Jan 02, 2008 18:01
Il y a pire, je crois, que de ne pas être en mesure de donner: ne pas pouvoir recevoir.
(J'y reviendrai plus en détails. Une histoire un peu trop longue et un peu trop triste. Je n'ai toujours pas le coeur, pour le moment.)
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J'ai commencé l'année en essayant de projeter des crêpes au ciel pour les retourner. Notre merveilleuse nouvelle crêpière devait m'aider à accomplir ce miracle. Peine perdue. J'ai un peu honte de mon poignet. Je crois toutefois que la faute en était surtout à mon mélange un peu trop lourd et aux crêpes trop épaisses. Je me pratiquerai un bon soir où j'aurai tout le temps devant moi. Je dois maîtriser ce mouvement spectaculaire! Voilà ma résolution de 2008. (C'est faux, j'ai en réalité quantité de projets en tête mais je ne me ferais jamais l'insulte de les qualifier de résolutions. Il s'agit surtout d'aboutissements d'un travail de très longue date.)
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Lors de mon tout premier appel de l'année, à peine avais-je prononcé ma formule d'usage que je me faisais raccocher au nez. Tu parles d'une façon de commencer l'année! J'étais quand même moins furieuse (pour ne pas dire outrée!) que lorsqu'en plein milieu d'un appel, je me faisais raccrocher tout bonnement au nez à un client à qui j'apprenais que le service à propos duquel il me questionnait occasionnait des frais. Pas même un « Désolé, finalement, je ne suis pas intéressé. » Non, il a simplement raccroché. Ce n'est pas le premier, mais là, je l'ai vraiment mal pris. Je me suis lancée dans une longue tirade à propos de l'absence de manières des Québécois, lui souhaitant de se faire violemment refermer la porte au nez dans un lieu public par quelqu'un d'impoli comme lui, puisque c'est à cause de gens comme lui que nous nous faisons tous refermer la porte au nez ou foncer dedans quand on essaie de sortir du métro, etc etc. Je n'étais plus arrêtable. Si quelque chose pouvait m'amener à succomber à mes pulsions sanguinaires, c'est bien l'absence de politesse. Dieu merci, je suis une folle furieuse en parfait contrôle.
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« Tu es exactement comme ton père! », m'a-t-elle lancé à la figure, d'un ton qui en disait long, tandis que je m'amusais tout innocemment. C'est vrai que je ressemblais beaucoup à mon père à ce moment précis et que je partage avec lui plusieurs caractéristiques dont je me réjouis. De toute évidence, elle ne voit pas du même oeil nos ressemblances. Je serais bien curieuse de savoir ce qu'elle avait en tête. Je ne crois pas que je finirai par l'apprendre. Il est clair que ça lui a échappé. Elle continuera de garder sous silence cette terrible proximité, avec la frustration et la colère qui lui sont propres. Grand bien lui en fasse. Je préfère bien sûr ressembler à mon père que de prolonger cette lignée de femmes hargneuses et envieuses à laquelle elle ressemble de plus en plus. Cette « lignée » étant constituée de deux personnes... Sa grand-mère est morte trop jeune pour qu'on sache si elle était hargneuse. Quant à son arrière-grand-mère et son arrière-arrière-grand-mère qu'elle a également connues, elle en a toujours parlé comme des femmes gentilles et calmes. Qu'est-ce qui a pu foirer de la sorte? Il a suffi d'un monstre pour tout gâcher. (Et ce monstre, il est toujours en vie.) Le plus gentil des hommes, mon père, n'aura pas réussi à réparer tous les torts causés par cet être odieux, à l'origine de toutes les souffrances. (Souffrances elles-mêmes à l'origine de cette hargne, bien sûr.) Je ne prolongerai pas cette lignée de souffrance.
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