Titre : Entre deux mondes
Auteur : Mokoshna
Fandom : Harry Potter
Disclaimer : Harry Potter est la propriété de J.K. ROWLING
Rating : PG-13
Avertissements : Slash, Albus-Severus/Scorpius (entre autres)
Notes : Série de chapitres courts basés sur les thèmes de la communauté Livejournal 30_slash_hp. Les chapitres respectent l'ordre chronologique même s'ils ne sont pas forcément agencés de manière « logique ». L'histoire marche par ellipses, c'est fait exprès, soit pour respecter les thèmes, soit simplement pour donner un côté décousu à l'ensemble.
Recueil des chapitres 26- As-tu déjà aimé au point de vouloir en mourir ? © ZooMalfoy
Drago Malefoy était tel que le décrivaient les journaux : hautain, froid et extrêmement beau, si on aimait ce genre de beauté. Sa mère avait le même type de physique, quoi qu'elle fût brune ; Al se demanda si c'était de famille.
- Bienvenue, dit-il en lui tendant la main.
Al la serra avec le sourire.
- Bonjour, M. Malefoy. Merci de m'avoir invité, c'était très gentil de votre part.
- Je suppose que votre père va bien ?
- Pourquoi ne pas lui demander la prochaine fois que vous le verrez ?
- Je doute qu'il me réponde de manière aussi... amicale. Vous les avez prévenus sur la durée de votre séjour, je suppose.
- Oui. Ils savent que je serai à l'étranger pour à peu près deux semaines.
Malefoy ne demanda pas de précision, ce qui était sans doute mieux : Al préférait lui mentir le moins possible. Narcissa le regarda intensément.
- Bienvenue, jeune Potter, dit-elle dans un souffle, mais sans lui tendre la main comme son fils.
Elle était toujours très belle malgré son âge ; sa robe de velours noir soulignait délicieusement sa silhouette. Al se souvint qu'elle était encore en deuil.
- Toutes mes condoléances pour votre époux, dit-il avec bonne grâce, guettant sa réaction.
- Il aurait aimé être là aujourd'hui, je pense.
- Je sais que moi, j'en suis ravi.
- Comment trouvez-vous notre propriété ?
Al lui fit un sourire éclatant.
- Magnifique.
C'était la pure vérité. Le château des Malefoy était construit sur un lac qui dominait toute la vallée ; très vaste et doté de tours qui s'élançaient vers le ciel, il n'avait rien à envier à Poudlard en matière d'élégance, même si bien entendu il n'était pas fait pour accueillir toute une école. Narcissa hocha la tête : elle était satisfaite de la réponse.
- Ce château appartenait à l'arrière-arrière-grand-père de Lucius. Ils avaient dû l'abandonner durant une des guerres de moldus mais mon beau-père l'a repris pour le rénover. Les travaux se sont terminés l'année dernière.
- On ne dirait pas. Les murs ont l'air parfaitement conservés.
- C'est parce qu'ils sont neufs pour la plupart.
Elle se lança sur un discours sur l'architecture française au Moyen Âge, époque à laquelle le château avait été construit, tout en lui montrant les différentes ailes. Scorpius et son père les suivirent en silence.
- Lorsque nous étions encore jeunes, Lucius m'a emmenée ici pour me faire la cour. À l'époque, la partie sud était encore en travaux et le lac n'était pas aussi joli. Il s'était transformé en marais avec le temps ; mon père a dû faire appel à un sourcier magique pour le recréer tel qu'il était autrefois.
Al s'étonnait d'être aussi intéressé par cette histoire. Narcissa était tout à fait le genre de femme qui lui plaisait ; elle était très différente de sa mère et des femmes de sa famille en général. Il essaya d'imaginer sa grand-mère Molly à côté ; les deux femmes n'avaient rien en commun si ce n'est leur sexe et leur statut de mère et de sorcière.
- Est-ce vous qui avez éduqué Scorpius ? demanda-t-il à brûle-pourpoint.
Narcissa se tourna vers son petit-fils.
- J'ai beaucoup aidé Drago. Astoria n'a jamais été très présente sauf pour ce qui l'arrangeait.
Scorpius baissa les yeux.
- Elle venait me réveiller le matin, dit-il dans un souffle.
- Seulement depuis qu'elle a su quelle était la nature de tes rêves, dit froidement Narcissa. Albus, je suppose que Scorpius vous a déjà parlé de ses rêves ?
- En effet.
- Vous a-t-il raconté en détail ceux qu'il a fait récemment ?
- J'en sais suffisamment. J'ai été très heureux d'apprendre qu'ils me concernaient.
Narcissa le regarda longuement.
- Je vous imaginais plus petit. À votre âge, votre père n'était pas plus grand qu'un deuxième année.
- Je sais. Je tiens beaucoup de ma mère, même si mon frère James est celui qui lui ressemble le plus. Il y a aussi Lily, mais c'est une fille, ça ne compte pas.
- J'ai toujours voulu avoir une fille, dit Narcissa. Je ne suis néanmoins pas mécontente de mon fils et de mon petit-fils.
- Ça a dû être une perte terrible de voir votre belle-fille partir, dans ce cas.
- Je m'en suis assez bien remise.
Quelle ressemblance étonnante avec son petit-fils ! Néanmoins, Scorpius n'avait pas son expérience ou son impartialité. Al ne l'en admira que davantage ; en fait, eût-il été plus âgé et Narcissa plus jeune, il eût aimé voir si elle n'était pas insensible à son fameux charme de Potter. Tant pis. Il y avait toujours le petit-fils pour cela.
- Vous devriez rencontrer ma mère. Je suis sûr que vous vous entendriez.
- Est-elle comme votre grand-mère ?
- Sur certains points.
- Dans ce cas, permettez-moi d'en douter.
Ils passèrent dans un immense salon aux murs recouverts de tapisseries aux couleurs vives représentant des scènes de chasse assez violentes. Le regard d'Al fut particulièrement attiré par celle du fond : une chasse aux sorcières qui aboutissait sur une séance de torture et un bûcher en place publique.
- Elles viennent du manoir familial des Malefoy. J'ai absolument tenu à les garder près de moi.
- Elles sont très belles. Elles sont d'époque aussi, je présume.
- Parfaitement. L'artiste a assisté à toutes les scènes qui sont dépeintes ici.
- Y compris à la séance de torture ?
- Oui. Il était l'un des bourreaux.
- C'était un moldu, alors ?
- Pas du tout. Mais il aimait l'un des inquisiteurs au point de trahir tous les siens pour lui. La chasse aux sorcières n'aurait pas pris autant d'ampleur sans ses dénonciations.
- Vraiment ? Je croyais que les sorciers ne craignaient pas le feu.
- C'était le cas jusqu'à ce qu'il s'en mêle. Sa magie les empêchait de se protéger et ils mouraient en le maudissant. Il est mort sur un bûcher, comme les autres.
- Il n'a pas essayé de se protéger ?
- Non. Son bourreau était son amant.
Al éclata de rire. Quelle histoire amusante ! Personne ne broncha face à son excès d'hilarité mal placée ; Narcissa eut même un sourire en coin.
- Cette tapisserie était la préférée de Vous-Savez-Qui.
- J'imagine. Quel imbécile !
- Il aimait cet homme au point de vouloir en mourir, chuchota Narcissa en caressant le dessin du bout des doigts. En tant que femme, je trouve cela admirable. En tant que sorcière, je le trouve repoussant.
- Et son amant ? L'inquisiteur ? Qu'est-il devenu ?
- L'histoire ne le dit pas.
- Il devait être heureux. Tuer son amant de ses mains. Tout comme le sorcier avait été heureux.
- C'est une forme d'amour bien tordue, dit Malefoy.
- Certes. Tuer et se faire tuer par la personne que l'on aime. L'amour aboutit à un acte de haine. Non, ça ne m'étonne pas que Voldemort ait aimé cette histoire.
Personne ne sursauta à l'entente de ce nom maudit. Al caressa la tapisserie, tendrement.
- Il faut que j'appelle mes parents.