Aujourd'hui, c'était l'audience pour le viol dont j'ai été victime. Enfin "l'agression sexuelle", vu que, même si techniquement c'est un viol, il n'est pas rare de voir le crime requalifié en délit pour ne pas plus surcharger les assises. Enfin, moi, je laisse ce genre de détails à la Justice.
Aujourd'hui, j'ai revu mon agresseur (mon cousin éloigné) pour la première depuis… 7 ans. Lui accompagné de sa mère et moi… toute seule (ma mère est restée dans la voiture, faut dire qu'elle ne m'a jamais aidée dans cette histoire, trop choquée et déboussolée pour cela). J'ai fait la bise à ma "tante" mais lui, je n'ai jamais réussi à le regarder et encore moins dans les yeux, je l'ai fui toute le temps qu'on était dans la même pièce (le grand hall ou la petite salle d'audience).
Aujourd'hui, j'ai pleuré de soulagement. Il reconnait bien tous les faits, il a dit et répété que c'était de sa faute, que j'étais "une fille bien, une gentille, pas une allumeuse", qu'il était désolé (en même temps, ses excuses il me les a présentées depuis le début, quelques secondes après l'agression quoi…).
Aujourd'hui, j'ai grincé des dents face à la plaidoirie de l'avocat de la défense, qui en gros m'accuse d'avoir été trop naïve et donc d'avoir envoyé des signaux positifs. Je ne lui en veux pas, c'est le taf, mais heureusement que je m'y étais préparé, ça aurait pu m'achever. Mais je n'ai pas pu me justifier, mon tour de parole était passé (même si mon avocat a dit que j'avais été très bien), ni même expliquer en quoi je m'étais sentie menacée ou prise par surprise.
Aujourd'hui, j'ai appris par la bouche de mon avocat et d'autres magistrats présents que je souffrais d'un traumatisme sévère aggravé (notamment à cause des 5 années de déni). Aucun médecin ne me l'avais jamais dit. Tout comme ma dépression, je ne l'ai appris "officiellement" que tardivement. C'est étrange de se dire qu'une bande d'inconnus est plus au fait de ma santé mentale que moi-même…
Aujourd'hui, j'ai aidé ma mère (le monde à l'envers ?), en l'invitant à venir parler à sa cousine. On a beaucoup pleuré. On s'est tombé dans les bras. C'est cool, personne n'en veut à personne (mêmes les magistrats s'en sont félicités, une audience sans haine ni rancoeur).
Aujourd'hui, le procureur veut 8 mois de prison avec sursis, et mon avocat demande 5000€ de dommage et intérêts (ce sont les assurances qui paieront le cas échéant, j'ai pas envie de mettre ma famille dans le besoin).
Aujourd'hui, je vais pouvoir aller de l'avant, sans limite ou presque.
Demain, je recevrai normalement un coup de fil de mon avocat pour savoir ce qu'a donné la délibération (j'étais trop fatiguée pour attendre la réponse dans le tribunal et puis même si je ne suis pas une adepte des décors chaleureux le hall n'est vraiment pas un cadre "humain"…).