Riviera est une courte série britannique que l'on doit au réalisateur du film Entretien avec un Vampire. J'ai dévoré les dix épisodes presque sans y penser, j'ai beaucoup aimé, c'est pourquoi je n'hésite pas à vous la recommander.
Petit résumé sans spoiler :
Georgina Clios est l’épouse d’un riche homme d’affaires et amateur d’art éclairé, pour qui elle négocie des tableaux de maîtres. Ils vivent tous les deux à Nice. Un jour, alors qu’elle se trouve à New-York pour tenter d’acquérir une œuvre contemporaine, son mari décède dans l’explosion d’un yatch russe à bord duquel il se trouvait. Georgina apprend les circonstances de ce décès à son retour en France et doit faire face à la tragédie aux côté de l’ancienne épouse et des trois enfants du défunt. Très rapidement, il apparaît que Constantine Clios était un peu plus qu’un riche nabab collectionneur d’œuvres d’art et qu’il a emporté de nombreux secrets dans la tombe. Les certitudes de Georgina sont ébranlées et, parallèlement à l’enquête de police, elle cherchera à découvrir quels sont ces secrets et à savoir si elle-même et le restant de la famille sont en danger. Aidée dans sa tâche par son ami George, qu’elle a connu durant ses études, elle sera confrontée à toutes sortes de malfrats, à des employés zélés d’Interpol et au silence de ses beaux-enfants. Démêler ce sac de nœuds sera difficile et l’histoire se terminera comme elle a commencé : sur un bateau.
Pourquoi regarder cette série :
En premier lieu, si on aime les histoires à chausse-trappes, les retournements de situation et les squelettes dans les placards, on se régale. Aucun des personnage n’est ce qu’il semblait être. Certains, dans les premiers épisodes, peuvent sembler franchement désagréables mais s’avèrent être des gens de valeurs. D’autres qui a priori ont l’air inoffensif ne le sont pas tant que ça, finalement. Par ailleurs, chaque fait et geste a un sens. Seul un petit aspect reste en plan : un des policiers chargé de l’enquête est victime de plusieurs tentatives de meurtres, chaque fois en présence de son épouse qui finit par le quitter. J’aurais bien voulu savoir si elle revenait avec lui à la fin parce que ce n’est pas spécifié.
En second lieu, c’est un excellent « roman noir » qui gratte la surface dorée de la Côte d’Azur pour en montrer les aspects les moins reluisants, entre la présence de la mafia dans la région et la proximité de ce paradis fiscal qu’est Monaco. Dans le même temps, j’ai applaudi le traitement de la police par les scénaristes. Pour une série britannique, les connaissances du droit français sont très bonnes et ils ont créé de merveilleux personnages de policiers, toujours français. Il faut noter par ailleurs les clins d’œil à l’actualité : s’il est indéniable que la série a été tournée avant l’attentat du 14 juillet dernier, il y a de rapides allusions à la menace terroriste et il faut noter qu’un personnage, qui aura son importance dans l’intrigue, est d’origine syrienne.
Ensuite, je ne vais pas hésiter à qualifier cette série de féministe : non seulement le principal protagoniste est une femme mais en plus, tous les personnages féminins sont forts, chacun à leur manière. Elles sont certes épouses, mères, sœurs, amantes ou prostituées mais pas seulement. Elles ont aussi du caractère, du pouvoir, et elles sont capables d’initiatives… voire de grandes choses.
Les personnages, d’une façon générale, sont excellents, même si parfois, on a envie de leur mettre des claques. Georgina, l’héroïne, est tout simplement magique : femme de tête, elle ne baisse presque jamais les bras, quelles que soient les plumes qu’elle perd dans sa quête. On sent que jamais elle ne sera en paix tant qu’elle ne saura pas pourquoi son mari est mort. Son ami George, au cours d’une certaine discussion avec un jeune enfant, la compare à l’homme en fer-blanc dans le Magicien d’Oz et c’est extrêmement juste : le meurtre de son époux lui a « volé son cœur » et elle est prête à tout pour le retrouver. J’ai beaucoup aimé Irina, la « première épouse », qui est un personnage extrêmement complexe, ainsi qu’Adriana, la benjamine de la fratrie Clios. Ses deux aînés sont très intéressants car pleins de failles. Christos, l’aîné, porte le poids de l’héritage paternel, il a été élevé pour ça et la pression, ainsi que la peur de ne pas être à la hauteur, le pousse à se conduire de façon irresponsable. Adam, le cadet, est coincé entre son aîné, vouer à succéder au père, et la petite fille chérie ; c’est celui dont on snobe presque l’existence, d’autant qu’il n’a aucun goût pour les affaires et ambitionne d’écrire un roman. Les personnages secondaires et « antagonistes » ont aussi leur charme mais je n’en dirai pas plus. Attention au spoil.
On ne peut pas ne pas évoquer l’aspect visuel et le casting. Le Sud de la France est un très bel écrin avec ses villas luxueuses, son ciel bleu et ses palmiers. L’image varie entre plans larges (sur la plage, le port, etc.) et très resserrés, notamment sur des animaux (insectes, pigeons…). Les personnages sont en général très élégants mais aucun filtre ne lisse leurs traits et leurs expressions, des yeux rougis par les larmes de Georgina (ou ses cernes quand elle ne dort pas) aux rides d’Irina - malgré son maquillage, on voit le poids de son passé - en passant par la barbe hirsute de Christos. Dans le casting, je ne connaissait que deux acteurs (et demi). Constantine Clios - qui meurt au début mais qu’on voit à de nombreuses reprises dans des flashes back - est incarné par Anthony Lapaglia, qui dans les années 2000 a joué le rôle de Jack Malone qui était principal protagoniste de la série policière Without a trace, sortie dans nos contrées sous le titre FBI, Portés disparus dont j’ai été très fan. Le rôle d’Adam Clios a été attribué à Iwan Rheon, surtout connu pour son personnage de vilain-méchant-sadique dans Game of Thrones. Il me faut avouer que c’est la présence de cet acteur-là qui m’a persuadée (en plus de la bande-annonce) de regarder cette série parce que j’en suis une affreuse groupie, rôle de psychopathe ou non. Par ailleurs, j’ai cru reconnaître un acteur qui a aussi joué dans Sherlock mais ça mériterait vérification.
Pour finir, un aspect qui personnellement m’a beaucoup plu mais c’est une vision dont je pourrais comprendre qu’on ne la partage pas : il n’y a pas de romance omniprésente dans Riviera. Certes, les questions de Georgina sur les sentiments que son mari aura eus pour elle reviennent régulièrement et c’est normal. Cela dit, les histoires sentimentales des héros se limitent, à côté de ça, à une rédemption, deux relations « amis et plus si affinités », un amour à sens unique et… du très joli femslash avec une complicité très touchante. Bien qu’anecdotique, cette romance saphique est très mignonne, basée sur la complicité, la confiance et pas mal de fou-rires. Et c’est beau.
En résumé, une très bonne série que je recommande sans hésiter… en VOST, évidemment !