En suivant le Colorado River.

Jul 06, 2013 14:14



Titre : En suivant le Colorado River.
Chapitre :4
Auteur: Munnoch                                                    
Langue: Français.
Avis : Adultes.
Genre AU/AU
Personnages: Ennis, Jack, sont exclusivement les personnages d’Annie Proulx.
Sommaire: Une fois encore, le destin réunit deux jeunes gens, issus  de milieux différents. Nonobstant, cette différence et  alors que rien ne le laissait présager, dès  leur première rencontre,  une grande amitié nait entre eux.
Notes de l’auteur: Qu’il me soit permis de présenter toutes mes excuse à mes amis américains, car, si par ignorance j’ai commis quelques erreurs en décrivant la topographie des lieux où je situe mon histoire. Pour n’avoir  jamais  visité,  les USA, j’ai pris la liberté de me référer à internet.
Commentaires: Merci.




«Serais-tu aussi chaste que la glace et aussi pure que la neige, tu n'échapperais pas à la calomnie. »                                               -William Shakespeare-

Cela faisait pas moins de trois semaines qu'Ennis travaillait déjà au ranch Te Horseshoes, où pour preuve de son engagement au sein d'une équipe, qui l'avait accueillie sans la moindre restriction, il mettait un point d'honneur à ne jamais se plaindre malgré les vicissitudes et exigences d'un travail, qui requérait de lui, non seulement tout son savoir-faire de cow-boy mais aussi d'être disponible à tout moment pour  donner un coup de main dans la capacité de ses fonctions.

C’est alors que survint un événement, qui faillit compromettre, ou pire, mettre un terme à l'exercice de ses fonctions au sein du ranch. À l'origine de cette menace. L'instigateur John Flanagan. Lequel, fort du concours de trois petits fermiers à sa solde, fit appelle  au shérif de la ville la plus proche.

C'est ainsi, que quelques jours plus tard, Den Whitlock, le shérif de Yuma, monté sur un superbe cheval noir, faisait son entrée dans la cour du ranch The Horseshoes, accompagné de son adjoint Ron Banks, qui montait un paisible et gigantesque alezan et précédait de peu, John Flanagan et ses trois complices.

Après leur avoir souhaité la bienvenue et s'être informé brièvement  de la raison qui motivait leurs démarches, Gerald Twist les invita à passer dans son bureau où quelques instants plus tard, les rejoignit Jack, averti par Rosario, la femme de chambre.

-Eh bien messieurs?- Interrogea Gerald Twist.- Quelle est cette mauvaise nouvelle que vous m'avez annoncée sur le porche?

-À en croire votre voisin John Flanagan, ce serait plutôt une bonne nouvelle. Selon lui, nous tenons enfin le voleur de bétail, les preuves seraient même accablantes, toujours selon ses dires.- Précisa le shérif en gonflant le torse.

-Et qui serait… ? -Demanda immédiatement Jack, en laissant sa phrase inachevée.

-Tu le demandes ? Mais qui d’autre que ton protégé ! Ennis del Mar.- Lui répondit John.

-Décidément c'est une obsession chez lui. -Persifla Jack en regardant son père.

- Ah oui, si tu ne veux pas me croire, pourquoi ne pas écouter  le témoignage de mes trois voisins, tu verras, ils sont édifiants.- Ajouta John Flanagan le teint empourpré par l'irritabilité de son caractère.

- Calmez-vous John ! Le moment venu je les  interrogeai.- Coupa fermement le shérif Whitlock, agacé par  l’attitude belliqueuse de John.

Lequel, sans prendre en compte le conseil, du shérif, poursuivit son discours délétère.

-Votre Ennis del Mar, a été reconnu par mes voisins ici présents, négociant la vente d’une trentaine de vos bêtes , avec un groupe de marchand de bétail,.

- Dites-moi John ! Il était tout seul pour mener un tel troupeau ?- S’étonna raisonnablement le shérif en lançant un regard chargé de sous-entendus à Ron Banks, son adjoint .

- Qu’est-ce que ça peut faire! L’important c’est qu’il a été reconnu, lui ! - Clama-t-il avec d’autant plus de hargne, qu’il sentait que le shérif émettait  quelques  doutes quant à la véracité de ses accusations.

- Encore une fois calmez-vous John, attendons au moins que le suspect soit là. Mais au fait, pendant que j’y pense, l’avez-vous vu  vous-même? Car pour le moment, vos accusations ne sont étayées que par vos trois amis. - Lui dit le shérif, qui ne tolérait plus que l'on empiète sur ses prérogatives.

- Grand dieu ! Vous n'allez tout de même pas, douter du témoignage de trois honnêtes fermiers ! -Persista John d'une voix tremblant d'indignation, sans en tenir compte de l'autorité du shérif.-. N'avais-je pas raison de vous mettre en garde, contre cet individu.



Pendant ce temps, assis sur son cheval parmi les longhorns, à plus d'un mille du ranch, Ennis, ignorant de tout de ce qui se tramait contre lui, aperçut le nuage soulevé par une calèche, qui à vive allure se rapprochait de lui. Cependant, la distance s’amenuisant, lui permit  en plissant les yeux, de reconnaître distinctement le cocher..

C'était Fabian ! Le vieux contremaître, qui à bride abattue, venait lui transmettre l'ordre de rejoindre le ranch sans tarder.

Lorsqu’Ennis toqua sur la porte du bureau et que le huis s'ouvrit pour  lui céder le passage,  il apparut très droit dans ses vêtements de travail couverts de poussière. Dans sa hâte de se présenter au plutôt devant son patron, il avait négligé sa mise et  portait le chapeau rejeté en arrière sur son dos,  maintenu par un fin lacet passé autour de son cou. D’un geste rapide de la main, il lissa  ses cheveux blonds légèrement ébouriffés. Tous les regards se tournèrent vers lui y compris celui de Jack qui lui sourit.

Cependant,  dès l'instant où il pénétra dans le bureau de Monsieur Twist, Ennis fut submergé par une  inexplicable appréhension.  Outre le maître des lieux et son fils Jack, s'y trouvaient également présents, le déplaisant John Flanagan et cinq autres personnes, dont l'une, portait une étoile de shérif accrochée à son gilet de cuir, lustré par de longues années d'usure. Conscient de son embarras, Gerald Twist lui indiqua un siège près de lui.

-Bonjour Ennis, assis-toi, le shérif Den Whitlock, aimerait te poser quelques questions.

À ces mots, l'appréhension qu'il ressentit en pénétrant dans le bureau, se mua en certitude. Il était suspecté de quelques méfaits inconnus de lui.

Et pendant quelques instants, saisi par la conviction irrationnelle que l'on lui voulait du mal, Ennis fut incapable de prononcer la moindre  parole. Désemparé comme d'aucuns le seraient en pareilles circonstances, il regarda autour de lui, et remarqua non sans étonnement, que tous le fixaient attentivement, hormis  Jack, qui, pour l'instant paraissait abstrait par le dessein du tapis indien qui recouvrait le sol.

Rompant le silence qui s'était instauré dans le bureau, Ennis entendit comme une délivrance à son anxiété, le shérif Whitlock s'éclaircir la voix, pour se présenter d'une voix emphatique et proclamer son autorité.

- Bien ! Puisque nous sommes au complet,  appliquons la procédure ! Je suis le shérif Den Whitlock et voici mon adjoint Ron Banks. Je suis ici à la demande de Monsieur John Flanagan, qui prétend, pouvoir nous éclairer dans l'affaire du vol de bétail qui sévit dans la région. - Arrivé à ce stade de son discours et sans raison apparente, il s'interrompit brusquement, sans doute pour juger de l'effet de son introduction, laissant planer une fois encore le silence. Ensuite, il se retourna pour dévisager  longuement les trois témoins , qui se tenaient debout côte à côte, dos au mur, aussi inconfortables, que s'ils avaient été devant un peloton d'exécution. Et c'est d'une voix menaçante qu'il poursuivit en s'adressa à eux :

-Réfléchissez bien avant de répondre, vous n'êtes pas devant le juge, mais tout faux témoignage sera considère comme obstruction à la loi et cela, je vous le garanti, vous coûtera très cher mes lascars, ... Alors, reconnaissez-vous cet homme ?

Soit, que les paroles du shérif leur firent entrevoir le risque à encourir, s’il s’avérait qu’ils étaient manipulés par John, ou qu’ils étaient lents d’esprit. Les trois  comparses demeurent muets. Devant leurs hésitations,  John ! Ne tenant plus sur sa chaise, se leva pour les exhorter, d'une voix aigre, à répondre.

- Allez-vous lui dire à la fin oui ou non ce que vous savez !

Le plus téméraire des trois témoins, prit alors la parole pour confirmer les propos tenus précédemment par John, en souriant niaisement de ses dents gâtées.

- C'est lui. Enfin oui, peut-être. - Affirma-t-t-il  de façon dubitative, sans un regard pour Ennis.

-Et vous ?, regardez le bien et dites-nous si vous le reconnaissez ?- Poursuivit le shérif

Interpellé, le deuxième témoin, le plus jeune des trois. Conscient du prognathisme qui lui faisait un hideux profil de piranha,  dont il en pâtissait le constant désagrément auprès des dames du saloon, répondit d'une voix inaudible, sans oser lever la tête. À l'évidence, soucieux de cacher sa difformité.

Exaspéré et indiffèrent de son complexe, John, qui s'était approché de lui, l'encouragea à parler plus haut, en lui assenant un vigoureux coup de coude dans les côtes.

- Ouais, c'est lui. - Articula-t-il d’une voix plaintive et sans grande conviction.

Quant au troisième acolyte, l'on pouvait dire sans équivoque, qu'il avait dû recevoir une bonne éducation, ou faute du contraire,  que son épouse, le tenait bien par les rênes. Quoiqu'il en fût, il était bien rasé et ses vêtements comme ses bottes étaient passablement propres. En définitive, sa réponse fut aussi énigmatique qu'évasive. À l'évidence, il ne cherchait pas se compromettre, ni dans un camp ni dans un autre.

- Ma foi, je ne l'ai vu que de dos.

- Mais enfin ! Nous étions d'accord...- Hélas, John s'aperçut trop tard  de sa bévue.

- Voulez-vous nous expliquer en quoi consiste cet accord ? - Demanda le shérif, fronçant ses épais sourcils d'un air soupçonneux.

- Rien, ce n'est rien. - Minimisa John Flanagan la bourde, en bafouillant.

- Ennis del Mar, c'est votre nom ? À vous voir, je dirais que vous n'êtes pas Mexicain, Européen  peut-être ? Lui demanda le shérif qui s'adressa à lui d'une voix que John trouva trop amène pour son goût.

- Non Monsieur, je suis américain, comme l'entaient mes grands-parents et mes parents, mais je parle l'espagnol.

- Qu'avez à répondre pour votre défense.

- Que je suis innocent Monsieur ! Je n'ai jamais volé quoi que ce soit de ma vie. - S'empressa de répondre Ennis, la voix empreinte du sceau de la sincérité.

Impressionné par l'éducation du jeune cow-boy. Le shérif, hocha la tête et poursuivit néanmoins son interrogatoire.

- Au cours de ces derniers jours, vous est-il arrivé de quitter le domaine ?

- Non Monsieur ! Mes collègues pourraient en témoigner. - Répondit Ennis sans qu'il eût à réfléchir.

- Vos collègues pourraient en témoigner, dites-vous ? Le domaine, me semble-t-il, est pourtant très grand et de ce fait  il n'est pas toujours possible de savoir où est qui, n'est-ce pas. - Hasarda le shérif Whitlock, en regardant monsieur Gerald Twist qui acquiesça d'un hochement de tête affirmatif.

- Voyez tous comme il est rusé et habile. Il fait bien l’innocent, mais tout ça, me fait supposer qu'il a su profiter d'un moment d'inattention. N'est-il pas seul, toute la journée ? Et qui nous dit qu'il n'a pas mis à profit la nuit pour se mettre en rapport avec ses complices.

Agacé tout autant par la malsaine opiniâtreté de John que par ses douteuses accusations et surtout désirant s'entretenir en privé avec monsieur Gerald Twist, le shérif préféra mettre un terme à cette parodie de témoignage, par un subterfuge qui en définitif ne trompa personne.

-Je crains monsieur del Mar, qu'afin de mener à bien notre enquête, vous ne soyez obligé de nous accompagner jusqu'à Yuma,.

- Non ! Il faut le pendre et  tout de suite! Comme le veut la loi. - Cria fielleux John.

Pour la première fois depuis le début de l'entretien, monsieur Gerald Twist prit la parole.

- John ! Pour votre crédibilité personnelle, vous gagneriez à plus de retenue ! Il me semble que vous oubliez toujours que vous êtes chez moi et qu'en matière de loi, nous avons ici un shérif.

- Excusez-moi Monsieur, je voulais seulement vous épargner la perte d'autres bêtes. Se justifia-t-il d'un air lamentablement obséquieux.

- Monsieur ! Je suis innocent et je le prouverais. - Protesta avec la vigueur du désespoir Ennis en s'adressant au shérif et à Monsieur Twist.

C’est à  moment, que  Jack choisit pour quitter son siège. Il fit un signe de la main à Ennis pour apaiser ses craintes, tout en s'approchant du shérif Whitlock pour lui  taper  familièrement de la main, sur son épaule..

- Shérif il me semble que pour ce soir cela suffit. D’ailleurs, n’est-il  pas  déjà trop tard pour reprendre la route de Yuma ? Acceptez donc notre hospitalité pour la nuit. En outre, nous vous assurons que monsieur del Mar ne profitera pas de l'occasion pour s'échapper pas. N'est-ce pas père ? -

- Ma foi, c'est une excellente idée. -  S’empressa d’accepter le shérif, en lançant un regard triomphant à son adjoint, ravi lui aussi, à la perspective d'un délicieux dîner et de dormir dans un bon lit.

- Dans ce cas, je reste aussi ! - S'imposa sans vergogne John.

La riposte  de  Jack ne se fit pas attendre. Et c’est  sur un ton faussement prévenant, qu’il lui opposa un diplomatique refus.

- À ta place, je n'en ferais rien ! Penses à toutes tes pauvres bêtes toutes seules, sans le soutien de ton efficace protection. Qui sait, si en ton absence, alors même qu'insouciant de leurs sorts, tu dors ici, le véritable voleur ne passerait pas te faire une petite visite.

- J'ai compris Jack !... À ce que l'on dit, tu sembles beaucoup apprécier la compagnie de ce bouseux. Assez pour lui proposer le jour venu le poste de contremaître - Lâcha-t-il perfidement entre ses dents et sortit dans un précipité désordre suivi par ses  acolytes.

L’instant d’après, John les regardait partir, le laissant seul avec ses frustrations. Chacun prenant  un chemin qui lui était propre pour enter chez lui.  Brûlant d’un désir de vengeance, il sut, dès lors que le moment venu,  il ne pourrait pas compter sur ces pleutres. D’un coup sec sur les rênes, il fit changer de direction la course de son cheval. Pour ce coup, il savait ou trouver ceux qui pour une poignée de dollars, seraient  prêts  à tout.



genre :au, autor :munnoch, en suivant le colorado river

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