You’re the most un-useful thing in the net.

Jun 21, 2008 14:26

Ou « Et Olivier découvrit Facebook »

Pour faire comme tout le monde, je m’étais créé un profil sur facebook. Je n’y allais jamais et ne voyais pas vraiment l’intérêt de la chose. Maintenant que j’ai mieux compris comment cela fonctionne, j’ai pu me rendre compte de l’inutilité crasse de la chose.

Et comme tout ce qui est inutile est de fait totalement indispensable, Facebook est devenu ma nouvelle lubie chronophage.

Alors tentons de justifier ce temps perdu et cherchons à Facebook quelques que vertus cachées.

À la base, je ne sais pas trop à quoi c’était destiné… une banque mondiale de profils de gens pour qu’ils s’associent ou trouvent des gens ayant des intérêts commun pour réaliser de grandes choses. Certes mon adhésion au groupe « Chuck Norris ne porte pas de montre. Il décide de l’heure qu’il est » tenterait d’aller dans ce sens et pourrait à elle seule légitimer l’intérêt de la chose.

On pourrait voir cela également comme une sorte de répertoire de CV des gens, un « Viadéo » utile et fonctionnel, le pouvoir y lire qu’un test idiot en 5 questions me compare à un Château Latour devrait à coup sûr rassasier en information n’importe quel chasseur de têtes.

Allé ne soyons pas mauvaise langue et avouons que c’est plutôt sympas d’y retrouver ses amis comme sur n’importe quel live journal ou autre Myspace et d’apprendre sur eux des trucs super intéressant sur eux.

J’ai appris par exemple que je suis sexuellement compatible à 71 % avec mon apprenti, qui outre le fait qu’il est hétérosexuel est tout de même mon apprenti et également compatible dans ce même domaine à 74 % avec ma nièce qui outre le fait qu’elle est une fille est tout de même ma nièce (et je ne dit même pas qu’ils ont moins de la moitié de mon âge).

Creepy isn’t it ?

Non en fait il y a quand même un truc de merveilleux sur Facebook qui va à l’encontre de tout ce qui se fait habituellement sur Internet et de l’usage que l’on en a depuis le début.

Quand Internet est né, je ne sais pas si c’est du à la paranoïa intrinsèque à notre espèce, mais on s’est tous cachés derrière un pseudo. Comme si on s’apprêtait à faire des choses graves et interdites. Alors que… y avait-il une réelle raison ?

Les années Reagan ont vu s’étendre une pratique dans certaines sociétés qui constituait à faire subir des tests bizarres à ses futurs employés afin d’en percer la moindre parcelle de son intimité. Précédemment, Hoover aux USA et les RG en France avaient fait faire une fiche sur chacun d’entre nous où presque. Ce qui effectivement ne conduit pas vraiment à oser se montrer tel que l’on est. Si on y ajoute ces siècles d’apprentissage de la chasse où nos ancêtres avaient l’habitude de se cacher dans les fourrés en attendant le passage du diplodocus qu’ils allaient attaquer sournoisement mais nécessairement pour nourrir leur tribu… Tout cela nous a peut être conduit à cette méfiance extrême qui s’est traduit sur le net par le fait que nous nous sommes tous planqués derrière un pseudo. Même si nous n’avons jamais nourri d’ambitions terroriste, ni fomenté quelques coups à la « Tonton Flingueur ».

Parce que quand même ne sommes-nous pas un peu tous trop paranoïaques ?
Qui est-ce que ça va intéresser, à part ses lecteurs qui sont donc comme elle, que Sophie Lemartin écrit des histoires mettant en scène des personnages issus de bandes dessinées japonaises et histoire dans lesquelles ces personnages vont avoir des relation amoureuses entre garçons ? Franchement… je doute que cela ait une quelconque influence sur sa capacité de se faire recruter en tant que comptable chez Trémouille et Fils. Bien sur si monsieur Dugrando, président-directeur général est le plus vif supporter du député Vaneste cela pourrait lui porter préjudice, enfin il faudrait déjà que M. Dugrando ou son DRH aient eu l’idée loufoque d’aller enquêter jusque là. Et là encore, qui aurait envie d’aller bosser pour une société qui pratique ce genre de flicage et prône de telles valeurs.

Je sens venir l’argument du chômage et de la recherche d’emplois difficile. De nous tous (moi et vous qui me lisaient) combien sont certains que si on avait appris leur petite particularité ils auraient eu plus de mal à trouver du travail ?

Et puis est-ce que justement cela ne vaut pas le coup de se montrer tels que nous sommes dans un acte militant de lute contre les discriminations quelles qu’elles soient.

Catherine Robbe-Grillet n’a-t-elle pas écrit une apologie du sado masochisme. Est-ce que nos bluettes homosexuelles ne sont pas un peu légères par rapport à ça ?

Nous nous sommes dès le début cachés sur le net et encore aujourd’hui nous tremblons à l’idée que on pourrait y découvrir qui nous sommes. Impressionnant !

Et voilà qu’arrive Facebook où justement le principe de base est de s’y inscrire sous sa réelle identité !

Je retrouve les vrais noms de mes amis qui ne se cachent plus, qui n’ont plus honte de moi.

D’un seul coup olivs et les autres pseudos me semblent tellement ridicules et gamins.

On peut me voir et savoir des conneries sur moi, certes je peux choisir qu’il faut être de mes amis pour le faire, mon ancien directeur marketing de chez Look peut donc à loisir voir mes magnifiques chaussons L (et j’en profite pour remercier… et voilà du coup cela me fait bizarre de devoir remercier des pseudos plutôt que des vrais gens qui comptent réellement pour moi car cette affection qui s’est tissée entre nous n’a vraiment rien de virtuel).

Bien entendu sur Facebook, il y a des gens qui ne jouent pas le jeu et n’ont rien compris au sujet. Il y a par exemple au moins une dizaine de L Lawliet Ryuzaki sans que aucun ne soit allé jusqu’au bout du délire et imagine la vraie page de L ce qui pourrait dans ce cas précis avoir un intérêt de faire du fau. Il y en a d’autres qui restent bêtement planqués derrière leur pseudo alors qu’ils ont pour une fois l’opportunité de s’affranchir de ce masque et du coup ils ne peuvent pas rentrer dans le monde réel de Facebook se restreignant à sa partie fausse.

Voyez-vous je suis super heureux d’avoir une amie suisse sur Facebook, mais quelque peu attristé de me dire que ce sera sans doute un des deux seuls lecteurs de cet article qui fait partie de mes amis qui osent associer leur nom au mien.

Voilà ici la fin de mon long verbiage sur le thème de « de quoi avons-nous honte, pourquoi avons-nous honte de ce que nous sommes et de qui nous sommes ? ». Laissons donc aux vrais criminels le privilège de se cacher, nous ne sommes pas comme eux n’est-ce pas ? Et si il y a quelques aspects de notre personnalités, de nos goûts ou de nos fantaisies qui peuvent surprendre les autre, n’est-ce pas comme cela que l’on peut compter ses vrais amis : ceux qui ne vous jugent pas et qui vous aiment tel que vous êtes et pour ce que vous êtes.

Olivier Pouzet

moi, morpion, réflexions, Vie réelle

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