[fic] Yggdrasil Décembre - Deuxième manche
Titres:
Base: mythologie grecque
Personnage(s)/couple(s): Pygmalion et Galatée
Rating: R
Warning: lime
Genre romance glauque
Warning : déformation de mythe, glauque
Elle n’était rien, ne devait rien devenir. La pierre l’enveloppait, la protégeait. Il n’y avait pas de chaleur, pas de vie, pas de mort. Juste un temps qui ne pouvait exister… Et puis un jour, vint le ciseau du sculpteur. Mais quelle importance ? Elle ne pouvait rien ressentir. Alors peu importait les coups et les éclats, peu importait la forme qu’on lui donnait.
Que les mains calleuses s’amusent donc à lui donner des formes, ce n’était pas là son problème. Elle ne pensait pas, ne réfléchissait pas… On lui sculpta des yeux, elle ne pouvait voir, on lui fit un nez mais elle ne voulait respirer. Après tout, de quel droit un homme peut-il demander quelque chose à la pierre ?
Pygmalion n’avait voulu faire qu’une statue, c’était là son métier. Alors pourquoi les dieux cruels choisirent-ils de jeter ce trouble dans son esprit ? La pierre l’appelait et non l’inspiration. Elle avait un beau corps, la femme sculptée. Le marbre de Paros devait lui donner la peau douce. Il avança les doigts…
Qu’est-ce qui arrive, lorsqu’on est vivant ? Il y a d’abord ce petit bout de chair dans la poitrine qui bouge et fait du bruit. C’est le cœur, c’est le plus important. Sans cœur, on ne peut pas être vivant, cela rassura la statue, on ne lui en avait pas sculpté. Elle qui normalement n’aurait du ressentir aucune peur…
Il ne pouvait lutter, à vrai dire Pygmalion ne cherchait même pas à s’arrêter. Il n’y avait rien de mal, l’homme s’amusait comme souvent s’amusent les enfants. Pour sa statue, il achetait les étoffes les plus coûteuses, ce n’était pas un crime, cela faisait de l’argent aux marchands. Chaque jour il vêtait la pierre comme une noble dame et surtout, rêvait au moment où alors que la nuit tombe, il lui enlèverait la robe.
Le secret de l’obscurité, c’était les mains du sculpteur sur le marbre blanc. Il laissait descendre ses paumes fiévreuses sur le corps sans vie. Qu’ils étaient faciles à capturer, ces petits seins pleins ! Mais froids, tellement froid…. L’homme embrassait le cou gracile avant de finalement enfouir son visage fatigué dans la poitrine immobile. Au début, ses joues s’écorchaient contre la pierre, mais au fil des nuits le marbre s’était poli sous leur frottement. Pygmalion avait soif de chaleur, il murmura un nom. Toute maîtresse en a un après tout, alors pourquoi pas une statue ?
« Galatée… »
Et non, bien sûr que non il ne peut pas s’empêcher de la toucher ! Elle est sa vie, elle qui ne possède aucune chaleur. La courbe de son dos, le renflement de ses fesses… tout cela Pygmalion l’effleure, le caresse. Il chuchote des mots d’amours, s’énerve finalement et lui crie de la regarder. Il veut la torturer de ses doigts, cela ne marche pas. Même lorsque, les joues baignées de larmes, il glisse sa main entre les cuisses de la belle, la où la peau est la plus douce.
Mais jamais de soupirs, point de gémissement, point d’amour. Alors il ne lui reste qu’à baiser les lèvres de marbre. Ca, oui juste ça…
« Oh Aphrodite, pitié ! » La pierre n’a pas à supplier et pourtant, elle le fait. On lui a donné la conscience, on lui a donné la vue, il ne reste que la vie. Elle n’en veut pas.
Pas de cœur, pas de sentiments, pas d’amour et … Dieux je vous en prie, non ! Pas de tristesse….
Hélas là, ça y est, quelque chose commence à battre. Sur son corps brûle encore le chemin brûlant tracé par les doigts de Pygmalion. Et ce froid immense, car le vent de la nuit se joue de sa nudité…
Dans la couche de Pygmalion, se glisse Galatée.
Des enfants leur naîtront, et toujours Pygmalion aimera Galatée. Point de tristesse cependant pour l’ancienne statue, jamais. Même devant les parjures que commettront les enfants de ses enfants, car Aphrodite exaucera son dernier vœu.
Pour Galatée un corps de femme, mais pour Galatée surtout, un cœur de pierre…