Surnarration...

Apr 13, 2007 11:06

(...)
- Alors, commença-t-il, c'était en 1978 alors que mon cabinet privé n'avait à peu près aucune clientèle... ce jeune homme arrive devant mois en complet, coincé entre sa cravate et sa moustache, afin de me parler de problèmes qu'il éprouvait au bureau.
À ce moment une jeune fille fit irruption dans le café et prit place avec les étudiants. Monsieur Laplante se permit de siffler, à quoi sa jeune amie lui rétorqua par un coup de pied bien senti qui le fit renverser la tasse qu'il tenait à la main droite. Ne portant aucune attention à l'interruption, le vieux psychiatre poursuivit avec un sérieux déroutant.
"Il se tordait nerveusement devant moi, hésitant de toute évidence à m'intégrer dans son réseau de confidents, qui était je l'imagine assez restreint étant donné sa condition pour le moins troublante. Les présentations seules lui semblèrent excessivement ardues, j'appris qu'il se nommait Carl Pinet et qu'il était comptable pour une firme d'avocats, qu'il appréciait le plein-air, les discothèques mais principalement la menuiserie..."
- Calmez-vous monsieur, dites-moi simplement ce qui vous amène ici.
- Je... comment dire ? J'ai beaucoup de mal à m'intégrer au travail...
Il fit une longue pause, lorsque je vis qu'il n'allait pas continuer, je tentai de l'encourager. M'avançant vers lui et croisant les mains sur mon bureau, je lui émis une hypothèse qu'il accepterait ou non.
- En raison de votre timidité ?
- Non ! dit-il comme frappé par une subite réalisation. Non... c'est autre chose complètement. Je ne sais vraiment pas comment je peux parler de ça sans avoir l'air totalement cinglé...
- Allez-y comme vous le sentez, lui dis-je en m'installant plus profondément dans mon fauteuil en lui souriant. Nous verrons si vous êtes "totalement cinglé" et si vous l'êtes, nous prendrons cela un jour à la fois !
Il avait déjà l'air plus détendu, il me rendit un demi-sourire et débuta son récit...
- Tout a commencé lorsque j'ai rencontré cette beauté...
" Vous aviez bien vu lorsque vous parliez de ma timidité. Je crois qu'elle est évidente, alors lorsque j'ai le courage de faire part de mes sentiments à une femme, c'est que j'en suis follement amoureux..."
J'étais en voyage d'affaires à Portland, ou peut-être à Seattle... enfin quelque part aux États-Unis. Un client avait besoin d'une expertise fiscale et payait un montant énorme, nous étions trois à fournir notre temps et notre soutien à une compagnie d'importation où la tenue de livres était plus que floue, tout autant que les affaires, en fait. Mon travail était de rendre le tout légitime tout en faisant en sorte que le fisc ne touche pas au moindre sou. Le reste du temps, je le passais dans le hall de l'hôtel à lire le journal et désirer parler à des gens qui ne venaient pas me voir...
Bref j'y croisais toujours cette belle grande brune, elle était jeune, mince, un corps solide, j'aimais les accents métalliques des bijoux qu'elle portait... Je pouvais la regarder pendant plusieurs minutes sans faire autre chose, je trouvais le moindre prétexte pour me trouver à portée de vue. Mes collègues commençaient déjà à me trouver distant et devaient souvent me rappeler à l'ordre. En quelque sorte je savais que c'était destiné à me briser le coeur; le contrat n'était que de quelques semaines et d'ailleurs, elle appartenait au patron de la firme..."
- Attendez, l'interrompis-je, vous aviez l'oeil sur la femme de votre client ?
- Non... ce n'était pas...
- Sa maîtresse... enfin peu importe...
- Oui cela importe ! C'est justement là le problème !
- D'accord, je m'excuse, dis-je, positivement intrigué. Poursuivez.
- Je ne vous mentirai pas, je... enfin pour être direct, je me masturbais chaque soir en pensant à elle ! Vous imaginez !?
- Je peux comprendre que vous ayez été dérouté par la beauté d'une jeune femme...
- Vous ne comprenez vraiment pas... C'était sa porte de bureau !
- Je vous demande pardon !?
(...)

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