L'irrésistible désir d'être magnifié au centuple par les loupes de Dieu

May 31, 2006 07:39

Sept clients seulement, peut-être trois heures de travail, en tout cas, certainement pas plus. Tous à l'intérieur de Sherbrooke, qui plus est. Je débute chez une vieille dame, poursuit avec une autre vieille dame et vais ensuite rendre mon tribut quotidien aux seigneurs de l'essence. Depuis hier, j'observais un bruit étrange lorsque je retirait mon pied de l'accélérateur, le bruit d'un frein pneumatique qui se purge, un murmure strident provenant de quelque part sous le capot. Je ne m'en faisais pas.
"Je regarderai à la maison..."
Mais je n'ai pas regardé.
52 litres. 450 kms. Beaucoup de ville, vieux pneus, mauvaise suspension, senseur oxygène usé, échappement so-so... Valable. Pas super, mais valable. Je vais payer, la même caissière est encore là, je remarque ses dents usées et elle me répugne soudain. 59 dollars, merci, bonne journée. Je démarre, problème de ralenti. 500 rpm... 1500 rpm... 500 rpm... 1500 rpm... 500 rpm... ad nauseam, et j'ai la nausée facile. Je tente tout de même ma chance, en chemin, tout va bien, mais toujours ce bruit de cola qu'on débouche. Je m'arrête chez une troisième vieille dame, fais un difficile travail pour un sofa trop grand et un fauteuil coincé dans un placard et ressors en hâte.
Démarrage, ouverture du capot. Le problème saute aux yeux, deux boulons ne sont plus à leur place sous une valve. Je ferme le capot et je rentre à la maison, cherchant sur forums et Google le format à trouver... 8X1.25mm. UAP NAPA, n'en NAPA sauf en boîtes de 100, ce dont je n'ai pas besoin sur le moment. On me suggère J.M. Bergeron Distributions, près de la Biblairie GGC sur King. Un dollar, deux boulons, merci, installé en deux minutes et tout va mieux que jamais. Verdict : blow off valve, d'où l'explication du bruit qui me hantait depuis la veille : le turbocompresseur se purgeait dès que je cessais de lui demander du boost.
Pascale m'attendait pendant ce temps à la librairie, cherchant un livre pour passer le temps au travail, sans succès. Je vais la rejoindre et nous repartons.
Cabinet de courtiers en bourse. Sofa et fauteuil de cuir. Porte récalcitrante... dans ce monde conçu pour les faibles je n'ose pas forcer, j'appelle donc en demandant si la porte est barrée. Un petit homme presque chauve vient m'ouvrir, me suggérant que je "manque de force dans le poignet". Il voudrait que je traite aussi sa chaise de travail en échange d'un certain montant.
"Ça ne me dérange pas, mais si on ne laisse pas de traces ça ne vaut pas vraiment la peine puisque ça ne sera pas garanti... plus si c'est une chaise de travail ce serait plus simple d'aller à la cordonnerie en face et acheter une bouteille d'huile de vison en spray. Risque pas d'y avoir de taches de vin là-dessus."
"Ah OK laisse faire c'est beau."
Est. Résidence pour personnes âgées. Travaux de réfection de la chaussée. Cinquième étage. Je contourne les travaux par une rue perdue, vais à l'accueil... je vais devoir recontourner les mêmes travaux, retourner à l'endroit où j'ai quelques minutes plus tôt rebroussé chemin et trouver une porte dérobée. Pascale discute avec les clients pendant que je fais mon travail.
Fleurimont. Jeune femme d'apparence gelée comme une balle. Appartement neuf. Sofa à démonter. Travail de vingt minutes... perte de temps.
Garderie, je vais chercher Andréanne, puis dernier client sur Galt. Une autre de ces quinquagénaires qui remplacent la fille qu'elles n'ont jamais eue par un caniche ou autre animal pitoyable, choisi justement parce qu'il a l'air faible comme l'image qu'elles ont du sexe féminin. Vite fait, bien fait, dix minutes, douze dollars.
Un appel pour la pose de mes pneus... Six heures. S'y rendre, expliquer que mes pneus sont dans la valise et que je veux qu'ils soient posés sur les roues qui se trouvent sur la banquette arrière et celles qui sont installées devant, de me mettre les roues d'hiver qui sont installées derrière dans la valise et de jeter les vieux pneus d'été.
Pendant un instant Pascale me fais douter (avec raison) de l'efficacité de mes explication, mais je fais confiance au mécanicien, lui au moins fera la part des choses.
Je reviens vérifier ce qui se passe, et heureusement que le mécanicien fit la part des choses, le commis pensait que je voulais qu'il jette mes roues d'hiver et qu'il mette mes vieux pneus d'été dans la valise ! Avoir écouté le commis, il aurait installé les roues dépareillées, remis des vieux pneus et n'aurait pas installé les nouveaux. Seigneur.
Maintenant, j'ai enfin quatre belles roues en alliage identiques (j'avais installé les pneus d'hiver derrière lorsqu'un pneu m'avait fait faux bond) et des pneus larges qui donnent de la gueule au véhicule. C'est tout de même beau, une Volvo bien chaussée...

bagnoles, work bloopers

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