Titre : Le meilleur endroit au monde
Auteur : Queen Medb (Participant.e 15)
Pour : Badaboum! (Participant.e 7)
Fandom : Wandavision
Persos/Couple : Billy, Tommy, Wanda, Vision
Rating : K
Disclaimer : Wandavision appartient à Marvel et Disney
Prompt : Les jumeaux demandent si le monde dans lequel il vivent et qui subit régulièrement des « bugs » n’est pas un peu étrange tout de même, et Billy se demande même s’il n’est pas en train de devenir fou (un peu d'angst et d’amour fraternel pour doser le tout.)
Westview était le meilleur endroit au monde pour vivre et en particulier pour des enfants. C'est ce que disait Maman, et Maman avait toujours raison. Même quand elle avait tort, elle finissait par avoir raison. C'était comme ça avec les mères.
Du moins, Billy le supposait. À la réflexion, il ne connaissait pas beaucoup de mères. Pas beaucoup d'enfants non plus. Il y en avait bien quelques à Westview, mais Billy ne les voyait jamais que de loin quand ils se promenaient en famille. Il n'y en avait jamais aucun qui jouait dans la rue et quand une famille passait dans le quartier avec un enfant, elle ne passait jamais devant chez eux. Un jour, il finit par s'en étonner auprès de sa mère.
-Que veut-tu que je te dise mon chéri ?, répondit sa mère en haussant les épaules. Ils doivent avoir trouvé un raccourci pour rejoindre le parc.
Le lendemain, une famille passait devant chez eux, le père, la mère, et les deux enfants, tous bien habillés. Billy manqua de sauter de joie quand il les vit passer alors qu'il jouait avec Tommy dans le jardin. Son frère était génial, c'était pas ça le problème, mais quand même, ce serait chouette de pouvoir parler à d'autres enfants. Et puis, Tommy avait l'air tout aussi excité que lui.
Billy atteignit le premier la haie qui les séparait de la rue. Tommy était le plus rapide entre eux deux, mais il tenait à mettre la balle dans le panier avant d'aller dire bonjour.
-Billy !, s'exclama leur mère qui s'occupait du rosier tout prêt. Attention aux voitures !
Comme s'il risquait quoi que ce soit. Aucune voiture ne passait jamais dans la rue, sauf celle de Papa quand il rentrait du travail.
-Bonjour !, s'exclama-t-il par dessus la haie à la haie. Comment...
Il s'interrompit. Les deux filles qui avaient à peu près son âge, s'agrippaient à leur mère comme si quelque chose les terrorisait. Des larmes coulaient le long de leur visage. En relevant la tête, Billy constata qu'il en allait de même pour les parents.
-Hé ! Quelque chose ne va pas ?, demanda-t-il ?
Le monde vibra.
-Billy !, s'exclama leur mère qui s'occupait du rosier tout prêt. Attention aux voitures !
Comme s'il risquait quoi que ce soit. Aucune voiture ne passait jamais dans la rue, sauf celle de Papa quand...
Quelque chose était anormal. Billy s'arrêta à côté de la haie et regarda par dessus passer la famille, sans leur adresser un mot. Celle-ci passa en gardant les yeux fixés droit devant elle. Personne ne pleurait. Pourquoi s'attendait-il à ce que la famille soit en train de pleurer ?
Est-ce que la main d'une des filles ne tremblait pas en s'accrochant à celle de sa mère ?
-Ben dis donc, fit Tommy en s'arrêtant à côté de lui sans cesser de dribbler. Je croyais que t'avais envie de leur causer. Elles sont si mignonnes que ça ? Ta bouche est ouverte tellement grande que tu vas gober une mouche !
Billy se secoua. Maman continuait à tailler son rosier en fredonnant comme si tout était normal. Non, c'était lui qui devait avoir mal vu. Il n'y avait pas d'autres explications. Si ?
Il se posa la question deux minutes puis Tommy proposa qu'ils reprennent leur partie de basket. Tout à leur partie, Billy oublia l'incident.
Trois jours plus tard, celui-ci se rappela à lui dans des circonstances étranges. Ils avaient terminé de prendre leur repas en famille et Maman avait proposé de s'installer tous ensemble devant la télévision pour regarder un film. Papa était tout aussi enthousiaste qu'eux à cette idée. Billy et Tommy s'installèrent tout contre lui. Ils laissèrent volontiers Papa manier la télécommande pendant que Maman sortait la tarte aux pommes du four. Billy en avait déjà l'eau à la bouche.
-Voyons ce qu'il y a ce soir à la télé, marmonna Papa.
-Quelque chose de familial, cria Maman par-dessus le comptoir, qui plaise aux enfants et qui soit un peu pédagogiques.
-Bien sûr ma chérie. Oh, je vois trois ou quatre films qui correspondent à tes critères. N'est-ce pas fantastique ? Il y a toujours ce que tu veux à la télévision.
-Même la télé sait qu'il faut plaire à Maman, ricana Tommy.
-Attention, ça ressemble à de l'insolence, et les insolents n'ont pas droit à de la tarte aux pommes, menaça Maman. La tarte est prête, vous pouvez lancez !
Billy fronça les sourcils. C'est vrai qu'il y avait toujours le film ou la série que Maman voulait voir à la télévision, et ils ne rataient jamais les premières minutes.
-Un instant, fit Papa, je voudrais voir la météo d'abord. Fantastique, du soleil toute la journée ! Vous savez, je suis incapable de me rappeler du dernier jour de pluie. Nous devrions être en pénurie d'eau depuis le temps et la pelouse toute grillée. En fait... Wanda, nous sommes bien arrivés à Westview en été ?
-Oui.
La voix de Maman était inquiète soudain. Billy se retourna pour la regarder. Ses sourcils étaient froncés. Pire elle avait l'air effrayée.
-Tu es tombée enceinte en été, les enfants sont nés en été. Je veux bien qu'ils grandissent vite, mais depuis le temps, on devrait être au moins fin octobre ! Comment le temps peut-il être si magnifique si longtemps sans que personne ne s'inquiète ? Scientifiquement cela ne fait au...
Maman laissa tomber la tarte qui se renversa sur le sol. Maman leva la main et une lueur rouge grandit dans ses yeux. Le monde vibra.
-Même la télé sait qu'il faut plaire à Maman, ricana Tommy.
-Attention, ça ressemble à de l'insolence, et les insolents n'ont pas droit à de la tarte aux pommes, menaça Maman. La tarte est prête, vous pouvez lancez !
Billy fronça les sourcils. C'est vrai qu'il y avait toujours le film ou la série que Maman voulait voir à la télévision, et ils ne rataient jamais les premières minutes.
-Un instant, fit Papa, je voudrais voir la météo d'abord. Fantastique, du soleil toute la journée ! Et bien les enfants, on dirait que vous allez pouvoir jouer tout votre content dehors demain ! N'oubliez pas de rester bien hydratés et de mettre une casquette.
-Laissez-moi un peu de place, la tarte est prête ! Qui en veut ?
Maman s'installa à côté de Billy et passa la tarte à Papa pour qu'il la coupe. Des assiettes et des couverts flottèrent jusqu'à eux. Tout était bien. Tout était normal. La main de Maman se posa sur son épaule. Elle lui embrassa le front.
-Profitez bien du film mes chéris. C'était un de mes préférés quand j'avais votre âge.
Tout était normal. Tout était normal.
Tout n'était pas normal. Maintenant que Billy savait quoi chercher, il le remarquait plus souvent, le monde qui se figeait, sautait et repartait. C'était comme une cassette qu'on rembobine, sauf que la deuxième fois, le film était toujours différent. Une fois, c'était un voisin qui disait quelque chose qui semblait embêter Papa qui s'arrêtait et recommençait, et Papa semblait plus heureux. Une autre, c'était Agatha, la voisine si gentille, qui s'arrêtait pour demander à Maman si elle s'était trompée de réplique. Il y avait eu la fois où Tommy avait lancé si fort le ballon qu'il s'était coincé dans un arbre, avant de se retrouver à leurs pieds quand Tommy avait suggéré de grimper dans l'arbre pour le récupérer. Une fois, c'est Billy qui avait lancé une méchanceté à Maman, sans trop savoir pourquoi, pour tester les limites, peut être, et qui s'était retrouvé à l'autre bout de la pièce en train de répéter sa phrase précédente en un clignement d’œil.
Billy commençait à avoir peur.
-Tommy ?, demanda-t-il un soir en se retournant dans son lit. Tu dors ?
Ils étaient couchés depuis un petit moment, la lumière éteinte. Ils étaient censés dormir, bien sûr, mais Tommy se releva aussitôt sur un coude.
-Non. Qu'est-ce qu'il y a ?
-Tu n'as pas l'impression que le monde est... étrange ?
-Étrange ?
-Tu as remarqué comment des fois le monde s'arrête et redémarre ? Je veux dire, comme une cassette qui se rembobine.
-Quoi ?
-Ou dans un jeu vidéo, tu sauvegardes, tu fais une erreur, et quand tu reviens à la sauvegarde, au lieu d'aller à gauche, tu vas à droite.
Tommy alluma la lumière et le fixa d'un air inquiet. Dehors, une voiture klaxonna.
-Mais de quoi tu veux parler ?
Billy déglutit.
-Rien. J'ai du faire un cauchemar. Éteins, si Maman voit la lumière, elle va se mettre en colère.
Au lieu d'éteindre, Tommy continua à le fixer.
-Des fois qu'est-ce que t'es bizarre. À se demander si on est vraiment frères.
Il se pencha pour éteindre, mais s'arrêta soudain. Billy tendit l'oreille et, à son tour, il entendit les voix de leurs parents. On aurait dit qu'ils criaient. Billy et Tommy se consultèrent en silence, puis Tommy se leva, éteignit la lame et grimpa sur le lit de Billy.
Il y avait un truc pour quitter la chambre sans se faire remarquer : ne surtout pas appuyer sur les trois lattes devant la porte. Le seul moyen d'éviter ça, c'était d'ouvrir la porte en se penchant depuis le lit de Billy et se glisser hors de celui-ci en faisant un grand pas pour poser directement le pied sur le pallier. Tommy passa le premier, puis Billy. Une fois sur le pallier, ils évitèrent toutes les lattes grinçantes et s'assirent sur la première marche de l'escalier pour écouter.
Papa criait et Maman aussi. Comme ils étaient dans la cuisine, ce n'était pas facile d'entendre ce qu'ils disaient, mais on aurait dit que Papa accusait Maman de tout contrôler et Maman lui reprocher en retour de ne pas lui faire confiance. Billy se pencha un peu plus.
-... immoral, Wanda !
-Tu peux me reprocher ce que tu veux Vision, mais c'est notre famille ! Je dois la protéger. Tu n'as aucune idée de ce qu'il y a là dehors.
-Non, je n'en ai aucune idée et je me demande bien pourquoi ! Je ne sais pas ce qui me retient de... Ou plutôt si, je sais.
-Tu oses ?
Tommy et Billy échangèrent un regard inquiet. Ils ne comprenaient rien à ce qui se passait et ils n'avaient jamais vu Maman et Papa se disputer. Ce n'était pas bien.
-On ne joue pas avec les vies des gens, mais c'est ce qui se passe. Des gens souffrent autour de nous. Il faut que ça s'arrête ! Je vais...
La voix de Papa s'étrangla dans sa gorge. Une lueur rouge tremblota dans la cuisine. Le monde vibra.
Papa éclata de rire.
-Je vais me fâcher tout rouge ! Voyons Wanda, tu croyais vraiment pouvoir me cacher que tu as cassé le micro-ondes ? Regarde, il n'arrête pas de sauter.
-Je te jure, ce n'est pas ma faute ! Peut être un des enfants qui a joué avec ? Ils ne savent pas toujours ce qu'ils font.
-Laisse-moi mettre la main dedans, on va voir ce que je peux faire pour réparer. Mais d'abord, je dois te punir comme tu le mérites.
Le bruit qui monta de la cuisine était celui dégoûtant de deux adultes qui s'embrassaient sur la bouche. Tommy envoya son poing dans l'épaule de Billy.
-Aïe !
-C'est pour ça que tu m'as fait me lever ? Ils ne se disputent pas, ils... ils... Beurk ! J'ai pas envie d'entendre des adultes qui s'embrassent, moi ! Je retourne me coucher.
-Non, je te dis qu'ils se disputaient !, chuchota Billy à toute allure pour ne pas être entendu d'en bas. Ils parlaient de nous protéger, Papa était en colère... Tu les as entendu ! Tu as vu le monde vibrer et changer, comme moi !
Déjà debout, Tommy lui lança un regard un peu condescendant.
-Des fois je me demande ce qui se passe dans ta tête... Peut être que si tu dormais plus et que tu pensais moins tu serais plus normal. Tu as pensé à ça ?
Billy se décomposa. Et si c'était Tommy qui avait raison ? Est-ce qu'il pouvait vraiment avoir tout imaginé ?
-Dépèche !, souffla Tommy depuis la porte de leur chambre. Je veux pas me faire punir à cause de toi !
Billy se dépécha d'obéir. Malheureusement, dans son angoisse, il oublia une des lattes du plancher qu'il fallait éviter. Le plancher grinça.
Le rire de Maman dans les bras de Papa s'arrêta net. « Les enfants ? », demanda-t-elle d'une voix inquiète. Le monde vibra.
-Tommy ?, demanda Billy en se retournant dans son lit. Tu dors ?
Ils étaient couchés depuis un petit moment, la lumière éteinte. Ils étaient censés dormir, bien sûr, mais Tommy se releva aussitôt sur un coude.
-Non. Qu'est-ce qu'il y a ?
-Tu n'as pas l'impression que le monde est... étrange ?
-Étrange ?
-Tu as remarqué comment des fois le monde s'arrête et redémarre ? Je veux dire, comme une cassette qui se rembobine.
-Quoi ?
-Ou dans un jeu vidéo, tu sauvegardes, tu fais une erreur,... Attends. Je t'ai déjà dit ça tout à l'heure.
-Quand ça tout à l'heure ?, bailla Tommy en allumant la lumière. De quoi tu parles ?
Billy regarda tout autour de lui. Dehors, une voiture klaxonna.
-On a déjà entendu cette voiture. Et puis on est descendus en bas. Papa et Maman se disputaient.
Le rire de Maman s'éleva d'en bas. Tommy adressa un regard moqueur à Billy.
-Ils se disputent vachement, oui. Tu as besoin que je t'expliques ce que font les adultes quand les enfants sont couchés ou tu n'es plus un gros bébé ?
Billy se recroquevilla et prit sa tête entre ses mains.
-Je ne suis pas fou !
Tommy sortit de son lit et vint s'asseoir à côté de lui pour lui envoyer amicalement son coude dans l'épaule.
-Mais non. Tu es juste le frère le plus bizarre que j'aurais jamais pu avoir, mais comme tu es mon seul frangin, je fais avec. À mon avis, tu aurais pas du reprendre une deuxième fois de la glace, tu sais que ça te retournes l'estomac. Qu'est-ce que tu veux, t'as pas mon « métabolisme exceptionnel », comme dis Papa. Tu as fait un cauchemar.
-C'était pas un cauchemar.
-Un rêve éveillé, des angoisses nocturnes... Je sais pas moi. Tu veux qu'on aille demander à Maman si elle peut te chanter une berceuse ou te donner un truc pour le mal de ventre ?
-Pour la dernière fois, je n'ai pas mal au ventre !
Le regard de Tommy traduisait sa pensée. Son frère ne croyait pas un mot de ce qu'il racontait. En même temps, sa main tremblait un peu sur l'épaule de Billy. Il avait l'air vraiment inquiet, même s'il ne comprenait rien à ce qui se passait. Pas que Billy comprenne grand chose de plus.
Il se mordit les lèvres. Si Tommy ne se rendait compte de rien... Billy n'avait pas le droit de l'inquiéter. Ça devait être terrifiant d'avoir l'impression que son frangin devenait fou, presque aussi terrifiant que d'avoir soi-même l'impression de l'être.
Billy porta sa main à son estomac.
-Tu sais quoi ? Maintenant que tu le dis, je me sens un peu barbouillé.
-Ah ! Tu veux que j'aille te chercher un truc ?
-Non, pas la peine. Je vais essayer de me rendormir et si ça va vraiment pas, j'irais m'en occuper moi-même.
Tommy lui lança un regard dubitatif.
-Tu es sûr ?
-Oui ! Va dormir !
Tommy bailla à s'en décrocher la mâchoire.
-Si tu dis que ça va... Mais sinon tu me réveilles, hein ?
-Promis.
Tommy s'endormit sitôt sa tête posée sur l'oreiller. Billy, lui, se cacha sous sa couette, mais il ne réussit pas à fermer les yeux. Il compta les secondes pour ne pas penser au monde qui vibrait et changeait. Finalement, la porte s’entrebâilla.
-Tout le monde dors ?, chuchota Maman. Tommy ? Billy ?
Aucun des deux frères ne bougea. Billy ferma très fort les paupières pour qu'on ne remarque pas qu'il ne dormait pas, lui et essaya d'imiter le souffle lent de Tommy.
-De toute évidence le marchand de sable est passé, nota Papa. Tu t'inquiétais pour rien.
-Oh ? C'est le spécialiste du s’inquiéter pour rien qui me dit ça ?
-Des calomnies maintenant ! Viens chérie, redescendons. Nous avons cette bouteille de vin à finir et d'autres choses en cours.
-Bien sûr, rit Maman. Je voulais juste m'assurer que tout allait bien.
La porte se referma. Tout allait bien, se répéta Billy en rouvrant les yeux. Après tout, ils étaient en sécurité et en bonne santé et ils vivaient dans la meilleure ville du monde. Westview était le meilleur endroit au monde pour vivre et en particulier pour des enfants. C'est ce que disait Maman, et Maman avait toujours raison. Tout allait bien. C'était lui qui avait une trop grande imagination, voilà tout. Et même s'il y avait un danger, Maman et Papa étaient assez forts pour arrêter tous les dangers du monde.
Toujours trop éveillé pour pouvoir dormir, mais un peu rassuré quand même, Billy se leva pour regarder par la fenêtre les petites maisons toutes identiques où les lumières s'éteignaient les unes après les autres. On pouvait entendre des voitures rouler au loin et des oiseaux nocturnes chanter. Tout était calme. Billy sourit et se mit à regarder les étoiles clignoter au-dessus de la ville. Ils pouvaient presque reconnaître les formes de certaines constellations. Si seulement il avait sa lampe de poche pour pouvoir consulter son livre d'astronomie...
Billy se rejeta en arrière et courut se faufiler à l'abri sous sa couette et cacha sa tête sous l'oreiller en tremblant. Derrière les étoiles, le ciel tout entier prenait des reflets rouges.