37. Voir

Oct 07, 2013 23:19


Il ouvrit les yeux, subitement. Michael se releva tout aussi brusquement et observa la pièce autour de lui. L'ouverture de la porte du toit était son dernier souvenir. Ensuite, une lumière aveuglante avait empli l'espace et il se réveillait là. Sur un sol en marbre étincelant, carrelé de noir et blanc, d'une froideur semblable à la glace. Il leva son regard, cru regarder le ciel. Le plafond était trop haut pour être perceptible et y pullulait d'innombrables étoiles et lunes de cristal.

"... Le paradis... ?
- Non, l'orphelinat. Bienvenue."

L'homme sursauta, surpris par la voix inconnue. Un être androgyne se tenait là, vétu de blanc. Ses cheveux, de la même couleur que sa tenue, cascadaient sur son dos en toute liberté. Regard serein, port de tête royal, mais la moitié de son visage était caché.

"Quoi ?
- Venez, il sera bien plus agréable de discuter autour d'une tasse."

Prenant la main de la créature, Michael se releva et la suivie. Malgré sa tête de plus, l'homme se faisait tout petit tellement l'aura de l'androgyne rayonnait et imposait le respect. Durant leur marche jusqu'au jardin, il pu observer les alentours à loisir : les murs semblaient du même marbre blanc que le sol, diaphanes, parsemé de détails d'or qui rendait l'ensemble, loin d'être vulgaire, très élégant.

Ils traversèrent un long couloir, passant devant un escalier sans le prendre, arrivèrent devant trois portes. La créature ouvrit celle du milieu, qui donnait sur un jardin intérieur. La véranda laissait passer la lumière de la lune, secondée de nombreuses lanternes, qui éclairait un grand chêne rouvre au centre de la pièce. Une table et deux chaises en fer forgé blanc se trouvait à ses pieds; sur cette dernière se trouvait une théière et deux tasses. Michael eu la désagréable sensation qu'on était au courant de sa venue et qu'on l'attendait.

"Asseyez-vous, je vous en pris."

Conformément à ce qu'on lui demandait, l'homme s'assit, mal à l'aise. L'inconnue lui proposa une tasse de thé, qu'il refuse, et attendu en silence que l'autre se servit et parle. La conversation ne venant pas, il décida de l'entamer:

"Où somme-nous ?
- A l'orphelinat.
- Mais encore ? Aux dernières nouvelles, j'étais coincé dans un lycée rempli de malades mentaux, à essayer de déméler les histoires des uns et des-"

La créature ne l'écoutait visiblement pas. Une jeune enfant entra alors dans la pièce, déposa une assiette pleine de biscuits, et s'en alla après que l'inconnu l'ai remercié. De nouveau, un long silence s'installa.

"... L'orphelinat a été crée pour les enfants comme elle. Les porteurs de lumière. Qu'ils puissent murir à l'ombre, tant que la dictature actuelle persistera, puis prendre position le moment venu. Vous n'avez rien à faire ici. Retournez dans votre coma."

Stupeur.

"Pardon ?
- Vous m'avez bien entendu. Vous n'êtes pas ici chez vous. Votre monde est bien loin... Pourtant vous rendormir suffirait à vous y ramener.
- Mai
- Dans votre univers, vous oscillez entre la vie et la mort depuis plusieurs mois, voir années. Ce lycée n'était que vous même, votre fuite aurait du vous ramener chez vous, mais le hasard vous a emmené ici. Je le répète, vous ne pouvez pas rester. Pensez à vos proches.
- Je n'en ai pas.
- Bien sûr que si. Vous les avez oublié, et ce n'est pas un mal, ça fait tellement longtemps... Mais ils vous attendent encore. Restez ici et vous les perdrez à jamais.
- ... Je ne peux pas.
- Comment ça ?
- Je ne peux pas dormir. Depuis le début de mon cauchemar, je n'ai pu fermer l'oeil, et ne suis pas fatigué. Vous avez l'air d'être au courant de pas mal de choses, dites moi quoi faire."

L'androgyne était contrarié, ça se voyait. Ses traits s'étaient durcis, envolé la sérénité de son visage. Ses mains, crispés sur sa tasse, avaient même l'air de trembler légèrement.

"... Je ne sais pas...
- Comment ?
- Je ne saurais vous ramener chez vous. Je suis un observateur, je peux vous indiquer la voie à suivre mais pas l'arpenter avec vous...
- ...
- ... Restez avec nous tant qu'il le faudra. Vous êtes notre invité tant que vous ne saurez rentrer chez vous. Avec un peu de chance, l'un des enfants aura l'intuition nécessaire pour vous ramener.
- Vous ne pouvez pas? Vous n'êtes pas un... Comment déjà...
- Porteur de lumière. Non. Comme je vous l'ai dit, j'observe, je guide, mais ne peux pas intervenir directement.
- ... Très bien."

La discussion était close. L'androgyne se leva et Michael ne pu que le suivre, résigné. Il passerait les temps à venir dans ce curieux palais, environné de ces fameux "porteurs de lumière". Qui sait ce que cela pouvait bien vouloir dire. Perdu dans ses pensées, il ne s'aperçut pas que la marche s'était arrêtée devant une grande porte de bois.

"Vous pouvez vous installer ici. Il y a de quoi vous rafraichir, un enfant vous emménera des vêtements de rechange. Il y a aussi un lit, mais je ne suis pas sûr que vous en ayez réellement besoin... N'hésitez pas à demander quoi que ce soit.
- Merci. ... Dites...
- Oui ?
- ... Comment vous appelez-vous ?
- Les enfants m'appellent Dolly."

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