La Force Du Destin.

May 30, 2014 17:57




Titre : La Force Du Destin.
Chapitre :  6
Auteur : Munnoch.
Langue : Français.
Avis : Adultes.
Genre : AU/AU
Personnages : Les noms des personnages repris dans ce récit, sont propriété exclusive d'Annie Proulx pour laquelle je ressens une profonde admiration.
Notes de l'auteur : Dans le cadre d'une Égypte millénaire, une valise sera le lien qui mettra en présence Ennis del Mar, un jeune et talentueux égyptologue à l'aube de sa carrière et Jack Twist, qui pense fuir son passé.
Encore un mot s’il vous plait : Le prologue, bien que très long, apporte un éclairage indispensable pour la suite de mon récit.
Commentaires : Merci.



Le Caire

Il était n'était pas loin d'une heure du matin, lorsque Ennis et Jack quittèrent le restaurant. Une brume légère s'élevait à l'abord immédiat du fleuve pour se fondre aux effluves floraux des jasmins, des cestreaux¹ nocturnes que dominait les exsudations résineuses des cyprès.
Par les rues désertes, dans calèche qui les remmenait à hôtel sous une lune croissante et un ciel scintillant d'étoiles, les deux amis goûtaient en silence cet instant de rêve qu'ils désiraient éternel. Pourtant, tout à une fin, surtout les moments de bonheur. Le cheval ralentit son trot en s'ébrouant et la calèche s'arrêta devant la façade illuminée du Mena House, mettant fin à ce moment trop court à leur gré de douce quiétude.

Quelques instants, après, lorsque la cabine de l’ascenseur s’ouvrit sur leur étage ils se quittèrent après s’être souhaité une bonne nuit. Cependant qu'une main encore posée sur la poignée de la porte entrouverte de sa chambre, Ennis demeura un instant sur le seuil,  en regardant d’un air pensif la silhouette de Jack qui s'éloignait le bruit de ses pas absorbés par l'épais tapis du long couloir.

Durant quelques secondes, il hésita, contenant à regret l'envie de l'appeler. Résigné, il ferma derrière lui la porte, certain qu'il aurait pu entrainer Jack dans sa chambre, sans que celui-ci lui oppose la moindre résistance. Or Ennis n'était pas homme à tirer profit du désarroi de son nouvel ami, qui, plus est, après trois Metaxá bien tassés, ne semblait pas se tenir très bien sur ses jambes.
Non seulement cela eût été ignoble de sa part, mais de surcroit, il ne se serait jamais pardonné pareil incorrection.



Le lendemain matin, comme prévu, Ennis commença la journée par s'y rendre au cabinet du ministre des antiquités, situées au troisième étage du musée du Caire.

Il venait de pénétrer dans le hall d'entrée, quand apercevant la silhouette monumentale dressée en son centre, il s'arrêta impressionné pour l'admirer. C'était l'impressionnante statue de Ramsès II. Un colosse de plus de plus de quatre mètres, tout de granite rouge poli.
Le monarque était représentait sous les traits d'Osiris, campant fièrement sur des jambes musclées. Il portait des sandales et un pagne, sa main, gauche tenait les restes d'un arc dont les deux extrémités avaient été brisées. Seuls outrages infligés par les siècles. En outre, le pharaon tenait dans son poing droit un sceau gravé du cartouche royal. Sa tête majestueuse que coiffée de la double couronne de Haute et Basse Egypte arborait une expression calme et énigmatique.
Sur son socle, l'on peut lire l'arrogant avertissement, propre au caractère du grand Pharaon :

« Je suis le divin Ramsès, maître des dix mille chars. Tremblez ò ennemis d’Égypte »

L'entretien, avec le proche collaborateur du ministre fut bref, mais, Ennis le jugea constructif, amical même, quand sur le point de sortir du bureau, le jeune secrétaire lui tendit un feuillet publicitaire et lui conseillant d'aller visiter ce marchant d'antiquités très particulières. Ennis le remercia, en pliant le prospectus et le mit dans sa poche de poitrine, après quoi il le salua. Assez satisfait du résultat et reprit le chemin du retour.

Il descendit du  taxi, et gravissant les marches du  perron de l'hôtel, il jeta un bref coup d'œil sur son bracelet-montre, pour s'apercevoir qu'il été en avance pour le rendez-vous qu'il avait fixé à Jack la veille. Cependant, que celui-ci l'attendait déjà assis dans le grand hall, lissant un journal. Devinant peut-être la présence d'Ennis, Jack interrompit sa lecture et releva la tête, en l'apercevant, il se porta à sa rencontre un sourire aux lèvres.

- Bonjour Ennis ! Ça s'est bien passé avec le ministre?

- Salut  Jack ! Je n'ai eu droit qu'à son adjoint. Mais oui, tout s’est très bien passé. Alors, sommes-nous prêts pour notre première expédition dans les rues du Caire ?

- Allons-y, mais je ne te le cache pas qu'après ma beuverie d'hier soir, je ne suis pas d'attaque. - Crut bon de se justifier Jack.

- Allons donc mon ami. Tu as l'air aussi frais qu’un gardon².

- Nous y allons en taxi ?- Demanda Jack nourrissant quelques espoirs.

- Un taxi ! - S’exclama Ennis.- Tu vois cet homme là-bas, c'est Lasir, évite autant que possible de monter dans son tacot. Crois-moi, j'en ai fait deux fois l'expérience, c'est pire que de faire les montagnes russes après avoir avalé un repas gastronomique.

- Alors que proposes-tu ?

- En bus ! Comme tout bon touriste qui se respecte.

Chemin faisant, au rythme chaotique de la circulation, ils purent admirer  à loisir cette ville où se côtoyait de façon disparate, l'ancien et le moderne. Le bus avançait par à-coups se frayant tant bien que mal un passage dans une sorte de folie collective où tournoyaient tel un cyclone, les camions, les taxis, d'autres autobus, les motos et les bicyclettes.
Tout cela avançait pêle-mêle au pas, dans un vacarme terrifiant. Hurlements des passants et piétons mécontents qui se parlaient en criant pour couvrir le vacarme des Klaxons des véhicules, et le vrombissement des moteurs, quand ce n'était pas la sirène des voitures de la police. C'était à celui qui ferait le plus de bruit. C'était pire que le tonnerre qui accompagne les orages d'été au Wyoming.

Enfin ils descendirent près de la grande mosquée Al-Hakim qui délimitait au nord le plus grand souk du monde arabe, Khan Al Khalili, où tout se vend et tout s'achète, depuis les vulgaires imitations en tout genre made China, jusqu'aux bijoux et antiquités hors de prix.

La plupart des petites rues du souk, jouissaient partiellement de l'ombre dispensée par un vélum sale et ajouré de déchirures, par où filtrait ici et là, des rais poussiéreux de lumière, qui sous l'effet de la moindre brise, mouchetait l'ombre d'insaisissables ocelles blancs...
La masse humaine qui allait et venait indifférente à l'accablante chaleur de la mi-journée, était aussi variée en couleurs qu'en langages. Les tuniques arabes côtoyaient les costumes occidentaux aux vestes déboutonnées et autres bleus jeans. Les turbans, quant à eux, rivalisaient avec les chapeaux de paille des touristes et les casquettes de base-ball aux logos aussi inattendus que variés. Tout ce monde se mouvait dans une totale indifférence, sous l'œil aguerrit des marchands, prompts à reconnaître sans la moindre faille, l'acheteur potentiel dans cette insouciance qui s'empare de tous.

Quant à nos deux amis, leurs sens enivrés de senteurs épicées, ils erraient parmi les étales où les ocres des monticules de condiments, rivalisaient de couleurs avec les palettes des plus grands peintres surréalistes. Mais si d'aventure, on leur eut demandait depuis combien de temps ils étaient là, plus que vraisemblablement, cela leur eut été difficile de le dire, tant le dépaysement était total et le spectacle captivant.

Au milieu de ce déchainement d'émotions, ils furent soudainement séparés par la foule. Ennis chercha Jack des yeux, alors qu'un essaim de marchands ambulants l'assaillait, lui proposant toutes sortes de camelotes sans la moindre valeur.
Enfin à une dizaine de mètres devant lui, il aperçut Jack. Mais la vue de ce touriste luxueusement habillé déclencha un raz-de-marée immédiat au tour de lui. Des mendiants simulant des malformations physiques pour provoquer sa générosité s'agrippèrent à sa chemise, ou le tiraillaient par les mains en criant le nom d'Allah. Pour échapper à cette folie collective Jack, crut bon se réfugier dans une échoppe tenue par deux jeunes hommes habillés à la mode orientale et qui le firent entrer prestement en repoussant la foule qui se dispersa aussi vite qu'elle s'était formée.

Sans perdre son ami des yeux, Ennis réussit à se dégager de cette masse humaine qui le retenait prisonnier, à l'instant même où il le voyait disparaître dans une échoppe.
Envahit par une brusque montée d'adrénaline à l'idée qu'il pût être en danger, il fonça en courant et se rua précipitamment dans la boutique. À sa grande stupéfaction, il la trouva vide !
Mais dans un recoin du local, un lourd rideau dissimulait apparemment une porte. En quelques enjambées, il traversa la pièce et le souleva. En voyant se silhouetter brusquement la haute stature d'Ennis dans l'encadrement de la porte, deux hommes qui semblaient monter la garde s'écartèrent vivement ! D'un bond, l'un d'eux porta sa main à sa ceinture, l'autre se mit à l'invectiver en arabe. Interprétant faussement la situation, Ennis se jeta sur eux ! Effrayés, ils se mirent à hurler en se serrant l'un contre l'autre sans cesser de clamer leur frayeur. Ce n'est alors, qu’ Ennis  s’aperçut que Jack  le regardait d'un air étonné, assis confortablement sur un siège de style Dagobert finement incrusté de nacre.

- Ennis arrête ! Ils ne me veulent aucun mal.- Le rassura-t-il l’air amusé.

- Viens Jack sortons.- Lui intima Ennis en lui tendant la main.

C'est alors, qu'en cet instant d'urgence, qu’ils entendirent une voix aux accents cultivés.

- Bonjour messieurs ! Que Dieu soit avec vous. Chers Messieurs, je vous prie d'excuser l'attitude de mes fils, ils ne vous voulaient aucun mal. Mais Faites-moi la grâce de vous asseoir et prenons le thé de l'amitié. Benyamin du thé mon petit.

Peu de temps après, un jeune homme entra, portant un plateau chargé, d'une assiette de gâteaux, d'une théière et des verres en cristal de couleur. Ennis fut frappé par la beauté rare de son visage, qu'un soupçon de perversité rendait encore plus attrayant. Benyamin en souriant, regarda tour à tour Ennis et Jack puis il leur servant à boire.

- Nous ne boirons rien du tout avant de savoir qui vous étés, Monsieur ! - S'interposa Ennis assez vivement en tirant Jack par le bras.

- En Orient Monsieur, refuser de boire le thé de l'amitié est considéré comme une offense grave.- Averti Benyamin sans se départir de son sourire, en présentant d’un geste assuré  le verre fumant à Ennis.

- Je m'appelle Akhmim Maharraq. Mon neveu, le secrétaire du ministre ne vous a-t-il pas remis un prospectus ce matin ?- Intervint une nouvelle fois le vieil homme.

Ennis qui entre temps avait totalement oublié ce détail,  glissa deux doigts dans la poche de sa chemise et le retira. Ce n'est qu’alors, qu’il comprit pourquoi le secrétaire du ministre lui avait conseillé cette boutique...



À suivre…

munnoch : au/au la force du destin.

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