Titre : A l’Aube de sa vie
Auteur : Djavo (Participant 17)
Pour : Mademoiselle de Piennes (Participant 18)
Fandom : A la Croisée des Mondes
Persos : Lee Scoresby & Hester
Disclaimer : A la croisée des Mondes est la propriété exclusive de Philip Pullman.
Rating : PG.
Prompt : Lee (j'aime beaucoup Iorek aussi, ça ne me gêne pas le moins du monde de ne pas le voir dans la fic) et Hester donc (forcément). Quelque chose qui donne une impression de liberté avec de grands espaces et tout et tout. J'ai dit qu'on pouvait voir Iorek, mais les sorcières sont aussi une possibilité. Je les aime bien ^^
Notes : Je suis vraiment désolée pour le retard de ce texte. J’ai fait au mieux pour tenter de poster dans les temps mais cela m’a été impossible pour plusieurs raisons et la principale étant le fait que je tenais vraiment à relire la trilogie avant de me lancer dans l’écriture de mon texte, ce qui est devenu rapidement impossible en raison d’un emploi du temps très chargé pour moi ces derniers mois, mais aussi de très nombreuses obligations. Je tenais donc aussi à m’excuser pour te présenter un texte aussi court et aussi peu détaillé, j’aurais réellement voulu faire mieux. Surtout sur un personnage aussi intéressant. Je dois t’avouer qu’au départ je voulais t’écrire un petit quelque chose sur les deux anges, Baruch et Baltamos qui, je le sais, sont tes personnages préférés. Mais comme je l’ai déjà dit, je n’ai pas eu le temps de tout relire et je ne voulais donc pas me lancer dans quelque chose qui serait forcément décevant. Reprendre en fanfic une œuvre aussi brillante que celle de Philip Pullman est assez dure déjà en soi-même, sans en plus se mettre des bâtons dans les roues. Toutefois, je tenais à te faire savoir que je me tenais à cette première idée de texte que j’ai eu et que cela me fera très plaisir de pouvoir te l’offrir, quand je saurai qui tu es, et je le posterai directement sur ton LJ si cela ne te dérange pas. En attendant voici ce petit quelque chose concernant Lee Scoresby et Hester. J’espère réellement que malgré le fait que ce texte soit assez court il saura te satisfaire quant à ce personnage que tu adores. J’ai essayé au mieux de faire apparaître tous les personnages que tu aimais. Encore une fois, désolée pour le retard et j’espère que tu aimeras.
A l’Aube de sa Vie
Lee Scoresby était mort comme il avait vécu.
Les pieds fermement ancrés sur terre, la vie fermement attaché à lui comme le boulet ferreux au pied d’un forçat, la traînant avec lui sans qu’elle ne puisse le fuir, en combattant tel l’homme loyal et fidèle qu’il avait toujours été.
Il avait laissé derrière lui son ballon, sans le moindre regret, pour aider Grumman à fuir, pour accomplir la mission qui lui avait été confiée. Amené l’homme à Lyra ; Lyra cette enfant qu’il aimait comme la chair de sa chair, le sang de son sang. Si tout cela pouvait aider à sauver Lyra, alors, il était prêt à mourir, sans le moindre remord.
Quand il avait compris qu’il lui serait impossible d’accomplir sa mission sans rester en arrière, sans être face à l’ennemi, le cow-boy unique qui protégerait l’entrée du seul chemin qui permettrait à Grumman de fuir le Magisterium, il n’y avait pas pensé à deux fois. Lee Scoresby n’avait jamais eu peur. Car il n’était pas seul. Car il ne faisait pas cela pour lui.
S’il l’avait pu, il aurait allumer un dernier cigare avant l’arrivée de l’ennemi, s’il en avait eu le temps, s’il avait eu du tabac sur lui. La dernière cigarette d’un homme qui ne se relèverait pas. C’est tranquillement qu’il avait pris place contre des rochers, choisissant minutieusement la place où reposerait son corps, après avoir combattu sans relâche et sans pitié l’adversaire bien téméraire.
Il arma son fusil. Il n’avait que trente balles. Vingt-cinq ennemis à abattre lui avait annoncé sa douce et fidèle Hester, dont le poil grisé, brillait étonnement dans cette lumière de lune mourante. Elle était là, prêt de lui, comme elle l’avait toujours été. Les longues oreilles expertement tendues, le corps raidi prêt pour ce dernier jeu du sort.
La première balle retentit.
Hester avait encore de très bon yeux malgré son âge avancé et l’ennemi en avait payé de sa vie. C’était eux ou lui. Et ce serait lui. Car personne ne ferait de mal à Lyra. Il se l’était juré.
Il tira balle après balle. Ne ratant aucune cible. Hester et lui avaient toujours été une équipe remarquable, elle la meilleure partie de lui-même, lui redoutable comme un limier. Leur dernière bataille ne serait pas oubliée. Alors que la première balle perçait sa peau, douloureusement, les premiers rayons du soleil se levèrent à l’horizon, déversant sur la forêt verdoyante qu’il surplombait, ces hectares de forêt dans lesquels ses yeux clairs se noyaient, une lueur éthérée, un halot doré et si vivant. Le dernier paysage que connaîtraient ses prunelles auraient pu être bien pire, pensa-t-il en souriant.
Un nouveau jour se levait, un jour qu’il ne connaîtrait pas, un jour meilleur…il l’espérait.
Il réarma son fusil et visa là ou Hester le guidait de ces yeux dorés sous cette lumière naissante. Il tira un nouveau coup. Et dans la résonance de cette balle, dans ce bref éclair, qui se noya dans la lumière dorée qui se diluait de plus en plus entre les branches de cette forêt, il se souvint d’elle.
Sa douce lueur.
Elle avait eu des cheveux de blé, des cheveux qui roulaient sur ses épaules nues comme ces vagues de lumière qui dansaient sous ses yeux à présent, des cheveux d’une brillance unique qui semblait absorber toute lueur autour d’elle, faisant d’elle une bougie incandescente et merveilleuse. Fascinante, envoûtante et effrayante à la fois. Il ne l’avait que fort peu connue. Elle lui avait sauvé la vie. C’était elle qui lui avait appris à voler et à être à l’aise dans les airs, à y être tel un roi, tel un oiseau dans son élément naturel. Et pourtant, c’était la terre que Lee aimait et c’est à elle qu’il retournait aujourd’hui.
Une nouvelle balle se logea dans sa jambe après trois balles à lui qui avaient fait mouche. Mais il n’entendait déjà plus les cris sourds des hommes qui tombaient lourdement sur ce sol dur, non, c’est une douce voix qui l’accompagnait. Une voix qui avait compris dès leur rencontre que cet homme, cet humain, était différent des autres. C’était un guerrier qui aimait à choisir ses guerres. Et c’est ce qu’elle avait aimé par-dessus tout, c’est ce qui avait nourri leurs rares étreintes passionnées. Elle était éternelle, il était mortel.
Une balle frôla Hester mais cette dernière, digne et fière, ne bougea pas même le bout de son oreille. Cette douce chaleur se diffusa en lui. Son compagnon de toujours, auprès de lui jusqu’à leur dernier souffle mêlé, ensemble pour toujours. Tous deux capables de bonds vertigineux dans les airs, mais les pieds fermement ancrés sur terre. Dans la poussière de la vie.
Le souffle chaud et fruité de la brise aurorale lui caressa les pommettes et il sentit la fourrure de la hase aux aguets accueillir cette caresse avec un plaisir immense, accueillant cette main invisible sur son poil dru comme une récompense méritée, prenant plaisir à respirer encore et encore cet air qui éveillait la terre alors qu’ils se mouraient. Mais tout était comme cela devait être. Aucun regret, aucun remord.
Elle avait été éternelle cette dame à la peau fruitée, cette douce demoiselle au souffle chaud malgré une peau veloutée de fraîcheur, elle avait choisi sa vie, elle avait choisi sa mort. Elle était morte comme elle avait vécu, les pieds enfourchant sa branche dans les airs, son daemon libre comme l’air, en combattant glorieusement. Elle était tombée au combat, dans un ciel radieux, dans une brise estivale qui avait fait danser sa robe légère de mousseline, de couleur irisée, faisant d’elle le plus bel oiseau du ciel, accompagnée dans sa chute sans fin par son oie bleutée. Elle était partie pour toujours avant que son corps ne touche sol. Elle était partie comme l’avait souhaité. Comme elle avait vécu, en volant.
Quand la plus redoutable des blessures lui fit infligée, Lee Scoresby sourit au souvenir de son amante, désirable et déterminée, insaisissable et offerte, il suivrait son chemin et mourrait comme il l’avait toujours voulu, en étant lui-même, en mourant comme il avait vécu, les pieds sur terre.
Une dernière cartouche.
Tous ces ennemis vaincus et il lui restait une derrière balle. Il ne pouvait se résoudre à tirer dans le dos de cet homme qui fuyait un vieil homme mourant. Mourir une dernière cartouche intacte était inimaginable pour quelqu’un comme lui, pour son Hester qui le lui rappela. Pour mourir, il fallait avoir combattu jusqu’au bout, pour mourir il fallait avoir tiré toutes ses balles. Jusqu’à la dernière. Et c’est de mains tremblantes qu’il visa ce Zeppelin, cet énorme engin volant qui brisait l’air sans jamais faire un avec lui, sans harmonie, sans vie, que lee Scoresby tira alors que son Hester se traînait enfin vers lui en tremblant, avec toutes les dernières forces de son petit corps brisé. Il lui avait refusé le privilège de partir avant lui.
Lee Scoresby n’avait jamais pensé à l’amour jusqu’à aujourd’hui. Ce sentiment n’avait jamais été pour lui quelque chose de réel ou de palpable, et pourtant, c’est par amour qu’il mourait aujourd’hui, pour protéger cette enfant, pour aider sa petite Lyra. La seule personne qui ait jamais éveillé une telle envie chez lui auparavant avait été Svanula Svemirka, cette femme guerrière à la crinière de blé, mais elle avait refusé d’être la femme d’un homme, femme à protéger, femme à épauler et elle avait choisi sa vie. Comme il choisissait sa mort. Fièrement et dignement.
Le Zeppelin explosa dans un bruit tonitruant, mais Lee n’en entendit rien, il ne vit que cette flamme rougeâtre se dessiner et s’animer sous ses yeux alors que l’or du ciel avait tout envahi, alors que ces yeux d’azur le fixaient si fiers.
Il serra la fleur violette qui lui avait confié une autre sorcière que son aimée, tenant là sa promesse de mort, et c’est lentement, calmement, son tête confortablement calée sur celle plus petite de son daemon, de son âme, de son amie éternelle qu’il s’assoupit pour ne plus jamais ouvrir les yeux. Tous deux ensemble pour toujours. Lee Scoresby n’aurait pas à voir la mort de son Hester et quand son petit corps s’évapora, ses yeux ne voyaient déjà plus.
Ils étaient morts comme ils avaient vécu, ensemble, les pieds fermement ancrés sur terre. Ce n’est pas un sourire que dessinait le visage de Lee Scoresby dans son dernier pas sur terre, mais le froncement résolu et satisfait de celui qui avait combattu jusqu’au bout, celui qui avait accompli quelque chose d’important et de juste.