Plagiat

Jun 06, 2005 00:01

Bon, j'ai encore lu une discussion qui m'a énervée sur un forum (je m'énerve facilement hein ? On va dire "hérissée", ça me donnera l'impression d'être moins violente).

Je ne sais même plus comment la discussion a commencé mais elle se termine sur les auteurs de fictions originales (sur FictionPress, par exemple) qui rêvent de se faire publier un jour.

Et à partir de là, PAF, tous les préjugés, a-priori, craintes infondées et j'en passe qui commencent à être vomis de tous les côtés...

Il y en a qui ont déjà des romans de prêts mais qui refusent de les envoyer parce que "pour l'instant ils n'ont pas assez d'argent pour les protéger", à la SNAC ou ailleurs. Je ne critique pas ces organismes, je ne les connais même pas. Mais là il y a tellement de choses ridicules qui se mélangent que je ne sais pas par où commencer.

. Le CALCRE [FR], qui lui est une organisation en qui j'ai confiance et soutient même s'il y a pas mal de ballotements et de problèmes à cause d'un unique connard (des fois y a pas de mots softs pour exprimer la réalité), a recensé en 20 ans un seul cas de plagiat. Sur un recueil de poèmes.

. Si votre manuscrit l'intéresse, POURQUOI l'éditeur le "volerait"-il ? Il a tout intérêt à entamer une relation professionnelle avec vous l'auteur, qui pourra ainsi, à l'avenir peut-être lui amener d'autres manuscripts aussi bons. S'il le plagie, il risque de faire du tort à sa réputation et s'attirer plus de problèmes que le jeu n'en vaut la chandelle.

. Admettons que votre manuscript plaise vraiment. Etre accepté c'est la première étape, votre manuscript ne sera pas publié sur le champ : il y aura beaucoup d'étapes, de réécriture, de révisions, d'arrangements, et ainsi de suite avant que votre beau manuscript ne devienne un magnifique livre sur un étalage. Ca implique une relation de confiance entre l'éditeur et l'auteur. En envoyant un texte protégé vous signifiez clairement à l'éditeur : "toi, là, vampire aux dents longues, voleur, félon, abuseur d'auteurs débutants, je ne te fais pas confiance et ne croie pas à tes mensonges, mais j'ai prévu le coup, tu n'as aucune chance de m'atteindre pauvre idiot". J'exagère, mais si peu. Ce n'est pas de l'éditeur dont vous devez vous protéger : c'est lui qui prendra en charge la protection de vos textes une fois qu'il aura décidé de tenter l'aventure avec vous.
Puis-je aussi me permettre de rappeler qu'aussi idéaliste soit-on et aussi importante la littérature soit-elle dans notre coeur - l'édition reste un business ? Quand il se dit "bon, celui-là m'accroche, je vais tenter le coup" l'éditeur prend un risque, il va investir de l'argent et du temps sur vous. Selon sa taille il peut même mettre en jeu la pérennité de son entreprise - ce n'est pas une décision qui se prend à la légère. Pourquoi prendre autant de risques avec un auteur qui de toute évidence n'a même pas conscience de l'investissement qu'il fait pour lui, sur lui ? Tant pis, on passe au manuscript suivant.

. Aussi ridicule que cela puisse sembler aux yeux de certains, le plagiat est considéré comme étant une copie mot à mot ou quasiment. On ne peut pas protéger des idées - et c'est une bonne chose. Si je protégeais "l'idée" - "un ou plusieurs héros se lancent dans une quête pour sauver le monde" - oups ! quasiment tous les romans de Fantasy ont plagié mon idée, fessée.
Mais je digresse.

. De plus, ou à cause de tout ça, certains éditeurs refusent net tous les manuscripts estampillés "déposé à XXX le XXX" et autres mentions de Copyright... Parce que selon les sociétés de dépôt la procédure de publication est plus longue et chiante de leur côté. J'ai lu le témoignagne d'un auteur qui a été refusé comme ça, dans une pitite maison que je ne citerais pas parce que je les aime bien :)

Je m'arrête là pour le moment, mais je suis certaine que j'écrirais à nouveau sur ce sujet. Bon sang de bois ! Y a des idées préconçues qui ont la vie dure. Ca m'énerve de voir de bons auteurs pleurer sur la cruauté du monde et comment-c-est-cher-pour-protéger (ou dépenser leurs sous là-dedans... Enfin, ça les regarde comme on dit) au lieu de se prendre par la main pour avancer - vraiment, pas seulement en paroles.

En bonus pour moi-même, je continue sur un autre sujet évoqué dans le même topic : les premiers romans sont souvent refusés. Dans le sens "premier roman jamais écrit et terminé". Je comprends que ça fasse un coup, parce que le premier roman c'est souvent "le roman du coeur" (ou le premier d'une longue liste en tout cas ;)). Je crois aussi qu'il ne faut pas se leurrer : autant on a beaucoup appris en l'écrivant, autant souvent il y a beaucoup, beaucoup de chances qu'il ait trop d'imperfections pour être publiable sans un long et immense travail de réécriture pas toujours facile à réaliser - pas toujours possible à réaliser. Et non, ce n'est pas la faute de l'éditeur, ce n'est pas à lui qu'il faut s'en prendre. ("quoi, les éditeurs refusent la plupart des premiers romans ?! enfoirés !")
Pour terminer, je me permets de me la jouer donneuse de leçons prétentieuse - parce que je suis énervée, calmement énervée mais on va attribuer ça à un manque de contrôle affligeant quand même, d'accord ?

Arrêtez de pleurer parce que votre manuscript a été refusé. Sur le coup, d'accord, je veux bien. Trois mois après, non.
Les "Je lui en veux d'avoir refusé mon roman, qui était si important pour moi", c'est minable. Ou, pour un phrasé plus politiquement correct : je trouve ça minable. Surtout quand le roman a été refusé par un seul éditeur, jusque là. Une des qualités essentielles de l'écrivain, sine qua non, c'est la Persévérance, que diable ! Remuez-vous.

publication, motivation, down

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