Titre : En suivant le Colorado River.Chapitre : 3
Auteur: Munnoch José
Langue: Français.
Avis : Adultes.
Genre AU/AU
Personnages: Ennis, Jack, sont exclusivement les personnages d’Annie Proulx.
Sommaire: Une fois encore, le destin réunit deux jeunes gens, issus de milieux différents. Nonobstant, cette différence et alors que rien ne le laissait présager, dès leur première rencontre, une grande amitié naît entre eux.
Notes de l’auteur: Qu’il me soit permis de présenter toutes mes excuse à mes amis américains, car, si par ignorance j’ai commis quelques erreurs en décrivant la topographie des lieux où je situe mon histoire. Pour n’avoir jamais visité, les USA, j’ai pris la liberté de me référer à internet.
Commentaires: Merci.
En suivant le Colorado River.
" Le bonheur n'est pas une honte : il fait respirer la vie, comme les arbres font respirer la terre. "
Abla Farhoud
Cela faisait deux jours, que les derniers invités étaient rentrés chez eux et que les jeunes mariés partirent s'installer à San Diego en Californie, comme ils l’avaient convenu. Cependant, après l’effervescence des festivités qui avaient agité le petit monde du ranch The Shoeshorse, la vie reprit subitement son cours normal, toutefois appesantit par la même sorte de torpeur qui succède la tempête. Dès lors, chaque jour reprit son rythme et s'écoulait selon un rituel immuable, sinon synonyme de routine, rendue nécessaire par les obligations de tout un chacun. C’est ainsi, qu’à présent, que toute trace de la noce, ne demeurait que dans le souvenir que chacun voulait bien lui accorder, la vie dans le ranch reprenait ses immuables habitudes, que d’ailleurs tous s’employaient à retrouver non sans ressentir un réel sentiment de regret, causé par le départ des jeunes mariés.
Jusqu’au piano même, qui trônait fermé dans le grand salon alors que quelques jours auparavant, sous les doigts agiles de Mademoiselle Mélanie, égaillait de ses mélodies la fraîcheur du soir, désormais, il demeurait silencieux, vidé de toute substance.
De sorte, que pour oublier ce qui ne serait plus, tous s’afféraient à leurs tâches. Certains, avec résignation prisonniers de leurs gestes quotidiens, d'autres comme pour Ennis empli d’enthousiasme.
Levé dès l’aube, Ennis, passait la plus grande partie de la journée monté sur son cheval, à surveiller les troupeaux de bovins dans les pâturages. Mais, quand arrivait le soir, c'est avec impatience qu'il espérait cet instant qui lui faisait se retrouver avec Jack et continuer leurs leçons de nation.
Le dimanche par contre, il avait une demi-journée congé. Pour l'occasion la cuisinière leur préparait un copieux piquenique, qu'Ennis calait sur le plateau du boghei et partait pour la journée avec Jack.
Leur destination était toujours la même. Le coude formé par le ruisseau où ils pouvaient à loisir nager ou se coucher sur le dos sous les arbres, en regardant le ciel à travers le ramage qui les ombrageait.
Ce dimanche-là, à l’approche de leur habituelle destination, la jument, en sentant l’odeur de l’eau hennit de contentement. Après, qu’Ennis l’eut dételé du boghei, la laissant aller à sa guise, elle s’ébroua plusieurs fois, avant de s’avancer vers l’eau jusqu’à mouiller se sabots puis pencha sa tête pour boire. Sa soif étanchée, elle se mit brouter sans grande conviction les touffes herbe sans jamais s’éloigner trop d’eux.
Entre temps, Ennis déchargea le panier contenant le piquenique, qu’il déposa près au pied d’un vieux chêne au tronc noueux où il étendit la couverture sous les branches basses qui les protégeraient de la chaleur.
Après quoi, comme ils le faisaient toujours, ils se déshabillaient.
Contenant toujours aussi mal l’émoi que lui procurait la nudité de son ami. Jack cédait sans vergogne avec délice à l’envie de contempler comme Ennis passait sa chemise par-dessus la tête, pour ensuite, oscillant sur une jambe en un équilibre instable, ôter une botte après l’autre. Pour terminer, il défaisait la grosse boucle de sa ceinture et laisser ripper son pantalon sur ses chevilles.
Une fois nu et suivant son habitude, Jack le regardait plonger dans l’eau, faire quelques brasses et ressortir en souriant. Mais arrivé sur la grevé, les cheveux mouillés et plaqués sur son front, il s’arrêtait immanquablement un instant, pour secouer vigoureusement la tête, provoquant une auréole éphémère d’une fine pluie, qui perlait sur lui. Le voir ainsi, sa poitrine se soulevant au rythme de sa respiration, le corps ruisselant d’une myriade de gouttelettes d’eau, rutilantes à la lumière du soleil, le rendait incontestablement, encore plus attirant.
-Jack! Tu as fait des progrès prodigieux ! À présent, tu nages parfaitement tout seul, tu n'as plus besoin de moi.
Alarmé par ces paroles dont il ne comprit pas le sens, Jack se redressa, prenant pied sur les galets et s'approcha d'Ennis qui lui tendit la main pour l’aider à garder l’équilibre.
- Que veux-tu dire ? Tu as l'intention de partir Ennis ? Tu vas me laisser seul...Tu...
- Où vas-tu chercher ça ! Jack ! Qui parle de partir.
- Alors, pourquoi dire que je n'aurais plus besoin de toi ?
- Jack ! Je faisais allusion aux leçons de natations…mais tu es devenu tout pâle, ma parole tu trembles, viens mon ami, viens, sortons de l'eau.
Allongés côté à côte, Ennis posa sa main sur la poitrine de Jack pour constater que son cœur battait à tout rompre. Troublé, il se souleva sur un coude et le regardant dans les yeux, lui demanda d'une voix où perçait l'inquiétude.
- Tu es sûr que tu vas bien ?
Pour toute réponse, Jack leva une main qu’il glissa sur la nuque d’Ennis, ébouriffant de ses doigts dans les cheveux mouillés de son ami. Durant un long moment, ils se regardèrent, conscient de ce qui allait suivre, mais laissant que l'autre prenne la décision. Or comme Ennis ne bougeait pas, ce fut Jack qui l'attira contre lui et nouant ses bras autour de son cou, sa bouche à la rencontre de celle d’Ennis qu’il baisa doucement.
- Jack ! - Murmura Ennis au comble du bonheur.
- Je t’aime Ennis, je t’aime, comme je n’ai jamais aimé personne. Je ne sais si c’est bien ou si c’est mal, mais je suis sûr de mon sentiment. Je t’aime.
- Je te rassure tout de suite Jack. Non ! Ce n’est pas mal. -S’empressa-t-il de répondre, les yeux brillants de joie. Puis, devenant subitement sérieux, sans oser le regarder confessa à son tour …
-Moi aussi je t’aime Jack. Oui, je t’ai aimé depuis l’instant, où tu m’es apparu parmi tes invités.
Probablement par pudeur, les mots se refusaient pour Ennis, à dévoiler les passions de son cœur et les secrets de son âme. En fermant les yeux comme quelques instants auparavant il l’avait fait en plongeant dans l’inconnu de l’eau, il s’allongea sur Jack, et ses lèvres entrouvertes tombèrent sur celle de son ami et l'univers fut oublié. Et, leurs sens embrasés par l’ardeur de leurs jeunesses et, le corps brûlant de désirs, ils se serrent en une étreinte si forte, qui leur fît perdre leurs souffles. Suivant son inspiration, se mettant à genoux, entre les jambes écartées de Jack, Ennis posa ses doigts sur les pectoraux de son ami. Et, poursuivit ses légers attouchements en descendant avec une lenteur délicieuse vers le ventre de Jack. Arrivé au buisson noir de son pubis, Ennis s’empara du sexe de Jack, en faisant aller et venir sa main, en suivant un mouvement lent, tout en douceur. Mais, quand Ennis lâcha ce membre frémissant pour lui glisser ses doigts humides de salive, dans la chaleur froncée de l’intimité de Jack, celui-ci poussa un gémissement d’extase en s’agrippant aux épaules d’Ennis, tout en arquant instinctivement ses hanches en avant pour le rencontrer.
Obéissant à l’invite de son ami. Ennis, avec une lenteur rendue exaspérante par leur excitation, introduisit précautionneusement le bout roide de son gland, dans la virginité de cet orifice à peine dilaté. Et c’est en alternant les baisers de légers va-et-vient de ses hanches, qu’Ennis, faisant durer une éternité le plaisir, maintenait Jack au bord de l’explosion, qui extasié, ondulait du bassin au rythme des caresses qu’Ennis lui prodiguait.
Mais soudain, haletant de fièvre, la cadence changea. Leurs jambes s’entremêlèrent avec frénésie et, leurs lèvres ourlées de désir se soudèrent en un baiser fougueux et violant. Sous l’emprise de ses sens, Ennis, entraîne par la flamme que dictait son impatience, précipitait le rythme de ses coups de reins et le pénétra pleinement, lui infligeant à son insu, une souffrance fulgurante qui fît que Jack blêmisse en poussant un gémissement de douleur. Déconcerté, sinon inquiet, Ennis, qui le dominait de ses assauts, s’interrompit brusquement. Mais déjà, Jack le rassurait d’un sourire, dès lors que la douleur s’évanouissait comme par magie et qu’une émotion de bonheur inexprimable s'emparait de lui pour l’amener progressivement à l’instant, où l’on perd la notion du temps. À cet instant, où perdant toute maîtrise le corps bascule et se soulève, sous le flot du plaisir, pour se précipiter en vibrant et céder à la plénitude de l’orgasme, en criant d’une voix rauque le nom d’Ennis ; lequel, parvenu au seuil du non-retour, les traits durcis par l’urgent du moment, mêlant son souffle court aux battements de son cœur, libéra finalement l’explosion intérieure qui le consumait et dans un dernier élan, le corps secoué des spasmes de la jouissance, s’abandonner à un plaisir d’une violence totale, pour se déverser dans son ami en gémissant sans retenue, mais toujours sous l’emprise des dernières impulsions, poursuivre le martelant puissants de ses coups de reins nerveux.
… Étourdis encore, alors qu’étendus sur le dos, épaule contre épaule, les deux amis demeuraient silencieux. N’osant bouger même, de crainte de rompre cet instant féerique. Cependant que dans leurs yeux brillaient un firmament constellé d’étoiles et un sourire ravi effleurait leurs lèvres. Le sourire de ceux qui savent, que désormais, rien ni personne ne pourra les séparer. Et c’est, bercés par la douce brise qui agitait la frondaison, qu’ils glissèrent insouciants dans le sommeil.
À suivre.