Titre : I wanna be your dog, première partie
Kink : bestialité
Rating : PG-13
Nombre de mots : ~1400
Note : J'ai hésité à poster séparément les deux parties, parce que la première me semble peut-être un peu anecdotique sans la seconde... Mais la seconde (pour
ys_melmoth) c'est du NC-17, donc bon, je ne veux pas brûler les yeux de
devilpops XD, et en outre elle n'est pas finie.
C'est donc de la bestialité très très light, avec un peu d'humour mais un peu de ansgt aussi, je ne peux pas m'en empêcher :3
1. La mauvaise foi
S’il fallait être honnête, il n’y avait pas tellement matière à se plaindre lorsque l’on était l’amant de Sirius Black.
« A-hhhnnn…
- Bon sang… je vais réussir à te faire pousser un cri que tu n’arriveras pas à contenir !
- Mmh… Essaie toujours, Black. »
Que ce fût par altruisme pathologique ou orgueil bien placé, Sirius Black tirait la majeure partie de sa satisfaction du plaisir qu’il était capable de procurer − et il fallait lui reconnaître un acharnement remarquable dans ce domaine.
« Gagné…
- Oh. C’est ce que tu appelles un “cri” ? De mon point de vue, c’était à peine un râle…
- Que… Tu ne perds rien pour attendre ! Viens par là… »
Il était en outre impossible de s’ennuyer avec Sirius Black dans son lit : en bon Gryffondor, il n’avait peur de rien.
« Serre plus fort…
- Je m’en voudrais de te trancher les poignets avec ce lien, sais-tu ? Tes mains me servent davantage rattachées à tes bras…
- Serre plus fort. »
Naturellement, que Sirius Black soit tout sauf désagréable à l’œil ne gâchait rien…
« Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ?
- Parce que ta laideur me sidère.
- Je t’emmerde.
- Je ne sais pas ce qui est le plus agaçant chez toi, Sirius Black, de ta beauté improbable ou de ton imperméabilité au sarcasme. »
Encore que la plus inestimable de ses qualités d’amant était, sans doute, qu’il savait rendre ses sentiments sexy. C’était là la seule façon de faire d’un sentiment quelque chose d’acceptable - surtout venant de Sirius Black.
« Je te garderais tout contre moi à longueur de temps, si seulement ça ne me faisait pas bander au-delà du rationnel…
- Ah. Pardon, je ne n’ai pas bien saisi le problème ? »
Cependant, il fallait se rendre à l’évidence : personne n’est entièrement parfait.
Pas même Sirius Black.
* * *
C’était un de ces matins que Sirius aurait appelé « le beau milieu de la nuit » avec son sens de l’exagération habituel : Severus se réveillait toujours tôt. C’était plus par habitude que par goût, plus par refus de changer sa routine pour Sirius que par manque d’envie de rester avec lui au lit quelques heures de plus. En fait, s’il fallait être honnête, le soleil n’était pas exactement levé, et il faudrait tout de même que Severus passe par plusieurs stades progressifs avant d’avoir le courage de mettre un pied hors des couvertures.
Première étape, ouvrir un œil. Il ne voit pas grand-chose mais distingue dans la pénombre l’amant à portée de la main : information utile pour la suite. Ne pouvant pas en faire plus à ce stade, l’œil se referme.
Seconde étape, désincruster son nez de l’oreiller. (Plus jeune, Severus se demandait parfois s’il se pouvait que son nez subît la gravité différemment des personnes normales. Cela aurait expliqué bien des choses, et pas seulement sa peine à le soulever le matin.) Le nez souffle bruyamment durant la manœuvre, qui s’accompagne d’un pénible basculement sur le flanc, et l’odeur de Sirius emplit ses narines. C’est un pur hasard si Severus sent à cet instant l’expression matinale, encore tendre, de sa virilité dans son pantalon de pyjama.
Troisième étape, la meilleure… Venir se coller dans le dos de l’amant, le nez dans ses cheveux. Rien que l’odeur de Sirius suffit à raffermir son ardeur : fragrance de terre humide, de produits capillaires et d’un soupçon de musc enivrant. Enlacer doucement son torse, amener le bassin à la rencontre de son dos - oh ! L’étreinte se resserre, possessive ; Severus n’est pas assez conscient pour s’en tenir à la tiédeur pudique (et un brin hypocrite) qui garde d’ordinaire ses démonstrations amoureuses. Le mouvement des hanches se répète ; Severus se tire de l’ensommeillement à mesure que s’éveille son désir. Ses mains se promènent avidement le long du corps chaud de son amant, et tout serait pour le mieux si la cervelle de Severus, enfin en alerte, ne rassemblait les signes de quelque chose d’horriblement anormal. Depuis quand son amant a-t-il les cheveux si courts ? Depuis quand son corps est-il si étrangement proportionné ? Et nom d’un chien, depuis quand a-t-il le torse aussi poilu ?
« Mais qu’est-ce que c’est que ce… BLACK !?
- Bwouf ? » fait Sirius en dressant les oreilles.
Severus jaillit hors du lit, se prend les pieds dans la couverture, perd l’équilibre et tombe de tout son long. Le gros chien noir vient se pencher sur lui depuis le bord du matelas, le reniflant avec curiosité, puis redevient l’homme agréablement dévêtu que Severus tolère entre ses draps. Le trouble de Severus est immense, profond, tirant vers la nausée. Il n’a jamais pu, ne pourra jamais se faire au talent d’Animagus de Sirius.
« Pour la CENTIÈME FOIS quand vas-tu ARRÊTER de te changer en sale CLÉBARD quand tu dors dans MON LIT ?! s’écrie Severus tout en se relevant et en allumant la lumière.
- Pour la centième fois, bougonne Sirius en se frottant les yeux, ça m’évite de faire des cauchemars… »
Et pour la centième fois Severus gronde qu’il ne veut pas d’un animal dans son lit, et pour la centième fois Sirius rétorque que Môssieur Snape semblait apprécier son côté animal dans son lit la veille au soir, et pour la centième fois la dispute tourne en rond jusqu’à ce que Severus se renferme, Sirius se renfrogne et tous deux finissent par s’habiller dans des pièces différentes de l’appartement.
Contrairement aux quatre-vingt dix-neuf fois précédentes, cependant, la dispute n’en reste pas là. Quelques minutes plus tard, Sirius rouvre la porte de la chambre et jette avec l’assurance froide de celui qui sait viser juste :
« Ton problème c’est que tu n’es pas capable d’assumer le fait que je t’excite même quand je suis un chien. »
Occupé à refermer patiemment sa robe, Severus reste parfaitement impassible, et boutonne mardi avec mercredi.
« Tu ne trouves rien à répondre ? s’impatiente Sirius.
- Ce degré de grotesque se passe de commentaire. »
Sirius s’approche posément, impitoyable et séducteur. Sa voix se fait plus caressante encore que sa main sur la joue de Severus, qui s’en veut de presque marcher à son petit jeu.
« Tu n’as pas à avoir honte, Severus, dit-il avec un sourire engageant. Je fais un chien très attirant…
- En effet, Black je n’ai pas à avoir honte, répond sèchement Severus, s’écartant avec un tic agacé. Parce que je n’ai pas d’attirance répugnante pour les êtres à quatre pattes.
- Mais tu as de l’attirance pour moi… insiste Sirius. Beaucoup, beaucoup… »
Même la mauvaise foi de Severus ne trouve pas comment contrer cette affirmation, aussi se contente-t-il de marquer un silence qu’il espère faire passer pour de la consternation. Ce serait plus efficace s’il pouvait regarder Sirius dans les yeux, mais son amant commence déjà à douter.
« … N’est-ce pas ?
- Je suis quoi pour toi, Sirius ? Un moyen de revigorer ton ego ?
- Là, c’est toi qui es ridicule.
- "Je suis tellement séduisant que même l’inébranlable Severus Snape se pâme devant moi", ça ne suffisait plus, tu t’es dit que tu pourrais m’humilier autrement ?
- Ah ! parce que c’est une humiliation, pour toi, de me baiser ? »
Severus avait déjà, à plus d’une occasion, prononcé des paroles qu’il regretterait le restant de ses jours. Heureusement, on apprenait de ses erreurs…
« À ton avis, Black ? répond-il froidement. Est-ce que tu me vois m’en vanter ? »
… Malheureusement, la leçon avait du mal à prendre chez Severus.
Il l’aurait giflé que Sirius n’aurait pas paru plus choqué. Sans un mot, mais une expression écœurée sur le visage, l’amant recule vers la porte, le seuil, l’extérieur. Un dernier regard furieux, un claquement. Severus ne s’élance pas à sa suite. Pourquoi s’en donnerait-il la peine : il avait frotté son entrejambe contre un foutu chien, ce matin. Et au lieu de s’excuser, Sirius voulait lui faire admettre des penchants révoltants. Il était mieux seul qu’avec un amant pareil, et au diable toutes ses qualités.
Severus tomba dans un fauteuil en soupirant, refusant d’y réfléchir davantage. Parce que s’il avait fallu être honnête, il aurait dû admettre que Sirius n’avait peut-être pas entièrement tort.
À suivre...