Bonjour ! J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire cette ficlet sur David, personnage principal de Intelligence Artificielle. C'est en revoyant le film que j'ai eu l'idée d'écrire ça. En essayant de m'attarder sur des détails. Faire revivre ce passage en particulier me paraissait important.
Titre : Un vrai petit garçon.
Thème : Sel
Fandom : A.I.
Rating : G
Disclaimer : Steven Spielberg
- S’il te plait, je t’en prie, fais de moi un vrai petit garçon vivant, je t’en prie, fée bleue, fais de moi un petit garçon réel, s’il te plaît, fais de moi un vrai petit garçon, je t’en supplie, fée bleue…
OoOoOoO
« Je t’aime, David. »
L’appartement paraît d’autant plus vide qu’il est vaste. Les ombres glissent sur le lino comme des lames sur de la glace. Le froid a tout envahi. Même David peut l’affirmer. C’est étrange, non ? Avoir si longtemps désiré pouvoir le sentir et finalement le regretter.
Les mains de Maman sont encore chaudes. Comment a-t-il pu ne jamais s’en rendre compte ? David s’y agrippe avec toute la force du désespoir qui l’habite. Le dernier rempart contre le froid et il s’estompe déjà.
Toute cette journée va-t-elle finir par s’évaporer elle aussi, semblable à un songe ? Cette idée lui est insupportable, pas question de l’envisager. Après tout, il n’est qu’un Méca avec une mémoire illimitée. Il a toute la vie pour s’en rappeler. Jusqu’à la fin des temps pour y survivre.
Et s’accrocher à ces mots que Maman a dit avant de s’endormir : ceux qu’il a poursuivis pendant les siècles derniers qui ont gelé la Terre et ses maux. Une journée passée qui lui paraît déjà si lointaine peut-elle suffire à alimenter la douloureuse sensation de chaleur qui brûle la mécanique qu’abrite son ventre ?
Quelque chose de bizarre, d’inconnu est entré dans sa bouche. C’est liquide et chaud et ça éveille sur sa langue des perceptions étranges. Le phénomène est indescriptible et son étonnement ne fait qu’accroître la force des émotions qui tourbillonnent en lui, quelque part, il ne sait pas exactement où. Les picotements sur son palais explosent dans une gerbe de sensations nouvelles semblables à celles qui dansent dans la mécanique de son cœur.
Le goût curieux s’amplifie soudainement, aussi brusquement que des torrents se mettent à courir sur ses joues avant de couler sur ses lèvres. Des soubresauts agitent son corps. David s’essuie le visage et la bouche. L’humidité, les boissons et la nourriture sont mauvaises pour les Mécas, ça crée des problèmes à l’intérieur et s’il est cassé, il n’aura plus jamais l’occasion de se souvenir de cette journée fabuleuse. De toute façon, il ne peut pas en sentir le goût.
Sa bouche est sèche mais le phénomène à l’intérieur n’a pas cessé. Et les ruisseaux qui s’enfuient de ses yeux refusent de se tarir.
Teddy se colle contre lui, comme pour le réconforter, mais David s’en aperçoit à peine. L’ours en peluche se recule alors et le dévisage.
- David… Tu pleures.
OoOoOoO
- Fée bleue, fais de moi un vrai petit garçon vivant.
- David… Je ne peux pas.