[Fic] Blue Boy, Fake, Dee/Ryo [d'Azeri, pour Bestiole]

Feb 03, 2008 00:42

Titre : Blue Boy
Auteur : Azeri (Participant 16)
Pour : Bestiole (Participant 9)
Fandom : Fake
Couple : Dee/Ryo
Rating : allez, R++
Disclaimer : Nope, la police academy dont il est question ici est à Sanami Matoh, et à la police de New York ;)
Prompt : Là, je serai déjà contente de les voir tous les deux. Mais j'aimerai voir Ryo craquer et exprimer du désir. (au point de craquer et de s'isoler dans les WC, seul ou non ?). Pour l'enquête, le thème peut être grave ou plus léger.
Notes éventuelles : j'adore les romans policiers. J'ai cru bêtement qu'il serait donc facile de transposer à l'écrit les idées qui affluaient pour ce prompt. Eh bien pour le coup... Les romans policiers, c'est plus facile à lire qu'à écrire! -.-;;;; J'espère que le résultat te plaira quand même!



Mourir dans la rue n'a jamais rien de très glorieux. Quand la dernière image que vous emportez de cette vie est celle d'une ruelle sale, déserte, derrière un bar mal famé, on peut dire que vous n'avez pas eu une vie fabuleuse.
Mais si en plus, l'équipe de police chargée de votre cas met trois quart d'heures à se rassembler au complet sur les lieux, on peut dire que même trois pieds sous terre, la guigne continue de vous considérer comme un bon copain.
Ou alors, on peut se dire que la police de New York devrait attacher plus d'importance à son processus de recrutement.
-Enfin quoi, pourquoi ce serait *forcément* ma faute?? Je pourrais très bien être en retard à cause d'un orphelin en détresse que je me devais de sauver d'un terrible accident!
L'hypothèse fut accueillie par un silence éloquent, et Dee se rembrunit, coupé dans sa défense improvisée.
-Ouais, bon, de toute façon, lui, ça lui change rien plus rien, que j'arrive vingt minutes en retard.
Il n'évita le stylo bleu lancé par le commissaire que parce qu'il se baissa juste au bon moment pour examiner le corps.
Parce que la justice est aveugle, c'est Drake qui récolta le projectile en plein front, dans l'indifférence générale, l'attention de l'équipe se portant sur le légiste dépêché sur place pour de premiers examens.
-Deux plaies dues à un instrument tranchant, sans doute, une à la gorge, qui a été fatale, l'autre c'est du gratuit pour la route...
Dee grimaça.
-Où va-t-on si même les serials killers se mettent à faire les soldes?
La chose à ne pas dire. Un homme raide et élancé l'interrompit, les joues rouges de colère. Le patron du bar. Ses montres et bracelets en or cliquetaient à chacun de ses mouvements de poignet rageur.
-Vous aviez dit que ce n'était pas un serial killer!! Vous aviez dit que ce n'était pas ça! Ou que vous le choperiez avant!! Qu'est-ce que vous foutez, flics de me...
-D'accord, d'accord, Mr Di Longo, on se calme. Le fait est qu'avec un deuxième meurtre dans des conditions similaires, on peut commencer à exclure l'hypothèse d'un accident et...
-Vous essayez de couler mon business!! Vous allez les laisser crever mes clients jusqu'à ce que tous les gays du coin restent terrés chez eux!! Je parie que vous allez tout raconter à la presse, bande de sales homophobes en uniforme!!
-Personne ne va rien dire à la presse. Bon, écoutez, suivez-moi au commissariat, on va discuter de tout ça.
Un soupir de gratitude accueillit le départ du commissaire et du moulin à insultes.
-Comme quoi il a pas que des mauvais côtés, le blaireau.
La fine équipe hocha la tête devant tant de sagesse, avant de se disperser qui pour examiner les lieux, qui pour aller interroger les rares témoins qu'on avait réussi à rassembler, barmen et danseurs.
Dee jeta un dernier oeil au corps abandonné contre le mur, au milieu des poubelles, avant de se relever. Il chercha Ryo des yeux et se rapprocha de son partenaire, dans le but évident de joindre l'utile -se mettre à jour sur le dossier- à l'agréable -profiter d'une conversation avec le métis-.
-Les scientifiques ont trouvé quelque chose?
-Bien sûr. Un bon millier d'empreintes et des centaines de traces de sperme, salive et autre. Tu veux le nombre de poils en tout genre, ou ça va aller?
Il passa outre le ton légèrement agacé de son partenaire, et soupira.
-Parfois je voudrais être dans une de ces séries télés de la CBS. Où il suffit de laisser faire les blouses blanches pendant qu'on prend des donuts près de la machine à café, dans des bureaux modernes et propres. Et grands.
-C'est ça.
-Arrête, tu apprécierais, pense à tout le temps libre qu'on pourrait exploiter au bureau... Accepter de réaliser tous tes fantasmes pervers avec ton partenaire sexy...
A l'intérieur du bar, le barman s'interrompit en entendant le cri de douleur, demanda à Ted s'il ne valait mieux pas arrêter l'interrogatoire un moment pour porter secours au type qui était apparemment en train de se faire agresser, commença à s'inquiéter quand l'inspecteur lui répondit avec un grand sourire que tout était normal.

***

-Ils n'ont pas été violés, on ne s'est pas non plus acharné sur eux. Le mobile du vol est à exclure: on ne leur a rien pris, pas même leurs papiers d'identité. Ce qui a rendu les identifications aisées.
Dee se pencha vers Drake, sourire en coin pour murmurer.
-Le tueur est un mec sympa, hein?
Ryo ignora les rires qui suivirent, et continua son exposé. Non sans avoir toutefois eu le coup d'oeil noir qui sous-entendait que ce soir, quelqu'un se ferait ceinture.
-Les deux victimes n'ont pas grand chose en commun, pas le même âge, ni la même origine... Par contre, ils fréquentaient tous les deux le Blue Boy de façon occasionnelle pour...
Ryo se mordit la langue, continua néanmoins.
-... des aventures occasionnelles. Les employés ont certifié qu'ils ne se prostituaient pas. Mais comme ils n'ont pas intérêt à ce que l'on apprenne que le bar a des prostitués à résidence, on ne peut pas forcément se fier à leurs déclarations.
Il se saisit d'un dossier épais, aux coins raccornis.
-L'expert en profilage que nous avons contacté conclut également qu'on est sans doute en présence d'un serial killer. Pour lui, il tue des homosexuels en croyant faire une action d'intérêt général. Il s'est mis dans la tête que c'est sa mission. C'est sans doute quelqu'un qui est nouvellement installé dans le quartier, ou qui a subi un traumatisme récent.
Il fouilla un peu dans les papiers jusqu'à retrouver des notes prises au stylo.
-Il n'y a... pas d'indication en terme d'âge, mais il y a 99% de chance que nous recherchions un homme. Le légiste confirme, vu les blessures.
De temps à autres, certains d'entre eux hochaient la tête, emmagasinant les nouvelles informations d'un air dubitatif.
-J'adore les profilers. Avec eux, on arrêterait la moitié de New York.
La main de Ryo se crispa un peu plus fort sur son marqueur, mais il ne se laissa pas démonter.
-Le labo n'a rien d'exploitable pour identifier le tueur: la ruelle est accessible par la sortie d'urgence du bar, c'est souvent là que s'installent les... couples qui se forment. On a donc plusieurs hypothèses: soit il aborde ses victimes à l'intérieur et les entraine dehors, soit il guette la ruelle de l'extérieur, et lorsqu'un client s'y retrouve seul, il profite de l'occasion.
Ryo retint un soupir, conscient que tout ça n'aidait pas.
-En fait, la seule chose dont on soit sûrs, c'est que le tueur doit résider ou travailler dans le quartier, puisque son terrain de chasse se limite au Blue Boy.
JJ grimaça.
-Et voilà, je vais jamais plus pouvoir retourner boire un verre là-bas, ça va toujours me faire penser au boulot.
-Tu as toujours le Velvet Rose, console-toi!
-C'est un bar de camionneuses!! Vous voulez que je me fasse lyncher ou quoi?
Le "j'ai fini mon exposé" de Ryo se perdit dans l'échange d'invectives qui suivit.
Ce n'est que grâce à la formidable expérience de middle management du commissaire que le calme revint.
-TAISEZ-VOUS, BANDE DE CRETINS!! ....Ahrem. BON. Donc, après une conversation avec notre bruyant ami de ce matin, nous avons conclu qu'il fallait mettre le bar sous protection. Deux d'entre vous en planque devant l'entrée du bar et de la ruelle. On ne râle pas; vu ce qu'on a sur ce dossier, c'est sans doute notre seule chance d'éviter que quelqu'un d'autre soit massacré.
Il y eut un échange de regards. Les planques n'avaient jamais rien de réjouissant. Encore moins de nuit. Il y allait avoir des morts pour décider qui devrait se sacrifier.
-Ah... Latener! Tu surveilleras les lieux de l'intérieur. Le patron a une place libre pour un danseur professionnel.
Un silence phénoménal accueillit cette déclaration. Deux bonnes minutes de calme avant l'explosion:
-PAS MOYEN!!!

***

Quatre jours plus tard, après une journée de travail bien remplie, le commissariat du 27ème district se vidait lentement. A intervalles réguliers, des agents en civils s'éloignaient sous la bruine, pour rejoindre d'un pas pressé le métro ou l'arrêt de bus le plus proche.
Ou, pour certains, le bar gay du coin, et sa nouvelle recrue.
L'endroit était empli d'un voile permanent de fumée, la lumière était diffuse; il fallait un temps d'adaptation pour réussir à distinguer les visages des clients rassemblés là, masse hétéroclite d'étudiants sans le sou mais profitant de leur belle gueule, d'hommes à la recherche d'un coup d'un soir, de travestis étincelants d'or et d'arc-en-ciel.
Dee paraissait heureux comme un poisson dans l'eau.
-J'y crois pas, il se débrouille pas si mal que ça, en fait.
-Pourquoi tu crois qu'il a été désigné d'office? Tu te voyais faire le gogo danseur, toi?
Ted grimaça.
-J'ai pas ça dans le sang. Dee, par contre... C'est moi ou il s'éclate?
Monté sur un cube de béton, leur collègue se laissait caresser par la lumière, comme s'il s'agissait d'un amant. Avec des sourires provocants, il promenait continuellement son regard sur la foule, étudiant chaque client sous prétexte d'allumer tout ce qui bougeait. Tout son corps bougeait au rythme sourd de la musique, coups de reins et caresses appuyées, peau dorée par une huile pour le corps. Il fit un clin d'oeil à ses collègues assis au bar.
Contrairement aux autres danseurs, il avait négocié l'autorisation de porter un vieux jean usé, prétextant qu'il jouerait mieux le fantasme du bad boy policier avec quelques accessoires.
-Il a trouvé quelqu'un à la circulation qui a accepté de lui filer sa casquette??
-Johns, il parait qu'il avait quelques dettes.
-Il aurait du lui passer la matraque, en même temps que la casquette. Si le chef sait ce qu'il fait de son flingue, il est mort.
Le pistolet en question était tour à tour braqué sur la foule, léché d'un air lascif, et passé lentement sur les pectoraux bien dessinés. Parfois plus bas.
Les deux commentateurs frissonnèrent.
-Il est malade, s'il se blesse?
-Tu rigoles, c'est Dee, quand même.
-S'il se fait mal, ce sera bien fait pour lui.
Drake et Ted tournèrent la tête d'un bloc vers Ryo, qui venait d'ouvrir la bouche pour la première fois depuis qu'ils étaient arrivés. Le métis refusait obstinément de regarder les danseurs: il restait assis au bar, l'air renfrogné.
Les deux inspecteurs échangèrent un regard signifiant en substance que Ryo se comportait comme une petite amie jalouse, mais que le premier qui le ferait remarquer jouerait sa vie. Et qu'ils n'étaient ni l'un ni l'autre suicidaires.
De toute façon, ils se trouvèrent rapidement d'autres préoccupations.
-Merde, j'ai l'impression que le mec là-bas me reluque.
-....C'est pas qu'une impression. Bien joué, t'aurais pu tomber sur un plus moche.
Ted pâlit un grand coup.
-Okay, il est temps de rapporter le ravitaillement à JJ.
Ils se frayèrent un chemin parmi les clients pour se retrouver dehors, traversèrent en courant jusqu'à la voiture banalisée où JJ boudait, visage à moitié enfoui dans ses bras croisés. Il ne releva même pas la tête quand ils s'engouffrèrent dans le véhicule.
Drake lui tendit un sac en papier contenant sandwich et thermos de café de rigueur.
-Alors, du nouveau?
Son partenaire grogna telle une âme en peine, si bien que l'autre homme ne put s'empêcher de le prendre en pitié.
-Fais pas cette tête, JJ, tu aurais grillé sa couverture à force de t'extasier, si tu étais venu.
Le jeune homme leva un sourcil curieux malgré lui.
-Dee-sempai est aussi doué que je l'imaginais?
A l'arrière, Ryo serra tellement la mâchoire qu'il dut se fissurer l'émail d'au moins trois dents. JJ poussa un soupir de désespoir.
-C'est tellement injuuuuste! ....Vous avez pris des photos, au moins?

***

Ryo n'avait pas vraiment eut l'intention de revenir sur ses pas. Il avait laissé Ted à une bouche de métro, et avait commencé à remonter le boulevard menant à son appartement.
Pourtant, en cours de route lui était venu un coup de folie. A chacun de ses pas, il repensait à la musique cacophonique du Blue Boy, au parfum poivré d'après-rasages se mêlant, à l'odeur de transpiration et de sexe. Surtout, il repensait à ce qu'il avait entre-aperçu de Dee.
Ce qu'il aurait pu apercevoir. S'il avait regardé. S'il s'était permis de regarder.
Ce qu'il avait raté.
A mi-chemin, Ryo fit demi-tour. Il s'était inventé des excuses, bien sûr: c'était pour demander à Dee s'il avait aperçu quelqu'un de suspect. Non, ce prétexte ne tiendrait pas, pas avec l'équipe stationnée devant le bar. Alors... c'était pour jeter un oeil à la scène des crimes à nouveau, se mettre dans l'ambiance, et parce qu'il... venait de penser à quelque chose. Oui, voilà, il venait d'avoir une nouvelle idée.
Drake et JJ eurent l'air surpris quand il leur annonça ceci; cependant, ils ne commentèrent pas. Ryo se dirigea vers le bar, les joues en feu.
Il n'était pas familier de la scène gay, il n'avait jamais recherché ce genre d'endroits. Ce n'était pas sa culture, pas ce qui l'attirait. Ce n'était pas 'lui'.
Pourtant, à présent qu'il se retrouvait à nouveau au milieu des danseurs, seul cette fois, sans la protection des autres, il sentait son coeur battre à tout rompre. Une excitation mêlée de peur, proche de celle qu'il ressentait parfois quand les choses se gâtaient, sur le terrain. Sauf que dans l'exercice de ses fonctions, son instinct et son cerveau l'aidaient toujours. A cet instant, ils l'avaient complètement déserté.
Ses yeux venaient de tomber sur Dee. Dee, toujours en pleine démonstration, et qui ne l'avait pas remarqué.
Il déglutit, l'esprit vide.
Un danseur lui mit un coup de coude dans le ventre et il revint à la réalité, décida de se placer sur le côté, continuer d'observer, plus discrètement. Le temps qu'il atteigne le mur, deux mains étaient passées sur ses fesses, une sur sa braguette, cherchant à tâter son sexe.
Il ne réussit à se détendre qu'en se réfugiant dans la pénombre du mur, rassurant obscurité qui accueillait les voyeurs tout en les rendant moins vulnérables, libres d'observer, de repérer, de détailler.
Il n'avait jamais remarqué à quel point les abdominaux de Dee étaient bien dessinés, malgré toutes ces allusions que son amant pouvait faire à d'innombrable heures passées en salle de musculation. Bien sûr, Dee avait toujours été bien bâti, mais... le découvrant ainsi, Ryo avait l'impression de ne jamais l'avoir regardé vraiment.
Un des clients s'approcha, tira Dee par le pantalon pour le faire se mettre à genoux, se baisser, lui parler à l'oreille. Dee se mit à rire. Avec un haussement de sourcils évocateur, il déboutonna lentement son jean, ouvrit la braguette pour laisser apercevoir un boxer noir, que Ryo connaissait pour l'avoir vu des dizaines de fois. Dee avança les reins, exposant visiblement la bosse formée par son sexe. Avant de se relever pour reprendre son spectacle, il laissa le client embrasser son entrejambe.
Sans s'en rendre compte, Ryo se lécha les lèvres. Il lui semblait soudain que quelque chose s'était niché dans ses intestins, quelque chose de familier et de dangereux.
Dee devait danser depuis des heures, sous la lumière des spots. Ses cheveux noirs n'avaient plus ni l'éclat ni la légèreté que Ryo leur connaissait, la douceur qu'ils pouvaient avoir quand il passait ses doigts dans les mèches sombres, profitant que Dee dorme à ses côtés.
Sur son estrade, Dee se cambra, les yeux fermés.
D'autres images revinrent à la mémoire de Ryo. Avant ces innombrables moments d'apaisement, de sommeil partagé.
Son rythme cardiaque s'accéléra. Dee, le déshabillant, regard sombre de prédateur. Sa langue dansant contre celle de Ryo, épaisse et douce. La caresse de mains fortes sur son dos, ses reins, son anus.
Le sexe de Dee, rouge sombre, gonflé, dressé, aussi impatient que le sien, abandonné à des lèvres fines se refermant sur son gland, titillant, et pourquoi Dee n'avait-il jamais voulu demander ça de Ryo, pouvoir plonger son sexe lourd dans sa bouche et...?
Il y eut soudain des applaudissements, pour saluer l'arrivée sur scène d'un travesti, et Ryo cligna des yeux.
Dans la seconde, il se rendit compte qu'il bandait.
Il jura, se rendit compte qu'il ne réussirait pas à dissimuler son érection, réussit à grand peine à ne pas s'étrangler sous le coup de l'embarras.
Sentant la panique grandir, il chercha des yeux un échappatoire, un recours. Ses yeux tombèrent sur la porte des toilettes.
Il préféra ne pas prendre le temps de réfléchir.
Les sanitaires sentaient l'urine, le tabac froid, le sperme. Un couple se caressait dans un coin, observé par un type gras d'une quarantaine d'années. Ils lui jetèrent à peine un regard lorsqu'il entra, comme si des mecs débarquaient toutes les deux minutes pour se jeter dans l'une des cabines, sans même prendre la peine de verrouiller derrière eux avant d'ouvrir leur pantalon, de s'attraper et de se caresser avec une force peu commune.
Bon sang, il ne se masturbait pas souvent mais... Ce soir...
Sa respiration s'accéléra au rythme de ses coups de poignet, images de Dee en train de danser hantant son esprit.
Il n'entendit pas grincer la porte des toilettes.
L'homme qui enfonça la porte de sa cabine le surprit en plein orgasme.

***

Les planques avaient ceci de fantastiquement emmerdant que même dans l'hypothèse incroyable où elles étaient couronnées de succès, pendant 98% du temps, il ne se passait strictement rien.
Et en plus, on se retrouvait bloqué dans une voiture ridiculement étroite, aux sièges inconfortables.
-Aaaaah, j'en ai marre, je vais me dégourdir les jambes!
Drake jeta un coup d'oeil à son jeune partenaire.
-Tu ne vas pas aller espionner Dee, pas vrai?
Le jeune homme prit un air innocent qui n'était pas vraiment de bon augure, tout en se glissant à l'extérieur de l'habitacle.
-Je t'ai donné ma parole trois fois de suite, non?
Il n'avait pas traversé la rue qu'il rajouta avec un sourire énorme:
-Mais si je tombe sur lui 'par hasard', ce ne sera pas comme si j'avais menti.
Histoire que Drake ne lui tombe pas sur le coin de la trombinette tout de suite, il n'entra pas directement dans le bar, mais resta devant l'entrée à aller et venir, jaugeant du regard les clients s'attardant dans la rue. A sa grande satisfaction, il s'attira quelques coups d'oeils appuyés et très intéressés. Il était à deux doigts de décider que la planque avait suffisamment duré, merci bien.
Pourtant, parce qu'il avait des principes, JJ laissa passer l'occasion: il continua de marcher, finit par atteindre la ruelle qu'ils étaient censés garder à l'oeil.
Les trois couples qui s'y trouvaient auparavant avaient disparu.
Il y eut un mouvement dans l'ombre.
JJ fronça les sourcils, tenta de distinguer ce qui s'y cachait.
Un cri étouffé.
L'adrénaline déferla dans ses veines; sans faire de bruit, il sortit son arme et sa lampe torche. L'agresseur n'était sans doute armé que d'une arme blanche. Il fallait l'empêcher d'agir, détourner son attention.
-Police!! Arrêtez!!
Il perçut une exclamation de surprise provenant de l'escalier de service, y braqua sa torche.
Deux ados le regardaient avec des yeux ronds, paniqués. Le plus grand avait son pantalon sur les genoux, son sexe amolli toujours entre les mains de son compagnon.
JJ grogna.
-Pardon, c'est une erreur, désolé. Continuez comme si je n'étais pas venu!
En fait de continuer, les deux jeunes se rhabillèrent et rentrèrent comme s'ils avaient vu le diable.
Pas franchement fier de lui, JJ pria mentalement que Drake n'aie rien vu de la scène, histoire de pouvoir passer cet épisode sous silence au moment d'établir le rapport.
Derrière lui, un couvercle de poubelle tomba à terre.
Il n'entendit la respiration de l'homme que trop tard.
Il réussit à pivoter sur lui-même suffisamment vite et la lame ne passa qu'à quelques centimètres de sa gorge, métal brillant d'un éclat incroyable dans les ténèbres. A la douleur qui jaillit soudain dans son biceps gauche, il comprit que l'arme lui avait entaillé le bras.
L'autre se lança à nouveau à l'attaque.
Sang battant à ses tempes, dents serrées, JJ le mit en joue.
Ce n'est pas lui qui tira.
L'homme s'effondra à terre avec un gémissement, une tache écarlate grandissant rapidement au niveau de son épaule.
Drake accourut, arme au poing, s'assurer que son coéquipier n'avait rien de grave, que tout allait bien.
Il ne prévint le central qu'ensuite.
Au milieu des voitures de police appelées en renfort, et des ambulances, JJ se dit qu'il allait vraiment devoir changer de bar, en trouver un autre pas trop loin offrant des garçons mignons quand même.
Cependant, il conclut également que pour le moment, il avait des soucis plus urgents: protéger des mains alléchées de Ted les donuts de bon rétablissement offerts par Drake.

***

En débarquant à l'appartement au petit jour, Dee ne s'attendait pas à recevoir un accueil fabuleux. D'une, parce qu'il commençait à sacrément sentir le fauve. De deux, parce qu'il était tôt. Ou tard, selon.
De trois, parce que les conditions dans lesquelles lui et son partenaire avaient du se séparer ne jouaient pas vraiment en sa faveur.
Au vu des cernes grises sous les yeux de Ryo, Dee comprit que toute l'évasion par la porte de derrière avait du le torturer en beauté.
-Je n'ai JAMAIS été aussi humilié.
Dee tenta un sourire apaisant, après leur avoir versé à chacun une bonne dose de café.
-Vois le bon côté des choses. Le chef n'en saura rien, Drake a accepté de ne rien mentionner dans son rapport.
Les pourparlers de paix furent tués dans l'oeuf par un regard assassin.
-Je te déteste.
-Quoi?? Ca va encore être ma faute?? J'y crois pas! Attends, c'est pas moi qui suis allé m'astiquer le manche en public!
A ce rappel assez cru de la situation, Ryo s'interrompit dans son projet de lancer son reste de café à la tête de Dee, et chercha refuge dans la fuite. Il alla se refugier près de l'évier, espérant que son partenaire ne verrait pas ses joues rougies par l'embarras.
Raté.
Dee arborait un sourire très content de lui.
-Tu es pardonné, tu sais? Je t'avais vu entrer. J'ai forcé sur le show.
Ryo se mordit la lèvre, incapable de s'énerver vraiment, pas maintenant que les images de la soirée lui revenaient en mémoire.
-Tu n'avais pas à me suivre! Tu étais en service!
-Eeeeh, on a droit à 10 minutes de pause toutes les heures, en tant que danseur. De toute façon, c'était l'heure du numéro de Djamila.
Ryo aurait pu répondre, si Dee ne s'était glissé traitreusement dans son dos, lui attrapant les reins pour le maintenir bien en place.
-Et puis tu étais tellement tentant... C'est pas tous les jours que je te vois dans cet état...
-Ce n'est pas tous les jours que tu fais le guignol sur une scène.
-Je vais peut-être m'y mettre plus souvent, si ça te fait cet effet là.
Un instant, Ryo ne répondit rien, trahit par son sexe tressautant dans son pantalon de jogging usé. Dee crut qu'il avait gagné la partie et qu'il aurait droit à des dizaines d'autres moments de délicieux sexe en public, dans des toilettes ou des halles voire même des rues désertes.
Cependant, finalement, une cuillère en bois lui atterrit dans le menton, et Ryo énonça sa sentence:
-Recommence ce cirque et jamais tu ne remettras les pieds ici!!
Et Dee regretta une n-ième fois que sa vie ne ressemble pas un peu plus à une série télé. Une série de chez HBO, cette fois.
Moins de violence conjugale. Beaucoup plus de sexe.

fake, pour:bestiole, fic, auteur:azeri

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