Si par le plus grand des hasards, tu te rappelais un jour avoir une fille, peut-être pourrais-tu lui indiquer quand tu daigneras trouver une minute pour la voir.
Envoyé en catimini depuis Marbella tandis que Magda termine fièrement le dressage de SON dessert, permettant à sa mère de s'éclipser quelques instants
Sam,
Journée trop courte... Et que nous avons pourtant prolongée au-delà du raisonnable : je suis arrivée avec un retard des plus suspects. Tu fais de moi une mère indigne... Et avant que tu fasse mine d'être content de toi, non, tu n'es pas un meilleur père ! J'ai prétexté une conférence par cheminette plus longue que prévue pour expliquer le contretemps (heureusement que j'avais eu le temps de me recoiffer et de mettre un peu d'ordre dans ma tenue !). Je deviens une menteuse hors pair à ton contact... J'espère que tu es fier de toi.
Tu sais ce qui est le plus drôle ? Magda était très fière de m'annoncer qu'elle avait préparé le dessert elle-même. Elle n'a pas compris pourquoi l'annonce de la "meilleure mousse au chocolat de toute la Terre" me faisait sourire. Et je me suis bien gardée de lui expliquer que le chocolat n'aura jamais meilleur goût qu'à même tes lèvres. Circé me vienne en aide pour que je réussisse à écarter les images terriblement peu convenables de la journée lorsque j'y goûterai (à son dessert, pas à ta bouche, idiot. Dans ce second cas, je ne cherche même pas à dissimuler les idées osées qui m'animent).
Je t'embrasse. Sans chocolat pour ne pas être tentée d'y revenir.
Gloria
PS : J'aurais du mal à expliquer que mes goûts vestimentaires se dégradent soudain à ce point mais si tu trouves une autre idée offrant ce genre de sensations. J'ai peur que cette fantaisie ne me soit donc pas permise. Si tu réalisais combien te rendre fou s'avère délicieusement excitant enivrant, tu comprendrais que je ne puisse pas si facilement y renoncer. Et tu ne m'en voudrais même pas.
En début d'après-midijugson_perfidusAugust 9 2011, 20:04:58 UTC
Mon amour,
Tu sais combien j'aime cette petite fille que nous avons mise au monde, mais par tous les diables, elle est épuisante. C'est un peu de ma faute. Samedi, j'ai insisté pour qu'elle me demande chaque fois qu'elle ne connaît pas un mot en anglais, en me fâchant un peu parce qu'elle est censée avoir une passion pour les chevaux et elle ne sait même pas comment se dit un étrier. Depuis, elle me pose des questions sans arrêt. Je ne vais pas la décourager, elle va certainement progresser puisque cela nous permet d'avoir de véritables conversations dans la langue de Shakespeare, mais elle semble le prendre comme un jeu et m'a posé des questions sur toutes les légendes de tous les tableaux que je l'ai emmenée voir à la National Gallery. Je crois que tu avais raison : les musées, ce n'est pas une façon d'occuper une petite fille en été.
Hier elle a commencé ce stage de cirque dont je te parlais. Elle espère apprendre à se tenir debout sur un cheval en marche. De préférence sur un seul pied. Je connais des gens bien qui emmènent leurs enfants à cette formation, alors je ne m'inquiète pas, mais cela me semble tout de même peu aisé sans la magie... Quoi qu'il en soit, je l'y laisse une heure et demie en début d'après-midi et cela me permet de m'occuper de ma paperasse et de quelques dossiers peu urgents.
Bien sûr, si tu décidais de faire un tour à Londres lors de ta pause déjeuner, je serais prêt à sacrifier cette heure de dur labeur pour le plaisir de ta compagnie... Ou mieux encore, tu pourrais peut-être me rejoindre un soir ? Magda est couchée à 22h et je me suis assuré qu'un elfe veille au moindre de ses besoins. Je m'ennuie de ta peau douce et parfumée, de ton corps familier que je devine dans l'obscurité. Et je n'arrête pas de repenser à vendredi. Dire que je ne tolérais même pas de rester nu en journée il n'y a encore pas si longtemps.
Je te trouve bien culotté de parler de l'enfant que "nous" avons mis au monde... Dans mon souvenir (brumeux, certes), j'ai tout de même assuré l'essentiel de la tâche. Tu sais, je me suis toujours demandé sans jamais oser te poser la question ce que tu faisais pendant ce temps là. Tu usais jusqu'à la corde les tapis du grand salon en faisant les cent pas ? Tu éclusais tout le xerès de la propriété avec mon père pour tuer le temps ? Tu prenais du bon temps dans d'autres bras ? Tu guettais derrière la porte ? Circé, dis-moi que non. Je me rappelle trop bien la douleur et les cris sans retenue, honteux. Tu restais d'un calme olympien, le nez dans un dossier, en attendant que l'on vienne t'annoncer la naissance de "ton fils" ? Te rappelles-tu seulement ?
Enfin, peu importe le passé... J'avoue que je ne peux pas m'empêcher de rire en te voyant découvrir aujourd'hui combien une petite fille de neuf ans peut s'avérer pleine de vie (traduction consensuelle du qualificatif "épuisante"). C'est bien que vous optiez pour l'anglais dans vos conversations, le mien est loin d'être parfait (par ta faute : l'espagnol sied bien mieux à notre tempérament et à nos échanges) et elle a besoin de s'exercer, je le reconnais volontiers.
Quant à ta suggestion de passer te voir à l'heure du déjeuner (enfin, l'heure du déjeuner espagnole...), j'y réfléchis très sérieusement : il faut sans doute que je te fasse un million de recommandations à propos de cette activité douteuse à laquelle tu as inscrit notre fille. Tu es sûr qu'elle ne risque rien ? Tu sais ce qu'elle fait vraiment à part se rêver écuyère ? Peut-être que je devrais aussi te rappeler que 22h est une heure de coucher déraisonnablement tardive pour une enfant de son âge. Je crois que nous devrions définitivement avoir une petite conversation. Demain midi ? Je pense te laisser exactement une heure pour me convaincre de revenir plus longuement... En laissant ton bureau entre nous.
Joueuse Extrêmement préoccupée par la sécurité de Magda,
C'est bien la première fois que je te vois t'interroger sur mes occupations lors de la naissance de Magda. J'ai fait ce que tout homme censé aurait fait dans ces circonstances : ne pouvant rien faire pour t'aider, je me suis plongé dans le travail pour ne pas penser à ce qui était en train d'arriver. Je ne parlerais pas de calme "olympien", mais nécessaire. Tu allais avoir besoin d'un roc auquel te raccrocher et j'étais prêt pour ce rôle. Dès que l'accoucheuse m'a annoncé que tu étais visible je suis venu veiller sur toi. J'étais là à ton réveil avec un dossier sur les genoux et je t'ai amené notre petite crevette lorsque tu as ouvert les yeux. Tu t'es excusée que ce ne soit pas un garçon et je t'ai embrassée sur le front en répondant qu'on aurait tout le temps d'en faire d'autres. Mais Magda a accaparé toute notre attention et le temps qu'il soit envisageable d'en faire un second, les choses avaient commencé à tourner mal... J'ai regretté par la suite. Je me suis dit que si je t'avais donné un deuxième enfant du temps de notre mariage, tu aurais peut-être pensé que je valais encore quelque chose comme compagnon. Je ne pensais pas que tu ferais une bonne mère quand je t'ai épousée, mais force est de constater que tu t'en es bien occupée, de cette petite fille. Je vous aime terriblement, toutes les deux, tu le sais ? Ce que nous partageons toi et moi m'est précieux, mais cela ne me permettra jamais de vous serrer toutes les deux dans mes bras. Je ne supporte pas l'idée qu'on ne soit plus une famille, je ne m'en suis jamais remis, je ne m'en remettrai jamais. Je t'aime, Gloria.
Navré pour ce moment de nostalgie, mais tu l'as un peu provoqué. Me feras-tu le plaisir de venir me rejoindre vers 14 heures ? Nous pourrons déjeuner ensemble puisque tu sembles décidée à ce que nous restions sages, cela me donnera de quoi occuper mes mains autrement. Je dirai à Magda que je n'ai pas faim ce midi. Mais ce déjeuner ne devra pas durer au-delà de 15 heures : j'ai bien noté qu'il me resterait une demi-heure pour te convaincre sans bureau entre nous... Je me vois déjà à genou entre tes cuisses, prêt à t'arracher un "oui"
Tout prêt à te réconforter quant à la sécurité de notre progéniture et le reste,
Ce n'est pas la première fois que je m'interroge mais c'est la première fois que j'ose formuler mes interrogations ouvertement. A la naissance de Magda et même durant les années qui ont suivi, j'étais bien trop disciplinée, bien trop soumise, pour oser te poser ce genre de question. Cela aurait semblé indécent ou incorrect à la gourde sage d'alors. Impensable de te demander de rendre compte de ton emploi du temps... Et ensuite, je n'ai plus voulu savoir, parfois parce que je ne voulais plus me rappeler l'homme prévenant que tu avais un temps été, parfois, au contraire, parce que j'avais peur de découvrir que cet homme prévenant n'avait jamais existé et qu'alors, déjà, tu n'avais pour moi que mépris ou indifférence. Aujourd'hui, je veux me convaincre que tu ne peux plus me faire mal. Quoi que j'apprenne, ce ne sera jamais pire que ce que j'ai pu parfois imaginer je crois.
Un second enfant n'aurait rien changé, tu sais. Ca aurait même probablement accéléré les choses. Tant de mois à n'être que mère sans guère d'attention pour toi... Tu te serais éloigné encore plus vite de ce domicile conjugal que tu désertais déjà largement. Nos relations se seraient détériorées plus vite encore et je serais partie quand-même. Tu n'aurais peut-être même pas eu l'occasion de connaitre vraiment ce deuxième enfant. Les choses sont sans doute mieux ainsi.
Tu m'en veux de cette franchise ? Je me dis que cette lettre est aussi boiteuse que notre relation : un mélange de regrets amers, de nostalgie douloureuse et d'un présent nettement plus bouillonnant... Revenons au présent... Je serai là à 14h, range ton Cerbère dans sa niche ! Cependant, Fourbe Maître Jugson, je vois bien que vous tentez d'infléchir les conditions de notre entrevue : je vous ai laissé une heure pour me convaincre, sans poser un doigt sur moi, de revenir. Si, à l'issue de ladite heure, je ne suis pas conquise par vos seuls mots, je m'échappe sans espoir de retour. En revanche si vous faisiez preuve de talent pour affoler mon corps et mon esprit, je pourrais me montrer faible et, outre la promesse d'une visite nocturne, vous accorder toute jouissance de ma personne pour cette fameuse demi-heure restante...
Tu m'obliges à te conquérir encore et encore et le pire c'est que j'adore cela. L'infime mouvement de tes genoux qui trahit ton envie de te laisser attraper, l'écartement de tes lèvres autour d'un souffle inaudible qui vient frôler les miennes, ma main dans tes cheveux et je peux te dire mienne l'espace d'une demi-heure volée. Je suis obligé d'admettre que tu n'as jamais su si bien entretenir mon obsession. Est-ce que tu regrettes toi aussi ce que nous avons dû sacrifier pour finalement en arriver là ?
Rejoins-moi ce soir. Je veux te garder toute la nuit.
Oh, Sam, pourquoi faut-il que tu poses des questions aussi difficiles... Je ne suis même pas sûre de savoir à quoi tu fais allusion lorsque tu parles de ce que nous avons dû sacrifier. Tu crois vraiment qu'il restait quelque chose de nous à sauver lorsque j'ai pris la décision de te quitter ? Qu'est-ce que j'aurais dû Peut-être que je regrette un peu les premiers temps de notre mariage, l'homme qui m'émerveillait et faisait de moi cette chose précieuse et enviée. Mais tout cela était mort bien avant notre divorce, Sam, tu le sais bien.
Désormais, tant que tu me voudras, tu seras condamné à me séduire. Encore. Toujours. Pas conquérir, mon amour. Plus jamais. Parce qu'une fois conquise, je perdrai tout intérêt, une nouvelle fois, et tu iras conquérir ailleurs, ne laissant de moi qu'une coquille vide et amère. Je ne serai plus jamais à toi. Ou seulement pour un instant, parce que tu m'auras donné envie de l'être. Pour cette seule liberté, je ne peux pas regretter ce qui n'est plus.
Je sais que ce n'est pas ce que tu voudrais. Il est même possible que tu sois contrarié ? En colère ? Malheureux ? Je ne sais jamais vraiment avec certitude ce qui t'atteint. Et tu le seras plus encore lorsque je déclinerai ton offre. La feria de Málaga débute aujourd'hui et on fête également la Virgen de los Reyes lundi : je croule sous les invitations que je ne peux guère décliner sans faire d'impair. Tu connais nos obligations comme moi.
Ne m'en veux pas, amour. J'ai promis de te laisser me voler une nuit, je saurai en sus me faire pardonner de devoir te faire patienter. Je suis sûre que tu sauras trouver dans la perspective de m'avoir à ta merci de quoi nourrir ta patience. Tu as quelques jours pour réfléchir à ce que tu veux de moi. Je me plierai à tes désirs sans trop me faire prier.
Prends soin de Magda, répète-lui que je l'aime et que je pense à elle. Et peut-être un peu à toi aussi.
Je suppose que j'ai toujours cru à tort qu'avec de l'argent, de la puissance et de la jugeote, je pourrais avoir tout ce que je voulais. Pourquoi est-ce que la femme de ma vie ne peut pas être en même temps la mère de ma famille, je ne le comprends pas moi-même. Peut-être que les choses ont suffisamment changé pour que ce soit possible, tu ne crois pas ? Certes, nous aurions du mal à offrir à Magda un environnement complètement stable, mais peut-être qu'en la protégeant de nos querelles, elle serait tout de même plus heureuse. Mes deux amours... Est-ce de la cupidité que de vous vouloir toutes les deux avec moi ?
Je veux que tu saches que je n'ai voulu aucune autre femme depuis... je ne sais plus depuis quand. Je ne peux m'empêcher d'espérer qu'il en va de même pour toi - s'il te plaît, ne me détrompe pas.
Je voudrais maintenant que tu songes à la torture que ton absence me fait subir. Et que tu conviennes avec moi qu'il est impossible que je me passe de toi jusqu'à la semaine prochaine. Viens, s'il te plaît. Après une de tes soirées, cela m'est égal s'il est tard. Viens.
Après avoir longuement hésité à écrire une telle lettre
anonymous
August 15 2011, 08:06:51 UTC
Sam,
Si tu t'étais rendu compte à l'époque que la mère de ta famille pouvait être la "femme de ta vie" (pardonne les guillemets mais c'est une formule que j'ai vraiment du mal à envisager te concernant et me concernant plus encore), cela aurait peut-être pu fonctionner. Aujourd'hui, ce sont des mots qui sonnent creux. Je n'y crois plus.
Et puisque les deux ne sont pas conciliables, je me préfère dans le rôle de la maîtresse, cette garce qui te prive de ton fantasme de famille unie, plutôt que dans celui de la mère de cette famille, humiliée et méprisée.
Je ne veux pas d'une vie dans laquelle je me lèverai chaque matin en me demandant à quel moment la parenthèse enchantée va se terminer en me détruisant au passage. J'ai mis trop longtemps à trouver un semblant d'équilibre après t'avoir écarté pour rebattre les cartes et m'enchaîner à nouveau à toi, Sam. J'ai eu trop mal. Il n'y a pas si longtemps encore. As-tu déjà tiré un trait, rangé dans une case les évènements du printemps ? Moi, je ne peux pas.
Je t'en supplie, ne me dis pas que c'est le passé, que tout va changer... Soit tu n'y croirais pas toi-même et tu chercherais encore une fois à me manipuler, soit tu y croirais et force serait alors de constater que je te connais mieux que tu ne te connais toi-même. Je ne sais pas ce qui serait le pire.
Essaie de ne pas trop m'en vouloir. On ne peut jamais tout avoir. Même avec tous les atouts dont tu disposes (et Circé m'est témoin qu'ils sont bien trop nombreux pour ma tranquillité de corps et d'esprit), tu ne peux rien contre ça.
Je suis désolée de ne pas pouvoir combler tes attentes, mon amour. Pardon. Laisse-moi venir demain soir. Je ne veux que toi. même si aux Iles Vierge, il y a quelques semaines... J'étais tellement en colère. Et il était si attentionné... Ne pense pas aux autres autre chose.
Après s'être instinctivement renfermé à la lecture de la précédente lettrejugson_perfidusAugust 17 2011, 21:33:37 UTC
Gloria,
Je n'ai pas oublié ce qu'il s'est passé au printemps. Ni avant. Nous nous sommes fait beaucoup de mal, Gloria. Principalement par ma faute. Et nous nous en ferons encore.
Pourtant je ne veux pas reculer. J'aimerais que tu comprennes que si je t'appelle la femme de ma vie, ce n'est pas une prédiction en forme de fausse promesse de futur à deux, mais simplement un constat se basant sur tout ce que nous avons vécu, construit, détruit ensemble. Tu crois vraiment que je pourrais avoir un jour une histoire aussi riche avec une autre ? Je n'y crois pas une seconde. Même si je dois me remarier un jour, cette relation sera fade en comparaison. Tu es la femme de ma vie, Gloria, parce que ta vie est mêlée à la mienne par des noeuds trop complexes et trop étroits. Tu es la femme de ma vie parce que je serais incapable de t'en faire sortir.
Pardonne mon silence. J'ai dû réfléchir. Je n'aurais pas pu enchaîner sur une soirée à deux comme si de rien n'était après ta dernière lettre. Je ne suis encore pas certain de le pouvoir. Mais tant pis, tu me manques bien trop. Il sera trop tard pour que tu me rejoignes lorsque tu recevras cette lettre... Si tu es libre demain, je t'attendrai.
Bouleversée par ce que cette lettre laisse affleurer de fragilité
anonymous
August 17 2011, 21:54:13 UTC
Mon amour,
Il n'y a que toi qui éprouves le besoin de faire comme si de rien n'était. Circé, est-ce que tu réalises seulement combien ça me touche que tu admettes qu'il y a des choses qui t'atteignent, Sam ?
Laisse-moi venir ce soir. Même s'il est tard. Je ne t'obligerai à rien, aucune discussion douloureuse, aucune exigence. Je serai tout ce que tu voudras : légère si tu veux rire, sensuelle si tu as envie de moi, railleuse si tu veux le récit acide des dernières soirées auxquelles j'ai croisé nos connaissances communes, silencieuse si tu as besoin de calme. Tout ce que tu voudras.
Sans veto de ta part dans les cinq minutes qui viennent, j'atterris dans ta cheminée.
Ayant tiré sa belle du sommeil d'un baiser à l'aube, avant d'éveiller tout son corps au plaisirjugson_perfidusAugust 18 2011, 06:08:49 UTC
Gloria,
Merci d'être venue hier soir. Tu es tout ce qui manquait dans mon lit, dans mes bras, pour que je passe une nuit paisible. J'ai trop pensé ces derniers jours à ce que nous avons perdu et ne retrouverons jamais... pas assez à ce que j'avais encore.
Quel homme serais-je pour ne pas savoir me contenter d'une maîtresse telle que toi ? Tu es douce et tendre comme la mère de cette famille que j'ai laissé se briser. Ce que j'ai perdu n'est pas négligeable mais ce que j'ai gagné est inestimable. Le plus important est que je puisse encore m'endormir à tes côtés comme cette nuit, en caressant tes cheveux impossiblement soyeux, en devinant l'éclat furtif de tes yeux amis dans l'obscurité, abandonnant ma tête contre ton épaule fine, et être à toi mon amour, tant que tu voudras de moi.
J'aurais tellement aimé que tu restes ce matin. J'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir insisté. Tu pourrais peut-être venir à un autre moment, cela ferait tellement plaisir à Magda. Et à son père, même si c'est un secret...
Tu dis des bêtises mon amour. Et tu en penses de pires encore. Je ne devrais pas te laisser trop réfléchir, ça ne te vaut rien. Garde cela pour tes dossiers et profitons au jour le jour de ce que nous avons.
J'ai beau savoir que ta question est rhétorique, je ne me peux pas m'empêcher de répondre en moi-même que tu es un homme de conquêtes, Sam. Il serait idiot de le nier. Tu aimes gagner plus que n'importe quoi au monde. En amour comme dans les autres domaines, le pouvoir te fascine. Rien ne te plait plus que séduire, tendre tes filets patiemment, tisser autour de ta proie une toile inviolable sans même qu'elle s'en rende compte et jubiler,enfin, lorsqu'il ne te reste plus qu'à tirer doucement sur le fil pour triompher de sa résistance éventuelle. Tu es un chasseur et rien ne changera cela. Ni moi. Ni une autre. En avoir conscience rend les choses un peu moins pénibles et je sais que si je veux le reste, je serai obligée d'accepter aussi cette facette de toi. Il y a quelques mois, j'aurais affirmé que le jeu n'en valait pas la chandelle. J'ai changé d'avis. D'autant que si je suis honnête avec moi-même, je dois bien admettre que j'ai toujours éprouvé une espèce de jubilation perverse et fascinée à te voir ainsi piéger de jeunes innocentes. Comme si savoir que tu finirais par t'en lasser et les briser soignait un peu par anticipation le mal que tu me faisais. Peut-être aussi parce qu'à chaque fois, tu tuais un peu plus la stupide gourde que j'avais été.
Trève de réflexions masaines, il serait temps que nous nous mettions au travail, Maître Jugson. Dire que si je me suis arrachée si tôt (et si difficilement !) à tes bras, c'était aussi pour cela. Pas seulement, c'est vrai. Je savais que tu essaierais me faire changer d'avis, de me faire rester j'aurais été vexée et inquiète que tu ne le fasses pas mais c'est sans espoir, amour. Je ne veux pas que Magda se fasse de fausses idées, se mette à rêver de retrouver un foyer uni composé de sa mère et de son père. Contre vous deux, je ne suis pas sûre de réussir à lutter Cela n'arrivera pas. Elle est heureuse comme tout de t'avoir un peu pour elle toute seule, elle m'a tout le reste du temps (et s'en plaint assez !). Et je ne suis pas sûre d'être capable de jouer bien longtemps la comédie des ex distants si tu es près de moi. Pas devant elle. A l'extérieur, ça m'est égal. Je trouve même cela assez drôle, pour tout dire. Mais pas devant Magda. S'il te plait, Sam. Essaie de comprendre. Je veux juste qu'on la protège de nous.
Je ne sais pas, tu sais, si je ne suis que ce séducteur invétéré que tu dépeins sans cesse. Oui j'aime séduire, c'est un fait. Et pourtant, il y a de plus en plus de cas où la tentation est balayée par la lassitude et le manque de toi. Je n'ai jamais considéré qu'un homme doive réprimer son désir, tu l'as appris à tes dépens, mais peut-être que tu peux me rendre meilleur que cela, peut-être que t'aimer peut me guérir de cette addiction qui me fait regarder toutes les jolies femmes comme des proies. Tu vas te moquer et m'accuser de faire de fausses promesses, mais c'est autre chose, c'est une envie d'être l'homme dont tu rêvais, quelqu'un qui te mérite réellement, quelqu'un qui t'adore sans faille et fasse de toi la femme la plus heureuse du monde. Et si je pouvais être meilleur, Gloria ?
Mais je ne sais pas ce que je dis, je suis d'une humeur étrange ces jour-ci. Je ne suis pas certain d'aimer le terrain que prennent nos derniers courriers. Je n'aime pas l'image que tu as de moi et je ne parviens pas à déterminer si c'est pour ce qu'elle a de faux ou ce qu'elle a de vrai.
J'ai envie de te voir. Quand je peux te toucher et te regarder et te respirer, je n'ai pas à penser au reste. Je t'aime, Gloria. Ne pouvons-nous nous en tenir à cela ?
Arrête de t'en faire, c'est trop étrange. Je n'ai pas l'habitude que tu te poses tant de questions. Je sais que tu es un séducteur impénitent. Mais je sais aussi que tu peux te montrer tendre et attentionné et déraisonnablement généreux.
Et puis zut ! De toute façon, je me moque de tout cela. L'homme dont je rêvais, il n'existe pas. Ce n'était que des chimères d'enfant gâtée. Tu m'as endurcie, Sam. Je ne crois plus au bonheur perpétuel. Mais débarrassée de cette quête stérile, je ne profite que mieux des moments heureux. Laissons là les réflexions trop compliquées et contentons-nous d'en créer de nouveaux ?
Je ne peux pas m'échapper tout de suite sans risquer la catastrophe diplomatique mais si tu en as envie, je pourrais me glisser dans ton lit sans bruit au beau milieu de la nuit. Ou si tu préfères, je pourrais me montrer affreusement peu discrète puis extrêmement entreprenante (je blâmerai les cocktails !) ou au contraire délicieusement repentante... Dis-moi ce que tu veux de moi, mon amour. Laisse-moi être celle que tu veux.
Il est plus que temps que je me glisse dans ma robe. Envoie-moi un hibou, il saura bien me trouver.
Lettre à l'écriture parfaitement maîtrisée, où Sam prend Gloria au mot (le 19 au soir)jugson_perfidusAugust 20 2011, 20:55:27 UTC
Gloria,
Tu es une mauvaise fille. Tu ne me laisses pas te dire ce que tu dois penser ou croire et je n'aime pas cela. Je vais devoir te montrer qui est ton maître.
Tu vas venir ici et tu vas te dévêtir pour moi. Tu vas me laisser tourner autour de toi comme un prédateur et te toucher comme j'en ai envie. Et si tu résistes, tu devras en subir les conséquences.
Sam,
Journée trop courte... Et que nous avons pourtant prolongée au-delà du raisonnable : je suis arrivée avec un retard des plus suspects. Tu fais de moi une mère indigne... Et avant que tu fasse mine d'être content de toi, non, tu n'es pas un meilleur père ! J'ai prétexté une conférence par cheminette plus longue que prévue pour expliquer le contretemps (heureusement que j'avais eu le temps de me recoiffer et de mettre un peu d'ordre dans ma tenue !). Je deviens une menteuse hors pair à ton contact... J'espère que tu es fier de toi.
Tu sais ce qui est le plus drôle ? Magda était très fière de m'annoncer qu'elle avait préparé le dessert elle-même. Elle n'a pas compris pourquoi l'annonce de la "meilleure mousse au chocolat de toute la Terre" me faisait sourire. Et je me suis bien gardée de lui expliquer que le chocolat n'aura jamais meilleur goût qu'à même tes lèvres. Circé me vienne en aide pour que je réussisse à écarter les images terriblement peu convenables de la journée lorsque j'y goûterai (à son dessert, pas à ta bouche, idiot. Dans ce second cas, je ne cherche même pas à dissimuler les idées osées qui m'animent).
Je t'embrasse. Sans chocolat pour ne pas être tentée d'y revenir.
Gloria
PS : J'aurais du mal à expliquer que mes goûts vestimentaires se dégradent soudain à ce point mais si tu trouves une autre idée offrant ce genre de sensations. J'ai peur que cette fantaisie ne me soit donc pas permise.
Si tu réalisais combien te rendre fou s'avère délicieusement excitant enivrant, tu comprendrais que je ne puisse pas si facilement y renoncer. Et tu ne m'en voudrais même pas.
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Tu sais combien j'aime cette petite fille que nous avons mise au monde, mais par tous les diables, elle est épuisante. C'est un peu de ma faute. Samedi, j'ai insisté pour qu'elle me demande chaque fois qu'elle ne connaît pas un mot en anglais, en me fâchant un peu parce qu'elle est censée avoir une passion pour les chevaux et elle ne sait même pas comment se dit un étrier. Depuis, elle me pose des questions sans arrêt. Je ne vais pas la décourager, elle va certainement progresser puisque cela nous permet d'avoir de véritables conversations dans la langue de Shakespeare, mais elle semble le prendre comme un jeu et m'a posé des questions sur toutes les légendes de tous les tableaux que je l'ai emmenée voir à la National Gallery. Je crois que tu avais raison : les musées, ce n'est pas une façon d'occuper une petite fille en été.
Hier elle a commencé ce stage de cirque dont je te parlais. Elle espère apprendre à se tenir debout sur un cheval en marche. De préférence sur un seul pied. Je connais des gens bien qui emmènent leurs enfants à cette formation, alors je ne m'inquiète pas, mais cela me semble tout de même peu aisé sans la magie... Quoi qu'il en soit, je l'y laisse une heure et demie en début d'après-midi et cela me permet de m'occuper de ma paperasse et de quelques dossiers peu urgents.
Bien sûr, si tu décidais de faire un tour à Londres lors de ta pause déjeuner, je serais prêt à sacrifier cette heure de dur labeur pour le plaisir de ta compagnie... Ou mieux encore, tu pourrais peut-être me rejoindre un soir ? Magda est couchée à 22h et je me suis assuré qu'un elfe veille au moindre de ses besoins. Je m'ennuie de ta peau douce et parfumée, de ton corps familier que je devine dans l'obscurité. Et je n'arrête pas de repenser à vendredi. Dire que je ne tolérais même pas de rester nu en journée il n'y a encore pas si longtemps.
Rejoins-moi ma belle, tu me manques terriblement.
Sam
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Je te trouve bien culotté de parler de l'enfant que "nous" avons mis au monde... Dans mon souvenir (brumeux, certes), j'ai tout de même assuré l'essentiel de la tâche. Tu sais, je me suis toujours demandé sans jamais oser te poser la question ce que tu faisais pendant ce temps là. Tu usais jusqu'à la corde les tapis du grand salon en faisant les cent pas ? Tu éclusais tout le xerès de la propriété avec mon père pour tuer le temps ? Tu prenais du bon temps dans d'autres bras ? Tu guettais derrière la porte ? Circé, dis-moi que non. Je me rappelle trop bien la douleur et les cris sans retenue, honteux. Tu restais d'un calme olympien, le nez dans un dossier, en attendant que l'on vienne t'annoncer la naissance de "ton fils" ? Te rappelles-tu seulement ?
Enfin, peu importe le passé... J'avoue que je ne peux pas m'empêcher de rire en te voyant découvrir aujourd'hui combien une petite fille de neuf ans peut s'avérer pleine de vie (traduction consensuelle du qualificatif "épuisante"). C'est bien que vous optiez pour l'anglais dans vos conversations, le mien est loin d'être parfait (par ta faute : l'espagnol sied bien mieux à notre tempérament et à nos échanges) et elle a besoin de s'exercer, je le reconnais volontiers.
Quant à ta suggestion de passer te voir à l'heure du déjeuner (enfin, l'heure du déjeuner espagnole...), j'y réfléchis très sérieusement : il faut sans doute que je te fasse un million de recommandations à propos de cette activité douteuse à laquelle tu as inscrit notre fille. Tu es sûr qu'elle ne risque rien ? Tu sais ce qu'elle fait vraiment à part se rêver écuyère ? Peut-être que je devrais aussi te rappeler que 22h est une heure de coucher déraisonnablement tardive pour une enfant de son âge.
Je crois que nous devrions définitivement avoir une petite conversation. Demain midi ?
Je pense te laisser exactement une heure pour me convaincre de revenir plus longuement... En laissant ton bureau entre nous.
Joueuse
Extrêmement préoccupée par la sécurité de Magda,
Gloria
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C'est bien la première fois que je te vois t'interroger sur mes occupations lors de la naissance de Magda. J'ai fait ce que tout homme censé aurait fait dans ces circonstances : ne pouvant rien faire pour t'aider, je me suis plongé dans le travail pour ne pas penser à ce qui était en train d'arriver. Je ne parlerais pas de calme "olympien", mais nécessaire. Tu allais avoir besoin d'un roc auquel te raccrocher et j'étais prêt pour ce rôle. Dès que l'accoucheuse m'a annoncé que tu étais visible je suis venu veiller sur toi. J'étais là à ton réveil avec un dossier sur les genoux et je t'ai amené notre petite crevette lorsque tu as ouvert les yeux. Tu t'es excusée que ce ne soit pas un garçon et je t'ai embrassée sur le front en répondant qu'on aurait tout le temps d'en faire d'autres.
Mais Magda a accaparé toute notre attention et le temps qu'il soit envisageable d'en faire un second, les choses avaient commencé à tourner mal... J'ai regretté par la suite. Je me suis dit que si je t'avais donné un deuxième enfant du temps de notre mariage, tu aurais peut-être pensé que je valais encore quelque chose comme compagnon. Je ne pensais pas que tu ferais une bonne mère quand je t'ai épousée, mais force est de constater que tu t'en es bien occupée, de cette petite fille.
Je vous aime terriblement, toutes les deux, tu le sais ? Ce que nous partageons toi et moi m'est précieux, mais cela ne me permettra jamais de vous serrer toutes les deux dans mes bras. Je ne supporte pas l'idée qu'on ne soit plus une famille, je ne m'en suis jamais remis, je ne m'en remettrai jamais.
Je t'aime, Gloria.
Navré pour ce moment de nostalgie, mais tu l'as un peu provoqué. Me feras-tu le plaisir de venir me rejoindre vers 14 heures ? Nous pourrons déjeuner ensemble puisque tu sembles décidée à ce que nous restions sages, cela me donnera de quoi occuper mes mains autrement. Je dirai à Magda que je n'ai pas faim ce midi.
Mais ce déjeuner ne devra pas durer au-delà de 15 heures : j'ai bien noté qu'il me resterait une demi-heure pour te convaincre sans bureau entre nous... Je me vois déjà à genou entre tes cuisses, prêt à t'arracher un "oui"
Tout prêt à te réconforter quant à la sécurité de notre progéniture et le reste,
Sam
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Ce n'est pas la première fois que je m'interroge mais c'est la première fois que j'ose formuler mes interrogations ouvertement. A la naissance de Magda et même durant les années qui ont suivi, j'étais bien trop disciplinée, bien trop soumise, pour oser te poser ce genre de question. Cela aurait semblé indécent ou incorrect à la gourde sage d'alors. Impensable de te demander de rendre compte de ton emploi du temps... Et ensuite, je n'ai plus voulu savoir, parfois parce que je ne voulais plus me rappeler l'homme prévenant que tu avais un temps été, parfois, au contraire, parce que j'avais peur de découvrir que cet homme prévenant n'avait jamais existé et qu'alors, déjà, tu n'avais pour moi que mépris ou indifférence.
Aujourd'hui, je veux me convaincre que tu ne peux plus me faire mal. Quoi que j'apprenne, ce ne sera jamais pire que ce que j'ai pu parfois imaginer je crois.
Un second enfant n'aurait rien changé, tu sais. Ca aurait même probablement accéléré les choses. Tant de mois à n'être que mère sans guère d'attention pour toi... Tu te serais éloigné encore plus vite de ce domicile conjugal que tu désertais déjà largement. Nos relations se seraient détériorées plus vite encore et je serais partie quand-même. Tu n'aurais peut-être même pas eu l'occasion de connaitre vraiment ce deuxième enfant. Les choses sont sans doute mieux ainsi.
Tu m'en veux de cette franchise ? Je me dis que cette lettre est aussi boiteuse que notre relation : un mélange de regrets amers, de nostalgie douloureuse et d'un présent nettement plus bouillonnant... Revenons au présent...
Je serai là à 14h, range ton Cerbère dans sa niche !
Cependant, Fourbe Maître Jugson, je vois bien que vous tentez d'infléchir les conditions de notre entrevue : je vous ai laissé une heure pour me convaincre, sans poser un doigt sur moi, de revenir. Si, à l'issue de ladite heure, je ne suis pas conquise par vos seuls mots, je m'échappe sans espoir de retour. En revanche si vous faisiez preuve de talent pour affoler mon corps et mon esprit, je pourrais me montrer faible et, outre la promesse d'une visite nocturne, vous accorder toute jouissance de ma personne pour cette fameuse demi-heure restante...
Intraitable,
Gloria
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Tu m'obliges à te conquérir encore et encore et le pire c'est que j'adore cela. L'infime mouvement de tes genoux qui trahit ton envie de te laisser attraper, l'écartement de tes lèvres autour d'un souffle inaudible qui vient frôler les miennes, ma main dans tes cheveux et je peux te dire mienne l'espace d'une demi-heure volée. Je suis obligé d'admettre que tu n'as jamais su si bien entretenir mon obsession. Est-ce que tu regrettes toi aussi ce que nous avons dû sacrifier pour finalement en arriver là ?
Rejoins-moi ce soir. Je veux te garder toute la nuit.
Sam
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Je ne suis même pas sûre de savoir à quoi tu fais allusion lorsque tu parles de ce que nous avons dû sacrifier. Tu crois vraiment qu'il restait quelque chose de nous à sauver lorsque j'ai pris la décision de te quitter ? Qu'est-ce que j'aurais dû Peut-être que je regrette un peu les premiers temps de notre mariage, l'homme qui m'émerveillait et faisait de moi cette chose précieuse et enviée. Mais tout cela était mort bien avant notre divorce, Sam, tu le sais bien.
Désormais, tant que tu me voudras, tu seras condamné à me séduire. Encore. Toujours. Pas conquérir, mon amour. Plus jamais. Parce qu'une fois conquise, je perdrai tout intérêt, une nouvelle fois, et tu iras conquérir ailleurs, ne laissant de moi qu'une coquille vide et amère. Je ne serai plus jamais à toi. Ou seulement pour un instant, parce que tu m'auras donné envie de l'être.
Pour cette seule liberté, je ne peux pas regretter ce qui n'est plus.
Je sais que ce n'est pas ce que tu voudrais. Il est même possible que tu sois contrarié ? En colère ? Malheureux ? Je ne sais jamais vraiment avec certitude ce qui t'atteint. Et tu le seras plus encore lorsque je déclinerai ton offre. La feria de Málaga débute aujourd'hui et on fête également la Virgen de los Reyes lundi : je croule sous les invitations que je ne peux guère décliner sans faire d'impair. Tu connais nos obligations comme moi.
Ne m'en veux pas, amour. J'ai promis de te laisser me voler une nuit, je saurai en sus me faire pardonner de devoir te faire patienter. Je suis sûre que tu sauras trouver dans la perspective de m'avoir à ta merci de quoi nourrir ta patience. Tu as quelques jours pour réfléchir à ce que tu veux de moi. Je me plierai à tes désirs sans trop me faire prier.
Prends soin de Magda, répète-lui que je l'aime et que je pense à elle. Et peut-être un peu à toi aussi.
Gloria
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Je suppose que j'ai toujours cru à tort qu'avec de l'argent, de la puissance et de la jugeote, je pourrais avoir tout ce que je voulais. Pourquoi est-ce que la femme de ma vie ne peut pas être en même temps la mère de ma famille, je ne le comprends pas moi-même. Peut-être que les choses ont suffisamment changé pour que ce soit possible, tu ne crois pas ? Certes, nous aurions du mal à offrir à Magda un environnement complètement stable, mais peut-être qu'en la protégeant de nos querelles, elle serait tout de même plus heureuse. Mes deux amours... Est-ce de la cupidité que de vous vouloir toutes les deux avec moi ?
Je veux que tu saches que je n'ai voulu aucune autre femme depuis... je ne sais plus depuis quand. Je ne peux m'empêcher d'espérer qu'il en va de même pour toi - s'il te plaît, ne me détrompe pas.
Je voudrais maintenant que tu songes à la torture que ton absence me fait subir. Et que tu conviennes avec moi qu'il est impossible que je me passe de toi jusqu'à la semaine prochaine. Viens, s'il te plaît. Après une de tes soirées, cela m'est égal s'il est tard. Viens.
Ton ex-époux éperdu,
Sam
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Si tu t'étais rendu compte à l'époque que la mère de ta famille pouvait être la "femme de ta vie" (pardonne les guillemets mais c'est une formule que j'ai vraiment du mal à envisager te concernant et me concernant plus encore), cela aurait peut-être pu fonctionner. Aujourd'hui, ce sont des mots qui sonnent creux. Je n'y crois plus.
Et puisque les deux ne sont pas conciliables, je me préfère dans le rôle de la maîtresse, cette garce qui te prive de ton fantasme de famille unie, plutôt que dans celui de la mère de cette famille, humiliée et méprisée.
Je ne veux pas d'une vie dans laquelle je me lèverai chaque matin en me demandant à quel moment la parenthèse enchantée va se terminer en me détruisant au passage. J'ai mis trop longtemps à trouver un semblant d'équilibre après t'avoir écarté pour rebattre les cartes et m'enchaîner à nouveau à toi, Sam. J'ai eu trop mal. Il n'y a pas si longtemps encore. As-tu déjà tiré un trait, rangé dans une case les évènements du printemps ? Moi, je ne peux pas.
Je t'en supplie, ne me dis pas que c'est le passé, que tout va changer... Soit tu n'y croirais pas toi-même et tu chercherais encore une fois à me manipuler, soit tu y croirais et force serait alors de constater que je te connais mieux que tu ne te connais toi-même. Je ne sais pas ce qui serait le pire.
Essaie de ne pas trop m'en vouloir. On ne peut jamais tout avoir. Même avec tous les atouts dont tu disposes (et Circé m'est témoin qu'ils sont bien trop nombreux pour ma tranquillité de corps et d'esprit), tu ne peux rien contre ça.
Je suis désolée de ne pas pouvoir combler tes attentes, mon amour. Pardon. Laisse-moi venir demain soir.
Je ne veux que toi. même si aux Iles Vierge, il y a quelques semaines... J'étais tellement en colère. Et il était si attentionné... Ne pense pas aux autres autre chose.
Je t'aime, Sam. Même si c'est compliqué.
Gloria
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Je n'ai pas oublié ce qu'il s'est passé au printemps. Ni avant. Nous nous sommes fait beaucoup de mal, Gloria. Principalement par ma faute. Et nous nous en ferons encore.
Pourtant je ne veux pas reculer. J'aimerais que tu comprennes que si je t'appelle la femme de ma vie, ce n'est pas une prédiction en forme de fausse promesse de futur à deux, mais simplement un constat se basant sur tout ce que nous avons vécu, construit, détruit ensemble. Tu crois vraiment que je pourrais avoir un jour une histoire aussi riche avec une autre ? Je n'y crois pas une seconde. Même si je dois me remarier un jour, cette relation sera fade en comparaison. Tu es la femme de ma vie, Gloria, parce que ta vie est mêlée à la mienne par des noeuds trop complexes et trop étroits. Tu es la femme de ma vie parce que je serais incapable de t'en faire sortir.
Pardonne mon silence. J'ai dû réfléchir. Je n'aurais pas pu enchaîner sur une soirée à deux comme si de rien n'était après ta dernière lettre. Je ne suis encore pas certain de le pouvoir. Mais tant pis, tu me manques bien trop. Il sera trop tard pour que tu me rejoignes lorsque tu recevras cette lettre... Si tu es libre demain, je t'attendrai.
Sam
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Il n'y a que toi qui éprouves le besoin de faire comme si de rien n'était. Circé, est-ce que tu réalises seulement combien ça me touche que tu admettes qu'il y a des choses qui t'atteignent, Sam ?
Laisse-moi venir ce soir. Même s'il est tard. Je ne t'obligerai à rien, aucune discussion douloureuse, aucune exigence. Je serai tout ce que tu voudras : légère si tu veux rire, sensuelle si tu as envie de moi, railleuse si tu veux le récit acide des dernières soirées auxquelles j'ai croisé nos connaissances communes, silencieuse si tu as besoin de calme.
Tout ce que tu voudras.
Sans veto de ta part dans les cinq minutes qui viennent, j'atterris dans ta cheminée.
Gloria
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Merci d'être venue hier soir. Tu es tout ce qui manquait dans mon lit, dans mes bras, pour que je passe une nuit paisible. J'ai trop pensé ces derniers jours à ce que nous avons perdu et ne retrouverons jamais... pas assez à ce que j'avais encore.
Quel homme serais-je pour ne pas savoir me contenter d'une maîtresse telle que toi ? Tu es douce et tendre comme la mère de cette famille que j'ai laissé se briser. Ce que j'ai perdu n'est pas négligeable mais ce que j'ai gagné est inestimable. Le plus important est que je puisse encore m'endormir à tes côtés comme cette nuit, en caressant tes cheveux impossiblement soyeux, en devinant l'éclat furtif de tes yeux amis dans l'obscurité, abandonnant ma tête contre ton épaule fine, et être à toi mon amour, tant que tu voudras de moi.
J'aurais tellement aimé que tu restes ce matin. J'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir insisté. Tu pourrais peut-être venir à un autre moment, cela ferait tellement plaisir à Magda. Et à son père, même si c'est un secret...
Sam
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Sam,
Tu dis des bêtises mon amour. Et tu en penses de pires encore. Je ne devrais pas te laisser trop réfléchir, ça ne te vaut rien. Garde cela pour tes dossiers et profitons au jour le jour de ce que nous avons.
J'ai beau savoir que ta question est rhétorique, je ne me peux pas m'empêcher de répondre en moi-même que tu es un homme de conquêtes, Sam. Il serait idiot de le nier. Tu aimes gagner plus que n'importe quoi au monde. En amour comme dans les autres domaines, le pouvoir te fascine. Rien ne te plait plus que séduire, tendre tes filets patiemment, tisser autour de ta proie une toile inviolable sans même qu'elle s'en rende compte et jubiler,enfin, lorsqu'il ne te reste plus qu'à tirer doucement sur le fil pour triompher de sa résistance éventuelle. Tu es un chasseur et rien ne changera cela. Ni moi. Ni une autre. En avoir conscience rend les choses un peu moins pénibles et je sais que si je veux le reste, je serai obligée d'accepter aussi cette facette de toi. Il y a quelques mois, j'aurais affirmé que le jeu n'en valait pas la chandelle. J'ai changé d'avis.
D'autant que si je suis honnête avec moi-même, je dois bien admettre que j'ai toujours éprouvé une espèce de jubilation perverse et fascinée à te voir ainsi piéger de jeunes innocentes. Comme si savoir que tu finirais par t'en lasser et les briser soignait un peu par anticipation le mal que tu me faisais. Peut-être aussi parce qu'à chaque fois, tu tuais un peu plus la stupide gourde que j'avais été.
Trève de réflexions masaines, il serait temps que nous nous mettions au travail, Maître Jugson. Dire que si je me suis arrachée si tôt (et si difficilement !) à tes bras, c'était aussi pour cela. Pas seulement, c'est vrai. Je savais que tu essaierais me faire changer d'avis, de me faire rester j'aurais été vexée et inquiète que tu ne le fasses pas mais c'est sans espoir, amour. Je ne veux pas que Magda se fasse de fausses idées, se mette à rêver de retrouver un foyer uni composé de sa mère et de son père. Contre vous deux, je ne suis pas sûre de réussir à lutter Cela n'arrivera pas.
Elle est heureuse comme tout de t'avoir un peu pour elle toute seule, elle m'a tout le reste du temps (et s'en plaint assez !). Et je ne suis pas sûre d'être capable de jouer bien longtemps la comédie des ex distants si tu es près de moi. Pas devant elle. A l'extérieur, ça m'est égal. Je trouve même cela assez drôle, pour tout dire. Mais pas devant Magda. S'il te plait, Sam. Essaie de comprendre. Je veux juste qu'on la protège de nous.
Gloria
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Je ne sais pas, tu sais, si je ne suis que ce séducteur invétéré que tu dépeins sans cesse. Oui j'aime séduire, c'est un fait. Et pourtant, il y a de plus en plus de cas où la tentation est balayée par la lassitude et le manque de toi. Je n'ai jamais considéré qu'un homme doive réprimer son désir, tu l'as appris à tes dépens, mais peut-être que tu peux me rendre meilleur que cela, peut-être que t'aimer peut me guérir de cette addiction qui me fait regarder toutes les jolies femmes comme des proies. Tu vas te moquer et m'accuser de faire de fausses promesses, mais c'est autre chose, c'est une envie d'être l'homme dont tu rêvais, quelqu'un qui te mérite réellement, quelqu'un qui t'adore sans faille et fasse de toi la femme la plus heureuse du monde. Et si je pouvais être meilleur, Gloria ?
Mais je ne sais pas ce que je dis, je suis d'une humeur étrange ces jour-ci. Je ne suis pas certain d'aimer le terrain que prennent nos derniers courriers. Je n'aime pas l'image que tu as de moi et je ne parviens pas à déterminer si c'est pour ce qu'elle a de faux ou ce qu'elle a de vrai.
J'ai envie de te voir. Quand je peux te toucher et te regarder et te respirer, je n'ai pas à penser au reste. Je t'aime, Gloria. Ne pouvons-nous nous en tenir à cela ?
Sam
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Arrête de t'en faire, c'est trop étrange. Je n'ai pas l'habitude que tu te poses tant de questions. Je sais que tu es un séducteur impénitent. Mais je sais aussi que tu peux te montrer tendre et attentionné et déraisonnablement généreux.
Et puis zut ! De toute façon, je me moque de tout cela. L'homme dont je rêvais, il n'existe pas. Ce n'était que des chimères d'enfant gâtée. Tu m'as endurcie, Sam. Je ne crois plus au bonheur perpétuel. Mais débarrassée de cette quête stérile, je ne profite que mieux des moments heureux. Laissons là les réflexions trop compliquées et contentons-nous d'en créer de nouveaux ?
Je ne peux pas m'échapper tout de suite sans risquer la catastrophe diplomatique mais si tu en as envie, je pourrais me glisser dans ton lit sans bruit au beau milieu de la nuit. Ou si tu préfères, je pourrais me montrer affreusement peu discrète puis extrêmement entreprenante (je blâmerai les cocktails !) ou au contraire délicieusement repentante... Dis-moi ce que tu veux de moi, mon amour. Laisse-moi être celle que tu veux.
Il est plus que temps que je me glisse dans ma robe. Envoie-moi un hibou, il saura bien me trouver.
A tout à l'heure ?
Gloria
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Tu es une mauvaise fille. Tu ne me laisses pas te dire ce que tu dois penser ou croire et je n'aime pas cela. Je vais devoir te montrer qui est ton maître.
Tu vas venir ici et tu vas te dévêtir pour moi. Tu vas me laisser tourner autour de toi comme un prédateur et te toucher comme j'en ai envie. Et si tu résistes, tu devras en subir les conséquences.
Viens. Je t'attendrai.
Sam
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