Si par le plus grand des hasards, tu te rappelais un jour avoir une fille, peut-être pourrais-tu lui indiquer quand tu daigneras trouver une minute pour la voir.
Dois-je te rappeler que tu avais conclu ta lettre par "laissez-moi en paix" ? Tu m'excuseras d'avoir mis quelques jours à me relever à éprouver la moindre envie de te recontacter. La prochaine fois, je t'enverrai des petits morceaux de moi en photo quotidiennement. Un puzzle-Gloria. J'apporterai la dernière pièce moi-même. Ou peut-être que je glisserai des clichés d'une autre certains jours, juste pour voir si tu me connais vraiment bien et si tu détectes la supercherie (si tu préfères les fesses d'une autre, je te quitte !).
D'accord, essayons. Plus j'y pense et plus je me dis que c'est une mauvaise idée mais je vais essayer de ne pas trop y penser. Je vais me concentrer sur le menu plutôt.
Sam ! C'est une petite fille de neuf ans ! Elle est la petite fille d'un des plus importants propriétaires de Domaines d'Andalousie, bien sûr qu'elle aura un palais affûté en matière de vins mais attendons encore un peu. Elle est trop jeune.
C'est noté pour mercredi. Tu ne m'en voudras pas pour la robe ?
Gloria
PS : souvent femme varie, mon amour... Robe de bure qui brûle la peau, menaces envers mon tendre séant, morsures dans mon décolleté... Monsieur Jugson me parait avoir une inquiétante tendance à vouloir marquer mon corps de son empreinte...
Cette idée des photos me semble à la fois excitante et cruelle. Tu t'exposes au risque que je vienne comparer la photo à l'original afin d'être certain de bien te reconnaître. Je ne pourrais pas prendre le risque que tu me quittes à cause d'une vexation involontaire, tu comprends… Je sais par coeur chaque détail de ton visage, je connais à la perfection tes deux seins dans tous leurs états, et je devrais pouvoir situer correctement la plupart de tes grains de beauté, mais je ne garantis pas qu'entre deux paires de jolies fesses ou de longues jambes, aucune confusion ne soit possible.
Neuf ans, tu sais, ce n'est pas trop tôt pour commencer à apprécier le vin. C'est à peu près l'âge où mon grand-père espagnol m'a initié. Certes, je n'ai pas eu la même enfance que Magda et j'étais un garçon, mais cela m'avait plu. Peut-être que nous pourrions commencer par développer son odorat, avant qu'il ne soit complètement anéanti par la fragrance du crottin de cheval ?
Je ne t'en voudrai pas pour la robe, mais tu en subiras ultimement les conséquences… Je ne suis qu'un homme et tu devras bien faire face à mes limites.
Sam
PS : Pas mon empreinte, seulement celle de la douleur subtile qui aiguise les sens. Si je ne craignais pas bien trop de t'abîmer, ma belle, tu serais une femme amoureusement torturée…
"Excitante et cruelle", dis-tu ? Hélas pour toi, la combinaison me plait infiniment. Je garde l'idée. Gare à toi...
Pour en revenir à Magda, à force d'emboiter le pas à son grand-père dès l'instant où il parcourt le domaine et notamment les chais (le haras aussi, évidemment...), elle a déjà un nez qui me surprend parfois. L'hiver dernier, elle a été la première à avoir détecté une reprise de fermentation trop précoce dans les cuves. Évidemment, elle ne met pas de mots précis dessus mais elle a immédiatement plissé son petit nez en déclarant que ça ne sentait pas normal. Nous devrions l'encourager dans cette voie, tu as raison. Un jour, elle sera peut-être amenée à prendre les rênes du Domaine... J'ai toujours cru que j'aurais un fils pour cela. Quel gâchis
Je ne crains rien tant que nous sommes en public. Tu devrais donc m'emmener danser à l'issue de ce dîner. La foule me protègera de ta vengeance.
Gloria
PS : je croyais qu'il était "grand temps que nous testions nos limites"...
J'ai du mal à ne pas penser à toi en ce moment, même Magda arrive à voir que je suis distrait. Tu as l'air d'un ange quand tu dors, comment peux-tu être aussi belle ? J'aime quand j'arrive à t'enrouler dans le drap pour te retenir un peu le matin venu… J'aime quand tu dis mon prénom avec cette intonation qui n'est qu'à toi, "Sam", d'un ton de reproche et le sourire aux lèvres en même temps.
J'ai réfléchi : attendons les dix ans de Magda pour encombrer sa petite tête de choses trop sérieuses. Il lui reste deux ans avant d'intégrer une école de Magie, elle a bien le temps de devenir brillante dans tous les domaines. Ne regrette pas de ne pas avoir de fils, les hommes sont des idiots. N'es-tu pas bien placée pour le savoir ?
J'ai hâte de te revoir après-demain. Peut-être que nous devrions nous retrouver la veille, juste pour être sûrs de pouvoir nous contrôler devant Magda… Ne penses-tu pas que ce serait plus "sage" ?
"Sam"
PS : Ne me laisse jamais te faire de mal, Gloria, promets-le. Ton plaisir compte davantage que le mien.
Tu sais, pour être honnête, j'ai du mal à faire abstraction de ton existence, moi aussi. Je me suis rendue sur la côte cet après-midi pour un rendez-vous. J'ai croisé un homme qui m'a irrépressiblement fait penser à toi. La même assurance insolente lorsqu'il m'a complimentée, le même port de tête arrogant, la même démarche conquérante. Il portait le borsalino avec une classe folle. Tu devrais porter des chapeaux plus souvent mon amour (oui, c'est là que je voulais en venir !). Oh, en parlant de "classe folle", le scandale n'est sans doute pas arrivé jusqu'à toi mais il est assez drôle pour que je te le raconte. Imagine-toi que la fille cadette des Concha de Germino a été découverte par son père, bronzant les seins nus, sur plage moldue de Marbella... Tu imagines la honte ? Il parait que le père ne décolère pas et promet de la marier avant la Samain. Le tout Séville en fait des gorges chaudes. Cricé fasse que Magda ne nous fasse pas ce genre de crise d'adolescence d'ici quelques années ! Pourvu qu'elle reste une petite fille innocente encore longtemps ! Tu as raison, inutile de la faire grandir trop vite.
Sam, voyons, notre mon fils ne serait pas n'aurait pas été un idiot. Comment peux-tu seulement l'envisager ?
Je suis sûre que nous saurons être raisonnables face à Magda, rappelle-toi que nous voulons qu'elle reste une petite fille innocente. En revanche, je ne sais pas si après tant de raison, il ne faudra pas rétablir l'équilibre sans attendre mercredi... Viens dormir avec moi
Gloria
PS : Sam, tu m'as déjà fait mal et ça n'a hélas jamais été incompatible avec le plaisir que tu sais me donner, il est trop tard pour ce genre de promesses.
Insolence ? Arrogance ? N'en jetez plus ! Tu as une drôle de façon de tourner tes compliments, ma belle… Tu sais ce que je pense des chapeaux : ils sont là pour couvrir les calvities honteuses, ce dont je n'ai pas à souffrir. Et puis je les oublie sur les porte-manteaux, c'est énervant. Ceci dit, si tu veux m'habiller à ton goût pour la soirée de mercredi, nous pouvons trouver un arrangement…
Je suis assez révolté par l'anecdote que tu me relates. Je vois bien ce que tu lui trouves d'amusant mais je me mets à la place du pauvre père de cette jeune dévergondée et je me consume de honte pour lui. Si Magda me faisait un coup pareil - et je ne te remercie pas de me le faire envisager - je peux te dire que le couvent me semblerait une meilleure option. Bon sang, avoir une fille n'est pas une sinécure…
Ton fils aurait été parfait dans tes bras, mais ça ne l'aurait pas empêché d'être un idiot avec toutes les autres femmes, Gloria. Un idiot ou un faible… Les hommes sont pleins de tares innées que tu ne conçois même pas. Il est bien plus difficile pour nous d'être irréprochables.
Le temps sera long jusqu'à mercredi, mais soit…
Sam
PS : Je me suis mal exprimé… Ne me laisse jamais (ou plus jamais) te faire quelque chose qui te blesse… moralement et physiquement. Je ne suis pas sûr de toujours savoir voir tes limites.
Il faut croire que je préfère tes mauvais côtés... Tu as tort pour les chapeaux. C'est indiscutable. Je vais réfléchir à la bonne manière de te convaincre.
Si cette gamine avait été éduquée correctement, jamais elle n'aurait eu l'idée d'aller ainsi s'exhiber en si vile compagnie. Mais tu sais ce qu'on raconte : on dit que la famille aurait quelques ascendants peu convenables. On parle de nés-moldus, voire de cracmol. Il ne faut sans doute pas chercher plus loin les raisons de cette dégénérescence. Magda est heureusement préservée de ce genre de tares.
Mon fils aurait été parfait. Sans le moindre mais. Les tares innées sont faites pour être combattues par l'acquis, non ?
Je vous attends vers 14 heures. Circé, j'ai hâte de serrer Magda dans mes bras. Elle m'a manqué, tout ce temps. Quand je pense que je t'ai vu plus qu'elle depuis un mois... Quelque chose ne tourne vraiment pas rond chez nous.
A tout à l'heure,
Gloria
PS : Et que serai-je supposée faire lorsque ça arrivera (car, soyons réaliste, cela arrivera) ? Te quitter ? Encore ? Je n'ai pas les moyens de t'imposer ou d'empêcher quoi que ce soit, Sam. Arrête donc de vouloir m'utiliser comme garde-fou.
Ma tenue de ce soir est prête... J'ai dû y réfléchir longuement, une vraie femme. C'est que je ne sais guère comment porter correctement un chapeau...
Comment vas-tu ? J'ai cru te sentir triste dimanche... ou alos c'était seulement moi Magda ne nous a pas rendu les choses faciles, n'est-ce pas, à me retenir comme elle l'a fait. Elle sait bien pourtant que je n'aime pas quand elle fait des comédies. Elle n'a pas été trop pénible après mon départ ?
Tu me manques terriblement. J'espère que tu ne me feras pas souffrir trop longtemps ce soir, il serait regrettable que je m'emporte malgré moi à ta faire l'amour au milieu du restaurant...
J'ai bien réfléchi depuis hier soir : tu portes presque aussi bien le chapeau que moi la robe la plus indécente. Nous devrions l'un comme l'autre faire de ces choix une habitude. Surtout si j'en crois la nuit torride le résultat plaisant auquel l'un et l'autre nous amènent.
J'ai bien senti que tu aurais voulu reparler de dimanche, à un moment, avant de me laisser éluder et détourner la conversation. C'est compliqué pour moi. Et ce n'était pas une si bonne idée, ce déjeuner tous les trois. Trop de similitudes et de différences tout à la fois. Et si Magda semble soulagée de nous savoir en meilleurs termes, elle a du mal à comprendre cette nouvelle donne. Elle n'a pas été pénible après ton départ mais m'a posé mille questions auxquelles j'étais bien en peine de répondre. Fort heureusement, nous avons surtout beaucoup parlé de ses vacances avec toi. Je savais que tu n'avais pas ton pareil pour faire céder les femmes à ton charme. J'ignorais que cela s'étendait à ce point aux petites filles. Elle est heureuse d'avoir passé du temps seule avec toi, Sam. C'est important pour elle de savoir qu'elle compte assez pour que tu lui sacrifies quelques heures de dossiers.
Parlant de dossiers, je ne t'en ai rien dit hier mais Père envisage de développer ses exportations vers le marché anglais dans les mois à venir. Il se pourrait que dans le courant de l'automne, sa charmante directrice commerciale doive se rendre dans cet horrible pays brumeux pour une tournée de prospection... Doit-elle réserver un hôtel ?
Je ne devrais jamais te laisser passer toute une nuit avec toi, amour j'aime trop me réveiller dans la chaleur de tes bras, cela rend la journée du lendemain tristement morne et la nuit pire encore. Fais quelque chose pour ne pas me manquer quand tu pars !
De quelle robe indécente parles-tu ? La dernière fois que je t'ai vue, tu ne portais que quelques chutes de tissus artistiquement déposées çà et là sur ton corps… Je veux bien admettre qu'il y avait une jupe, mais clairement, un malade mental s'était attaqué à la partie haute ! Tu as gagné : je préférais nettement la robe de dentelle, finalement… Au moins on ne faisait que t'imaginer totalement nue… Quand je pense que des hommes ont pu voir le pli du tombé de tes seins, bon sang ! Je déchirerais bien cette pseudo robe en guise de vengeance, mais tout le problème est bien que le mal est déjà fait ! La prochaine robe indécente, tu veux bien que je la choisisse ? Je t'en offrirai une qui ne me rendra que raisonnablement fou… Et tu me choisiras un autre chapeau.
À te lire, on croirait qu'avant cet été je ne me suis jamais occupé de ma fille auparavant ! Il est d'ailleurs bien dommage que j'aie déjà trouvé la femme de ma vie, tu sais, parce que j'ai constaté avec stupeur que le pouvoir que me donne la compagnie de Magda auprès des femmes semble pratiquement sans limites. Des biches s'élançant vers le fusil, leurrées qu'elles sont par la tendresse inoffensive donnée à une petite fille. J'ai reçu tant de regards caressants en me promenant avec elle que je crois maintenant pouvoir dire que je sais ce que c'est que d'être toi. Je ne m'en remets pas. Les femmes ne se disent-elles pas qu'un homme avec un enfant a plus de risques d'être marié ?!
Quoi qu'il en soit, dis à la charmante directrice commerciale de ton cher père que si elle toujours aussi jolie, elle peut faire des économies d'hôtel en se trouvant un petit place dans mon lit. Je prends les paiements en nature exclusivement…
Tu me manques aussi, ma belle, et je n'ai même plus Magda pour me distraire, seulement mes de dossiers. Or ceux-ci sont une bien mauvaise distraction dès lors que je t'imagine étendue par-dessus, nue sous un manteau de fourrure et susurrant mon nom… Je pense que le seul remède efficace est de se voir plus souvent. Et si nous commencions dès ce soir ?
C'est très vilain de qualifier Versace de "malade mental", mon amour, tu vas me faire douter de ton bon goût. Même si, en toute honnêteté, je n'aurais jamais investi dans une robe (si, si, j'insiste, une robe) aussi osée s'il ne s'était pas agi de relever un défi. Je n'étais pas aussi à l'aise que j'ai pu en donner l'impression. Si tu savais le temps que j'ai passé à multiplier les sorts permettant de la tenir en place, juste pour être sûre et me rassurer... Enfin, je ne regrette pas j'ai gagné mon pari. Ton empressement à me débarrasser de cet outrage à la décence était extrêmement satisfaisant. Mais je serais néanmoins curieuse de voir ce que tu considère comme susceptible de te rendre "raisonnablement fou" et je me mets de ce pas en quête du chapeau idéal.
Je sais bien que tu t'es déjà occupé de Magda. Mais disons que cela restait théorique : tu la prenais un mois, tu me la rendais en bon état, tout était dit. Il y avait une chape de plomb de non-dit te concernant, à la maison. Magda en était consciente et elle n'essayait même pas de m'en parler. Je regrette Enfin, peu importe. Cela m'amuse de te voir découvrir l'attractivité de ta situation de père célibataire. Les femmes sont des idiotes, Sam. Et des proies faciles. La manifestation de la tendresse d'un homme pour sa progéniture suffit à caresser leur fibre maternelle. Il était temps que je récupère ma fille avant que tu l'utilises comme appât !
La charmante directrice commerciale s'offusque que l'on ne s'intéresse qu'à son physique et se demande si elle va opter pour un paiement en nature sous forme de mauvais jerez ou de turrôn rance...
Je suis invitée à la soirée de clôture de la saison d'été des Lopez y Vega, ce soir. Je suis étonnée que tu ne le sois pas aussi. Cherche donc dans ton courrier ! Nous pourrions nous y croiser et si le portoloin de retour jusqu'à Londres s'avérait trop ennuyeux, il se pourrait que je te prête ma cheminée... demain matin...
Avec une grande boîte blanche portant un nom en lettres d'orjugson_perfidusSeptember 5 2011, 22:01:14 UTC
Gloria,
Bien, s'il te faut du Versace comme gage de bon goût, je t'en ai trouvé une à mon goût. Juste la transparence nécessaire et un tombé qui ne peut qu'être sublime sur ton corps… Je frémis rien qu'à l'idée de la sensation du tissus trop fin entre ta peau et ma main. Mon amour, si tu portes cette robe pour moi, je veux bien porter autant de chapeaux que tu voudras.
Je n'ai pas dédié autant de temps à Magda par le passé, je le confesse… Mais peut-être aussi que ce déjeuner que tu sembles regretter lui a quelque peu délié la langue ? Ne s'est-elle donc plainte de rien ? Il y a une chose que tu omets de mentionner, mon ange… Et toi ? Est-ce que cela te séduit, ma tendresse pour notre petite fille ?
La charmante directrice commerciale est bien trop irrésistible lorsqu'elle est offusquée, le mauvais jerez finira par terre et ses vêtements aussi.
C'était une grande idée, cette soirée. Même si je préfère quand on se trouve des soirées où tu te promènes à mon bras, l'important est que nous ne soyons pas restés trop tard. Tu me manques déjà…
Quelle folie ! Elle est sublime, merci. Je n'ai pas l'habitude de porter ces teintes automnales mais cela constituera un délicieux changement. Je ne me lasse pas de la caresser encore et encore, tu sais, un vrai fétiche... Et je n'ai évidemment pas résisté à l'envier de me glisser dedans dès hier soir, c'est incroyable comme elle tombe parfaitement bien. Je n'ai pas eu besoin du moindre sort d'ajustement. Comment as-tu fait ? Et j'ai fait venir Magda dans ma chambre. Elle adore être là lorsque j'essaie de nouveaux vêtements : je la laisse jouer avec mes cheveux (mon cuir chevelu a parfois des doutes sur le bien fondé de ses chignons tarabiscotés mais elle est tellement attendrissante lorsqu'elle se concentre pour bien faire que je n'ai pas le coeur de protester) et surtout, je l'autorise à ouvrir mon coffre à bijoux pour m'aider à choisir ceux qui s'harmonisent le mieux avec ma tenue. Notre fille est une vraie pie qui adore ce qui brille mais comment lui donner mieux le goût des belles choses qu'en la laissant les apprivoiser ? Elle a passé son temps à me demander si elle serait aussi belle que moi quand elle serait grande et si je lui prêterais mes "robes de princesse". Nous avons passé un bon moment toutes les deux grâce à toi, mon amour. Merci pour ça aussi.
Pour continuer à propos de Magda, elle ne s'est plainte de rien de sérieux. Juste d'une petite camarade de son stage, une certaine Alvina. Cela te dit quelque chose ? Mais te concernant, elle n'a que des mots d'amour ébahis, tu le sais bien. Elle veut tellement que tu sois fier d'elle que c'est parfois angoissant. Un peu comme ta tendresse pour elle. C'est au-delà de la séduction, tu sais. Déjà lorsqu'elle était toute petite, ça me bouleversait de te voir penché sur elle. C'est quelque chose d'inexplicable à la fois rassurant parce que je sais que tu tuerais pour elle sans un remord et en même temps douloureux parce que je sais d'instinct qu'il est difficile pour moi de trouver une place entre vous. Il y a toujours une douloureuse rivalité entre mère et fille, pour la conquête de l'époux l'homme qui les réunit, c'est inévitable, mais néanmoins triste.
La charmante directrice, affolée par une si terrifiante perspective, se met dès à présent en quête d'une chambre d'hôtel.
J'ai aimé, moi, jouer la comédie des ex à couteaux tirés en sachant que j'aurais tout loisir, deux heures plus tard, de t'obliger à te faire pardonner tes méchancetés et de me plier aux châtiments que m'auraient valu les miennes. C'est un jeu brûlant et grisant, amour. Je crois que nous devrions plus souvent donner ainsi le change face à nos connaissances communes. Pour parfaire le trait, tu devrais même raccompagner une quelconque perruche avant de me retrouver dans le creux de mon lit pour me raconter sa mine navrée face à ton comportement d'irréprochable gentleman ou au contraire, la facilité avec laquelle tu auras ravi un baiser à l'idiote
Navré de t'avoir laissée sans nouvelles ces derniers jours. La rentrée a bien commencé et si tu venais me trouver dans mon cabinet, tu devrais chercher derrière les tours de papiers et de dossiers qui se dressent sur mon bureau. Il faudrait que je me trouve un nouvel associé, les affaires sont bonnes mais nous avons du mal à tout gérer à deux. Tu ne voudrais pas abandonner ton poste à responsabilités pour devenir mon assistante, dis-moi ? (Cette idée est d'autant plus mauvaise que nous n'arriverions jamais à travailler. Tu es tellement sexy lorsque tu es concentrée sur quelque chose. Je ne dois pas commencer à penser à cela…)
Je suis content que la robe te plaise. En revanche, ta question me surprend. Haute couture ou pas, crois-tu que je t'offrirais un vêtement que je n'aurais pas fait ajuster à tes proportions au préalable ? Les exclamations admiratives que provoquent immanquablement tes mensurations sont bien trop douces à mon oreilles…
Comment va Magda ? Je suis encore troublé par ce que tu disais sur la "rivalité entre mère et fille". Je ne suis pas un père gâteux, tu sais bien que je suis exigeant avec elle. Je tuerais sans aucun remord pour elle, certes, mais j'ai bel et bien tué sans aucun remord pour toi, Gloria. Mon coeur est plein de vous deux, mis chicas, mais je suis un homme excessivement rationnel et je choisirais sans hésiter celle que j'estime parfaite sur celle qui est à parfaire, et au diable le charme du père tendre. Il est des fois où notre fille m'ennuie à mourir. Cela n'arrive jamais avec toi. Cela paraît cruel, n'est-ce pas ? Un père doit aimer inconditionnellement son enfant. Je l'aime, ce n'est pas la question. Mais je ne sais pas m'émerveiller de tout ce quelle fait comme tout ce que tu fais m'émerveille. (Pour ce qui est de la fillette dont Magda t'a parlé, ne t'inquiète pas, elle n'a pas pu participer au spectacle final.)
Le weekend est presque là et j'ai abattu suffisamment de travail cette semaine pour prendre un peu de temps à moi. Tu n'as pas une fête de prévue, que nous médisions l'un sur l'autre toute une soirée comme la dernière fois ? (Mais je ne viendrais pas accompagné d'une autre femme, enfin, pour qui me prends-tu ! À moins que tu ne le désires ? Pourquoi voudrais-tu Si c'est parce que tu aimerais te faire accompagner toi-même, sache que l'idée me déplaît vivement.)
Tu me manques terriblement. Dis-moi quand nous pourrons nous voir.
C'est à mon tour d'être désolée d'avoir été si peu disponible que je n'ai pas trouvé une minute pour t'écrire. Les journées me filent entre les doigts sans que je parvienne à endiguer le flot d'urgences. M'as-tu déjà remplacée oubliée, mon amour ? Magda est malade depuis quatre jours et même si la pauvre chérie n'y est pour rien, cela bouleverse complètement mon emploi du temps. Sans que son état soit jugé alarmant par les médicomages alors pourquoi sa fièvre ne baisse-t-elle pas ?!, elle a beaucoup de fièvre et passe une grand partie de ses journées à somnoler dans le canapé de mon boudoir. Et lorsqu'elle ne dort pas, elle est évidemment grognon. Je me suis arrangée pour rapporter mes dossiers et travailler l'essentiel du temps près d'elle mais je suis évidemment moins concentrée que lorsque je suis au bureau. Et je m'interromps pour l'occuper un peu et prendre soin d'elle lorsqu'elle est éveillée. Ajoute à cela que je la garde avec moi la nuit et que son sommeil est particulièrement agité. Je te laisse imaginer que le mien en pâtit un peu je suis épuisée. Crois-moi, tu ne me trouverais pas du tout sexy ces jours-ci, mon amour.
Je crois donc qu'il va falloir remettre à plus tard l'occasion pour nous d'étrenner cette merveille de robe si parfaite. Je n'en reviens toujours pas que tu connaisses mes mensurations, à ce propos. C'est une pensée horrible, je vais passer mon temps à me surveiller désormais il faut que je pense à mieux me nourrir !
Je ne sais pas comment t'en parler mais pendant mes insomnies j'ai longuement repensé à ce que tu as écrit à propos de Magda et de moi. Je ne supporte pas que tu puisses envisager de ne pas la choisir, Sam... Elle est ce qu'il restera de nous, tellement mieux que chacun de nous. Tu ne peux pas la comparer à moi. Elle est ta chair. Est-ce que ça ne compte pas plus que n'importe quoi ?! Nous avons déjà sacrifié un enfant. Jure-moi que plus jamais... Jure-moi qu'elle passera avant tout le reste, que tu la protégeras toujours. Si tu m'aimes vraiment, c'est elle que tu devras choisir. Cela me rend malade de penser qu'elle pourrait... Oh Circé, je suis trop épuisée pour raisonner juste. Pourquoi est-ce que je pense à tout cela ? Il n'y a aucune raison pour que tu aies à choisir un jour, n'est-ce pas ? Ce n'est pas ce que tu voulais dire, Sam ? Est-ce qu'il se passe quelque chose ? C'est en rapport avec cette réunion dont tu es revenu en charpie il y a quelques semaines ?
...
Oublie tout cela. C'est la fatigue ou peut-être que moi aussi j'ai de la fièvre. Je vais m'étendre un moment, tout ira mieux ensuite.
Je t'ai tracassée inutilement, j'en suis navré, j'aurais mieux fait de m'abstenir d'une réflexion aussi superflue. Cela me semble tout simplement insensé que tu t'imagines valoir moins que Magda à mes yeux. Mais il va de soi que je n'ai aucune intention d'avoir à choisir entre l'une de vous deux et tu sais déjà que ne pouvoir vous voir que séparément me fend le coeur. Mis chicas... Tu n'as pas à t'inquiéter, je vous protégerai l'une comme l'autre quoi qu'il arrive.
Mais alors, dis-moi, Magda a-t-elle toujours la fièvre ? Est-ce que c'est grave ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu ne risques pas de tomber malade toi aussi ? Tiens-moi au courant, dis-moi si je peux faire quelque chose. Notre médecin de famille est compétent mais je suis certain de pouvoir en trouver un meilleur si nécessaire.
Tu me manques, toi et tes mensurations parfaites. Je crois qu'à ce stade je préfère te voir sans robe du tout, la prochaine fois... Est-ce que tu veux encore de moi malgré ce que j'ai pu dire dans ma dernière lettre ? Me pardonnes-tu, mon amour ? J'ai tellement envie de te tenir dans mes bras. Écris-moi.
Dois-je te rappeler que tu avais conclu ta lettre par "laissez-moi en paix" ? Tu m'excuseras d'avoir mis quelques jours à me relever à éprouver la moindre envie de te recontacter.
La prochaine fois, je t'enverrai des petits morceaux de moi en photo quotidiennement. Un puzzle-Gloria. J'apporterai la dernière pièce moi-même. Ou peut-être que je glisserai des clichés d'une autre certains jours, juste pour voir si tu me connais vraiment bien et si tu détectes la supercherie (si tu préfères les fesses d'une autre, je te quitte !).
D'accord, essayons. Plus j'y pense et plus je me dis que c'est une mauvaise idée mais je vais essayer de ne pas trop y penser. Je vais me concentrer sur le menu plutôt.
Sam ! C'est une petite fille de neuf ans ! Elle est la petite fille d'un des plus importants propriétaires de Domaines d'Andalousie, bien sûr qu'elle aura un palais affûté en matière de vins mais attendons encore un peu. Elle est trop jeune.
C'est noté pour mercredi. Tu ne m'en voudras pas pour la robe ?
Gloria
PS : souvent femme varie, mon amour...
Robe de bure qui brûle la peau, menaces envers mon tendre séant, morsures dans mon décolleté... Monsieur Jugson me parait avoir une inquiétante tendance à vouloir marquer mon corps de son empreinte...
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Cette idée des photos me semble à la fois excitante et cruelle. Tu t'exposes au risque que je vienne comparer la photo à l'original afin d'être certain de bien te reconnaître. Je ne pourrais pas prendre le risque que tu me quittes à cause d'une vexation involontaire, tu comprends… Je sais par coeur chaque détail de ton visage, je connais à la perfection tes deux seins dans tous leurs états, et je devrais pouvoir situer correctement la plupart de tes grains de beauté, mais je ne garantis pas qu'entre deux paires de jolies fesses ou de longues jambes, aucune confusion ne soit possible.
Neuf ans, tu sais, ce n'est pas trop tôt pour commencer à apprécier le vin. C'est à peu près l'âge où mon grand-père espagnol m'a initié. Certes, je n'ai pas eu la même enfance que Magda et j'étais un garçon, mais cela m'avait plu. Peut-être que nous pourrions commencer par développer son odorat, avant qu'il ne soit complètement anéanti par la fragrance du crottin de cheval ?
Je ne t'en voudrai pas pour la robe, mais tu en subiras ultimement les conséquences… Je ne suis qu'un homme et tu devras bien faire face à mes limites.
Sam
PS : Pas mon empreinte, seulement celle de la douleur subtile qui aiguise les sens. Si je ne craignais pas bien trop de t'abîmer, ma belle, tu serais une femme amoureusement torturée…
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"Excitante et cruelle", dis-tu ? Hélas pour toi, la combinaison me plait infiniment. Je garde l'idée. Gare à toi...
Pour en revenir à Magda, à force d'emboiter le pas à son grand-père dès l'instant où il parcourt le domaine et notamment les chais (le haras aussi, évidemment...), elle a déjà un nez qui me surprend parfois. L'hiver dernier, elle a été la première à avoir détecté une reprise de fermentation trop précoce dans les cuves. Évidemment, elle ne met pas de mots précis dessus mais elle a immédiatement plissé son petit nez en déclarant que ça ne sentait pas normal. Nous devrions l'encourager dans cette voie, tu as raison. Un jour, elle sera peut-être amenée à prendre les rênes du Domaine... J'ai toujours cru que j'aurais un fils pour cela. Quel gâchis
Je ne crains rien tant que nous sommes en public. Tu devrais donc m'emmener danser à l'issue de ce dîner. La foule me protègera de ta vengeance.
Gloria
PS : je croyais qu'il était "grand temps que nous testions nos limites"...
Reply
J'ai du mal à ne pas penser à toi en ce moment, même Magda arrive à voir que je suis distrait. Tu as l'air d'un ange quand tu dors, comment peux-tu être aussi belle ? J'aime quand j'arrive à t'enrouler dans le drap pour te retenir un peu le matin venu… J'aime quand tu dis mon prénom avec cette intonation qui n'est qu'à toi, "Sam", d'un ton de reproche et le sourire aux lèvres en même temps.
J'ai réfléchi : attendons les dix ans de Magda pour encombrer sa petite tête de choses trop sérieuses. Il lui reste deux ans avant d'intégrer une école de Magie, elle a bien le temps de devenir brillante dans tous les domaines.
Ne regrette pas de ne pas avoir de fils, les hommes sont des idiots. N'es-tu pas bien placée pour le savoir ?
J'ai hâte de te revoir après-demain. Peut-être que nous devrions nous retrouver la veille, juste pour être sûrs de pouvoir nous contrôler devant Magda… Ne penses-tu pas que ce serait plus "sage" ?
"Sam"
PS : Ne me laisse jamais te faire de mal, Gloria, promets-le. Ton plaisir compte davantage que le mien.
Reply
Tu sais, pour être honnête, j'ai du mal à faire abstraction de ton existence, moi aussi. Je me suis rendue sur la côte cet après-midi pour un rendez-vous. J'ai croisé un homme qui m'a irrépressiblement fait penser à toi. La même assurance insolente lorsqu'il m'a complimentée, le même port de tête arrogant, la même démarche conquérante. Il portait le borsalino avec une classe folle. Tu devrais porter des chapeaux plus souvent mon amour (oui, c'est là que je voulais en venir !).
Oh, en parlant de "classe folle", le scandale n'est sans doute pas arrivé jusqu'à toi mais il est assez drôle pour que je te le raconte. Imagine-toi que la fille cadette des Concha de Germino a été découverte par son père, bronzant les seins nus, sur plage moldue de Marbella... Tu imagines la honte ? Il parait que le père ne décolère pas et promet de la marier avant la Samain. Le tout Séville en fait des gorges chaudes.
Cricé fasse que Magda ne nous fasse pas ce genre de crise d'adolescence d'ici quelques années ! Pourvu qu'elle reste une petite fille innocente encore longtemps ! Tu as raison, inutile de la faire grandir trop vite.
Sam, voyons, notre mon fils ne serait pas n'aurait pas été un idiot. Comment peux-tu seulement l'envisager ?
Je suis sûre que nous saurons être raisonnables face à Magda, rappelle-toi que nous voulons qu'elle reste une petite fille innocente. En revanche, je ne sais pas si après tant de raison, il ne faudra pas rétablir l'équilibre sans attendre mercredi... Viens dormir avec moi
Gloria
PS : Sam, tu m'as déjà fait mal et ça n'a hélas jamais été incompatible avec le plaisir que tu sais me donner, il est trop tard pour ce genre de promesses.
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Insolence ? Arrogance ? N'en jetez plus ! Tu as une drôle de façon de tourner tes compliments, ma belle… Tu sais ce que je pense des chapeaux : ils sont là pour couvrir les calvities honteuses, ce dont je n'ai pas à souffrir. Et puis je les oublie sur les porte-manteaux, c'est énervant. Ceci dit, si tu veux m'habiller à ton goût pour la soirée de mercredi, nous pouvons trouver un arrangement…
Je suis assez révolté par l'anecdote que tu me relates. Je vois bien ce que tu lui trouves d'amusant mais je me mets à la place du pauvre père de cette jeune dévergondée et je me consume de honte pour lui. Si Magda me faisait un coup pareil - et je ne te remercie pas de me le faire envisager - je peux te dire que le couvent me semblerait une meilleure option. Bon sang, avoir une fille n'est pas une sinécure…
Ton fils aurait été parfait dans tes bras, mais ça ne l'aurait pas empêché d'être un idiot avec toutes les autres femmes, Gloria. Un idiot ou un faible… Les hommes sont pleins de tares innées que tu ne conçois même pas. Il est bien plus difficile pour nous d'être irréprochables.
Le temps sera long jusqu'à mercredi, mais soit…
Sam
PS : Je me suis mal exprimé… Ne me laisse jamais (ou plus jamais) te faire quelque chose qui te blesse… moralement et physiquement. Je ne suis pas sûr de toujours savoir voir tes limites.
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Il faut croire que je préfère tes mauvais côtés... Tu as tort pour les chapeaux. C'est indiscutable. Je vais réfléchir à la bonne manière de te convaincre.
Si cette gamine avait été éduquée correctement, jamais elle n'aurait eu l'idée d'aller ainsi s'exhiber en si vile compagnie. Mais tu sais ce qu'on raconte : on dit que la famille aurait quelques ascendants peu convenables. On parle de nés-moldus, voire de cracmol. Il ne faut sans doute pas chercher plus loin les raisons de cette dégénérescence.
Magda est heureusement préservée de ce genre de tares.
Mon fils aurait été parfait. Sans le moindre mais. Les tares innées sont faites pour être combattues par l'acquis, non ?
Je vous attends vers 14 heures. Circé, j'ai hâte de serrer Magda dans mes bras. Elle m'a manqué, tout ce temps. Quand je pense que je t'ai vu plus qu'elle depuis un mois... Quelque chose ne tourne vraiment pas rond chez nous.
A tout à l'heure,
Gloria
PS : Et que serai-je supposée faire lorsque ça arrivera (car, soyons réaliste, cela arrivera) ? Te quitter ? Encore ? Je n'ai pas les moyens de t'imposer ou d'empêcher quoi que ce soit, Sam. Arrête donc de vouloir m'utiliser comme garde-fou.
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Ma tenue de ce soir est prête... J'ai dû y réfléchir longuement, une vraie femme. C'est que je ne sais guère comment porter correctement un chapeau...
Comment vas-tu ? J'ai cru te sentir triste dimanche... ou alos c'était seulement moi Magda ne nous a pas rendu les choses faciles, n'est-ce pas, à me retenir comme elle l'a fait. Elle sait bien pourtant que je n'aime pas quand elle fait des comédies. Elle n'a pas été trop pénible après mon départ ?
Tu me manques terriblement. J'espère que tu ne me feras pas souffrir trop longtemps ce soir, il serait regrettable que je m'emporte malgré moi à ta faire l'amour au milieu du restaurant...
Sam
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J'ai bien réfléchi depuis hier soir : tu portes presque aussi bien le chapeau que moi la robe la plus indécente. Nous devrions l'un comme l'autre faire de ces choix une habitude. Surtout si j'en crois la nuit torride le résultat plaisant auquel l'un et l'autre nous amènent.
J'ai bien senti que tu aurais voulu reparler de dimanche, à un moment, avant de me laisser éluder et détourner la conversation. C'est compliqué pour moi. Et ce n'était pas une si bonne idée, ce déjeuner tous les trois. Trop de similitudes et de différences tout à la fois. Et si Magda semble soulagée de nous savoir en meilleurs termes, elle a du mal à comprendre cette nouvelle donne. Elle n'a pas été pénible après ton départ mais m'a posé mille questions auxquelles j'étais bien en peine de répondre. Fort heureusement, nous avons surtout beaucoup parlé de ses vacances avec toi. Je savais que tu n'avais pas ton pareil pour faire céder les femmes à ton charme. J'ignorais que cela s'étendait à ce point aux petites filles. Elle est heureuse d'avoir passé du temps seule avec toi, Sam. C'est important pour elle de savoir qu'elle compte assez pour que tu lui sacrifies quelques heures de dossiers.
Parlant de dossiers, je ne t'en ai rien dit hier mais Père envisage de développer ses exportations vers le marché anglais dans les mois à venir. Il se pourrait que dans le courant de l'automne, sa charmante directrice commerciale doive se rendre dans cet horrible pays brumeux pour une tournée de prospection... Doit-elle réserver un hôtel ?
Je ne devrais jamais te laisser passer toute une nuit avec toi, amour j'aime trop me réveiller dans la chaleur de tes bras, cela rend la journée du lendemain tristement morne et la nuit pire encore.
Fais quelque chose pour ne pas me manquer quand tu pars !
Gloria
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De quelle robe indécente parles-tu ? La dernière fois que je t'ai vue, tu ne portais que quelques chutes de tissus artistiquement déposées çà et là sur ton corps… Je veux bien admettre qu'il y avait une jupe, mais clairement, un malade mental s'était attaqué à la partie haute !
Tu as gagné : je préférais nettement la robe de dentelle, finalement… Au moins on ne faisait que t'imaginer totalement nue… Quand je pense que des hommes ont pu voir le pli du tombé de tes seins, bon sang ! Je déchirerais bien cette pseudo robe en guise de vengeance, mais tout le problème est bien que le mal est déjà fait !
La prochaine robe indécente, tu veux bien que je la choisisse ? Je t'en offrirai une qui ne me rendra que raisonnablement fou… Et tu me choisiras un autre chapeau.
À te lire, on croirait qu'avant cet été je ne me suis jamais occupé de ma fille auparavant !
Il est d'ailleurs bien dommage que j'aie déjà trouvé la femme de ma vie, tu sais, parce que j'ai constaté avec stupeur que le pouvoir que me donne la compagnie de Magda auprès des femmes semble pratiquement sans limites. Des biches s'élançant vers le fusil, leurrées qu'elles sont par la tendresse inoffensive donnée à une petite fille. J'ai reçu tant de regards caressants en me promenant avec elle que je crois maintenant pouvoir dire que je sais ce que c'est que d'être toi. Je ne m'en remets pas. Les femmes ne se disent-elles pas qu'un homme avec un enfant a plus de risques d'être marié ?!
Quoi qu'il en soit, dis à la charmante directrice commerciale de ton cher père que si elle toujours aussi jolie, elle peut faire des économies d'hôtel en se trouvant un petit place dans mon lit. Je prends les paiements en nature exclusivement…
Tu me manques aussi, ma belle, et je n'ai même plus Magda pour me distraire, seulement mes de dossiers. Or ceux-ci sont une bien mauvaise distraction dès lors que je t'imagine étendue par-dessus, nue sous un manteau de fourrure et susurrant mon nom… Je pense que le seul remède efficace est de se voir plus souvent. Et si nous commencions dès ce soir ?
Sam
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C'est très vilain de qualifier Versace de "malade mental", mon amour, tu vas me faire douter de ton bon goût. Même si, en toute honnêteté, je n'aurais jamais investi dans une robe (si, si, j'insiste, une robe) aussi osée s'il ne s'était pas agi de relever un défi. Je n'étais pas aussi à l'aise que j'ai pu en donner l'impression. Si tu savais le temps que j'ai passé à multiplier les sorts permettant de la tenir en place, juste pour être sûre et me rassurer...
Enfin, je ne regrette pas j'ai gagné mon pari. Ton empressement à me débarrasser de cet outrage à la décence était extrêmement satisfaisant. Mais je serais néanmoins curieuse de voir ce que tu considère comme susceptible de te rendre "raisonnablement fou" et je me mets de ce pas en quête du chapeau idéal.
Je sais bien que tu t'es déjà occupé de Magda. Mais disons que cela restait théorique : tu la prenais un mois, tu me la rendais en bon état, tout était dit. Il y avait une chape de plomb de non-dit te concernant, à la maison. Magda en était consciente et elle n'essayait même pas de m'en parler. Je regrette
Enfin, peu importe. Cela m'amuse de te voir découvrir l'attractivité de ta situation de père célibataire. Les femmes sont des idiotes, Sam. Et des proies faciles. La manifestation de la tendresse d'un homme pour sa progéniture suffit à caresser leur fibre maternelle. Il était temps que je récupère ma fille avant que tu l'utilises comme appât !
La charmante directrice commerciale s'offusque que l'on ne s'intéresse qu'à son physique et se demande si elle va opter pour un paiement en nature sous forme de mauvais jerez ou de turrôn rance...
Je suis invitée à la soirée de clôture de la saison d'été des Lopez y Vega, ce soir. Je suis étonnée que tu ne le sois pas aussi. Cherche donc dans ton courrier ! Nous pourrions nous y croiser et si le portoloin de retour jusqu'à Londres s'avérait trop ennuyeux, il se pourrait que je te prête ma cheminée... demain matin...
Gloria
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Bien, s'il te faut du Versace comme gage de bon goût, je t'en ai trouvé une à mon goût. Juste la transparence nécessaire et un tombé qui ne peut qu'être sublime sur ton corps… Je frémis rien qu'à l'idée de la sensation du tissus trop fin entre ta peau et ma main. Mon amour, si tu portes cette robe pour moi, je veux bien porter autant de chapeaux que tu voudras.
Je n'ai pas dédié autant de temps à Magda par le passé, je le confesse… Mais peut-être aussi que ce déjeuner que tu sembles regretter lui a quelque peu délié la langue ? Ne s'est-elle donc plainte de rien ?
Il y a une chose que tu omets de mentionner, mon ange… Et toi ? Est-ce que cela te séduit, ma tendresse pour notre petite fille ?
La charmante directrice commerciale est bien trop irrésistible lorsqu'elle est offusquée, le mauvais jerez finira par terre et ses vêtements aussi.
C'était une grande idée, cette soirée. Même si je préfère quand on se trouve des soirées où tu te promènes à mon bras, l'important est que nous ne soyons pas restés trop tard. Tu me manques déjà…
Sam
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Quelle folie ! Elle est sublime, merci. Je n'ai pas l'habitude de porter ces teintes automnales mais cela constituera un délicieux changement. Je ne me lasse pas de la caresser encore et encore, tu sais, un vrai fétiche... Et je n'ai évidemment pas résisté à l'envier de me glisser dedans dès hier soir, c'est incroyable comme elle tombe parfaitement bien. Je n'ai pas eu besoin du moindre sort d'ajustement. Comment as-tu fait ?
Et j'ai fait venir Magda dans ma chambre. Elle adore être là lorsque j'essaie de nouveaux vêtements : je la laisse jouer avec mes cheveux (mon cuir chevelu a parfois des doutes sur le bien fondé de ses chignons tarabiscotés mais elle est tellement attendrissante lorsqu'elle se concentre pour bien faire que je n'ai pas le coeur de protester) et surtout, je l'autorise à ouvrir mon coffre à bijoux pour m'aider à choisir ceux qui s'harmonisent le mieux avec ma tenue. Notre fille est une vraie pie qui adore ce qui brille mais comment lui donner mieux le goût des belles choses qu'en la laissant les apprivoiser ? Elle a passé son temps à me demander si elle serait aussi belle que moi quand elle serait grande et si je lui prêterais mes "robes de princesse". Nous avons passé un bon moment toutes les deux grâce à toi, mon amour. Merci pour ça aussi.
Pour continuer à propos de Magda, elle ne s'est plainte de rien de sérieux. Juste d'une petite camarade de son stage, une certaine Alvina. Cela te dit quelque chose ? Mais te concernant, elle n'a que des mots d'amour ébahis, tu le sais bien. Elle veut tellement que tu sois fier d'elle que c'est parfois angoissant. Un peu comme ta tendresse pour elle. C'est au-delà de la séduction, tu sais. Déjà lorsqu'elle était toute petite, ça me bouleversait de te voir penché sur elle. C'est quelque chose d'inexplicable à la fois rassurant parce que je sais que tu tuerais pour elle sans un remord et en même temps douloureux parce que je sais d'instinct qu'il est difficile pour moi de trouver une place entre vous. Il y a toujours une douloureuse rivalité entre mère et fille, pour la conquête de l'époux l'homme qui les réunit, c'est inévitable, mais néanmoins triste.
La charmante directrice, affolée par une si terrifiante perspective, se met dès à présent en quête d'une chambre d'hôtel.
J'ai aimé, moi, jouer la comédie des ex à couteaux tirés en sachant que j'aurais tout loisir, deux heures plus tard, de t'obliger à te faire pardonner tes méchancetés et de me plier aux châtiments que m'auraient valu les miennes. C'est un jeu brûlant et grisant, amour. Je crois que nous devrions plus souvent donner ainsi le change face à nos connaissances communes. Pour parfaire le trait, tu devrais même raccompagner une quelconque perruche avant de me retrouver dans le creux de mon lit pour me raconter sa mine navrée face à ton comportement d'irréprochable gentleman ou au contraire, la facilité avec laquelle tu auras ravi un baiser à l'idiote
Tu me manques, Samor,
Gloria
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Navré de t'avoir laissée sans nouvelles ces derniers jours. La rentrée a bien commencé et si tu venais me trouver dans mon cabinet, tu devrais chercher derrière les tours de papiers et de dossiers qui se dressent sur mon bureau. Il faudrait que je me trouve un nouvel associé, les affaires sont bonnes mais nous avons du mal à tout gérer à deux. Tu ne voudrais pas abandonner ton poste à responsabilités pour devenir mon assistante, dis-moi ? (Cette idée est d'autant plus mauvaise que nous n'arriverions jamais à travailler. Tu es tellement sexy lorsque tu es concentrée sur quelque chose. Je ne dois pas commencer à penser à cela…)
Je suis content que la robe te plaise. En revanche, ta question me surprend. Haute couture ou pas, crois-tu que je t'offrirais un vêtement que je n'aurais pas fait ajuster à tes proportions au préalable ? Les exclamations admiratives que provoquent immanquablement tes mensurations sont bien trop douces à mon oreilles…
Comment va Magda ? Je suis encore troublé par ce que tu disais sur la "rivalité entre mère et fille". Je ne suis pas un père gâteux, tu sais bien que je suis exigeant avec elle. Je tuerais sans aucun remord pour elle, certes, mais j'ai bel et bien tué sans aucun remord pour toi, Gloria. Mon coeur est plein de vous deux, mis chicas, mais je suis un homme excessivement rationnel et je choisirais sans hésiter celle que j'estime parfaite sur celle qui est à parfaire, et au diable le charme du père tendre. Il est des fois où notre fille m'ennuie à mourir. Cela n'arrive jamais avec toi. Cela paraît cruel, n'est-ce pas ? Un père doit aimer inconditionnellement son enfant. Je l'aime, ce n'est pas la question. Mais je ne sais pas m'émerveiller de tout ce quelle fait comme tout ce que tu fais m'émerveille.
(Pour ce qui est de la fillette dont Magda t'a parlé, ne t'inquiète pas, elle n'a pas pu participer au spectacle final.)
Le weekend est presque là et j'ai abattu suffisamment de travail cette semaine pour prendre un peu de temps à moi. Tu n'as pas une fête de prévue, que nous médisions l'un sur l'autre toute une soirée comme la dernière fois ? (Mais je ne viendrais pas accompagné d'une autre femme, enfin, pour qui me prends-tu ! À moins que tu ne le désires ? Pourquoi voudrais-tu Si c'est parce que tu aimerais te faire accompagner toi-même, sache que l'idée me déplaît vivement.)
Tu me manques terriblement. Dis-moi quand nous pourrons nous voir.
Sam
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C'est à mon tour d'être désolée d'avoir été si peu disponible que je n'ai pas trouvé une minute pour t'écrire. Les journées me filent entre les doigts sans que je parvienne à endiguer le flot d'urgences. M'as-tu déjà remplacée oubliée, mon amour ?
Magda est malade depuis quatre jours et même si la pauvre chérie n'y est pour rien, cela bouleverse complètement mon emploi du temps. Sans que son état soit jugé alarmant par les médicomages alors pourquoi sa fièvre ne baisse-t-elle pas ?!, elle a beaucoup de fièvre et passe une grand partie de ses journées à somnoler dans le canapé de mon boudoir. Et lorsqu'elle ne dort pas, elle est évidemment grognon. Je me suis arrangée pour rapporter mes dossiers et travailler l'essentiel du temps près d'elle mais je suis évidemment moins concentrée que lorsque je suis au bureau. Et je m'interromps pour l'occuper un peu et prendre soin d'elle lorsqu'elle est éveillée. Ajoute à cela que je la garde avec moi la nuit et que son sommeil est particulièrement agité. Je te laisse imaginer que le mien en pâtit un peu je suis épuisée.
Crois-moi, tu ne me trouverais pas du tout sexy ces jours-ci, mon amour.
Je crois donc qu'il va falloir remettre à plus tard l'occasion pour nous d'étrenner cette merveille de robe si parfaite. Je n'en reviens toujours pas que tu connaisses mes mensurations, à ce propos. C'est une pensée horrible, je vais passer mon temps à me surveiller désormais il faut que je pense à mieux me nourrir !
Je ne sais pas comment t'en parler mais pendant mes insomnies j'ai longuement repensé à ce que tu as écrit à propos de Magda et de moi. Je ne supporte pas que tu puisses envisager de ne pas la choisir, Sam... Elle est ce qu'il restera de nous, tellement mieux que chacun de nous. Tu ne peux pas la comparer à moi. Elle est ta chair. Est-ce que ça ne compte pas plus que n'importe quoi ?! Nous avons déjà sacrifié un enfant. Jure-moi que plus jamais... Jure-moi qu'elle passera avant tout le reste, que tu la protégeras toujours. Si tu m'aimes vraiment, c'est elle que tu devras choisir. Cela me rend malade de penser qu'elle pourrait... Oh Circé, je suis trop épuisée pour raisonner juste. Pourquoi est-ce que je pense à tout cela ? Il n'y a aucune raison pour que tu aies à choisir un jour, n'est-ce pas ? Ce n'est pas ce que tu voulais dire, Sam ? Est-ce qu'il se passe quelque chose ? C'est en rapport avec cette réunion dont tu es revenu en charpie il y a quelques semaines ?
...
Oublie tout cela. C'est la fatigue ou peut-être que moi aussi j'ai de la fièvre. Je vais m'étendre un moment, tout ira mieux ensuite.
Ne t'inquiète pas, tout va bien,
Gloria
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Je t'ai tracassée inutilement, j'en suis navré, j'aurais mieux fait de m'abstenir d'une réflexion aussi superflue. Cela me semble tout simplement insensé que tu t'imagines valoir moins que Magda à mes yeux. Mais il va de soi que je n'ai aucune intention d'avoir à choisir entre l'une de vous deux et tu sais déjà que ne pouvoir vous voir que séparément me fend le coeur. Mis chicas... Tu n'as pas à t'inquiéter, je vous protégerai l'une comme l'autre quoi qu'il arrive.
Mais alors, dis-moi, Magda a-t-elle toujours la fièvre ? Est-ce que c'est grave ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu ne risques pas de tomber malade toi aussi ? Tiens-moi au courant, dis-moi si je peux faire quelque chose. Notre médecin de famille est compétent mais je suis certain de pouvoir en trouver un meilleur si nécessaire.
Tu me manques, toi et tes mensurations parfaites. Je crois qu'à ce stade je préfère te voir sans robe du tout, la prochaine fois... Est-ce que tu veux encore de moi malgré ce que j'ai pu dire dans ma dernière lettre ? Me pardonnes-tu, mon amour ? J'ai tellement envie de te tenir dans mes bras.
Écris-moi.
Sam
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