Être une femme

Jun 12, 2013 14:30

Je suis née Française à l'aube du XXI° siècle, et j'en remercie ma bonne étoile.

Je pense sincèrement que l'époque que nous vivons est l'une des meilleures qui soit pour une femme, surtout dans nos pays occidentaux. Personne ne m'a empêchée de faire les études que je voulais, au contraire, et je n'ai jamais été violée, battue, considérée comme un meuble ou une marchandise.

Maman ne travaillait pas, mais son avis a toujours compté à la maison. Papa se disait (se dit toujours) féministe, persuadé que les femmes valent autant que les hommes, et que ses filles sont capables de tout. Il m'a poussée à faire une prépa, une école de commerce, un master 2, sans jamais remettre en cause mes capacités, sans jamais aborder la question du coût de ces études à rallonge. Parce qu'il a toujours considéré que c'était son devoir de père - et que j'en étais capable. Il reste un de mes modèles, et je suis fort consciente d'être une fille à son Papa.

Et pourtant.

Et pourtant, quand il fallait débarasser la table ou préparer le repas, c'était ma soeur et moi qui étions appelées. Ma grand-mère, pourtant très fière de moi, m'a demandé quand je me trouverais un mari. Pourtant, en cours, en master 2, dans une classe à 50% féminine et à 75% ingénieure, les filles commençaient leurs interventions par "c'est peut-être une question bête..." Pourtant, je me suis fait siffler, aborder, insulter dans la rue.
Comme tant d'autres filles.

Alors, malgré ma chance, malgré ma situation tellement plus enviable que d'autres, je suis féministe. Résolument et fièrement.
Je trouve pénible que pour beaucoup, cette caractéristique soit synonyme de lesbienne/aigrie/mal baisée. Que de nombreuses personnes disent "je ne suis pas féministe, mais..." comme on dirait "je ne suis pas raciste, mais...". Si bordel, il FAUT être féministe, il y a encore des combats à mener !!
Certains qui valent plus que d'autres, aussi. Je me fiche qu'on m'appelle Mademoiselle, si on me vouvoie et qu'on me traite avec respect.
Je trouve aussi que les Femen font bien du mal à la cause. Je comprends les circonstances et le contexte de la création du mouvement, mais je trouve qu'il fait adolescent, peu professionnel, provoc' par jeu... Et je n'y adhère pas.
Mais je trouve encore plus inadmissible la facilité avec laquelle on balaie le féminisme d'un grand revers de main. Je suis dégoûtée par ces députés qui sifflent une ministre en jupe. Effarée par ces mecs qui ont le MOINDRE commentaire (autre que "bravo") envers Angelina Jolie.

Surtout, surtout, les réflexions sur la contraception, l'avortement, le viol, me rendent malade. C'est davantage vrai aux Etats-Unis qu'en France à l'heure actuelle, mais ça me fait peur. Violemment, viscéralement peur. Parce que je sais, je suis consciente que l'avancée de la cause des femmes est une lutte de tous les instants. Qu'elle ne s'est pas faite sans heurts, et qu'il y en aura d'autres. Parce que les gens au pouvoir s'y accrochent toujours de toutes leur force. Et parce que renverser des millénaires de domination masculine ne peut se faire que sur plusieurs générations.

Ne vous y trompez pas, je ne déteste pas les hommes. La plupart de ceux que je connais sont intelligents, gentils, drôles, et n'ont aucun problème avec les femmes - et les postes qu'elles peuvent occuper ou leur rôle dans une famille. Du moins, à ce que je sache, même si certains laissent parfois échapper une blague douteuse.
Mais il y en a d'autres, hein ? Là aussi, j'ai conscience d'évoluer dans un milieu privilégié...

Bref. J'avais juste envie d'en parler.

féminisme, ma petite vie à moi

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