[Fic] Séduction à l'aveugle 2, Among Us, Imposteur/Equipier [d'Element Déclencheur à Sainte-Fabeau]

Aug 13, 2023 18:01

Titre : Séduction à l'aveugle (Partie 2)
Auteur : Élément déclencheur (Participant.e 12)
Pour : Sainte-Fabeau (Participant.e 8)
Fandom : Among Us
Persos/Couple : Imposteur(/)Équipier
Rating : M (violence, contenu à caractère sexuel)
Disclaimer : Among Us est un jeu vidéo édité et développé par Innersloth
Prompt : Imposteur(/)Équipier + Identité (pas si) secrète. Un Imposteur et un Équipier se rapprochent (soit en couple soit en amitié) mais l’Imposteur essaie toujours de se faire passer pour un membre de l’équipage, y compris auprès de son/sa partenaire. Seulement le secret devient difficile à garder… Peut avoir un ton comico-horrifique ou totalement sérieux, à toi de voir, et de faire une fin heureuse, ouverte ou tragique. Le genre des personnages n’est pas fixé, amuse-toi avec ! Bonus : Si les autres Imposteurs s’en mêlent, soit pour donner des conseils totalement foireux, soit pour tenter de tuer le partenaire équipier. Mon amour éternel et infini si : L’équipier était depuis tout ce temps parfaitement au courant que son compagnon/sa compagne était un imposteur et cherche à le couvrir ou à lui annoncer la nouvelle.
Notes : Bon, j'admets avoir pris quelques libertés avec le prompt, en m'inspirant d'un autre fandom (Mo dao zu shi) et en rajoutant du petit worldbuilding, j'espère que ce sera sympa à lire quand même...



Le front en sueur, Noir tenta de s’essuyer, avant de se rappeler qu’il portrait son casque. Il le retira dans un soupir de soulagement.
• Est-ce que ça va aller ?, demanda Violet qui était en train de nettoyer les filtres d’oxygène.
• Ça va, marmonna Noir en retirant ses gants plein de terre.
A ses pieds, les plantations de tomates avaient meilleures allures qu’à son arrivée. Il avait redressé leurs tuteurs, raccrochées certaines branches qui s’étaient détachées, et il avait arrosé et râtissé. Les autres plants un peu plus loin, de différents fruits et légumes lui étant inconnus, avaient chacun reçu des soins spécifiques - Noir s’était aidé des manuels évidemment. Il n’avait pas un don inné avec les plantes, simplement il aimait ce type de travail manuel qui demandait de l’endurance mais également de la rigueur.
La porte d’entrée s’ouvrit dans un chuintement, et deux silhouettes apparurent. Il se redressa et vînt vers elles tandis que Violet commentait : 
• Qu’est-ce que vous faites là ?
• On fait ce qu’on veut, rétorqua Rouge. On avait envie de voir un peu de verdure, c’est tout.
Le “on” mit Noir mal à l’aise. Il observa Blanc, qui gardait un air neutre, presque poli, jusqu’à ce qu’il semble sentir le poids de son regard et réagisse à son tour :
• Oui. J’avais très envie d’y jeter un œil.
Rouge comprit la blague, et sous le regard incrédule de Noir, il éclata d’un rire tout aussi surpris.
• T’es juste pas croyable, s’exclama Rouge en lui tapant dans le dos, fort.
Blanc fut secoué par l’impact mais sourit.
Noir le repoussa, assez brusquement, regrettant immédiatement le contact mais incapable de s’en empêcher. Les yeux de Rouge s’élargirent, avant de se réduire à deux fentes meurtrières et il feula de rage.
Violet s’empara de la main de Blanc : 
• Viens admirer les orotibacées, elles sont fascinantes. Elles viennent de ma planète !
Blanc, qui ne pouvait pas les voir, les toucha du bout des doigts.
• Fais attention, avertit Violet. Elles ont des piquants.
• De quelle couleurs sont-elles ?, interrogea Blanc avec curiosité en effleurant les tiges tordues avec circonspection.
• Les tiges sont noires, avec des striures vert sombre. Les picots sont violets, et dans la nature elles sont venimeuses, mais ici elles ont génétiquement modifiées donc tu ne crains rien. Les fleurs sont violettes également, pour tromper l’ennemi et faire croire qu’elles sont elles aussi venimeuses. Mais vers le centre, elles se dégradent vers des couleurs de plus en plus claires, jusqu’au blanc.
• Je…eh bien, à défaut de voir, je visualise. Merci, dit doucement Blanc.
Violet lui sourit, et Rouge comme Noir cessèrent de se disputer dans le fond pour les rejoindre, sentant l’un et l’autre un drôle de pressentiment.
• Merci à toi d’être venu, déclara Violet. J’adore les plantes, mais malheureusement peu de personne ici ne semble s’y intéresser. Cela me fait plaisir de partager cela avec quelqu’un.
• Tu étais avec Noir, c’est ton binôme non ? Peut-être est-ce l’occasion de partager cette passion avec lui, proposa Blanc en souriant gentiment, dépourvu d’arrière-pensée.
• Oh heu…eh bien…
• C’est quoi ce truc super moche ? Hey Blanc, ne touche pas ça, ça a l’air venimeux !, s’exclama Rouge en saisissant vivement le poignet de Blanc pour l’écarter de la plante.
Noir pinça les lèvres tandis que Violet protestait : 
• Il n’y a aucun danger !
• C’est ça oui ! Exactement ce que dirait un imposteur pour se débarrasser d’un membre d’équipage, persifla Rouge avec ironie.
• Ça suffit !, coupa Noir en haussant le ton.
• Sinon quoi ?, gronda Rouge, menaçant.
• Tu ne sais donc faire que ça ?, s’énerva Noir. Semer le chaos et la discorde où que tu passes ?
• Non, je sais aussi m’occuper de Xiao et faire toutes sortes de choses qui lui plaisent, ricana Rouge.
Noir le saisit par le col et Rouge brandit son couteau, mais Blanc se plaça entre eux et la lame tranperça sa combinaison, le blessant à l’épaule. Le jeune homme poussa un cri de douleur.
Noir repoussa violemment Rouge pour voir comment allait Blanc, les mains posées sur lui, sur son bras, sur sa joue.
Rouge, déconfit, rugit : 
• Idiot ! Pourquoi tu t’es mis en travers !?
Et il ne laissa pas le temps à Blanc de répondre, il s’enfuit en courant, un noeud étroit dans la gorge, tandis que Violet tirait la trousse de premier secours d’un placard, s’empressant d’effectuer les premiers soins. 
• Il faut qu’on déclenche l’alarme, déclara Noir.
• Je suis d’accord, ajouta Violet.
Blanc retînt Noir : 
• Non ! Je sais qu’il a mal agi, mais si nous déclenchons l’alarme, il risque d’être accusé…
• Et tu penses qu’il ne le mérite pas ?, s’exclama Noir. Même après ce qu’il vient de se passer ?
Blanc secoua la tête : 
• Il n’a fait que se défendre. C’est toi qui en est venu aux mains, pas lui.
A cela, Noir ne sut que répondre. En effet, même si ça le peinait de devoir l’admettre, il était responsable de cette agression. Du moins en partie.
Violet s’éloigna pour leurs laisser un peu d’intimité.
• Il n’aurait pas dû tirer un couteau. Qu’est-ce qui lui a pris ?
• On ne sait pas ce qu’il a pu vivre pour devenir comme ça, déclara doucement Blanc. En tout cas, pour ce que l’on en sait, il n’a tué personne, alors je préfèrerais qu’on le retrouve pour discuter…
• Discuter de quoi ?, grinça Noir.
Blanc lui tapota le bras.
• Ne sois pas comme ça. Je sais que tu ne l’aimes pas, et si j’avais su que tu étais ici je ne t’aurais pas imposé sa présence.
• Ce que tu dis est injuste, protesta Noir. A t’entendre, on croirait que c’est moi le problème !
• Je n’ai pas dis cela, mais tu dois bien admettre que tu n’as guère été bienveillant jusque-là envers lui…
• Parce qu’il ne le mérite pas !, le coupa Noir. Il n’a fait que nous causer des ennuis et se fiche de nous depuis le début ! Il est immature et irresponsable ! Il…
• Est-ce que c’est une raison pour se conduire comme lui ? Tu n’es pas…
• …Il m’a privé de toi, compléta Noir, la voix rauque.
Blanc se figea, bouche bée. Noir baissa la tête, avant de se souvenir que de toute façon Blanc ne pouvait pas le voir.
Soudain, des lumières rouges s’allumèrent de tous les côtés.
“Alerte ! Alerte ! Temps restant avant fusion des réacteurs : 45 secondes” lança une voix robotique dans les hauts parleurs de la station.
• Et merde, jura Noir tout bas.

Après s’être bien défoulé sur le panneau de contrôle des réacteurs, Rouge donna un grand coup de pied dans la trappe menant au conduit de ventilation. Il s’était retrouvé là un peu par hasard, et la colère aidant, il avait saboté les commandes avec la rage toute naïve d’un gamin à qui vient d’arracher son jouet préféré.
Il repensait à l’expression douloureuse de Blanc quand il avait planté sa lame dans sa chair. C’était différent de ce qu’il avait pu faire par le passé : ça le rendait furieux, et il tenait Blanc pour responsable de cette émotion envahissante qui lui tordait le ventre.
Échevelé, les joues rouges et en sueur, il contempla le panneau clignotant avec un mélange d’effroi et d’exaltation.
Tout à coup, Jaune surgit dans la pièce, le faisant sursauter : 
• Rouge ! Tu es devenu fou, qu’est-ce que…
• La ferme !, s’égosilla Rouge en pointant son arme ensanglantée vers lui, les yeux exorbités.
Jaune leva les mains en signe d’apaisement.
• Calme-toi. Tu n’as pas suivi le plan. Si on meurt ici, tout sera fichu…
• Fichu pour qui ? Pas pour moi, siffla Rouge.
Jaune soupira, jetant un coup d’oeil furtif aux écrans de surveillance.
• Ils vont bientôt arriver, tu ferais mieux de filer avant qu’ils ne te voient.
• Je m’en contrefous, grogna Rouge en abaissant son bras.
Jaune en profita pour le saisir par les épaules : 
• Moi non ! S’ils te voient ici en ma compagnie ils vont se douter de quelque chose et je risque d’être accusé ! Il faut que tu t’en ailles.
Exaspéré, Rouge se dégagea et sortit précipitamment de la salle. Il se réfugia dans les vestiaires et se cacha derrière les casiers. Il entendit Rose et Orange passer, puis, quelques secondes plus tard, Lime et Marron.
Il l’ignorait, mais il s’en rendit compte au moment où la porte s’ouvrit, il attendait Blanc. Ce dernier pénétra dans les vestiaires en compagnie de Noir - toujours pendu à son bras - et Violet.
• Pourquoi l’alarme ne s’arrête-t-elle pas ? Personne n’est allé régler le problème ?
Rouge grimaça et se détourna. Il ferma les yeux en entendant la voix de Violet s’éloigner. Il était déçu sans vraiment savoir pourquoi.
• Hey…
Dans un violent sursaut, Rouge se retourna sur la personne qui venait de lui toucher l’épaule.
Contre toute attente, c’était Blanc, la mine inquiète, et cette fois, Rouge prit son visage entre ses mains et l’embrassa fiévreusement.
Il sentit contre ses lèvres le sourire de Blanc, son souffle s’accélérant, et une douce folie s’empara de lui tandis qu’il s’imaginait l’enlever et s’enfuir avec lui loin de la base. Adieu mission d’espionnage débile, il avait envie de jouer les filles de l’air.
Mais c’était impossible. Parce que Xiao ne voudrait pas, et bizarrement s’il n’avait pas son assentiment, le plan semblait tout de suite moins attrayant.
• Je te pardonne tu sais, murmura Blanc en lui touchant le visage.
Rouge saisit ses doigts et les embrassa à leur tour.
• Ah bon ? Je n’avais pas remarqué.
Blanc eut à nouveau ce petit rire tellement adorable que Rouge aimait si bien. Soudain les alarmes se torrent et les lumières rouges s’éteignirent.
• Je sais que tu es l’imposteur, souffla Blanc.
Rouge se raidit. Il déglutit puis se mit à balbutier, à moitié convaincu : 
• Tu dis n’importe quoi. C’est la peur d’avoir failli mourir qui te fait délirer comme ça ?
L’index de Blanc se posa sur ses lèvres.
• Je ne dirais rien si tu ne dis rien de plus, dit-il gentiment.
• C’est une promesse ?, susurra Rouge en ouvrant la bouche pour lécher le doigt contre sa bouche.
• Tu ne veux pas savoir comment je sais ?
• Je m’en moque, asséna Rouge en glissant ses doigts dans les longs cheveux noirs de Xiao. Ou…non, en fait je veux savoir, comment un aveugle a pu me démasquer…
• Je t’ai entendu sortir d’une conduite de ventilation, et j’ai senti l’odeur du sang quand tu m’as réveillé ce matin. Il y a aussi le fait que je n’arrive pas à sentir ta présence.
Les doigts de Rouge se crispèrent, comme des serres dans ses cheveux.
• Et tu es resté avec moi malgré tout…comme je disais : tu es trop naïf.
• Je ne crois pas que tu sois une mauvaise personne, déclara Blanc. Juste…
La porte s’ouvrit avec fracas.
• Blanc, où…, fit Noir, avant de voir Rouge et Blanc quasiment enlacés dans les bras l’un de l’autre.
Blanc s’écarta lentement de Rouge pour se tourner vers Noir. Ce dernier serra le poing.
• Je t’avais prévenu. Je t’avais dis de rester loin de lui, gronda-t-il à Rouge.
Ses yeux virèrent au noir et des veines sombres gravirent son visage et son cou. Blanc ne voyait rien mais Rouge se figea de stupéfaction.
• Je ne te laisserais pas le toucher…
• Pour ça, c’est un peu trop tard on dirait, se moqua Rouge en entourant la taille de Blanc avec son bras.
Des tentacules de ténèbres jaillirent de Noir pour foncer vers le couple. Rouge entraîna Blanc avec lui pour les éviter.
• Wow, moi qui pensait que t’étais qu’une chiffe molle, je m’étais trompé.
• Lâche-le !, rugit Noir en balançant un de ses tentacule sur Rouge.
Ce dernier l’esquiva à nouveau et il s’écrasa contre un casier.
• Que se passe-t-il ?, haleta Blanc. Noir, que fais-tu ?
• Ton cher Noir est aussi un imposteur, susurra Rouge. Il cache juste mieux son jeu que moi. En vrai, même moi je ne…
• Noir !, s’écria Blanc en se dégageant. Je t’en prie…
Rouge le saisit par le poignet.
• Ne t’approche pas, il est dans un état dangereux…
Mais Blanc ne l’écouta pas, il se tendit vers Noir et Rouge le retînt avec force.
• Arrête de faire n’importe quoi !
• Arrête de me manipuler comme un jouet !, hurla Blanc.
Des larmes de sang roulèrent sur ses joues, tachant son bandeau.
• Tous les deux…vous ne vous souciez pas de moi, vous mentez, vous manipulez, et vous vous dites que ça n’a pas d’importance car au final tout sera effacé avec le temps. Mais c’est faux ! Ça ne s’efface pas. Je pardonne, mais ça laisse des traces, à chaque fois. Je tolère. J’accepte. Mais vous ne cherchez jamais plus loin, vous…
Les ombres dégagées par Noir s’amenuisèrent et il retrouva un aspect normal. Il chancella tandis que Blanc se dégageait lentement de l’étreinte de Rouge.
• J’ai besoin d’être seul pour réfléchir, murmura Blanc. Cessez juste de vous battre pendant que je mets du clair dans mes idées.
Il s’échappa et les deux autres se regardèrent d’un air vide, trop atterré par la tournure des événements pour s’en prendre l’un à l’autre.

De tous les membres de l’équipage, Jaune était le plus retors. Il était fier de pouvoir se dire que grâce à sa ruse et son abnégation, il avait su se hisser au sommet de la hiérarchie sociale, bien qu’il provienne d’un milieu qui ne laissait rien présager de sa réussite.
Il avait accepté cette mission d’espionnage en espérant gagner argent et pouvoir - et il avait entraîné Rouge avec lui car Rouge était un bon outil pour déblayer le chemin.
Vert avait menacé ses plans, il avait failli le démasquer et c’était la raison pour laquelle il avait fallu qu’il meurt - ça et le fait que Jaune lui en voulait trop de ne plus l’aimer comme autrefois, juste à cause d’une toute petite trahison de rien du tout.
Lui avait risqué sa vie pour Vert, durant la route semée d’obstacles vers Mira. Mais Vert n’en avait que faire : quand il avait appris qu’il était un espion, il ne lui avait plus jamais fait confiance.
Car Jaune n’était pas seulement un imposteur. Il était également un espion chez les imposteurs. Un agent double en somme.
Rouge n’était pas au courant - et l’aurait-il su qu’il s’en serait moqué comme d’une guigne.
Jaune n’était pas un “gentil” pour autant. Personne ne l’était, dans les deux camps, et lui choisissait son appartenance à l’un ou à l’autre en fonction des avantages qu’il pouvait en tirer.
Il n’y avait pas de place pour l’amitié dans ses plans, mais il ne pouvait pas avancer tout seul, il avait besoin des autres. Alors il portait un masque d’amabilité, d’affabilité cordiale qui l’aidait à maintenir son cap, et celui de l’équipage qu’il dirigeait.
C’est avec ce masque qu’il aborda Rouge et Noir, assis au comptoir de la cafétéria et s’enfilant des shots d’étanol moléculaire.
• Bonjouuur, déclara-t-il de sa voix la plus sucrée. J’ignorais que vous étiez devenu amis !
Rouge lui adressa un doigt d’honneur en avalant un shot.
Noir avait l’air totalement déprimé, à moitié affalé sur le bar.
Jaune s’assit à côté de lui :  
• Blanc n’est pas avec vous ?
• Il a demandé qu’on le laisse seul, répondit Noir, la voix atone.
• Oh, ça sent mauvais ça, fit semblant de compatir Jaune. Qu’est-ce que vous avez bien pu faire pour que ça arrive ?
• Lui, grogna Rouge. C’est lui qui a piqué sa crise parce que je suis avec Blanc.
Noir ne rétorqua rien, las, et se passa la main sur le front en marmonnant : 
• C’est la première fois qu’il demande à mettre de la distance. Même après son accident…
• Allons allons les garçons, ne soyez pas si moroses ! Je suis sûr que ça ne durera pas. Blanc n’est pas du genre rancunier, n’est-ce pas ?
Rouge fit la moue et croisa les bras.
• Moi, il ne m’en veut pas, c’est à lui qu’il en veut.
• Et c’est juste par gentillesse que tu as accompagné Noir ici ?, susurra Jaune, une lueur narquoise dans le regard.
Rouge serra les dents et Noir soupira : 
• Je n’ai jamais voulu que ça arrive, avoua-t-il. Je pensais que j’avais le temps. Je pensais…je pensais que j’étais le seul qui comptait pour lui…
• Quel putain d’égoïste, gronda Rouge en se servant à nouveau.
• Je veux bien l’admettre, oui j’ai été égoïste, souffla Noir. Et présomptueux. Je voulais sa lumière pour moi seul et je pensais qu’elle m’était dû. Je pensais qu’il ressentait la même chose…
S’étranglant avec sa boisson, Rouge se mit à tousser. Jaune lui tapota sans effet dans le dos, tout en regardant Noir.
• Tant que tu en es conscient, je ne vois pas pourquoi il ne te pardonnerait pas. Il t’adore.
• Hey !, protesta Rouge. Il m’adore MOI !
Noir se redressa un peu : 
• Je suis son meilleur ami.
• Et moi je suis plus que ça, siffla Rouge avec un sourire féroce aux lèvres.
Impossible de l’admettre à haute voix, mais Jaune s’amusait comme un petit fou.
• Tu as des preuves de cela, ou tu fais juste des suppositions ?
• Il m’a embrasser !, s’écria furieusement Rouge. Ça prouve bien ce que je dis !
• Tu lui tirais les cheveux et tu le retenais contre toi, fit remarquer Noir avec acidité.
• Il avait plutôt l’air d’aimer ça, tu aurais peut-être dû essayer avant de tout gâcher entre vous, contra Rouge.
Sentant la tension monter dans l’air - son espèce était douée pour percevoir ce genre de choses, ayant le pouvoir d’influencer sur les émotions grâce à des capteurs et des récepteurs de phéromones - Jaune posa une main sur l’épaule de chacun.
• Ne vous disputez pas. Blanc est suffisamment généreux pour offrir son affection à tout le monde, le connaissant.
Il ne confia pas le fond de sa pensée, à savoir qu’il aurait suffit qu’ils aillent le retrouver en pleurant pour le culpabiliser un peu jusqu’à ce qu’il cède et les accepte à nouveau - ça ne devait pas être bien difficile. Toutefois, si l’argument aurait certainement porté chez Rouge, il n’aurait probablement pas plû à Noir.
• Oui enfin, c’est quand même moi qu’il a choisi, insista Rouge.
Jaune se mordit l’intérieur de la lèvre et sourit de toutes ses dents, faussement mielleux : 
• Comme je disais, il n’a pas l’air bien difficile.
Noir fronça les sourcils mais ne dit rien. Il ne pouvait pas dire à Jaune qu’ils étaient, Rouge et lui, deux imposteurs. Même s’il expliquait qu’il n’avait aucune intention de nuire à l’équipage, Jaune risquait de croire qu’il était dangereux.
Et peut-être l’était-il en vérité, car lorsqu’il avait perdu le contrôle de lui-même dans les vestiaires, il aurait très bien pu faire des dégâts.
La porte s’ouvrit sur Cyan, qui appela Jaune. Ce dernier se retourna immédiatement, à la fois surpris et enchanté. Il tapota sur l’épaule de Noir ;
• Je vous laisse à vos tristes malheurs. Évitez juste de vous entretuer, ou alors faites ça dehors, que je n’ai pas besoin de nettoyer derrière vous.
Et il planta les deux autres là pour rejoindre Cyan, tout guilleret. Ils discutèrent et s’éloignèrent, laissant Rouge et Noir à nouveau seuls.
• Je pense que tu lui plais, murmura Noir, la tête dans les mains.
Aussitôt, Rouge se hérissa : 
• Quoi ? A Jaune ? T’es malade !!!
• Non, je veux dire…à B…Xiao.
• Oh, se calma immédiatement Rouge. Hm;
Il haussa les épaules et se tortilla sur son tabouret, mal à l’aise.
Prenant cela pour prétexte, Noir continua : 
• Je ne sais pas pourquoi, mais il y a une alchimie entre vous deux, je l’ai vu très vite. Tu l’amuses, tu le fais rire…
Il darda sur Rouge un regard empli d’amertume.
• Il ne rit jamais avec moi…
• Il faut dire que t’es pas le clown le plus joyeux du cirque, taquina Rouge en resservant le verre de Noir.
Ce dernier inclina la tête avec reconnaissance et sirota le contenu du verre.
• Je le connais depuis si longtemps, et pourtant il y a encore tant de choses que j’ignore, que je ne comprends pas…
• Pas besoin de comprendre, rétorqua Rouge. Je veux dire, il tient à toi, non ? Sinon il serait pas resté avec ton ennuyante carcasse aussi longtemps. Ça doit bien vouloir dire quelque chose…
• Je pensais…je pensais vraiment qu’on avait un lien privilégié. Je comptais lui en parler - du fait que j’étais un imposteur - mais j’avais trop honte…
Rouge détourna le regard.
• Au fond, quelle importance qu’on soit des imposteurs ? Avec moi, ça n’a pas eu l’air de le déranger tant que ça, alors je vois pas pourquoi avec toi ça le ferait pas.
• C’est différent. Il voit en toi une âme à sauver. Moi je suis son ami depuis longtemps et je lui ai menti sur qui je suis, sur d’où je viens…les choses que j’ai vécu.
• Ah ça…, commença Rouge avant de réagir enfin. Attends, qu’est-ce que tu veux dire par “âme à sauver” ? Je suis pas une âme à sauver !!
Noir esquissa un léger sourire devant la naïveté quasi enfantine de son “rival”. C’était sans doute une des qualités que Xiao appréciait chez lui et il comprenait pourquoi. Au final, il était un peu comme un gamin capricieux, il ne se souciait pas des autres, mais ce n’était pas vraiment par méchanceté, plutôt par manque de capacité.
• Toi, tu es aussi un imposteur, mais que viens-tu faire ici ? Est-ce que tu t’es retrouvé là un peu par hasard ou…
• Ah non, je ne suis pas idiot comme toi, rétorqua Rouge. Moi j’accompagne quelqu’un pour une mission.
Il se renfrogna en se rendant compte qu’il donnait peut-être un peu trop d’informations, aussi Noir préféra le laisser tranquille sur ce sujet.
• Je suppose que tu ne me diras pas de quelle planète tu viens, dit-il pour changer de conversation.
• Tu es plus malin que t’en as l’air, grogna Rouge.
• Tu es obligé d’être toujours comme ça ?
• Comme ça quoi ?
• A chercher le conflit;
Rouge fit la moue, haussant les épaules : 
• Tu poses des questions dont tu te moques des réponses. Je vois pas pourquoi je serais gentil.
• Je ne m’en moque pas, sinon je ne demanderais pas, rétorqua Noir.
Désarçonné par la réponse, Rouge détourna la tête pour regarder le distributeur de sucreries.
Noir se leva et se dirigea vers l’appareil. Rouge se raidit en le voyant sortir sa carte de e-monnaie et sélectionner quelque chose. Il s’approcha avec l’intention de lui voler ce qu’il avait acheté, mais Noir le lui tendit.
• Prends. Pour m’excuser.
• Si c’est pour t’excuser ça va, clama Rouge en lui chipant le sachet, qu’il ouvrit prestement pour en fourrer le contenu dans sa bouche.
Les yeux au ciel, Noir se demanda une énième fois comment Blanc pouvait être attiré par…ça.
Après avoir engloutit une quantité phénoménale d’étoiles en sucre, Rouge fronça les sourcils : 
• Mais attends une seconde…pour t’excuser de quoi ? Non pas que ça ait de l’importance hein mais…
• Xiao avait raison. Je n’aurais pas dû réagir comme je l’ai fait, soupira Noir. Je me suis laissé posséder par la jalousie et n’en ai fait qu’à ma tête. C’est normal qu’il ne veuille plus me voir…
• Bah, t’inquiète pas ! Il va s’en remettre, promit Rouge en entourant ses épaules d’un bras - avec difficulté, parce que Noir était grand.
Ce dernier se figea, la peau hérissée de frissons de dégoût. Il savait que Rouge essayait d’être sympa, aussi ne le repoussa-t-il pas malgré le profond dégoût qui lui remuait les entrailles. Il sentit ses tempes battre, ses oreilles s’emplirent du bruit de tambour de son coeur, tandis que la nausée lui grimpait lentement la gorge comme la mer après le reflux.
Rouge dut néanmoins sentir son malaise car il s’écarta.
• T’es important pour lui, dit-il gravement. Et c’est pas le genre à mettre les problèmes sous le tapis en les fuyant, alors je pense pas qu’il va t’en vouloir éternellement. Il a juste…besoin de mettre de l’ordre, j’imagine. 
Il détourna le regard à nouveau, évitant de trop se confronter aux émotions complexes qui surgissaient de plus en plus souvent depuis qu’il fréquentait Blanc. C’était une nouveauté qui l’agaçait parfois, qui faisait naître de la crainte en lui. Il était en train de changer, et il ignorait en quoi il allait se transformer. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il refusait qu’on lui retire son jouet.
• Il te parlera quand il sera prêt. Je pense…
Il se mordit la lèvre inférieure. Il avait cru être certains des sentiments de Blanc pour lui, mais maintenant il n’était plus si sûr. Si après réflexion, Blanc se disait que finalement une relation avec lui était une mauvaise idée ?
Il ne devait pas laisser ça arriver.
Saisi par un début de panique, il se précipita vers la porte.
• Hein ?, fit Noir. Qu’est-ce que…
Il le suivit au pas de course en l’appelant, en vain. Rouge était comme un missile téléguidé, et il n’avait plus qu’un objectif.
La chambre de Blanc.

L'eau brûlante était un véritable soulagement. Elle martelait ses épaules , le libérant de toutes les tensions habitant son corps.
Pourtant il regrettait les cascades glacées de sa planète. Une pensée fugace. Tu n'aurais jamais dû partir. Le traversa furtivement avant de couler comme les bulles du savon et la mousse du shampooing vers la bonde en tourbillonnant à ses pieds.
Un tambourinement violent à sa porte le tirèrent abruptement de ses pensées.
Blanc appuya sur un bouton et la cabine de douche se renfonça dans la mur, et il enroula une serviette autour de ses hanches pour aller voir.

• Mais qu'est-ce que tu fais ???, s'indigna Noir. Il nous a dit d'attendre ! Tu as dis toi-même que…
• Oh la ferme !, éructa Rouge. Peu importe ce qu'il veut, je le laisserais pas me jeter comme un vieux mouchoir usagé !
• Mais personne ne va…Rouge d'où te vient cette idée stupide que…
N'y tenant plus, Xiao ouvrit la porte. Le poing de Rouge se suspendit dans les airs et il lui jeta un regard surpris, avant de le détailler avidement des yeux, ce qu'évidemment Blanc n'était pas en mesure de voir.
• T'es fâché ?, ronronna Rouge sur un ton sirupeux de désir.
• Fâché non. Ni étonné. J'ai toujours su que tu manquais de patience, déclara Blanc.
Maintenant qu'ils étaient là, ensemble et devant sa porte, il ne pouvait faire autrement que d'être attendri. D'autant que leur relation semblait s'être légèrement apaisée.
• Je n'ai pas pu le retenir, dit Noir à voix basse.
• Non pas que t'ais beaucoup essayé non plus, siffla Rouge. Tu avais autant envie de le voir que moi. T'es juste trop constipé pour le dire.
• Et toi tu ne sais pas te retenir.
• À quoi ça servirait ? Ne dis pas que le résultat n'est pas intéressant.
Il se tournà nouveau vers Blanc et susurra d'une voix lascive :
• On peut entrer ?
Xiao hésita un instant. Il n'avait pas prévu de les voir si vite, il n'avait pas encore eu le temps de mettre au clair ses sentiments. Ce n'était pas bien mais…
Son corps lui, lui soufflait une autre chanson. Contrairement à ce que tout le monde semblait penser, il n'était ni un saint ni un religieux, et il n'avait jamais fait voeu d'abstinence. Il n'avait pas eu de relations charnelles par la force des choses, à cause de son environnement, pas parce qu'il n'en avait pas envie.
Et il en avait envie, là, maintenant.
• Très bien, murmura-t-il en s'écartant et en lâchant le noeud de serviette qui retenait celle-ci sur ses hanches.
Rouge se précipita pour l'embrasser, ses deux mains remplaçant la serviette sur sa taille, et il le fit reculer dans la chambre.
Noir soupira et tourna les talons, sur le point de partir.
Le bras de Rouge jaillit pour le rattraper par le col de sa combinaison.
• Il a dit que ON pouvait entrer. Magne-toi.
Et la porte se referma sur le trio dans la chambre de Blanc.

Une fois à l'intérieur, Rouge jeta le matelas de la couchette par terre, ainsi que les couverture et l'unique oreiller.
• Qu'est-ce que tu fais ?, protesta immédiatement Noir, outragé.
• Je nous mets confortables. À moins que tu préfères la couchette étroite contre le mur pour faire notre affaire.
Noir déglutit. Rouge était franc et ne prenait pas de gants.
Il regarda Blanc qui ne semblait pas gêné le moins du monde, ni par le bazar, ni par les mots de Rouge, ni par sa complète nudité que Noir avait du mal à ne pas se perdre d'admirer. Il était pâle et mince, éthéré. Ses longs cheveux noirs tombaient en gerbe mouillée jusqu'à l'arrondi délicat de ses fesses. Ses longues jambes. Ses poignets fragiles, ses mains comme des plumes…
• C'est prêt !, clama Rouge en souriant.
Ils'agenouilla sur le matelas et tapota la cuisse de Xiao sans manière pour lui faire signe de s'asseoir.
Lorsque ce dernier obtempéra, Rouge se jeta sur lui tel un fauve affamé. Blanc rit contre ses lèvres, lui rendant fébrilement ses baisers tandis qu'il était renversé sur la couche de fortune pour y être vénéré de caresses.
Noir hésita à les rejoindre. Il y répugnait du fait de son haptophobie, craignant que leur proximité le fasse se toucher avec Rouge.
En attendant, ce dernier s'occupait avec application de Blanc, offrant à celui-ci ses caresses les plus expertes accompagnées de baisers.
Son corps était encore plus délectable que ce que Rouge avait imaginé : d'une pâleur virginal - ni maladive ou sinistre, non, une pâleur de perle marine, de joyau précieux - sa peau était satinée, laiteuse et sans imperfections; ses membres étaient fins et élancés, avec juste ce qu'il fallait de muscles sans être menaçant - la virilité de Rouge était si fragile ! - il ressemblait à quelque divinité féérique, iréelle. Ses longs cheveux de soie noire encadraient son visage adorable, en dépit de la cicatrice de brûlure qui barrait ses yeux.
Rouge y déposa un baiser emprunt de révérence et Blanc gémit.
Le membre pendant entre ses cuisses souples, sorte de petit tube de chair dépourvu de poils, se dressa contre son ventre lisse - sans nombril.
Rouge se redressa et commença à se débarrasser de sa combinaison.
• Que fais-tu ?, murmura Noir qui s'était finalement agenouillé derrière Blanc.
• À ton avis ?, répondit Rouge avec un certain amusement en défaisant la glissière de sa combi moulante.
Son corps était hâlé et marbré de diverses cicatrices. Noir écarquilla les yeux avant de les détourner mais Rouge n'avait rien remarqué. Noir remarqua lorsqu'il enleva ses gants qu'il lui manquait l'auriculaire d'une main.
Il ne l'avait guère soupçonné mais les mots de Xiao lui revinrent en mémoire 
"On ne sait pas ce qu’il a pu vivre pour devenir comme ça…"
Blanc s'assit et enlaça rouge pour couvrir sa gorge de baisers fiévreux. Rouge rit en jetant ses bottes.
• Je t'imaginais plus prude.
• Tu n'as aucune idée de toutes les choses que j'ai déjà faites, susurra Xiao.
Rouge jeta un regard suspicieux à Noir mais ce dernier avait l'air stupéfait.
Alors Rouge répondit à son désir par le triple : il plaqua Blanc sur le lit et descendit entre ses jambes pour prendre sa verge en bouche.
Xiao poussa un petit cri avant de se plaquer les mains sur la bouche. Et Noir en profita pour lui faire tourner la tête et l'embrasser pour la première.
Puis Rouge commença à sucer.

Le sexe n'entache en rien la pureté ou la bienveillance d'une personne. C'était une hérésie de penser que, parce qu'il était concentré sur faire le bien autour de lui, Blanc ne pouvait jamais avoir eu de relations charnelles.
Blanc aimait la communion des corps, il aimait le plaisir, le donner et le recevoir. Il n'était pas au-dessus des autres hommes, et n'en avait pas la prétention.
Il aurait pourtant pu y prétendre, mais sa modestie faisait également partie de ces qualités.
Il n'avait pas honte de ses émotions, ni de son désir ni de son amour pour deux personnes à la fois. Il pouvait aimer encore plus. Jusqu'à présent c'était juste qu'il n'en avait pas trouvé l'occasion.
Ce n'était pourtant pas quelque chose qui le déstabilisait. C'était dans les fondements de sa culture personnelle, il n'allait pas rejeter des sentiments qui avaient éclos naturellement, juste pour préserver un semblant de norme sociale.
C'était sa conclusion lorsqu'il avait accepté de les faire entrer. Cela signifiait plus que de simplement s'envoyer en l'air.
C'était un pacte.
C'était implicite.
Qu'ils en aient conscience ou non n'avait guère d'importance. C'était.
Inéluctable.

Ses lèvres avaient un goût de miel subtilement épicé, un goût de reviens-y irrésistible qui brisa toutes les résistances de Noir.
Ses doigts étaient fermes en dépit de leur finesse, et Rouge les aimait dans ses cheveux, fourrageant lentement de la même façon qu'il caressait avec sa langue, à la fois tendres et autoritaires. C'était soudain devenu capital d'arriver à le faire crier de plaisir.
Les sons qui sortaient faiblement de sa bouche étaient des gémissements exquis que Noir pouvait noyer de baisers.
S'il en avait été capable, ils l'auraient dévoré pour le faire leur, chair de leur chair. Dans la folie de l'instant, ils auraient pu si Blanc n'avait pas été si fort.
Son corps était un temple où l'on s'abritait, et un piège délicieux où l'on se perd.
Mieux que quiconque, Noir le savait - et le vénérait pour ça. Rouge était en train d’apprendre.
Blanc était une arme inégalée qui ne coupait pas, jamais sans intention de nuire.
A condition d’y être respectueux.

Ignorant jusqu’au bout, Noir fut entraîné malgré lui dans les dédales du plaisir à mesure que leur étreinte à trois se faisait plus resserrée, plus intime et pressante. Ce faisant, il ressentit le dégoût du contact, la sueur glacée de l’horreur instinctive de toucher un autre se mêlant à celle brûlante de l’amour et du sexe. Pourtant il ne perdit pas le contrôle cette fois, jusqu’à la fin, il resta avec Blanc pour s’abreuver à la source de son affection, à la découverte nouvelle du lien plus puissant qui les unissait.
Et Rouge, lui, s’en amusait d’autant plus à le tourmenter également, lui prodiguant à égale partie d’avec Blanc des caresses que Noir n’aurait jamais imaginé. Plus l’incompréhension se lisait chez Noir, plus il insistait jusqu’à briser ses dernières défenses, et la douceur de Blanc atténuait tout ce qui était mauvais, laissant Noir progressivement sombrer dans une tendresse avide qui ne lui était guère familière mais qu’il investit avec beaucoup d’effort, accueillant finalement Rouge, sinon avec passion, du moins sans rejet.

La nuit fut plus calme que ce à quoi Rouge s’était attendu. Tous trois épuisés, ils s’étaient plus ou moins lovés les uns contre les autres, à moitié sur le matelas, à moitié sur le sol - en laissant quand même à Blanc la meilleure place - et ils avaient somnolés jusqu’à ce que le sommeil les emporte.
Contrairement aux deux autres, visiblement, Rouge n’avait pas l’habitude de dormir avec d’autres gens. Il dormit par courtes phases, après lesquelles il ouvrait un oeil, reniflait l’air à la recherche d’un danger, puis se rendormait. Il n’était pas né prédateur pour rien.
Le dénouement des derniers événements le laissait quelque peu perplexe. Lorsqu’il tentait d’analyser raisonnablement la situation, il se disait qu’il devrait profiter du fait que les deux autres soient inconscients pour les tuer tous les deux.
Il n’en avait simplement pas envie. La raison pour laquelle il n’en avait pas envie prenait différentes formes en fonction de son humeur, mais revenait peu au proue autour du même facteur : il était content qu’ils soient là. Y compris l’autre gros idiot psycho-rigide, pour qui certes il n’avait pas la même appréciation que pour Blanc, mais qui était en définitive assez amusant à sa manière - et il devait admettre avoir pris beaucoup de plaisir en sa compagnie, ce qui n’était pas rien non plus.
Alors quoi ? Devait-il en parler à Jaune ? Ou plutôt s’enfuir ? Que faire ?
Le bras de Blanc qui barrait sa poitrine remonta et sa main caressa son visage : 
• A quoi tu penses ?, chuchota Xiao d’une voix ensommeillée.
• A ce qui se passera après, répondit Rouge. Quand il faudra faire des choix.
La main douce de Blanc passa sur sa joue, apaisante comme un baume.
• Souvent les choses se résolvent d’elles-mêmes, murmura-t-il, énigmatique.

Le lendemain à la première heure, la nouvelle tomba comme un boulet de canon : 
• Avec Cyan on va se MARIER, annonça Jaune.
Tout le monde, mais alors vraiment tout le monde fut estomaqué par la nouvelle. Jaune était visiblement aux anges, Cyan se tenant comme une présence sereine et confiante dans son dos.
• Je sais que c’est tout à fait inattendu, mais c’est une décision que nous avons prise d’un commun accord afin de renforcer la communauté, déclara Jaune avec conviction. Bien sûr, ce n’est pas une alliance à seul but politique, mais nous espérons que celle-ci sera bien accueillie par vous tous.
• Depuis combien de temps êtes-vous en couple ?, lança quelqu’un.
• Pourquoi on est au courant que maintenant ??
• Où aura lieu la cérémonie !? Et quand ?, s’enthousiasma Violet.
Rouge enlaça un bras autour de la taille de Blanc, un bras autour des épaules de Noir - qu’il atteignit avec difficulté - en souriant : 
• Tout de suite, nos problèmes deviennent vachement moins importants, vous trouvez pas ?
• Quel problème ?, susurra Blanc. Je ne vois aucun problème.
• Tu ne vois rien du tout, tu es aveugle, grommela Rouge.
Xiao gloussa, tandis que Noir donnait un coup de coude dans les côtes de Rouge. Ce dernier se pencha à son oreille.
• Tu acceptes d’être touché toi, maintenant ?
Noir haussa les épaules en lui jetant un regard agacé. Rouge lui adressa un sourire plein de dents, ricanant.
Soudain Noir se pencha à son oreille.
• Song.
• Quoi ?, s’étonna Rouge.
• Mon nom, c’est Song, essaye de t’en souvenir, chuchota Noir en se redressant pour applaudir.
Le reste de l’équipage applaudit à son tour et Jaune prit Cyan par le bras, rayonnant. Ses fossettes hypocrites et son regard emplit de convoitise ne laissaient aucun doute dans l’esprit de Rouge. Les ennuis étaient loin d’être finis.
Mais à trois, ce serait tellement plus intéressant…

auteur:élément déclencheur, among us, fic, pour:sainte-fabeau

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