Titre : On raconte qu’elle était belle, jadis…
Auteur/Artiste (équipe indiquée entre parenthèses) : l-booz (équipe angst)
Type [fanfic, fanart, icons, photomontage] : fanfic poétimachintruc.
Genre : angst (terreur aussi)
Fandom : Baba Yaga peut être un fandom ? Disons plutôt folklore russe.
Personnage(s) : Baba Yagga
Défi : Contes et légendes
Rating : PG- 17 pour cause cannibalisme.
Disclaimer : le folklore russe appartient à son pays ? A moi parce que je suis 1/8 Russe ?
Nombre de mots : 645
NdA : parce qu’il fallait poster avant le 9 janvier ?! Heureusement qu’il y a eu un rappel, je pensais qu’il s’agissait du 9 février. Bref je ne sais pas écrire des fics rapidement alors je suis désolée pour la mixture que je sers à vos yeux mais je suis en pleine période d’examens et écrire un texte euh… compréhensible en une heure, la tête emplie de dates, de chiffres et de mots barbares comme questeur, je ne sais pas faire. Mais haut les cœurs, il reste mes magouilles poético-rien-du-tout !
PS : gentils, très gentils modos, serait-il possible d'avoir un Tag "Folklore slave" s'il vous plait ?
On raconte qu’au détour d’un arbre aux branches tordues, les fantômes d’enfants font une ronde pour attirer les voyageurs. On raconte que derrière cette ronde, il faut faire cent fois cent pas pour arriver à une clairière, les mains des fantômes sont douces dans les nôtres. On raconte encore qu’il faut se méfier de la masure qui s’y trouve et ne surtout, surtout pas aller y frapper malgré les insistances des enfants et le sifflement du gèle.
On raconte qu’au milieu de la forêt vit une vieillarde à la jambe tranchée, laide comme les plus terribles de nos cauchemars. On raconte qu’elle était belle, jadis ; c’est ce que le vent murmure dans cette partie de bois où la neige rend sourd le plus puissant des cris. Ne frappez pas à sa porte enfant ou voyageur ! Préférez la morsure de la neige ou des loups à la bicoque accueillante qui vous réchauffe l’œil. Vos tourments seront moindres et votre fin rapide.
On raconte qu’au fond des bois vit une sorcière sans écharpe qui se délecte de chair humaine, de la chair tendre des nouveaux née, du muscle robuste du paysan égaré. On raconte qu’au milieu des murmures et des légendes il est une vieille femme diabolique et malfaisante et qu’elle s’appelle Yaga.
***
Je me promenais, belle parmi les belles, à la cour impériale. Les cœurs des jouvenceaux s’affolaient à ma vue lorsque ma silhouette s’égarait auprès des lacs, des étangs, des rivières. J’étais jeune princesse à la cour impériale. Portant mille bijoux et somptueux habits, écharpes et manteaux de soie, de pourpres, d’étoiles et de sang. Sur mes épaules trônait la peau de l’ours blanc tué au détour d’une plaine, bien loin, loin au-delà des croyances humaines et de leur étroitesse.
J’étais grande prêtresse à la cour impériale. Mes dons étaient glorieux et renommé mon nom. Esprit des forêts, de longs hivers, des morts enfermés dans l’étreinte du gèle. Mes yeux portaient au-delà des montagnes et des eaux, au-delà des cauchemars et des esprits, au-delà des légendes.
J’étais puissante femme à la cour impériale. Observez donc -impies ! - mon illustre compagne. Nos pas, dans la neige, se posaient au même rythme, nos paroles incessantes se perdaient dans la complainte du vent. Elle portait couronne et son admiration pour moi était non feinte.
J’étais honorable légende à la cour impériale. Pâle comme un fantôme, légère comme la buée. Les nobles craignaient mes dons et fuyaient mon regard, mon corps à peine vêtu et ma gorge offerte au vent. Les mots se murmuraient et j’en étais l’objet, frayeur, dégoût, rumeur se dressaient sur ma table. Je me nourrissais de peurs et de brumes.
J’étais faible victime au milieu des tempêtes. Abandonnée aux morsures des loups, aux lacérations de leurs griffes. L’air portait mes cris qu’adoucissait la neige, perdus parmi les arbres j’ai dévoré les chairs sanglantes de ma jambe, j’ai déchiré le ventre des bêtes à l’aide de mes ongles, laissant leur sang chaud s’accumuler autour de ma plaie, laissant le gèle et le vent, derniers de mes amis, guérir mes blessures.
J’étais tourment instable, indescriptible douleur. Femme devenue bête, beauté devenue mort. Je suis la peur et la détresse de l’enfant qui sombre dans les cauchemars.
Je suis l’ombre sur les murs, le grincement sur les vitres, le craquement dans l’âtre.
Je suis légende et oubli ; mère de mille fantômes, de millions de cris, de sanglots la nuit lorsqu’aucune lueur ne vient apporter l’espoir. Les hommes ne méritent pas l’espoir, ne méritent pas la confiance ; ni ma beauté, ni mon savoir.
Je suis la femme sans écharpe, le cœur offert à l’hiver, seul digne de mes dons.
Je suis la femme à la jambe arrachée, au pas crissant sous vos fenêtres.
Je suis la femme abandonnée aux vêtements cousus de peaux de bêtes et d’enfants.
Je suis Yaga et les ténèbres.