournure qu’ont pris les événements ? Tu es revenu à la case départ.

-Elle a accepté de prendre un café avec moi, ce que je lui demande depuis sept mois. Je viens de décrocher notre premier rendez-vous. C’est une amélioration significative par rapport à notre situation pré-mariage, non ?

Blaise n’en crut pas ses oreilles :

-Tout ça pour un rencard ?

La mine réjouie, Adrian ne démentit pas. Blaise fut saisi d’un doute :

-Et Mandy sait-elle que c’était un rencard ?

-Pas encore, admit Adrian. Mais j’ai confiance. Notre mariage surprise nous a rapprochés alors qu’elle essayait de me fuir. La chance est de mon côté !

-Tu lui as tout de même donné un petit coup de pouce.

-Naturellement, ou je ne serais pas un Serpentard.

-Naturellement, fit Blaise en écho.

Il eut une pensée émue pour Mandy. Avec ou sans vermillon dans les cheveux, elle n’échapperait pas à sa destinée.

Et Adrian Pucey trouverait le moyen d’en faire partie.

(1)   Pour les anglophones qui veulent goûter au sel de la VO : Every success I’ve ever had in my job or with the lady-folk has come from my ability to  slowly and painfully wear someone down.

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