[Harry Potter] Entre deux mondes, chap.30

May 07, 2010 14:20


Titre : Entre deux mondes
Auteur : Mokoshna
Fandom : Harry Potter
Disclaimer : Harry Potter est la propriété de J.K. ROWLING
Rating : PG-13
Avertissements : Slash, Albus-Severus/Scorpius (entre autres)
Notes : Série de chapitres courts basés sur les thèmes de la communauté Livejournal 30_slash_hp. Les chapitres respectent l'ordre chronologique même s'ils ne sont pas forcément agencés de manière « logique ». L'histoire marche par ellipses, c'est fait exprès, soit pour respecter les thèmes, soit simplement pour donner un côté décousu à l'ensemble.

Recueil des chapitres


30- Répète après moi !

Les bras de Ginny étaient larges et chauds. Elle s'en servit pour le serrer contre elle, le palper, écarter tout indésirable qui se mettrait entre elle et son fils. Al la laissa faire : ce n'était pas tous les jours qu'une mère retrouvait son enfant après quatre mois d'absence.

- Mon chéri, ne cessait-elle de répéter, mon Al...

Il lui faudrait un peu de temps avant de se réhabituer à ce nom : il était tellement bien, en Sévérus... Derrière Ginny, Harry les regardait d'un air impassible. Il était principalement occupé à lorgner Malefoy d'un air méfiant.

- Merci de t'être aussi bien occupé de lui, dit-il en tendant sa main.

Malefoy la regarda comme si elle était recouverte de boue. Il la serra à contrecœur.

- Ce fut un plaisir, fit-il avec une grimace de dégoût. J'espère qu'il s'amusera bien durant ces vacances chez vous. Ses professeurs espèrent le revoir très bientôt. C'est un si bon élève !

- J'imagine, dit Harry d'une voix pincée. Tu dois tout faire pour qu'il ait une éducation... convenable.

- Avec à disposition mes humbles capacités, oui.

Ils se séparèrent non sans maints regards en coin. Aucun parti ne faisait confiance à l'autre ; Malefoy devait croire qu'Harry ferait tout pour garder Al avec lui... Harry les mena dans une voiture magique qui démarra en trombe une fois la porte refermée. Direction : Le Havre, où les attendait le reste de la famille au grand complet. Al plongea discrètement sa main dans sa poche, là où se trouvait la nouvelle Pensine portable que Scorpius lui avait offert avant de partir. Celle-ci était remplie de ses rêves les plus récents. Il se les réservait pour les moments où il se sentirait un peu nostalgique.

- Comment va tout le monde ? demanda-t-il gaiement pour tenter de dissiper la tension. James est toujours avec Ben ?

Ginny lui fit un sourire tendu tout en caressant ses cheveux. Ils avaient bien poussé depuis son départ clandestin d'Espagne. Maintenant à hauteur de ses épaules, ils s'étaient un peu assagis grâce aux bons soins de Narcissa, qui connaissait des potions de soin capillaire extraordinaires. La mode en France était aux cheveux longs, du moins parmi les sorciers ; Al l'avait suivie sans se poser de question, parce qu'il le pouvait. Du reste, cela l'amusait : la masse de cheveux soyeux transformait son visage, le rendait plus doux. C'était à se plier de rire. Scorpius n'aimait pas cela, c'est pourquoi il avait gardé ses cheveux courts ; pourtant, cela lui irait tellement bien...

Ginny soupira.

- Oui. Ils vont bien. Ils ont prévu de se marier à la fin de leurs études, d'après ce que James m'a confié.

- Tu ne veux pas ?

- Ils sont si jeunes...

- Toi aussi, tu as épousé Harry à la sortie de tes études.

- La décision avait été prise plus tard. Et Harry était plus raisonnable que ton frère.

- Bah, s'ils s'aiment... et Ben est quelqu'un de bien.

Du moins, tant que le permettait son rôle actuel, pensa-t-il après coup. Il avait vu Zack Lepine pas plus tard que la semaine dernière, et la discussion s'était bien entendu orientée sur la relation entre James et Ben.

Ce n'est pas que Ben n'aimait pas James, bien au contraire ; il avait simplement des projets autrement plus ambitieux pour son petit ami. Être le fils aîné des Potter avait son charme, alors pourquoi ne pas en profiter ? Après tout, il serait un jour le chef de famille. Et Roxanne, qui sortait à présent avec un ancien Mangemort reconverti en styliste fameux, était prête à tout pour obtenir la gloire. Y compris révéler tout ce qu'elle pourrait apprendre de sa famille. Du reste, elle n'était pas la seule taupe, sans quoi sa stupidité aurait vite fait de faire capoter leurs plans.

- Nous ne sommes pas les plus à plaindre, dit Harry. Audrey n'arrête pas de pleurer depuis que Fred lui a annoncé qu'il sortait avec ce fantôme de pharaon.

- Je trouve cela assez romantique, dit Ginny. Mais c'est vrai que ce n'est sans doute pas le gendre que Georges et Audrey attendaient...

Al ricana doucement. Elle ne croyait pas si bien dire. Amenhotep était le type même du tyran haï de tous : on racontait que du temps où il était encore en vie, il avait pris le pouvoir en tuant tout ceux qui se mettaient sur son passage. L'Egypte avait connu un épisode sanglant sous son règne, heureusement fort court et relativement oublié de l'Histoire. Dire que Fred s'était épris d'un tel personnage ! C'en était hilarant. Al se demanda s'il y avait moyen de le joindre à la cause. Asteria en serait indubitablement ravie. Ce n'était pas trop le genre de Fred, mais ça ne coûtait rien d'essayer.

- Comment va Scorpius ? demanda Ginny.

- Bien. Il est l'élève le plus doué des Beauxbâtons. Sa grand-mère dit qu'il ira loin.

- Tant mieux...

- Ce n'est pas comme moi. Narcissa n'arrête pas de dire que je finirai comme Voldemort.

Qu'est-ce qu'il lui avait pris de les provoquer comme ça ? En tout cas, sa remarque eut l'effet escompté : Ginny ouvrit des yeux ronds et le lâcha. Quant à Harry, sa réaction fut assez violente puisqu'il frappa brutalement la portière. Celle-ci était heureusement protégée par un sort, sans quoi, au vu de la violence de son coup, la vitre aurait certainement volé en éclats.

- Tu n'es pas le futur Voldemort, dit-il, le teint blême.

- Oh, je ne sais pas... ce n'est pas ce que disent les rumeurs.

Cette fois, Harry hurla :

- On s'en fiche des rumeurs ! Tu es mon fils ! Répète après moi ! « Je suis ton fils, pas le futur Voldemort ! »

- Harry... commença Ginny.

- Répète !

- Je suis ton fils, pas le futur Voldemort, dit sagement Al en retenant un bâillement. Content ?

Harry le fixa sans un mot.

- Harry ?

- Appelle-moi papa.

- Non.

Ginny se dépêcha de reprendre Al dans ses bras.

- Allons, on est bientôt arrivé...

Harry ne desserra pas la mâchoire du reste du trajet. L'arrivée au Havre se déroula dans un silence de mort. Al s'attendait à ce que tout le monde soit là pour les accueillir, mais non, il n'y avait qu'Hermione qui leur ouvrit avec un sourire éclatant. Elle n'avait pas changé depuis la dernière fois.

- Bienvenue ! Al, tu as passé un bon voyage ?

- Oui, merci, tante Hermione.

Ils se dévisagèrent avec curiosité. Hermione était la plus sérieuse du groupe, la plus empressée de rendre la justice aussi ; pourtant, elle ne fit aucun commentaire, sauf pour déplorer la tignasse d'Al, trop peu soignée à son goût. Al promit de se couper les cheveux avant la fin de la semaine.

Il revit les autres membres de la famille, les adultes surtout. À croire que la jeune génération se cachait. La première qu'Al vit fut Lily, laquelle sortait de sa chambre pour chercher un verre d'eau dans la cuisine. En l'apercevant, elle poussa un cri aigu et se dépêcha de changer de pièce. Beau départ.

- Ils sont un peu nerveux, admit Ginny en fin de journée. C'est que tu es parti longtemps...

Et surtout, ils devaient le croire perdu en faveur des forces du mal, ou quelque chose du genre. Les adultes leur avaient-ils conseillé de rester à l'écart de peur d'être contaminés ou avaient-ils pris la décision seuls ? En tous les cas, les réactions du côté Weasley furent des plus prévisibles : Arthur et Ron le dévisagèrent avec animosité et Molly avait les yeux humides à chaque fois qu'elle le voyait. Quant aux autres, ils ne lui adressèrent pas la parole, pas même pour lui dire bonjour. Il était réellement devenu la brebis galeuse de la famille.

Il se retira dans son ancienne chambre en attendant qu'on l'appelle pour le dîner. Rien n'avait changé ; Ginny y avait sans doute veillé. Ses affaires étaient soigneusement rangées dans l'armoire et le coffre et les murs arboraient toujours les même posters de ses équipes de quidditch préférées. Al remarqua qu'aucun des joueurs n'osait regarder dans sa direction.

- T'es là ?

Al leva les yeux des devoirs qu'il avait sortis de son sac. James était arrivé sans un bruit et le fixait de la porte.

- Hé, dit-il.

- Hé, répondit Al. Ben est avec toi ?

- Non, il est en train de faire les courses avec tante Audrey.

- Oh. Toi ça va ?

- Très bien. Mes notes ont progressé depuis l'année dernière, grâce à Ben. Papa envisage de m'inscrire à des cours d'été pour futurs Aurors.

- Et tu vas y aller ?

- Je pense. Ça m'intéresse.

- Cool. Ça t'irait bien.

- Et toi ? Toujours en France ?

- Oui.

- Ça te plaît ?

- Oui. Les Malefoy m'aiment comme un fils.

- Oh. Bien.

Ils gardèrent le silence. James entra dans la chambre, fit les cent pas avant de se décider à s'asseoir sur le lit.

- Il s'est passé quoi ?

- Les parents t'ont pas dit ?

James prit un air pincé.

- Ils ont raconté quelque chose à propos de ton esprit. Que tu n'étais pas comme les autres. Que Voldemort avait lancé une malédiction sur papa et que c'était retombé sur toi. Enfin, c'est oncle Ron qui a dit ça, papa et maman se sont contentés de dire que tu avais besoin de réfléchir à ton avenir et que le meilleur endroit, c'était apparemment en France avec les Malefoy.

- Et toi, t'en penses quoi ?

- Je ne sais pas. Au début, j'étais furax contre eux parce qu'ils ne voulaient pas aller te chercher, puis quand j'ai compris que c'était ton choix je me suis mis à te détester.

- Et maintenant ?

- Je ne sais pas. Je veux juste comprendre.

Al sourit.

- Tu as parlé à Rosie ?

- Un peu. Ce qu'elle a réussi à dire ne m'a pas plus avancé. Tu savais qu'elle suivait une psychothérapie ?

- On m'en a parlé.

- Les adultes disent que c'est de ta faute. Parce que tu l'as choquée.

- Elle était déjà fragile. J'ai été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, on dirait.

- Tu dis vraiment que des conneries.

James bondit brusquement sur lui, serra ses mains autour de sa gorge. Al ne se débattit pas. À quoi bon ? Une fois la colère passée, il ne lui resterait pas assez de combativité pour lui faire le moindre mal. James n'était pas un meurtrier.

- Pourquoi ? hurla-t-il. T'étais mon petit frère, tout le monde t'aimait... Pourquoi t'as fait ça ? Qu'est-ce qui ne tourne pas rond dans ta tête ?

Al ne répondit pas. Petit à petit, la poigne de James diminua jusqu'à ce qu'il le lâche complètement. Il se rassit sur le lit, le visage déformé par le désespoir.

- Pourquoi ? dit-il dans un souffle.

Al lui fit un sourire.

- Tu te souviens de ma première année à Poudlard ? Quand ces élèves de sixième année ont voulu me faire payer l'impudence d'être le fils d'Harry Potter ?

- Oui, fit James d'une voix cassée. Neville est venu me réveiller pour me dire de rester avec toi. Ils t'avaient jeté dans les oubliettes, au milieu d'une tribu de Scroutts à pétard qui avaient élu domicile là sans que personne le sache. Ils étaient tombés avec toi. Tu as eu de la chance, tu as simplement été projeté dans un coin même si tes mains ont été sévèrement brûlées. Eux, ils sont morts dans d'atroces souffrances. Du moins c'est ce que Neville a consenti à me dire.

- Tu crois vraiment qu'ils sont tombés tout seuls ? Que je me suis fait ces brûlures simplement en restant dans mon coin, hors de portée des Scroutts à pétard ?

James blêmit.

- Hagrid est allé spécialement te chercher, murmura-t-il. Il se sentait coupable parce que c'était lui qui les avait créés. Il est mort en te sauvant !

- J'en suis resté traumatisé durant des mois, dit Al, impassible. Qui sait, je le suis sans doute toujours. C'est pour ça que j'agis de manière si insensée, tu ne crois pas ?

- Al...

- Non, sans rire, ça m'a fait réfléchir. Tu sais ce que j'ai ressenti en voyant Hagrid se faire dévorer tout cru avec mes imbéciles de camarades de Maison ?

- Al !

- Rien, continua Al sans faire attention au ton affolé de James. Ou plutôt, j'étais fasciné par la rapidité avec laquelle ces bestioles dévoraient la chair humaine. Tu savais que leurs déjections étaient acides et rongeait la pierre ?

Le visage de James était à présent baigné de larmes. Encore un enfant du clan traumatisé par sa faute, pensa Al. Pour changer.

- Je ne te comprends plus, dit James.

- Bienvenue au club. Tu ne vas pas craquer comme Rosie, j'espère ?

- C'est ce que tu lui as dit ? C'est pour ça qu'elle est comme ça ?

- Non. J'aime bien adapter mes histoires au public, tu sais.

James semblait avoir perdu toute force, toute volonté. Al eut presque pitié de lui.

- Papa et maman le savent ?

- Probablement. Je ne leur ai jamais demandé. Il paraît que j'ai changé de personnalité après ça. C'est Ginny qui le dit.

James se leva brusquement. Al l'entendit se précipiter dans les toilettes les plus proches pour y vomir.

Il retourna à ses devoirs. Bientôt, on l'appellerait pour le dîner ; il pourrait enfin affronter les regards et les remarques de toute sa famille. Combien de temps avant qu'un mot en trop ne les jette dans le chaos ? Avant qu'on évoque sa position actuelle auprès des Malefoy, sa participation dans le retour des Mangemorts ?

Il sortit la Pensine portable de sa poche. Rêves de puissance, de gloire et de mort ; elle était exactement ce qu'il lui fallait pour se préparer à la soirée. Il se plongea dans les souvenirs de Scorpius avec délectation. Un jour, s'il en croyait les visions, il deviendrait une créature abjecte. Scorpius serait à ses côtés, fidèle amant des mains de qui il trouverait la mort. Ou peut-être, comme dans cette autre vision, finirait-il tué par son frère. Qui sait ce que l'avenir réservait aux damnés ?

Al éclata de rire.

(fanfiction), [harry potter]

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