(DW/TW) Détours - le Docteur, Ianto, Jack (+ Jack/Ianto)

Oct 03, 2007 20:42

Titre : Détours.
Personnages/Couples : le Docteur, Ianto, Jack. Plus du Jack/Ianto. Plus un personnage mystère pas si mystère que ça.
Spoilers : Il vaut mieux avoir vu Torchwood et la saison 03 de Doctor Who.
Rating : PG. Longueur : ~2700 mots. (2700 OMG WHERE DID THEY COME FROM!)
Notes : Merci à rapunzelita pour m'avoir en partie bêta-lue ♥

DETOURS

« Nous sommes bien d’accord : un voyage, un seul.
- C’est ce que vous dites toujours : un seul voyage, intervint Jack. Et puis quand vous lui aurez montré le futur, vous voudrez lui faire faire un petit tour dans le passé, et d’ici à ce que vous vous soyez enfin décidé à revenir il aura des cheveux blancs à force de faire des détours.
- Pff ! répliqua le Docteur. Même si j’effectuais une centaine de voyages avec lui, je pourrais être de retour ici dans cinq minutes et vous n’en sauriez jamais rien.
- Je tiens à récupérer Ianto, Docteur, et pas avec des tempes grisonnantes.
- Bien ! Très bien ! Dans ce cas, il ne nous reste plus qu’un dernier détail à régler : où et quand allons-nous ? Une idée, Monsieur Jones ? »
Ianto, qui n’avait pratiquement pas dit un mot depuis le début de la conversation, se sentit pris au dépourvu.
« Je… euh…. répondit-t-il brillamment.
- Pourquoi pas la Nouvelle Terre ? suggéra Jack. Cinq milliards d’années dans le futur, c’est pas mal, non ? Martha m’en a parlé la dernière fois, il paraît que vous y emmenez tous vos premiers rendez-vous. »
Le Docteur lui décocha un regard noir avant de se tourner vers Ianto.
« Monsieur Jones, la Nouvelle Terre vous intéresse-t-elle ?
- Oui, Monsieur. »
Il n’osait pas vraiment contredire le Docteur. Ce dernier l’observa un moment, sourcils froncés derrière la grosse monture de ses lunettes, et Ianto commençait à craindre d’avoir mal répondu lorsque le Docteur se fendit tout à coup d’un large sourire.
« Parfait ! s’exclama-t-il. Il y a justement une famille de chats à laquelle j’aimerais bien rendre une petite visite. Et puis j’ai déjà sauvé cette planète deux fois, nous devrions y être en sécurité maintenant. Capitaine Harkness, préparez du thé, nous revenons tout de suite ! »

***

« Vous semblez contrarié, remarqua Ianto.
- Hum. »
Du bout de l’index, le Docteur repoussa ses lunettes sur son nez, puis se mit à étudier attentivement les alentours en laissant échapper quelques autres « Hum », ce qui donna l’étrange l’impression qu’il fredonnait. Enfin, il se redressa et rangea ses lunettes dans sa poche.
« Nous sommes dans un vaisseau spatial, déclara-t-il.
- Sauf votre respect, Monsieur, je pensais que la Nouvelle Terre serait plutôt une… planète.
- Et vous n’avez pas tort, Monsieur Jones ! Une très jolie petite planète, même. Mais pour tout vous dire, à l’heure qu’il est, notre bonne Vieille Terre elle-même n’a pas encore été anéantie. Si je ne me trompe pas - et, en vérité, il est assez rare que je me trompe - nous avons atterri quelques années avant la date que nous avions prévue.
- Combien d’années exactement, Monsieur ?
- Oh, à vue de nez… Je dirais quelques millions. Enfin, puisque nous y sommes, que diriez-vous d’une petite visite ? »
Sans laisser à Ianto le temps de répondre, il se dirigea vers la porte la plus proche et considéra le panneau de contrôle un moment avant de sortir quelque chose de son manteau. Il pointa alors ce qui ressemblait à une lampe de poche sur le boîtier et la porte coulissa presque aussitôt en chuintant.
« Allons-y ! »
Ianto jeta un coup d’œil au TARDIS, planté bien en évidence dans ce qui devait être une sorte de hangar. Sa couleur bleue ne passait pas vraiment inaperçue parmi les énormes caisses et les boîtes métalliques. Quand il se retourna, le Docteur avait disparu. Ianto s’empressa de le rejoindre dans le couloir.
« Excusez-moi, Monsieur, mais…
- Vous pouvez m’appeler Docteur, comme tout le monde.
- Excusez-moi, Docteur, reprit Ianto, mais est-il bien raisonnable de laisser le TARDIS sans surveillance à l’arrière du vaisseau ? N’importe qui pourrait…
- Allons, allons, ne dites pas de bêtises, l’interrompit à nouveau le Docteur. Vous pensez bien que le TARDIS n’est pas si facile que cela à voler ou à endommager. La dernière fois que c’est arrivé, c’est le Titanic qui lui est rentré dedans, mais vous admettrez que c’était vraiment un très gros paquebot.
- C-Certes. »
Sur ce, le Docteur s’engouffra dans une galerie perpendiculaire, laissant un Ianto incrédule répéter pour lui-même, au beau milieu de son couloir : « Le Titanic ? » Il se demandait si le Docteur était fou, dangereux ou simplement les deux lorsque ce dernier revint sur ses pas, l’air impatient :
« Alors, vous me suivez ou non ?
- Oui, Monsieur. Docteur. Excusez-moi. »

*

« Curieux. »
Ianto, qui n’était pas certain de vouloir savoir ce qui pouvait sembler curieux à un individu pareil, s’obligea toutefois à demander poliment :
« Quoi, Docteur ?
- Cela fait déjà un petit moment que nous avançons et nous n’avons encore croisé personne. Normalement, nous devrions déjà avoir été menés auprès du commandant et, selon le cas, être en train de prendre le thé avec lui ou d’essayer d’échapper à son équipage. »
A peine avait-il achevé son explication qu’une silhouette apparut dans le couloir à quelques mètres d’eux. Ianto vit avec horreur le Docteur presser le pas, l’air ravi.
« Quand on parle du loup ! s’exclama-t-il en souriant à Ianto par-dessus son épaule. C’est bien comme cela que vous dites, n’est-ce pas ? »
Ianto hocha vaguement la tête avant de se décider à suivre le Docteur. Malgré lui, il sentit son corps son tendre, son cerveau évaluer la distance qui séparait chaque galerie dont les ouvertures jalonnaient le couloir. La pression familière du holster contre son flanc lui sembla soudain s’accentuer.
L’extraterrestre qui les attendait, vêtu d’un uniforme noir, était tout en longueur et faisait bien deux mètres. Quand ils arrivèrent à sa hauteur, il s’inclina avec grâce et, d’une voix étonnamment douce, les pria de bien vouloir le suivre. Sa peau fine, légèrement orangée et brillante, glissait sur ses muscles et ses tendons comme du liquide. Il émanait de lui une telle élégance, une telle délicatesse, que Ianto en oublia un instant ses réserves.
Le sourire du Docteur s’étira jusqu’à ses oreilles. Il se dépêcha de rattraper l’extraterrestre pour faire un bout de conversation, puis revint quelques instants plus tard vers Ianto, les yeux pétillants.
« Il nous conduit au propriétaire de ce vaisseau, annonça-t-il. Il paraît qu’il veut nous rencontrer. Cela tombe bien, j’avais envie de le rencontrer aussi !
- Vous le connaissez ? demanda Ianto.
- Non. Peut-être. Je ne sais pas. Nous verrons bien ! »
Ianto, résigné, se mit à marcher en silence aux côtés du Docteur qui commentait avec enthousiasme la technologie utilisée dans le vaisseau. Il remarqua cependant qu’il ne laissait rien échapper qui aurait pu lui permettre de comprendre avec précision le fonctionnement de l’ensemble ; il ne chercha pas à deviner s’il s’agissait d’une habitude qu’il avait prise à force de voyager avec des compagnons moins informés que lui, ou s’il faisait juste plus attention devant les membres de Torchwood.
Ils arrivèrent ainsi devant une grande porte close. L’extraterrestre, dont il ne connaissait toujours pas l’espèce, laissa le Docteur s’avancer, mais retint Ianto en levant une main gracile.
« Excusez-moi ; mon maître souhaiterait d’abord voir le Docteur en particulier. »
Ianto, surpris, tourna le regard vers lui. Le Docteur hocha la tête et Ianto, non sans méfiance, se redressa et recula d’un pas. L’extraterrestre s’inclina pour le remercier, puis étendit un bras vers le boîtier de contrôle et y appuya le bout de ses doigts interminables.
« Ne vous inquiétez pas, Monsieur Jones, lui dit le Docteur tandis que la porte coulissait. J’ai promis au Capitaine de vous ramener sans dommages, après tout. »

*

Si les galeries étaient éclairées par des rangées de néons jaunâtres, la pièce dans laquelle le Docteur venait d’entrer ne l’était que par une lumière douce et diffuse qui lui demanda un moment d’adaptation. Il s’aperçut qu’il se trouvait le long de la coque du vaisseau ; en face de lui, de larges baies donnaient sur l’espace qui les entourait. Il se dirigea vers elles, cherchant machinalement à reconnaître une quelconque planète ou constellation.
Mon vieil ami.
Il sursauta. Cette voix ! Il regarda autour de lui et ses yeux en croisèrent d’autres, immenses, familiers, qui l’observaient avec indulgence à travers la fumée qui les voilait. D’une manière indéfinissable, ils paraissaient lui sourire.
« La Face de Boe », souffla le Docteur.
Approchez.
Il ne se le fit pas répéter. Quittant les baies vertigineuses, il vint s’accroupir devant la formidable créature et posa ses mains contre le réceptacle qui l’abritait. Ce fut avec émotion qu’il sentit sous ses doigts l’étrange vibration qui en parcourait les parois, comme un souffle, un battement de cœur, un grondement organique et rassurant.
Vous savez.
Le Docteur ne demanda pas quoi. La Face de Boe ne lisait pas dans les esprits, à proprement parler ; mais, sous l’impulsion de sa télépathie, il frôlait les pensées de surface et surprenait des fragments d’information, des images, des fluctuations dans les émotions. Et le Docteur avait été bien incapable de réprimer les souvenirs qui avaient surgi à sa vue - le verre brisé un grand soupir vous n’êtes pas seul ils m’appelaient La Face de Boe mon vieil ami Rose venez s’il vous plaît que se passera-t-il si je vis un million d’années-
« Oui, répondit-il simplement. Mais dans le futur, je… Nous ne… »
Il hésita.
N’ajoutez rien. N’oubliez pas que j’ai, moi aussi, un peu d’expérience en matière de voyage dans le temps.
« C’est vrai », sourit le Docteur.
Dites-moi seulement ceci : combien de fois nous reverrons-nous ?
« Trois », répondit-il ; et, au moment où il le fit, il vit se refermer leur boucle temporelle - leurs prochaines rencontres, la certitude de se revoir en temps voulu, le secret, les secrets, gardés jusqu’au bout. Tout se mettait enfin en place. Peut-être La Face de Boe l’avait-il senti ; quoiqu’il en fût, il laissa le silence s’installer entre eux jusqu’à ce que le Docteur se décidât à reprendre la parole.
« J’ai… un passager avec moi. »
Ianto Jones.
Le Docteur fronça les sourcils. Il l’observa avec attention, comme cherchant à obtenir une réponse sans avoir à poser la question qui lui brûlait les lèvres. Finalement, d’une voix lente, prudente, il demanda :
« Ce n’était pas un hasard, n’est-ce pas ? »
La Face de Boe éclata de rire, d’un rire qui roula autour d’eux comme des vagues un jour de grand vent.
Je crois que la question, Docteur, est : croyez-vous encore au hasard ?

*

« Tu parles d’un hasard, marmonna le Docteur. Espèce de vieux roublard ! »
Il regarda la porte close, puis se remit à faire les cent pas dans le couloir. Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance en un être qui avait des dizaines, des centaines de fois son âge, mais il ne trouvait tout de même pas l’idée d’une entrevue avec Ianto très prudente. Le jeune homme était intelligent : un indice de trop, et il additionnerait les éléments plus rapidement que le Docteur ne pouvait prononcer Raxacoricofallapatorius.
Ce fut donc avec soulagement, mais aussi appréhension, qu’il entendit la porte s’ouvrir enfin. Il se retourna pour faire face à Ianto qui se tenait sur le seuil, l’air grave et absorbé.
« Monsieur Jones ?
- La Face de Boe nous laisse nous en aller, annonça-t-il. Il nous laisse aussi visiter le vaisseau auparavant si nous en avons envie, ou bien demander à être reconduits au TARDIS immédiatement.
- Bien. Que préférez-vous ?
- Je… Je ne sais pas, répondit-il faiblement. Je vous suivrai. »
Le Docteur, bras croisés et sourcils froncés, scruta son visage, qu’il avait légèrement baissé.
« Qu’y a-t-il, Monsieur Jones ?
- Rien », fit-il précipitamment ; puis, ayant croisé le regard du Docteur : « Enfin… Je crois que je ne m’étais pas attendu à croiser un être tel que La Face de Boe.
- Que voulez-vous dire ?
- C’était tellement… impressionnant. Et émouvant, aussi. Quand je lui parlais, j’avais l’impression de retrouver quelqu’un que j’avais toujours connu, un très vieil ami que j’aurais fini par oublier. »
Il jeta un nouveau coup d’œil au Docteur et ajouta, d’un ton embarrassé :
« Désolé. Cela doit sûrement vous paraître…
- Non, l’interrompit-il. Bien au contraire. Si vous le voulez bien, je propose que nous regagnions le TARDIS, cela vous changera les idées.
- Ca, et puis vous n’aimez pas trop la perspective d’un membre de Torchwood en train de se balader plus longtemps dans un vaisseau plein de technologies extraterrestres, glissa Ianto avec un léger sourire.
- D’accord, cela aussi. Mais ne le répétez pas à Jack, voulez-vous ? »
Une longue main brillante se posa alors sur l’épaule de Ianto ; si longue que, même en les repliant avec la plus grande délicatesse, les doigts de l’extraterrestre frôlèrent un instant le cou du jeune homme. Le Docteur vit ce dernier réprimer un frisson au contact de l’étrange peau fluide.
« Je suis prêt à vous raccompagner », dit doucement l’extraterrestre.
Il relâcha l’épaule de Ianto, s’inclina et étendit son bras gauche.
« Par là, je vous prie.
- Partez devant, dit le Docteur à Ianto, les yeux fixés sur l’extraterrestre toujours courbé. Je vous rejoins tout de suite, je n’ai qu’une petite chose à demander à la Face de Boe. »
Ianto hocha la tête, puis s’éloigna dans la direction indiquée, l’extraterrestre à sa suite. Le Docteur les regarda s’enfoncer dans le couloir avant de rentrer dans la pièce dont la porte était restée ouverte. Si La Face de Boe fut surpris de le voir revenir, s’avançant à grands pas, il n’en laissa rien paraître.
« Votre équipage est composé de Stykes », lança le Docteur, une fois arrivé à sa hauteur.
Effectivement. Vous n’êtes pas sans savoir à quel point cette espèce est intelligente et compétente.
« Je sais aussi autre chose, répondit le Docteur. Les Stykes ne sont pas l’espèce dominante de leur planète d’origine pour rien. Ils possèdent l’admirable et très efficace capacité de pouvoir absorber à peu près n’importe quel composé chimique existant et de l’assimiler de manière à le faire passer par leur peau. Ce n’est pas pour rien que tout contact physique direct avec un membre d’une autre espèce leur est interdit par une bonne quarantaine de conventions différentes. Oh, ces conventions sont pour la plupart inutiles, étant donné la nature pacifique des Stykes, mais tout de même, vous pensiez vraiment que je n’allais pas remarquer un écart pareil de la part d’un membre de votre équipage ? »
Le contraire m’eût étonné.
« Vous avez utilisé du retcon sur Ianto, n’est-ce pas ? »
Dans quelques heures, il ne se souviendra plus de ce détour. Je vous ai promis que je serais prudent.
Le Docteur hocha la tête, l’expression soucieuse. Une multitude de possibilités d’altérations spatio-temporelles lui traversaient l’esprit, mais aucune ne lui permettait vraiment de s’opposer à ce que la mémoire de Ianto fût effacée - même si le procédé était une solution de facilité qu’il avait toujours désapprouvée. Il se souvenait encore de la dernière discussion qu’il avait eue à ce sujet avec Jack ; discussion qui, visiblement, n’avait pas eu beaucoup d’impact.
Emmenez-le voir la Nouvelle Terre, résonna la voix de la Face de Boe au moment où il sortait. Ce voyage-là, il ne l’oubliera jamais.

***

« Et surtout, surtout, ne lui parlez pas des Judoons, murmura précipitamment le Docteur à Ianto. S’il apprend que…
- Le thé est froid », l’interrompit Jack.
Il se tenait devant les portes du TARDIS, bras croisés. Le Docteur lui adressa une grimace agacée tandis que Ianto s’extirpait de la cabine téléphonique le plus discrètement possible.
« Et alors ? lança le Docteur. Nous avons un léger retard, voilà tout. Ce n’est pas si difficile de refaire chauffer un peu d’eau.
- Je m’en occupe, intervint Ianto.
- Pas si vite ! » s’exclama Jack.
Et, attrapant Ianto par le bras, il l’attira contre lui pour l’embrasser. Le Docteur leva les yeux au ciel en soupirant.
« Nous ne sommes partis que quelques minutes, dit Ianto, le souffle un peu court, quand le Capitaine le relâcha.
- Pour moi, peut-être, répliqua Jack. Vous, ajouta-t-il en regardant le Docteur, je ne sais pas encore. »

FIN

the doctor, torchwood, ianto jones, jack harkness, doctor who, whoniverse, fanfic, jack/ianto

Previous post Next post
Up