Défi "Contes et légendes" - Force, Sagesse et Bonheur - Original

Jan 09, 2011 21:55

Titre : Force, Sagesse et Bonheur
Auteur : flo_nelja (team humour)
Type : Fic
Genre : Humour
Fandom : Originales/contes
Personnages : Une épée, une couronne et un rossignol
Défi : Contes et légendes
Rating : PG
Disclaimer : Les contes appartiennent au patrimoire collectif. ^^



Il était une fois une princesse qui avait été enlevée par un cruel sorcier. Tout le monde connaît cette histoire. Mais un jeune homme passait par là, avec trois objets magiques qu'il avait volés à des lutins. Je suis sûre qu'on vous l'a déjà racontée, même si certains conteurs préfèrent dire que le vol était un accident. Grâce au Rossignol du Bonheur, il endormit le dragon qui gardait la porte. Grâce à la Couronne de Sagesse, il résolut les énigmes du donjon et échappa aux pièges. Grâce à l'Epée de Force, il transperça le coeur de fer du sorcier. Cela arrive à chaque fois, il faut suivre !

La princesse épousa son sauveur. Quant au Rossignol, à la Couronne et à l'Epée, ils furent placés dans le Trésor Royal. C'est ainsi que l'histoire finit.

"Je ne comprends pas !" se plaignit l'Epée de Force. "C'est nous qui avons sauvé la situation ! Pourquoi nous retrouvons-nous relégués dans un trou perdu ?"

Outre l'Epée, la Couronne et le Rossignol, il y avait dans le Trésor Royal des Armes et des Armures, des joyaux précieux, et une grande quantité de pièces d'or. Mais elles ne réagirent devant cet affront que par le mépris. C'étaient toutes des pièces de trésor de bonne famille et d'excellente réputation. Il est vrai que parfois, même dans ces milieux respectables, un mouton noir forme l'idée dépravée de partir à l'aventure, de séduire un gardien pour se faire enlever et emmener au loin. Mais justement, les mauvais sujets étaient tous partis depuis longtemps.

"Je veux dire," continua l'épée, "il n'est même pas un prince. Il le sait, au moins ? Je sais bien que les paysans préfèrent l'appeler comme ça parce qu'il rend bien sur les images - mieux que le fils du royaume voisin, certainement. Ses oreilles sont tellement décollées qu'elles appellent une lame tranchante, et je ne dis pas ça personnellement. Mais les nobles ne le lui accorderont pas si facilement."

"Une épée ne fera pas de lui un prince." dit la Couronne de Sagesse d'un ton sentencieux. "Il a seulement épousé la princesse."

Les Couronnes de Sagesse sont des objets compliqués. Ils sont censés être sages, à cause de leur rôle. Mais comme ce sont aussi des couronnes, qui sont placées plus haut que tout le monde, même le cerveau, et brillent aux soleil, elles sont aussi, par nature, arrogantes et surperficielles. La contradiction serait assez pour leur donner mal à la tête si elles en avaient une à elle - mais là, comme pour les autres usages, elles doivent emprunter celle de leur porteur.

"Mais s'il tuait le roi, alors la fille serait reine, et il serait prince consort, ha ! J'ai toujours raison !"

"Je crois qu'il n'en a pas envie." gazouilla le Rossignol ; mais l'Epée le regarda avec un éclat déplaisant dans son tranchant, alors il se tut.

"Et puis même, si vraiment il a trop de sens de la famille pour ça, il pourrait m'utiliser pour trancher la tête de ceux qui refusent, et cela marchera tout aussi bien sur ceux qui restent ! Même conquérir trois ou quatre pays, ça ferait bien sur son CV ! Mais non, il n'y pense même pas ! Je le savais bien, que c'était ma malédiction."

La Couronne scintilla - l'absence de tête l'empêchait aussi de la hocher pour opiner, c'était vraiment très pénible. "Cela nous avait été prédit."

"Que la seule personne qui viendrait m'arracher des mains des lutins - qui, soit dit en passant, m'ont utilisé pour couper des tranches de courge, et il est peu de pires sorts au monde - serait un innocent. Mais quand même, il y a des bornes aux limites. Un peu plus de violence, ça aurait fait du mal à qui, à part à ceux qui sont de mon mauvais côté ?"

"On ne fait pas la guerre en permanence." répondit la couronne. "Il peut venir te chercher n'importe quand. Mais moi ! Il devrait déjà être en train de me porter ! Croit-il qu'apprendre à gouverner un état s'apprend en plantant des carottes ? Je suis certaine qu'il ne sait même pas distinguer un millier d'écus d'un million. Il est certain de faire une erreur diplomatique dès le premier jour."

"Au moins," soupira l'épée, "avec un peu de chance, il viendra me chercher alors. Je me demande si je n'aurais pas dû le trahir pour le sorcier. Mais non. Ces maudits utilisateurs de magie n'ont pas confiance en nous. Il aurait été capable de m'enchanter pour le faire garder la porte de ses toilettes."

"Ah, je suis certaine qu'il avait déjà de nombreuses Couronnes de Sagesse." soupira à son tour le couvre-chef. "Je pensais qu'au moins, avec ce jeune homme, je n'aurais pas à craindre la concurrence, et voilà ce qui m'arrive ! J'espère qu'il se rappellera bientôt que j'existe ! Je veux le guider sur le chemin de la sagesse !"

"Et moi sur le chemin de la force !"

La Couronne se tourna alors vers le Rossignol. "Et toi, ne voudrais-tu pas être en train de chanter pour lui ?"

"Mais il vient d'épouser sa princesse !" gazouilla le Rossignol. "Si c'est le moment le plus heureux de sa vie, il n'a pas besoin de moi, et s'il est malheureux, alors il s'est déjà menti à lui-même trop longtemps !"
L'Epée et la Couronne le regardèrent avec mépris.

"Voilà exactement ce que c'est de n'avoir aucune conscience professionnelle !" ricana la Couronne, et l'Epée approuva, de la lame et du pommeau.

Le Rossignol se sentit un peu triste, alors il se mit à chanter.

Et, bercée par son chant, l'Epée se persuada qu'elle pouvait aussi bien profiter d'agréables vacances pour se remémorer une nouvelle fois le moment où elle avait transpercé le coeur de fer; du sorcier ; la Couronne se rappela que la Sagesse n'était pas entachée par son inutilité et que même si n'avoir pas de tête était parfois compliqué, cela rendait les pensées sages encore plus louables et glorieuses.

Et même les pièces d'or patiné, les joyaux précieux, et les armures immobiles depuis plusieurs générations éprouvèrent un sentiment oublié depuis si longtemps qu'ils semblait entièrement nouveau.

Et ils dirent, tout intérieurement parce que même quand ils sont sympathiques on ne parle pas aux étrangers, "Ah, cela valait la peine d'exister tout ce temps."

défi : contes et légendes, fanfiction, original, auteur : flo_nelja

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