Titre : La liberté d’un cœur distant
Auteur : Aplosia (Participant 7)
Pour : matriochka des isba (Participant 26)
Fandom : Le château ambulant
Persos/Couple : Hauru/Sophie
Rating : G, tous public
Disclaimer : Les éléments de cette fic sont repris du film d’Hayao Miyazaki
Prompt : Hauru s'était juré d'être libre. Lorsqu'il voit Sophie, cependant, il pense presque que le contraire aurait été mieux.
Notes : Je me suis inspirée de ton prompt, mais je crains de l’avoir peut-être interprété de travers. Quoiqu’il en soit, à toi de juger si ça te convient, mais j’espère que la lecture sera tout de même agréable
Hauru était enfant lorsqu’il offrit son cœur à une étoile. Cette étoile, c’était Calcifer, un petit démon du feu qui, grâce à ce pacte, survécut et acquis un grand pouvoir. Il en fût de même pour le garçon, qui, après avoir appris la magie, devînt un génie en la matière.
La magie était devenu pour lui une porte ouverte vers une infinité de possibilités. Il pouvait tout faire. Changer son apparence, devenir invisible, voyager en un clin d’œil d’une ville à une autre…
Mais ce qui lui plaisait le plus était de voler. Lorsqu’il flottait dans les airs sous forme d’oiseau, le vent s’engouffrant entre les plumes de ses ailes, il se sentait réellement libre et sans soucis.
Hélas, au cours des années qui passèrent, le ciel devînt de plus en plus chargé. Les engins aéronautiques de l’armée royale n’en finissaient plus de traverser les cieux, ternissant l’éclat du soleil par leur aspect menaçant et gris. Des troupes de sorciers les suivaient généralement.
Puis il y eût les bombes, et les nuages de fumée. Des éclairs qui illuminaient le firmament de leur lumière crue et brutale.
La guerre était une initiative que jamais Hauru n’approuverait. Elle peuplait l’atmosphère des cris et des pleurs du peuple qui se faisait joyeusement massacrer, du bruit de l’explosion des bombes. L’odeur de la poudre et de la chair carbonisée hantait le jeune homme comme une ombre qui refuserait de le lâcher. Un souvenir effrayant qu’il aurait voulu faire disparaître, mais rien n’y faisait.
Désormais, il allait être obligé de participer à cette guerre qu’il n’avait jamais voulu. Le désespoir qui l’envahissait à cette idée lui faisait monter la bile aux lèvres.
Il se contenta donc de fuir, se raccrochant à sa liberté comme un noyé à sa bouée. Il n’y avait rien de plus terrible que de voir sa propre magie se retourner contre lui. En devenant magicien, il avait cru qu’il pourrait transformer la réalité en rêve. Aujourd’hui, alors que l’horizon se couvrait de ténèbres, il ne voyait plus en la vie qu’un long cauchemar terrible où il lui fallait s’échapper de l’emprise tentaculaire d’un monstre que l’on nomme responsabilité.
Car son cœur était resté enfant, plongé dans les profondeurs brûlantes du démon avec lequel il s’était associé. Ses émotions étaient vives et éphémères, comme des brises d’automne. Rien ne l’attachait réellement à personne. Il avait essayé autrefois de se lier à des gens, cependant cela n’avait jamais fonctionné comme il l’espérait, car il était incapable de s’impliquer. Son cœur était trop lointain, et ses sentiments demeuraient inconstants. Il était devenu un jeune homme capricieux et égoïste.
Néanmoins, il restait libre, et c’était tout ce qui comptait…
Jusqu’à…jusqu’à ce qu’il rencontrât Sophie.
Elle n’était pas ce que l’on qualifiait de beauté. Elle n’avait ni la prestance, ni la toilette d’une vraie dame; elle ressemblait plutôt à une petite souris, timide et discrète. Contrairement aux femmes que Hauru avait fréquenté, et qui désiraient plaire à tout prix, Sophie était une jeune fille humble, à la tenue très sobre.
C’est pourquoi, au début, Hauru l’avait mésestimé. Il l’avait trouvé agréable, sans plus. Pourtant, elle aiguisa sa curiosité lorsqu’il la rencontra à nouveau. Il est vrai que sa voix lui était vaguement familière. Elle lui rappelait quelque chose, bien qu’il ne parvienne pas à mettre le doigt dessus.
Bien que le sortilège lancé par la Sorcière des Landes la fasse paraître bien plus âgée, Hauru parvenait à percer son apparence véritable, et c’est ainsi qu’il la reconnu. Il s’avoua en lui-même qu’elle était bien plus jolie qu’il ne le pensait. Sans doute était-ce à cause de son caractère, dont il n’avait eu qu’un bref aperçu auparavant, et qui maintenant lui explosait littéralement à la figure, créant de légères frictions. Elle était tout l’inverse de lui, et pourtant ce n’était pas non plus entièrement pour lui déplaire. Elle était courageuse, énergique et déterminée. Malgré la vieillesse qui lui incombait, de part la malédiction qu’elle subissait, elle travaillait d’arrache-pied et ne rechignait pas à l’ouvrage. Elle gardait néanmoins une certaine candeur émerveillée, surtout par rapport aux phénomènes incroyables qui se produisaient tous les jours dans le château, et auxquels Hauru s’étaient complètement habitué; pour lui, cela relevait du quotidien, mais quand il voyait les réactions de Sophie, sa lassitude blasée prenait un peu de recul. Elles le faisaient sourire, et cela faisait bien longtemps que plus rien ne l’émouvait autant. Depuis que son cœur, peu à peu, s’était fait distant des choses de ce monde.
Il se prit à vouloir la voir en train de rire. Il découvrit, à son plus grand étonnement, que voler ne lui apportait plus les mêmes sensations d’ivresse qu’avant. Il se sentait plus lourd, comme si la fuite ne le rendait plus libre, mais prisonnier d’une boucle infernale. A présent, il craignait de quitter le château, car il laissait Sophie seule. Certes, il la pensait hors de danger, mais son inquiétude ne se laissait pas apaisée par ce genre de raisonnement.
Il avait désiré n’avoir aucune attache. Et pourtant, bien malgré lui, il s’en était crée une…qu’il ne souhaitait pour rien au monde défaire.
Il n’y avait rien d’autre qu’il voulait que de voir ce visage sérieux et ridé s’illuminer et rajeunir sous le coup de la surprise et de la joie. Ces bras frêles l’enlacer, comme une mère et une amante, pour ne plus le lâcher.
A quoi bon la liberté, si c’est pour être seul sans elle ?