Pokémon (anime) - Trementia - PG-13

Apr 27, 2012 04:02


Auteur : cassidy_b
Titre : Trementia
Fandom : Pokémon (anime)
Personnages/pairing : Dent, Iris, Ghetsis (Satoshi) ; Dent/Iris.
Rating : PG-13
Disclaimer : Pokémon ne m’appartient pas.
Nombre de mots : 5900~ mots.
Avertissements : drogue, non-con (élusifs et peu développés), manipulation.
Notes : ANGST, (Hurt/)Comfort pas spécialement sain, certaines personnes risqueraient d’y voir aussi du Ghetsis/Dent ou quelque chose de ce registre. TWT, Shadow Triad Theory (théorie que les Gym Leaders de Sanyou City sont l’autre identité de la Dark Trinity de la Team Plasma), post-trahison. Merci à azalee_calypso pour la bêta !



Rien ne justifierait qu’il change le rythme de ses inspirations.

Elles sont lentes et profondes, peut-être un peu mécaniques, mais stables. Il ne se passe rien d’imprévu, rien d’anormal ni rien de surprenant. Il savait que ce moment arriverait, il a disposé de tout le temps nécessaire pour s’y préparer. Il se tient placide et immobile. Rien ne le menace ni n’agresse sa sécurité : si son cœur bat trop fort, trop vite, répandant le malaise dans le reste de son corps, c’est une erreur, une faute, un accident. Il lui suffit de rester droit, de garder sa contenance et d’inspirer comme si de rien n’était pour que ce rythme ralentisse. Il va se calmer. Il va se conformer à la façade qu’il veut être.

Les grondements de rage ne l’intimident pas. Les gestes brusques, agressifs, ne le touchent pas. Si des sbires subissent les dents, les ongles et les coups, de pieds, de genoux, d’épaules, de tête et de poings, cela n’est pas son cas. Il n’est pas dans ce rayon d’action, il surveille simplement, près du mur. Il n’a pas à agir personnellement. Peut-être ne peut-il pas s’empêcher de désapprouver encore un peu, pour le principe, qu’une jeune fille soit prise en otage pour inciter son ami à obtempérer, mais tant qu’il n’en fait pas la remarque, rien ne sera désordonné. Son léger scepticisme n’a rien de personnel. Cela n’a aucunement à voir avec l’identité des victimes - cibles, se corrige-t-il.

Le moment n’a rien d’exultant ou d’agréable. Il arrive parce qu’il devait arriver, même s’il bouleverse temporairement l’ordre. Il est tout à fait normal de sentir une légère gêne, d’attendre la fin de la commotion, d’attendre que tout reprenne son silence et sa place.

Dent inspire.

Iris est enfin saisie, limitée dans sa rébellion, commence à être trainée hors de la pièce, déjà privée depuis quelque temps de ses Pokémon, partagée entre l’attention qu’elle porte aux gestes de ses assaillants et les regards enragés et sombres qu’elle lui adresse.

(Les yeux d’Iris ne foudroient pas. Ce n’est qu’une impression, rien de concret, juste des concentrés de rage qui ne laissent aucune emprunte, une image qui disparaît dès qu’elle est avalée par les paupières.)

Parce que Dent est là où il devait être, l’escorte qui l’emmène passe devant lui.

« Je te pardonnerai jamais ! » lui hurle-t-elle dans un feulement acide.

(Les mots d’Iris ne mordent pas. Ce n’est qu’une impression, rien de concret, juste des sons violents qui disparaissent suivis par la trace qu’ils ont voulu laisser. Le monde va reprendre son ordre, va avaler les éléments disruptifs.)

Elle parvient à ralentir les sbires une seconde ; l’arrêt imprévu suffit à Iris pour lui cracher dessus avant d’être définitivement emportée dans un ailleurs qui ne concerne pas Dent.

La salive sur son uniforme noir, près de la place du cœur, est la seule à rester.

Cela ne lui fait pas mal ; juste une petite tache à nettoyer, une salissure que l’eau assainira, un rien du tout éphémère qui disparaîtra.

Cela ne lui fait pas mal.

(La langue de Dent n’est ni embourbée, ni sableuse, ni empoisonnée, ni sèche, ni noyée dans un vide de saveurs et de textures. Cela n’est qu’une impression.)

Cela ne lui fait pas mal.

Dans son dos, chacune serrée autour de l’autre poignet, les mains de Dent se mettent à trembler.

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Il a d’autres instructions à exécuter. D’autres petites tâches à mener. Leur complexité est moindre, mais elles nécessitent, ne serait-ce que pour des raisons mineures, sa concentration : elles sont le signe que les choses reprennent leur place, elles sont une chance pour retrouver la sienne dans l’ordre. Il faut qu’il s’accroche à elles.

Il n’a pas à penser à autre chose. Il n’a pas à se souvenir d’instants passés si ceux-ci n’ont aucune incidence sur son présent. Rien de productif n’est à tirer de ces fragments de mémoire. Yanappu, Iwapalace et Maggyo s’attendent certainement à ce qu’il garde la tête froide et démontre sa fiabilité. Pod et Corn se débrouillent certainement très bien de leur côté ; il n’a pas à se distinguer négativement.

(Ne pas penser à l’expression stupéfaite de Satoshi, à son refus de croire, à son goût glacé lorsque Dent a cessé d’être son adjuvant, à son obstination lorsqu’il cherchait une explication autre que la vérité. Ne pas réfléchir au jugement qu’il s’était fait de Dent, et à cette forme méliorative qu’il projetait sur lui. Ne pas en déduire ce que Dent serait en réalité.

Ne pas penser à la peine de Satoshi dégouttant dans la gorge de Dent jusqu’à obstruer son larynx. Ne pas penser à son angoisse frénétique pour ce qui adviendrait de Pikachu - sans qu’il ne s’octroie une seconde afin de s’inquiéter pour lui-même. Ne pas penser à la colère grondante venant secouer la substance corrosive qui habitait déjà la bouche de Dent. Ne pas penser aux yeux furibonds, ne pas penser aux injonctions de Satoshi de lui donner les raisons, ne pas penser au trouble et à la tempête s’agitant derrière les dents de Dent jusqu’à désoler ses capacités perceptives.)

(Ne pas penser aux mensonges qu’il avait accumulés depuis qu’il les avait rencontrés. Ne pas penser à la façon dont il s’est approché d’eux, ne pas penser à la confiance qu’il les avait incités à lui accorder, ne pas penser à sa nécessité initiale de les amadouer dans le seul but de les décevoir à la fin.)

(Ne pas penser aux sourires et aux rires, aux nouveaux camarades et aux occasions apportés par les routes, aux rencontres d’Iwapalace et Maggyo qui ne seraient jamais arrivées sans la présence d’Iris et de Satoshi, aux saveurs exotiques que Dent découvrait à leurs côtés, à la chaleur insouciante et pourtant déterminée dont ils l’entouraient, à la connivence et aux aventures partagées avec tonicité et joie, à l’aisance et à la tranquillité que Dent ressentait dès qu’ils étaient ensemble, aux regards affectueux et reconnaissants qu’ils se dispensaient sans compter, à la complicité sincère qui les liait et les faisait fonctionner.)

(Ne pas penser à la rage d’Iris. Ne pas penser à la révulsion qu’il lui a finalement inspirée. Ne pas se rappeler le cheminement de la nausée ankylosant son corps. Ne pas penser à elle. Ne pas y penser.)

(Ne pas se rappeler qu’il ne les a jamais mérités.)

Dent vivait déjà avant de les rencontrer ; il pourra parfaitement continuer sans eux. Ils n’étaient que deux présences de passage, rien de nécessaire, rien de personnellement utile. Eux ne l’ont jamais sauvé, eux n’ont jamais été là quand lui et ses frères avaient besoin d’aide, eux ne lui ont jamais offert une importance, un but, un rôle à tenir. Eux n’ont jamais réellement importé.

Deux jours passent.

Puis, en traversant la salle du trône déserte alors qu’il vient tout juste de rentrer au Palais, les tremblements reprennent, la gorge de Dent se serre et se bloque et l’étouffe et l’empêche d’avaler la moindre goulée d’air et, au lieu de faire rentrer en lui quelque chose de nécessaire, ses yeux se mettent à saigner leurs larmes superflues.

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S’il n’arrive pas à se retenir - si l’écœurement déferle contre sa langue, si sa poitrine le brûle et l’enserre, si ses oreilles sont parasitées par un bruit bas et perçant, si sa bouche s’ouvre sans attraper d’air et ne fait qu’approfondir son étouffement, si son sang bat sauvagement contre ses tempes, si son corps entier vacille et menace de s’éparpiller, si ses doigts tremblent sans discontinuer, si ses joues sont lacérées par des larmes qui ne s’arrêtent plus - au moins peut-il essayer de rester invisible et silencieux.

Assis dans l’ombre d’un des piliers, ses jambes recroquevillées contre lui jusqu’à s’en faire mal, Dent enfonce ses paumes superposées contre ses lèvres, tente de se taire, de ravaler ses sanglots, gémissements, hurlements, de les forcer à se dissoudre dans son palais, et tant pis s’ils le rongent de leur essence acide en décuplant la douleur. Les spasmes de son estomac le secouent par salves nauséeuses, sa gorge obstruée semble se dilater un peu plus à chaque inspiration qu’il ne parvient pas à mener. Les frissons ne cessent pas. Ses pleurs non plus.

Il y avait du dégoût dans le regard de Satoshi.

Il y avait du dégoût et de l’aversion et du mépris et de la haine dans les yeux d’Iris : coulant comme un torrent empoisonné, rendus létaux par la sincérité qui les accompagnait. Elle a rendu audible l’indicible, elle a su lui faire entendre et voir et sentir qu’il la révulsait. Elle n’oubliera pas, elle ne changera pas d’avis, Dent la connaît : il n’y a pas de jugement à nuancer, pas d’estime à sauver, aucun fragment d’affection à espérer apercevoir de nouveau, un jour, dans ses yeux jusqu’ici vifs, chaleureux et brillants.

Elle a su le lui faire comprendre. Elle ne l’oubliera pas, mais il ne vaut plus rien et n’a jamais rien valu parce que, pour Iris, le masque de Dent, celui auquel elle tenait, n’est pas seulement tombé, il a aussi été piétiné et brûlé, il était dur et matériel, il n’a pas été modelé à partir des traits de Dent, il n’a jamais eu la forme du vrai visage de Dent, il n’y avait jamais eu la moindre identification entre le simulacre et Dent. Elle l’a regardé comme un monstre qu’il aurait fallu annihiler des années plus tôt et il ne peut pas lui donner tort. Il a trahi sa confiance, leur confiance, il les a amenés jusqu’au gang Plasma et les a poussés dans ses bras. Il est resté à leur côté en sachant ce qui arriverait et ce que lui-même ferait. Il leur a menti, les a trahis, déçus, offerts. Iris a seulement découvert maintenant qu’elle avait côtoyé un monstre durant tout ce temps. Iris exècre les monstres ; Iris le hait.

Le nœud ne part pas.

Les larmes se déversent par cataractes frénétiques, la froideur tranchante du rejet d’Iris cherche à percer ses veines de l’intérieur, le bruit sourd continue de pulser sans interruption dans ses tympans, et l’âcreté de sa bouche ne s’adoucit pas.

L’envie (le besoin) de se vomir ne le quitte pas non plus.

Noyé dans son brouillard, prisonnier de l’éclatement de son corps, ses sens embourbés par l’humidité et la désolation, Dent perçoit brusquement (enfin) (trop tard) qu’un nouveau visiteur est entré dans la salle.

Il tente de se rassembler, appuie un peu plus profondément ses mains contre sa bouche, comme si cela pouvait réduire au silence ses inspirations nasales sifflantes, se tasse un peu plus dans l’obscurité relative, comme si cela pouvait le cacher entièrement, ferme les paupières avec obstination, comme si cela pouvait le faire disparaître aux yeux des autres. Les tremblements ne s’arrêtent pas, l’affolement lui soulève l’estomac, les gémissements bouillonnent dans sa gorge.

Il reconnaît la présence qui s’approche, sans doute par accident (il veut y croire), de lui.

Un sanglot s’échappe, brise toute la retenue de l’équilibre précaire, chasse ses doigts qui s’obstinaient à fermer sa propre bouche, résonne dans la pièce et tinte dans ses oreilles, signe de sa présence, signe de son échec, exposant son inutilité, faisant refluer la hantise d’être surpris dans cet état, la peur de décevoir (encore), la crainte d’être rejeté et de faire penser qu’il n’était pas à la hauteur, qu’il est dispensable, qu’il est faible et couard et monstrueux ; et il le discerne à cet instant, par conscience et instinct : il est repéré et identifié. Dent est entendu, Dent est vu, Dent est jugé dans cet état qui pourrait tout signifier (la douleur, le remord, l’ingratitude ; la trahison). Cela n’est plus un secret qui sera avalé par la solitude.

« Veuillez m’excuser », tente-t-il de marmonner.

Il n’entend qu’une confusion de sons aqueux, sans savoir si ce sont sa langue ou ses oreilles qui ont parasité ses mots ; Dent s’étrangle sur un nouveau sanglot et retient sa respiration sans vraiment croire qu’il parviendra à le taire ainsi, recule et tente de partir en s’enfonçant dans les ombres, comme il a appris il y a si longtemps, comme il saurait faire habituellement, mais une main s’accroche à son poignet droit et l’empêche de se retirer.

On le tire en avant, on l’expose ; Dent secoue violement la tête, submergé par la panique, mais il ne peut pas l’empêcher.

Ses lèvres frémissent, ses joues à vif et détrempées le lancinent, l’air ne rentre pas, des plaintes brèves sortent de sa bouche par flocons, et il a peur, son corps se glace et brûle de honte et d’angoisse.

« Cela ne se reproduira pas », bégaye-t-il d’une voix rapide et anormalement aigüe.

Il plonge sa tête en avant, la remue, toujours, se débat contre le vide et l’inconfort fiévreux, une cacophonie de gestes encore trop légers pour toucher à l’hystérie, partiellement paralysé par l’appréhension.

Le corps à ses côtés s’abaisse, la main ne le lâche que pour lui saisir le menton et le forcer à redresser son visage. Dent garde ses yeux fermés, remonte ses bras, les plie en croix devant son corps par automatisme irrationnel, puisqu’une part de lui sait encore qu’on ne le frappera pas ; Dent se crispe, Dent se contracte, Dent tente d’arrêter ses tremblements.

« Je suis désolé ! »

Les doigts glissent contre sa joue (Dent serre la mâchoire pour se forcer à ne pas la bouger), frôlent ses paupières closes (Dent ne réussit pas à endiguer l’agitation qui les secoue), se posent sur son front et, lentement, délicatement, précautionneusement, lui caressent la tête (comme il y a bien longtemps, cela fait des années, Dent n’est cependant plus un petit enfant, il ne devrait pas recevoir cette marque de soutien, quelque chose ne va pas, il a échoué, il ne vaut pas plus qu’avant-)

« Le dénouement n’aurait pas dû te frapper d’une injustice », souffle Ghetsis.

Dent n’avait pas réalisé que son visage était si proche. Il secoue la tête par réflexe, pince ses lèvres pour retenir les à-coups remontant dans sa gorge, ne tait pas suffisamment son gémissement mourant, ignore s’il doit, veut, peut écouter ou non ; les syllabes s’impriment au fer rouge à l’intérieur de sa chair, sous sa peau, et Dent ne sent rien et trop de tiraillements à la fois.

Un sanglot sec lui échappe, encore, et il bifurque la tête comme pour le repousser tardivement.

« Tu as décemment répondu à tes instructions », continue Ghetsis de ce timbre bas qui saupoudre tout entier le corps de Dent, le ficelle et lui ronge le ventre et le terrifie par sa douceur. « Ta mission a été une réussite. »

Les mots en réveillent et en bousculent d’autres (‘trahison’, ‘déception’, ‘rejet’), et derrière eux, l’image des yeux méprisants d’Iris…

Dent hoquète, sent la torsion de son estomac s’accentuer, plus profonde, plus acérée, plus cruelle et plus oppressante. Il étouffe, se noie dans l’air, et rien ne l’aide à respirer, à reprendre contenance, il n’y a qu’une succession de filtres qui viennent s’installer entre lui et l’extérieur afin de l’asphyxier plus efficacement.

« … je suis désolé… » répète-t-il dans un morceau de voix dévasté alors que les pleurs recommencent.

La pression des doigts part et revient, effleurant la peau de son front avant d’approfondir le contact, assertifs et stables, comme pour l’inciter à s’y maintenir. Les saccades secouant le ventre de Dent ne se stabilisent pas ; sa poitrine, ses yeux, son nez, ses joues et sa langue l’élancent comme sous l’emprise d’un brasier.

« Tu as accompli ton devoir », énonce calmement Ghetsis, comme s’il n’avait pas entendu ses excuses - comme si Dent n’avait pas eu à s’excuser en premier lieu. « Tu n’as pas mérité de souffrir au nom de ton efficacité. »

Ghetsis ne s’éloigne pas, même lorsqu’un haut-le-corps vide et sec soulève par automatisme le torse de Dent et l’enfonce dans une nouvelle vague de fébrilité.

Il secoue la tête, encore, sans savoir ce qu’il tente de chasser, si ce n’est pas simplement lui-même.

« Ils… ils ont juste été bons avec moi », parvient à balbutier Dent dans un hoquet qui tire avec lui d’autres spasmes et larmes. « Ils n’étaient pas… » Il inspire par saccades, essaye de rassembler ses mot. « Ils n’ont pas… »

(‘mérité cela’, n’arrive-t-il pas à prononcer.)

Ses mains molles reviennent se poser sur sa bouche, tant pour contenir des pensées qui ne devraient pas en sortir que pour retenir sa tête tombant comme un fruit trop mûr et déjà putréfié. Il se sent lourd et faible et creux, malade et nauséeux, l’acrimonie ne quitte pas sa langue ; il ne veut rien voir ni écouter ni toucher, si cela signifie devoir affronter d’autres effluves amers ; s’il disparaissait, s’il redevenait un morceau d’ombre, il n’aurait pas à réfléchir, il n’aurait pas à ressentir.

Le corps de Ghetsis fléchit, en contrôle (toujours), et Dent le perçoit, d’instinct, s’installer sur un genou, à ses côtés, comme devant un petit enfant et son Pokémon, à l’extérieur, afin de leur exposer pourquoi il serait meilleur de les séparer (comme devant un petit prince, dans le secret du château, afin de lui raconter ce qu’il devrait être et comment s’y conformer).

Dent s’imagine cerné, déjà piégé, incapable de cacher la moindre sensation ou émotion, déjà mis à nu, déjà analysé, déjà déconstruit par son regard.

« Et ce que sont les êtres », murmure Ghetsis à son oreille, « ne correspond que rarement à leurs actions. »

Malgré sa tentative de rétention, l’expiration de Dent sort hachée d’entre ses lèvres.

« De façon infortunée », reprend Ghetsis, « le deuxième héros a su se modeler en compagnon bénéfique à tes côtés ; cela ne change en rien ce qu’il est. Tu as fait le nécessaire, et ce malgré la difficulté. Je suis fier de toi. »

Les dernières syllabes sont à peine audibles et ne changent rien aux remous qui traversent le corps de Dent sans lui accorder le moindre répit. Son palais se souvient de la saveur acide et furieuse de Satoshi et d’Iris, de leur implacabilité mordante et résolue, de leur décision de ne rien oublier, de ne rien laisser passer, de ne plus lui accorder la moindre sympathie ; de leur écœurement transmis décuplé jusqu’à la poitrine de Dent, de leur inacceptation de lui-même alors que Dent avait appris, malgré lui, malgré sa méfiance, à vivre avec et par eux, à être entouré et nourri par leur affection, à fondamentalement chercher leur approbation.

« Je n’avais pas imaginé qu’ils me détesteraient », confesse-t-il contre sa paume, en sentant son souffle et sa parole rebondir sur son menton.

La main adulte s’étale sur sa peau et ses cheveux, s’y ancre sans douleur, pourrait presque le saisir, mais reste seulement posée sur lui.

Dent a seulement le temps d’entendre le bruissement des vêtements par-dessus son nouveau sanglot, et il ne reçoit pas d’autre avertissement : il réalise, brusquement, soudainement, qu’un poids est répandu contre lui, autour de lui, que la main est maintenant étendue contre l’arrière de son crâne, qu’il est enserré par le corps de Ghetsis, enroulé autour de lui (cela fait très longtemps, Dent n’a jamais vraiment eu l’habitude et il n’est de toute façon plus un des membres d’un trio de petits enfants perdus, désœuvrés, prêts à saisir le moindre geste qu’on leur adresserait-) comme si l’embrassade, encore aujourd’hui, accusait réception des épreuves traversées et lui rappelait qu’il avait le droit de prétendre à autre chose, d’être récompensé de sa patience et sauvé…

La main droite de Ghetsis est pressée contre son dos rigide et tendu ; la gorge de Dent s’est encore bloquée.

« La tâche que tu as exécutée t’a mise en danger par la sorte d’investissement qu’elle réclamait », rappelle calmement Ghetsis. « Tu n’as pas à avoir honte, ni de ta conduite, ni de l’inconfort qui te frappe. Ces menus désagréments ne dureront pas. »

Dent secoue la tête et, cerné par le contrôle et la solidité statique, sent ses tremblements lui revenir par ondes irrégulières. Il tente de se retenir, de se maintenir, trop proche pour se permettre de se disloquer, il essaie d’arrêter les secousses qui le traversent, de ne pas paraître aussi abject et répugnant qu’il doit l’être en ce moment, mais il n’arrive pas à apaiser son corps à défaut de se tranquilliser.

« Je les connais, ils ne changeront pas d’avis, Iris ne changera pas d’avis-

- Et s’ils t’ont abandonné sans avoir cherché à te pardonner, valaient-ils quelque chose ? » lui demande Ghetsis, velouté, sans douter.

Prisonnier de l’étreinte suffocante qui ne lui laisserait probablement aucune échappatoire s’il en cherchait, Dent sent les cheveux de Ghetsis couler contre sa joue alors que la tête se relève, et perçoit, à travers ses vêtements, la peau fraiche le picoter et chercher à le glacer.

« Ton jugement n’est pas caractérisé par sa faillibilité. C’est pour cela que cette mission t’avait été confiée. Si tu estimes », susurre Ghetsis, et Dent a l’impression confuse d’entendre la commissure des lèvres se plisser vers le haut, à travers la voix qui s’en échappe, « que tu peux ou veux croire que leur regard changera, qu’ils te comprendront, ils le feront. »

La froideur, comprend Dent, est en train de neutraliser les brûlures intérieures et la fournaise insupportable qui s’était répandue. Il pince ses lèvres, contient un nouveau haut-le-corps, laisse les parole s’infiltrer en lui : un venin insidieux qui se distille dans ses oreilles et vient temporairement soigner ou geler l’infection de sa plaie.

« Reste ici et attends », ordonne Ghetsis en reprenant son timbre gorgeant d’autorité.

Il se détache et se redresse ; Dent sent le gel du vide et de l’absence assaillir sa peau. Ghetsis se retire. Dent l’entend, expire violemment, rouvre les yeux une fois seul, et se relâche comme un pantin dont on aurait abandonné les fils.

Les tremblements reprennent.

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Il a essayé de retrouver un semblant de contenance : inspirer profondément, sécher ses larmes même si de nouvelles ont continué de perler, frotter un tissu contre son visage ravagé, forcer ses traits crispés à se détendre, rassembler les fragments de lui-même qui s’étaient égarés.

(Cela n’a pas empêché les fantômes des sourires de Satoshi et d’Iris de papillonner contre ses paupières en se superposant à leurs regards colériques et défiants, lui arrachant de nouveaux hoquets.)

Sa bouche humide lui rappelle qu’il a peur ; peur depuis que Ghetsis est revenu et lui a demandé de le suivre alors qu’il ne se sentait pas encore capable de se relever sans s’éparpiller, peur de s’effondrer en pleine marche, peur d’être incapable et décevant. Ghetsis a saisi son poignet pour couper court à ses tergiversations silencieuses, par agacement (jamais par tendresse), pour que les choses soient comme elles devaient être (Dent devait se mettre en mouvement), et Dent n’arrive pas à suivre le rythme, se sent tiré comme un petit Pokémon récalcitrant dans les couloirs vides.

(Comme, il y a bien longtemps, il y a des années, lorsqu’il ne voulait plus se redresser mais laisser le monde l’engloutir et avait besoin qu’on le force à avancer.)

Le dos de Ghetsis est toujours épais et stable ; les strates de ses vêtements guindés renforcent toujours sa carrure haute et imposante. Depuis leur rencontre, Dent a grandi, mais il se sent encore frêle et minuscule devant lui. Il sait qu’il ne doit pas cette impression qu’à cette stature élevée (Ghetsis est particulièrement grand même pour un adulte, c’est un fait) qui l’entraîne à sa suite : Dent a toujours été effrayé par Ghetsis, par l’emprise qu’il peut étendre et approfondir sur les autres avec une facilité déconcertante, par le contrôle qu’il sait maintenir, par sa capacité à mettre en action le spectacle qu’il désirait en ne tirant qu’une seule attache, par son contentement reptilien lorsqu’il contemple cette mécanique qu’il a lui-même ordonnée se mettre en marche.

Le monde autour de Dent reste étrangement diffus et évasif, comme si les surfaces sur lesquelles ses yeux glissent s’évaporeraient s’il tentait de les toucher. Il se devine toujours vacillant, vidé de sa propre substance et peut-être un peu distant d’avec lui-même. L’impression ne se caractérise pas par son agréabilité. Elle ressemble trop au souffle retenu par une forêt avant que son plus vieil hêtre ne s’effondre.

Ghetsis l’amène jusqu’à l’une des portes, parmi tant d’autres, aucunement différente de celles qui la précèdent et lui succèdent, et lui lâche le poignet pour retirer une clef de sa poche, l’insinuer dans la serrure, la faire cliqueter d’un tour sec, puis pousser le battant et ordonner à Dent, d’un regard, de le suivre.

Le courant de panique sous-jacent ressurgit, s’efface puis remonte comme une marée, plus haut, plus marqué, plus insistant, dès l’instant où Dent franchit le seuil : il prend conscience qu’il ignore tout de ce qui peut arriver, de ce qui est supposé arriver, de ce que l’on attend de lui, de ce qu’il aura à faire et de la place qu’il devra trouver. Le sang recommence à battre contre ses tympans, les filtres reviennent pour boucher ses perceptions des informations qu’elles pourraient capter et, brusquement, en essayant d’analyser la chambre moyenne et dépouillée dans laquelle il vient de pénétrer, ses yeux glissant naturellement sur le lit, le seul meuble de la pièce, Dent trouve un point qui focalise toute son attention.

Il perd son inspiration, le cœur repartant dans sa cadence infernale de battements anhydres et bruyants, un goût amer dans la bouche, le regard planté sur Iris, allongée sur le dos, immobile sur les draps.

Il déglutit, n’arrive pas à se mouvoir, la regarde figé, s’attendant à la déferlante de venin irréversible. Pourtant, rien ne bouge. Iris n’indique même pas qu’elle a remarqué son entrée, mais Dent la sent - la sait - éveillée.

(Il a peur.)

Ses jambes se déplacent, mécaniquement, et il ne la quitte pas des yeux, attentif et sans pourtant s’attendre à devoir changer son allure, à mesure qu’il se rapproche d’Iris. Elle ne lui adresse pas le moindre signe d’hostilité, reste étendue et calme, comme morte.

(Il a peur.)

Dent sait qu’il ne s’agit que d’une impression irrationnelle, mais elle semble si pâle et si maigre sur les draps blancs (comme si quelques jours avaient su l’épuiser et la drainer de ses forces) que sa propre gorge se noue par anticipation de la frayeur. Elle ne porte pas de traces de coups, ses vêtements sont intacts hormis l’accroc dans sa manche qui était déjà présent lorsqu’elle avait été séparée de Satoshi. Ses yeux sont entrouverts mais Dent sait que cela ne signifie rien : il approche, prudemment, une main jusqu’au bas du visage d’Iris et laisse ses doigts dans le vide jusqu’à capter son souffle faible contre ses phalanges. Dent déglutit, inspire profondément, s’attend, encore une fois, à ce que le corps d’Iris se remette en mouvement et l’attaque sauvagement. Elle n’en fait rien. Cela ne va pas ; cela ne ressemble pas à Iris.

Il s’assied sur le lit, à côté d’elle, s’attendant toujours à ce qu’elle le morde ou le griffe, approche précautionneusement ses doigts du poignet sombre, cherche le pouls et ne le capte pas ; il remonte, fébrile, sa main jusqu’au cou d’Iris, se contracte par anticipation du pire, et y appose les doigts. Le sang palpite. Peut-être lentement, mais il ne peut pas comparer avec sa fréquence de repos coutumière, il n’avait jamais touché Iris à cet endroit (l’avait-il déjà touchée ?) ; il se détache aussitôt.

Les cils d’Iris remuent, à peine, comme si elle avait essayé d’ouvrir ses yeux plus grand. Dent suit la piste du mouvement, remonte jusqu’à eux, glisse son pouce sous l’œil droit d’Iris, l’index au-dessus, et tire la peau jusqu’à révéler l’orbite. Face au surplus de lumière, sa pupille ne se contracte pas immédiatement - et bien trop lentement. Dent croit observer les yeux frémir, vaguement se recentrer à mesure qu’ils semble tenter de s’accrocher aux siens ; sans y parvenir.

« Elle va bien. Tu disposes de tout le temps nécessaire pour t’expliquer », murmure Ghetsis.

Dent frémit - il ne l’avait pas entendu s’approcher - et se recule instinctivement d’Iris en se collant incidemment à lui. Il se penche, tourne la tête, la secoue, effrayé sans savoir de quoi, ouvre la bouche et ne parvient pas à parler alors que Ghetsis le regarde avec indifférence et impatience.

Le seigneur se penche (Dent n’a pas le temps de se recroqueviller, piégé entre lui et le corps immobile d’Iris), lui saisit la main droite avec la sienne (Dent reconnaît la peau sombre et sclérosée, la peau imparfaite et habituellement cachée, la peau de la vérité) et la force à s’approcher du visage d’Iris. La résistance que Dent envisageait d’opposer s’effondre avant même de commencer, le geste continue et, soudain, il la touche, paume pâle contre sa joue brune.

Il est certain de ne l’avoir jamais touchée ainsi.

La peau d’Iris est douce, convoque avec elle un parfum d’extérieur et de soleil sur la langue de Dent. Il croit la sentir remuer faiblement à chaque inspiration. Il y a quelque chose de naturel et de pourtant profane, à savourer ainsi son contact ; l’aisance coutumière d’Iris déborde d’elle-même, jusqu’à l’atteindre lui et l’envelopper tout entier dans une nappe d’apaisement. Iris est vivante, même si froide sous ses doigts.

Ceux de Ghetsis le sont aussi ; Dent gémit et sent son tremblement s’approfondir lorsque Ghetsis le force à glisser doucement sa main vers le bas du visage d’Iris pour la remonter le long de sa joue en frôlant la peau, encore et encore, dans un essai malaisé et maladroit de caresse. Les doigts de Dent, résolument serrés, semblent pourtant s’étaler contre Iris, incongrus et déplacés, sales et indignes, comme s’ils cherchaient à recouvrir son visage, mais Iris ne réagit pas plus, même lorsque la paume de Dent frôle accidentellement ses lèvres. Lors d’une remontée, Dent étend son pouce jusqu’à la paupière à moitié refermée, sent l’œil d’Iris s’agiter légèrement sous elle, respire et trace précautionneusement la courbe de l’arcade sourcilière, chatouillé par les longs cils.

Dent secoue la tête et tente de s’écarter, mais Ghetsis fait glisser leurs mains jusqu’au cuir chevelu, se presse contre son dos et l’enfonce plus avant jusqu’à ce que le visage de Dent surplombe complètement celui d’Iris.

(Elle n’est pas aussi glaciale qu’il l’avait cru ; une chaleur se distingue en-dessous, réconfortante et accueillante, confortable et invitante.)

Dent hoquète mais il ne parvient pas à se détacher des traits d’Iris, familiers et pourtant redécouverts par la proximité ; il retrouve l’harmonie et l’équilibre à la saveur envoûtante qu’il lui connaissait déjà, mais il a l’impression de les savourer pour la première fois. Il la contemple, l’observe, suit les ondulations de son visage jusqu’à ce que la main gauche de Ghetsis appuie contre sa nuque et l’enfonce contre Iris.

Dent appose (accidentellement, il le promet) ses lèvres contre la joue.

Il perçoit la texture de la peau d’Iris sur la sienne, sur sa bouche, il se laisse envahir par son odeur tiède et délicatement épicée, inspire - s’aperçoit qu’il peut inspirer - pour la respirer, respire, plonge dans ce point d’unité, assimile les sensations moelleuses et rassurantes.

La pression exercée sur son cou diminue sans disparaître. Dent frissonne (quelque chose ne va pas), retrouve de la sécheresse et du vide autour de son corps, et il profite du relâchement pour se détacher et se redresser un peu. Il sent l’inquiétude plisser ses lèvres et ses sourcils, son souffle recommencer à se bloquer, et il remonte craintivement jusqu’aux yeux d’Iris. Son regard est toujours évasif, comme prêt à s’affaisser ; mais Dent y distingue également une pointe d’effroi sans qu’elle ne parvienne à se fixer.

Quelque chose ne va pas.

La respiration toujours coupée, Dent tourne la tête avant même d’avoir une raison établie de le faire (pour savoir, pour demander de l’aide, pour demander quoi faire ou pour chercher à s’éloigner) et il capte, brièvement, du coin de l’œil, léger et insidieux, le sourire de Ghetsis : l’amusement au parfum cruel qui se trouve derrière lui.

Brièvement paralysé, Dent se souvient.

Il se souvient, la première fois qu’ils avaient lointainement croisé la route de Ghetsis alors en plein discours (lorsque Dent ne pouvait qu’écouter les jugements de ses compagnons et se taire sur ce dont il était réellement au fait), qu’Iris avait mentionné que cet homme lui faisait peur et qu’elle s’en méfiait.

Elle n’arrive pas à bouger, reconnaît-il. Elle est incapable de se détourner.

Dent déglutit, inspire et reprend place au-dessus d’elle pour surplomber son visage, la garder de la vue de Ghetsis et le faire disparaître à ses yeux puisqu’elle avait, d’instinct, décidé qu’elle ne l’aimait pas.

« Tout va bien », murmure-t-il le plus bas qu’il puisse, comme pour la rassurer, comme en espérant ne pas se faire entendre de Ghetsis, comme s’il recommençait à agir par double-jeu.

Son ventre recommence à se tordre, à le brûler. Sentant qu’il ne parviendra pas à garder sa position indéfiniment sans soutien, Dent pose son autre main de l’autre côté de la tête d’Iris, s’en sert comme support pour se rapprocher et s’installer au-dessus d’elle, pour l’envelopper et la protéger ; le poids le quitte, et Dent expire de soulagement en sentant l’air remplacer Ghetsis contre son dos, avant de passer une de ses jambes par-dessus le corps d’Iris.

Il se sent toujours vacillant et instable, sa langue est redevenue sèche, comme si la peur s’était réinstallée. Iris ne réagit pas, ne lui indique pas ce qu’il serait censé faire pour rallumer la flamme de sa vivacité ; Dent suit et retrouve les traces du chemin qu’on lui avait fait entamer, reprend le sentier déjà tracé, et repose sa main droite contre la joue d’Iris.

Elle reste immobile, même si ses pupilles semblent essayer de se focaliser sur lui, même si Dent la sentirait presque couler et s’éloigner de lui. Ses doigts contre la pommette d’Iris essayent de la réchauffer ne serait-ce qu’un peu, mais la peau d’Iris reste froide, comme si rien ne pouvait la porter à incandescence, comme si elle était malade et ne réussissait pas à guérir.

« Tout va bien se passer, ne t’inquiète pas », la rassure Dent en passant son pouce contre les lèvres sèches et légèrement craquelées d’Iris.

Il n’arrive même pas à lui sourire. La nausée cherche à revenir, son sang pulse trop fort et il continue de chanceler. S’installer sur ses coudes en prenant garde de ne pas écraser Iris sous son poids (Iris qui semble si frêle et si fragile…) ne chasse pas la boule chauffée à blanc qui lui ronge la poitrine, s’accrocher sans violence aux poignets, aux bras et aux coudes d’Iris ne l’empêche pas de trembler, alors Dent plonge dans le creux de son cou, enfouit sa tête dans ses cheveux, laisse les sensations dégagées par le corps d’Iris l’envahir.

Les doigts d’Iris se laissent écarter lorsque Dent les entremêlent avec les siens ; Iris ne frémit même pas lorsqu’il rejoint sa taille marquée et palpe ses contours en essayant de se rappeler si elle a toujours été si fluette (il l’ignore, ils ne se touchaient pas, il n’arrive pas à faire concorder l’image qu’il en gardait à leur appréciation tactile) ; Iris ne s’adoucit ni ne se rigidifie davantage lorsqu’il caresse lentement ses hanches, ni lorsqu’il soulève prudemment son vêtement pour effleurer du bout des jointures la peau de son ventre, par cercles réguliers.

Elle ne semble pas avoir été blessée, mais elle a besoin de lui : si elle est glaciale, il peut continuer d’essayer de la ranimer, jusqu’à ce qu’elle soit en état de se tenir, de lui poser les questions qu’elle souhaitera, de l’accuser de ce qu’elle désirera. Il trouvera un moyen pour la faire revenir.

Les mouvements de Dent sont souples et mal-assurés, mais il a presque l’impression de se sentir se mouler dans une mécanique déjà montée : différents crans, différentes étapes, mais un circuit déjà prédéfini et envisagé, comme s’il n’avait plus qu’à continuer pour créer la mélodie attendue, comme s’il avait retrouvé une fonction, une utilité - une place sur l’échiquier.

Dent remonte sa tête, pose son front contre celui d’Iris, l’inspire.

« Je reste avec toi », lui promet-il. Il n’y a plus personne, il n’y a personne pour infirmer sa déclaration. « Il ne t’arrivera rien, je veillerai sur toi. »

Lorsqu’il l’embrasse, doucement, délicatement, tendrement, le tremblement faiblit.

pairing (pokémon anime): dent/iris, perso (pokémon anime): iris, auteur: cassidy_b, perso (pokémon anime): ghetsis, genre: het, perso (pokémon anime): dent, fandom: pokémon (anime)

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