[Harry Potter] 52 semaines avant le début - 10/52 - Harry/Draco un jour

May 05, 2014 00:32

Titre : 52 semaines avant le début
Chapitre : 10/52
Auteur : camille_miko
Rating : PG-13
Disclaimer : Hormis l'histoire, patamoi.
Fandom : Harry Potter
Pairing : Harry/Draco un jour
Résumé : Une mystérieuse lettre vient rompre le quotidien de Harry. Quelqu’un a décidé de le courtiser.
Bêta : Azh <3 et Meanne
Note : Quand j'ai commencé ce projet, mon objectif était des chapitres de 1000 mots. On en est loin...
Note bis : Le retard de cette semaine est partiellement dû à la réponse de Harry. Elle parle de quelque chose d'assez dur et c'était difficile de la rendre... juste. Et mes deux malheureuses bêtas ont eu à faire un bon travail là dessus.

WARNING : Evocation de trucs pas cool dans ce chapitre.

AO3 // FF.net //


Harry soupira. Il n’avait qu’une envie, se cacher sous les draps et ne plus jamais en ressortir. Même s’il avait eu ses enfants, cette semaine, il ne rêvait que d’une chose : disparaître. Il détestait les affaires comme celle sur laquelle il avait été affecté.
Il avait beau essayer de l’ignorer, de penser à tout sauf cela, mais… ça le rongeait. Et bien sûr, tout le monde s’en rendait compte : Lily lui avait demandé si tout allait bien, Ron lui avait posé la même question et son boss lui avait proposé de prendre quelques jours.
Il détestait tout ce qui se rapprochait de près ou de loin à ce genre d’affaires.

Il avait l’air tellement minable que Ginny et Molly avaient accepté de s’occuper des enfants tous les soirs, sans même discuter.
Alors, la fin de la semaine n’était pas arrivée avec le même délice que d’habitude. Normalement, les équipes du week-end prenaient la relève sur ses affaires en cours et ne se souciait plus de rien. Cette fois-ci… Il savait qu’il devait partir mais il n’en avait pas envie. Tout en crevant de désir de fuir pour oublier.
Sa vie était tellement logique ce soir.

Quand Hermione lui proposa de prendre les trois mini-monstres du vendredi au samedi, il accepta avec plaisir. Il ne savait pas s’il serait capable de faire autre chose que rien du tout. Alors, il s’était mis au lit, tôt, avec une potion de Sommeil-Sans-Rêve.
Il avait dormi d’une seule traite et au matin, à défaut d’arriver à oublier ce qu’il avait vu et entendu, cette semaine. Il avait été un véritable père démissionnaire cette semaine. Tout ce qu’il détestait.

« Harry,

J’espère que vous n’allez pas m’en vouloir mais permettez que je fasse remonter votre post-scriptum dans le corps de la lettre. Allez-vous bien ? Votre lettre était… Comme ailleurs, par moments. Vous ne m’avez pas posé de question alors que cela semblait vous tenir à cœur. Est-ce que vous voulez m’en parler ?
Je souhaite que vous m’excuserez mais j’ai cherché toute la semaine s’il n’y avait pas un article sur vous et l’affaire dont vous vous occupez en ce moment. Il n’en est rien mais… J’aurais aimé savoir ce qui vous inquiète et comment vous soulager de ce poids. Je sais que vous êtes confronté à des choses dures mais malgré cela, je n’ose pas imaginer ce que cela peut être de le vivre au quotidien.
J’espère que si nous continuons ainsi, vous accepterez mon aide avec ce fardeau, car je ne crois pas que ce soit simple à vivre, vu combien vous étiez touché dans votre lettre.
Je n’en dirai pas plus. Je ne voudrais pas vous forcer à parler, mais sachez que je suis là.

Oui, je dois reconnaître que vous avez raison. Je suis un Sang-Pur. Est-ce que cela est odieux à vos yeux ? J’espère que non. Quant à votre description de ma personne, c’est promis, je ne dirai rien. Mais je vous en conjure, laissez moi m’insurger contre la pire des erreurs : j’adore lire et j’aime tout particulièrement les bibliothèques. Même pour le plaisir de votre image mentale, je ne peux vous laisser véhiculer une telle horreur.
Par contre, j’en déduis que vous aussi, vous les aimez. Ce qui m’étonne un peu plus. Est-ce que vous accepteriez de m’en dire plus ?

Mon père est furieux que je travaille avec les Moldus sans me soucier de son avis. Vous avez parfaitement cerné mon père : un homme charmant mais qui pense avoir toujours raison et qui devient odieux quand on lui prouve qu’il a tort. En somme, quelqu’un avec qui vous n’avez pas envie d’échanger le moindre mot s’il n’est pas de votre famille.
Manque de chance dans mon cas, il est diablement du même sang que moi ! Impossible de s’en débarrasser. (Ceci est aussi un mensonge. Même si l’on me proposait de me l’ôter, je ne le voudrais pas. Il a tous les défauts de la terre et n’est pas quelqu’un que je recommanderais pour son ouverture d’esprit, mais… c’est mon père. Ce qui fait que, personnellement, j’ai tendance à fermer les yeux sur l’horrible personnage qu’il est.)
Des femmes qui agissent comme mon père ? Oh, la mère de mon meilleur ami - et témoin à mon mariage - est un peu comme cela. Autant dire que pour sa part, je la fuis. La dernière fois qu’elle m’a acculé dans un coin sombre, j’ai bien cru que c’était pour m’empoisonner. Même si en réalité, c’était pour m’intimer l’ordre de ne plus laisser son fils boire de mon scotch. (Une très longue histoire entre nous, il a tendance à prendre très littéralement le « mi casa es tu casa », ce qui le rend épuisant.)

Je vous trouve grand prince sur la question des changements. Tout le monde ne l’est pas autant. Souvent, ce qui n’est qu’une erreur de jeunesse ou l’influence des parents est marqué au fer rouge dans nos vies jusqu’à notre décès.
Lors de la jeunesse de mon père, il n’était pas bien vu dans son milieu d’avoir le moindre mot positif sur les Moldus ou les Né-moldus. Et comme il ne l’a jamais réellement quitté et que la société Sang-Pure n’a pas réellement évolué... Autant dire que mon père n’a jamais réellement été confronté à autre chose. Quand il a reproduit sur moi, l’éducation qu’il avait lui-même reçu - ce que nous faisons tous quelque part -, il n’a pas trouvé déplacé de m’inculquer ses préceptes racistes. Et mon père étant mon idole, cela n’a pas été bien difficile pour moi de les accepter tels quels, sans jamais les questionner.
Il a fallu que j’arrive à quinze ou seize ans pour le faire, sauf qu’il était bien trop tard aux yeux de la majorité des gens. C’est dommage que vous soyez l’un des rares à être grand prince sur cette question. De mon âge, je ne connais personne qui ait vécu les horreurs de la dernière guerre et qui croie toujours dans le bien fondé de cette… idéologie. Je ne sais même pas quel mot il faut utiliser. Ce que je sais, c’est que ceux qui croient encore en elle sont des fous qui n’ont retenu aucune des leçons du passé.
J’ignorais que votre père n’avait pas toujours été exemplaire. Je suppose que je ne suis pas le seul. Plus le temps passe et plus je me rends compte de l’écart les apparences et ce que nous sommes réellement. Nous avons tous des choses à cacher pour diverses raisons mais quand nous avons le malheur d’avoir une vie publique, les médias n’arrangent rien.

Je sais que même mes proches me soupçonnent d’être anorexique, et ce n’est pas faute d’avoir demandé à mon médecin de confirmer que ce n’est pas le cas. C’est une maladie terrible et je comprends leur inquiétude, mais… Je n’en souffre pas. Et je ne voudrais pas que vous rejoigniez le camp des « bien intentionnés ».
Surtout que quand tout va bien, sans aller jusqu’à dire que je suis gourmand, je mange. Et je risque de continuer à le faire si vous cuisinez toujours aussi bien que les cookies que vous m’avez envoyés. Ils étaient absolument délicieux, vous savez ?
Quant à faire ma gymnastique, je suis même certain qu’avec vous, j’aurais envie de tenter de nouveaux sports.

Il est des fois plus simple d’assumer que l’autre n’a pas de passé, que rien de ma vie d’avant ne pourrait contrarier votre propre vie. Néanmoins, je suis ravi que vous ne soyez pas effrayé à l’idée d’un autre enfant dans votre vie. Parce que même si je veux ma part de bonheur, idéalement avec vous, je refuse de le faire aux dépens de mon enfant. Il fait partie du lot, si vous décidez de m’accepter, au même titre que mes amis trop curieux et casse-pieds et de mes parents vieux jeu.
Avant d’arriver à l’âge adulte, je n’avais jamais connu personnellement de couple ayant choisi d’être ensemble par amour et non par convenance. Je me suis marié jeune, nous étions tout juste majeurs avec ma femme. Nous n’avions pas réfléchi. Nous nous connaissions de Poudlard car nous y avions étudié à la même période. Cela paraissait logique à l’époque. Même si c’était reproduire ce que mes parents - et les siens - avaient fait.
Pour tout vous avouer, mes parents m’ont soumis à mes 18 ans une liste de fiancées potentielles. Elle était la seule que je connaissais réellement. Alors je lui en ai parlé, pour savoir ce qu’elle en pensait. Elle-même avait reçu une liste similaire et j’étais aussi le seul qu’elle connaissait réellement. Nous sommes sortis quelques fois - avec un chaperon, sinon ça n’aurait pas été assez vieux jeu - avant de confirmer à nos deux familles que nous acceptions de nous fiancer. Cela n’a pas été plus compliqué que ça. Je suppose que face à votre mariage d’amour tout ceci doit être bien étrange.
C’est évident que quand on s’implique comme vous l’avez été dans votre mariage, cela doit être dur. Au contraire, nous, nous sommes passés de connaissances à amis. Laisser libre-court à ses sentiments plutôt que suivre les bonnes mœurs et ce qu’on attend de nous est quelque chose de terrifiant. J’ignore comment vous avez fait cela sans mourir de peur.

Je crois que j’aime déjà ce jeune rival, si son humour a pu vous préparer au mien.
Compte-tenu de votre situation particulière, cela n’aurait peut-être pas été possible, mais je crois important de grandir loin de la légende associée aux noms connus. Je sais que je garde mon enfant très loin de tout ce que notre nom signifie. Je veux qu’il soit un enfant et non pas l’enfant de son père ou son grand-père. Il n’a pas à souffrir de tout ce qui s’est passé avant sa naissance ou même son âge adulte.
Peut-être que ce jeune camarade a pu vous offrir cette insouciance. Je l’espère du moins. En effet, votre nom attire toutes les folies et… Je ne crois pas que j’aurais voulu d’être à votre place. Cela doit certainement être attrayant à l’adolescence mais l’homme que je suis est certain qu’il ne voudrait pas de cette célébrité. C’est trop de pression, trop de... d’attentes, je suppose.

Ainsi, vous êtes taquin et prêt à m’aider dans la torture psychologique de mes secrétaires à ce que je vois. Sachez que je vous aime un peu plus à chaque lettre. Néanmoins, j’hésite à accepter votre proposition car cela m’exposerait certainement à des retours très négatifs des Aurors. N’est-ce donc pas interdit par la loi ? À moins que vous ne signiez une dérogation spéciale. Pour satisfaire à la quête de la Vérité, il faut parfois accepter certains sacrifices. Fermez les yeux et pensez à l’Angleterre, Monsieur Potter. (C’était ce qu’on avait ordonné à ma mère avant son mariage, selon elle.)

Vous savez, ce n’est pas parce que je vous aime depuis plus longtemps que vos sentiments ont moins de valeur. Dites-vous que vous avez eu l’occasion de rencontrer tant et tant de personnes et pourtant, juste avec ma plume, j’arrive à vous donner envie d’être courtisé. Ce n’est pas anodin, tout de même.
Je crois que nous avons chacun de la chance. Vous d’être aimé depuis des années, moi de pouvoir vous le confesser. Vous m’en donnez l’autorisation alors je reviendrai encore et encore voler votre cœur. Et j’espère que si un jour, j’arrive à vous rendre amoureux, j’y réussirai quand vous ne vous y attendrez pas.

Vous avez eu raison de choisir de l’Earl Grey, c’est mon thé préféré. Un thé classique, comme vous vous en doutiez. Vous voyez, même sans me connaître, vous devinez ce que j’aime.

Comment ma mère vit ma rupture ? Très mal. Encore pire que mon père. Mes parents ont eu un mariage de convenance, eux aussi, mais la différence est qu’ils sont très rapidement tombés amoureux l’un de l’autre. (Vous imaginez un jeune couple marié se donnant la béquée ? Et bien, quarante ans plus tard, ils le font toujours. Je vous laisse imaginer la pression que cela peut représenter quand son propre mariage ne décolle pas.)
Ma mère ne comprend pas que je puisse vouloir me séparer de ma femme qui a tant de… qualités. Quant à être attiré par un homme, elle nie même que cela puisse être possible pour l’instant. Sur ce plan-ci, mon père est plus ouvert. Il désapprouve totalement que je puisse me séparer de ma femme - pour lui, nous devrions mener nos vies séparément mais sous le même toit - mais il comprend que je puisse désirer un homme plutôt qu’une femme.
L’une part du principe que je devrais forcément être comblé par mon mariage, l’autre que je devrais maintenir les apparences. Aucun des deux n’est satisfait, bien sûr. Néanmoins, je n’envisage pas de leur céder. Pas cette fois-ci. Il y a trop en jeu pour que j’accepte de le faire. Et que vous parliez de rencontrer mes parents comme un fait dont vous êtes certain - et non comme d’une hypothèse - me raffermit dans cette volonté. Il y a trop en jeu ; il y a la possibilité que vous acceptiez de partager ma vie.

Mes amis sont… Au premier abord, la plupart des gens les pense froids et distants. Sauf que quand on les connaît, ce ne sont que de grands enfants. Ils sont capables de vous retourner une maison en moins de temps qu’il ne faut pour le dire et la seconde d’après de discourir sur la politique extérieure du Mozambique. Alors, oui, c’est extrêmement animé à la maison.
Je n’avais pas imaginé qu’ils puissent rencontrer Seamus Finnigan - ses exploits à l’explosif lors de la dernière bataille sont devenus célèbres - mais je suis certain que cela serait absolument passionnant à voir.
Mes journées ont toujours été occupées par mon travail mais l’ensemble de mes proches avait déjà la fâcheuse manie de prendre notre maison pour la leur, avant notre séparation. C’est certainement en partie ma faute car j’aime l’idée que mon chez moi leur soit ouvert, n’importe quand. Ils sont, en quelque sorte, ma famille de cœur. Et cela ne s’est pas amélioré depuis que je vis seul.
Je n’ai jamais vraiment eu de semaine « sans enfant ». Le nôtre circule à sa guise entre nos deux maisons, comme je vous le disais, ce qui fait que je ne suis jamais réellement sans lui. Mais j’imagine combien cela pourrait être dur si je ne le voyais pas du tout. Alors, je suis ravi d’occuper vos semaines.

Quant à l’effet de votre dégustation de mes présents au lit a sur moi… j’espère que votre imagination est aussi fertile que la mienne. Parce que mon ego n’est pas le seul à être flatté.
J’espère que vous ferez subir le même sort à ce cadeau.

Bien à vous,

William. »

Harry soupira. Son admirateur secret avait parfaitement raison. L’affaire l’avait complètement retourné, au point d’oublier certaines choses.
Il n’avait pas quitté son lit pour lire sa lettre. Il se sentait comme une espèce de loque et détestait cela. Laissant glisser le contenu de l’enveloppe, il découvrit une sorte de tasse en métal et un coffret accompagné d’une note qu’il saisit une fois que tout eu reprise sa taille normale.

Je crois que vous avez besoin de vous changer les idées et de vous relaxer. J’espère que vous m’excuserez de vous imposer une telle cruauté.
William.

Harry fronça les sourcils. Qu’est-ce qu’il avait bien plus inventer ?
Regardant de plus près ses cadeaux, il éclata de rire. C’était un thermos de thé fait maison avec des macarons venant d’une grande maison française. Ce qu’il lui imposait était en réalité une excellente collation de 10h.

S’extrayant de son lit, Harry passa un coup de cheminette à son ex-belle-mère puis à son ex-femme pour les remercier avant de faire livrer des fleurs à Hermione. Elles le méritaient bien.
Et même si sa semaine ne s’augurait pas sous de meilleurs auspices, William lui avait mis un peu de baume au cœur, dont il comptait bien profiter.

***

Draco fut presque étonné de ne découvrir que Théodore Nott dans son salon, ce mardi soir-là. Le mot clé était « presque » car quelques secondes après, avant même qu’il eut le temps de parler, Dean Thomas apparut, clairement en provenance des cuisines.
Il n’arrivait pas à savoir ce qui liait les deux hommes mais ceux-ci semblaient s’entendre comme larrons en foire depuis que Pansy avait annoncé ses fiançailles avec le Gryffindor. Quoiqu’il en fut, quelque part, cela n’avait rien d’étonnant de les trouver ici.
- En quoi puis-je vous aider ? s’enquit-il cependant.
Après tout, l’espoir fait vivre. Avec un peu de chance, ils avaient une véritable raison d’être là.
- En fait, on voudrait savoir ce que t’a répondu Potter, lui répondit narquoisement le Slytherin.
- Je veux m’assurer que tu traites bien mon pote, continua Dean. Il a eu une semaine difficile.
Draco soupira.
- Je suppose donc que mon courrier a été ouvert ? demanda-t-il, d’ors et déjà résigné face à cet état de fait.
Les deux hommes se regardèrent, secouant la tête.
- Non, nous, on attend que tu le fasses toi-même. Tu nous feras bien un résumé, n’est-ce pas ?
Le blond les observa un instant avant de se rappeler qu’en effet, contrairement au reste de la fine équipe, ces deux-là avaient un minimum d’éducation.
Ignorant leurs regards curieux, Draco prit la lettre - avec les semaines, il arrivait à l’identifier au premier coup d’œil dans sa pile quotidienne - pour s’installer dans son fauteuil.

« William,

Que vous dire, hormis combien vous avez raison ? Je m’excuse d’avoir été un si mauvais correspondant la semaine dernière. J’essaye de ne pas ramener le travail avec moi à la maison, mais c’est compliqué en ce moment.
Vous n’auriez jamais trouvé d’article sur l’affaire que je traite en ce moment. Les journaux ne se soucient pas souvent de ce genre de choses. Une gamine à peine majeure a été violée. Elle avait décidé de sortir avec sa bande de potes pour fêter une bonne nouvelle. Des garçons et des filles qu’elle connaissait depuis presque dix ans. Des personnes de confiance.
Elle s’était faite toute mignonne. Cela se voyait encore quand elle est arrivée au début de ma garde à 6h du matin. Ils avaient commencé la soirée au pub, avant d’aller en boîte. Elle avait bu, comme tous ses copains, mais elle ne devait pas rentrer par ses propres moyens, alors ça n’avait pas d’importance. Elle était raisonnable ; elle voulait faire la fête sans se mettre en danger.
Deux des garçons de sa bande ont bu plus que de raison. Vraiment plus que de raison. Et ils ont pris son joli maquillage, sa tenue légère et pleine de frou-frous et ses câlins amicaux pour un accord. Ils l’ont entrainée à l’écart pour la violer. Elle a dit non.
Et pour eux… elle n’avait pas le droit de se refuser à eux tout en dansant et en étant habillée ainsi. Cette gamine est détruite. Elle pleure sans discontinuer, elle a peur. Elle ne sait plus à qui faire confiance. Ceux qu’elle pensait être de vrais amis s’en sont pris à elle, juste parce qu’ils étaient incapables de se contrôler.
Je les ai vus en audition et… ils ne se rendent même pas compte de ce qu’ils ont fait. Elle l’avait soi-disant « bien cherché ». Comment est-ce qu’on peut justifier d’imposer à quiconque une relation sexuelle ou ne serait-ce que des attouchements ?
Je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qui a pu leur passer par la tête. Est-ce qu’un jour, j’ai pu laisser penser à mes garçons que leur volonté, leurs désirs passaient avant la liberté de refuser des autres ? Je ne crois pas qu’avec Ginny nous ayons pu une seule seconde tenir un discours qui les encourage dans cette voie. Sauf que les parents de ces jeunes cons n’ont pas dû non plus.

C’est la première fois que je suis heureux de ma notoriété, vous savez ? Cette gamine avait peur de tout le monde. Elle tremblait, même mes collègues féminines n’arrivaient pas à la mettre à l’aise pour raconter son calvaire. Et… Elle m’a vu et a supplié que ce soit moi qui m’occupe d’elle. Elle m’a avoué après, que c’était parce qu’elle savait que si elle me disait la vérité, je la croirais, car moi aussi j’avais été accusé de mentir. Qu’elle me faisait confiance, que moi, elle me connaissait.
Je veux que ces petits cons assument leur crime. Rien ni personne n’a le droit de contraindre une autre personne à subir des attouchements ou une relation sexuelle… Ça me rend malade, William. Si vous pouviez la voir…
Un meurtre est toujours triste et horrible, mais ça… On dit que dans les forces de l’ordre, il y a toujours un type de crime qu’on ne supporte pas. Je crois que c’est ceux-ci pour moi. Ma fille est encore trop petite pour risquer cela, mais je lui souhaite de pouvoir être libre, dans notre monde au même titre que ses frères.
Je pense depuis très longtemps arrêter mon métier d’Auror pour devenir libraire. J’adore les livres, j’aime partager cette passion avec autrui. Mais je crois que j’ai encore besoin de vider les rues des monstres pour m’assurer que mes petits soient en sécurité.

Voyez, j’ai saisi au bond votre proposition de me confier à vous, malgré le sujet. J’espère que vous ne m’en voudrez pas. J’imagine que vous aviez en tête des choses plus… Je sais pas. Différentes.

Cette semaine, j’aimerais savoir quelle était votre peluche préférée, enfant. De mon côté, je n’en avais pas réellement. Je vivais chez mon oncle et ma tante et ils sont Moldus. Ils ont toujours été terrifiés par ma magie. C’était un sujet tabou là-bas. Et bien que Dumbledore les ait contraints à me recueillir, ils auraient préféré que ce ne fût pas le cas. Alors, ils faisaient le strict minimum et me donner un doudou n’en faisait pas partie. Par contre, je rêvais de l’énorme ours tout doux qu’avait mon cousin. J’en ai plus que couvert mes enfants, en réaction à cela, je suppose.

Est-ce que vous soyez Sang-Pur me paraît odieux ? Non. Peut-être que cela aurait été le cas il y a quinze ans, juste après la guerre. Sauf que maintenant, j’ai mûri et grandi. Vous n’avez pas choisi de l’être, au même titre que je n’ai pas choisi d’être brun. C’est notre héritage. Ce qui compte, c’est ce que nous en faisons. Si être Sang-Pur vous motivait à tuer autrui, alors oui, je serais horrifié et je ferais tout mon possible pour vous arrêter. Si être Sang-Pur ne vous encourage à rien d’autre qu’être vous-même, pourquoi vous le reprocherais-je ? Mon père et mon parrain l’étaient. Mon meilleur ami l’est.
J’imagine que si vous me posez cette question, c’est que vous craignez que je vous repousse pour cette raison. Peut-être même vous l’a-t-on reproché par le passé. Certainement, en fait. Les gens ont été prodigieusement stupides après la défaite de Voldemort.

Par contre, autant votre statut de Sang-Pur m’indiffère, autant votre passion pour les livres m’enchante. Je ne m’imagine pas vivre avec quelqu’un qui déteste lire. Peu importe le style ou la complexité de l’ouvrage. Le touché du papier sous les doigts, l’odeur caractéristique et humide des livres… Sans parler du fait que le moindre roman nous transporte dans un autre monde où tout est possible : nous pouvons être prince, roi et suzerain, les Moldus s’imaginer être sorciers, les lâches peuvent être des lions.
La lecture permet de dépasser tous nos défauts et de pouvoir essayer d’apprendre à devenir meilleur. C’est… Je pense que s’il n’y avait pas eu la guerre, si je n’avais pas été le Survivant aux yeux de tous, je me serais orienté dans une direction bien différente pour ma carrière. Comme je vous le disais plus tôt, je pense devenir libraire et je suis fermement convaincu que sans tout cela, je l’aurais été dès ma sortie de Poudlard.

Je crois que je peux comprendre l’attachement que vous portez à votre père. Cela ressemble beaucoup à celui que j’ai pour le mien. Je sais qu’il a été horrible avec Severus Snape. Pourtant… Cela ne m’empêche pas de tenir à lui - sans plus le connaître - et de me demander ce qu’il aurait pensé de ceci ou cela.
Même en sachant que nos proches ont tort, aussi bien face à la morale que face à la loi, cela n’empêche pas de tenir à eux et de continuer à les aimer. Cela ne nous rend pas coupable de quoi que ce soit et ceux qui nous le reprochent ont dû oublier ce qu’être humain signifie.
Je ne sais quoi vous dire sur la mère de votre meilleur ami mais je vous accorde qu’elle semble effrayante. (Du scotch ? Vous ne voulez pas m’en dire plus sur votre relation à tous deux autour de cette boisson ?)

Ce que vous dites sur les changements, le fait que l’on croit aveuglément en nos parents, tout cela me conforte dans ma conviction que cette fichue guerre aurait pu être évitée, si à la fin de la première, plutôt que de condamner à des décennies à Azkaban ou de totalement ignorer les actions de certains Mangemorts influents, le Ministère avait pris le problème à bras-le-corps.
La plupart des racistes le sont par peur de l’inconnu ou par ignorance. Peu importe que ce soit envers une ethnie, une couleur de peau ou l’aptitude ou non à la magie. Il y en a bien quelques uns qui érigent cela au rang de manière de vivre, bien sûr, mais pour la majorité, si on les avait éduqués, ils ne se seraient jamais laissés embrigader. On aurait pu éviter des centaines de morts inutiles.
Personne ne peut décemment vouloir la destruction de tout un groupe d’êtres humains. Il n’y a que les déments qui le pourraient. J’imagine que vos amis ont dû voir les mêmes horreurs que vous et se rendre compte que tout cela…
Vous disiez que nous avons tous des secrets , il y a une chose que peu de personnes savent sur moi. Lorsque Dumbledore s’est fait tué, j’étais présent. Il m’avait stupéfié et caché. À l’époque, je l’ai très mal vécu. Ce fut une sorte de trahison pour moi, même si j’ai fini par comprendre plus tard, une fois adulte qu’en réalité, il n’en était rien. Alors, lors des procès, j’ai demandé à ce que mon témoignage soit scellé pour que ce ne soit pas divulgué.

Si vous me dites que vous êtes en bonne santé, alors je vous crois. Cela ne m’empêchera pas de m’inquiéter quand vous serez en période de stress et d'anxiété, mais c’est promis, la discussion ne reviendra pas comme un vil serpent de mer, comme cela semble être le cas avec vos proches.

Vous savez, je ne cuisine pas que des cookies. Je sais aussi cuisiner des plats.

Je crois que j’ai hâte de vous adopter avec votre enfant, vos amis insupportables et vos parents qui me détesteraient. Aussi bizarre que cela puisse paraître. Le lot me plaît beaucoup. Il promet d’être remuant au possible.

En effet, la manière dont votre mariage a été conclu me paraît bien étrange. Cela a quelque chose d’extrêmement désuet qui je suppose doit faire son charme. Mais un mariage d’amour, laisser parler son cœur, c’est comme sauter dans le vide. C’est grisant et terrifiant à la fois. C’est tellement bon. Même si oui, l’atterrissage est visiblement bien plus douloureux.

Concernant votre jeune rival en humour, n’ayez crainte, nos relations ne risquent pas de vous faire de l’ombre. Il est très fade à côté de vous. Même si vous avez raison sur un point : il m’a fait vivre des enjeux d’adolescent quand nous l’étions, contrairement à tous les adultes autour de moi.

Je suis certain que vous accepterez très bien le sacrifice de torturer vos secrétaires. Néanmoins, sachez que je vous absous de toute poursuite judiciaire par avance, tant que vous ne laissez aucune marque définitive. Je suis persuadé que vous saurez trouver comment apaiser leur curiosité sans céder à celle-ci.

Je suis ravi que le thé vous ait plu. J’ai hésité un moment avant de me décider pour cette variété-ci.

Pour ce qui est de vos parents… La situation n’a pas l’air très drôle. Je ne connais pas du tout cela (et je ne parle pas que de l’aspect « mariage de convenance »), mais je ne suis pas certain que cela m’attriste. J’ai la chance d’être resté proche de mon ex-belle-famille et la possibilité que je refasse ma vie ne les dérange pas une seconde. Au contraire, Molly Weasley semble plutôt s’inquiéter de l’inverse. Quant à l’homosexualité… Je doute que cela pose problème. Charlie, l’un des aînés, est marié avec un homme et il a toujours été le bienvenu avec son conjoint. Je crois que j’ai la chance que l’individu, ce qu’il pense, ressent et fait, compte plus pour eux que le reste.

Sachez, William, avant que je ne conclue cette lettre, que votre cadeau a subi le même sort que le précédent, dégusté au fond de mon lit, et trônant à côté pour ce qui avait été laissé en vie.
Je laisse à votre… ferme imagination le soin de deviner les détails de cette dégustation. Dites-moi ce qu’elle vous offre et je vous répondrais sur la réalité des faits.

A bientôt,

Harry. »

Draco releva le nez de sa lettre, un petit sourire aux lèvres, retombant sur Dean et Théodore qu’il avait oubliés tout à sa lecture. Si le premier savait se tenir et semblait satisfait de ce qu’il voyait, il devinait la curiosité du second.
De tous ses proches, il devait reconnaître que Nott était celui qui agissait le plus en adulte. Il était aussi celui qui avait été le plus frappé de plein fouet par la guerre. Draco avait fini par comprendre que si lui-même acceptait régulièrement que sa maison devienne l’antichambre de la régression, c’était en partie parce qu’il pouvait vivre cette adolescence qui lui avait été volée.
C’était aussi pour cela qu’il n’y avait pas grand monde de nouveau dans leur cercle d’amis. Pansy était une chipie. Blaise, flamboyant. Astoria se laissait emporter par eux deux. Le seul qui était réellement adulte parmi eux, c’était Théodore. Pourtant, il avait aussi ses défauts. Il avait besoin de savoir que ses proches étaient heureux. Sans cela, il était capable de se rendre malade.

Tous avaient été abîmés par la guerre et aucun ne voulait complètement accepter son statut d’adulte responsable dans sa vie privée.
- Ça va aller, murmura-t-il, officiellement à l’intention de Dean.
En réalité, il rassurait surtout son deuxième témoin de mariage. Ils n’avaient pas besoin de plus pour se comprendre.

Un léger sourire fleurit à son tour sur les lèvres de Théo, alors que Draco découvrait le recueil de poésie qui se trouvait à l’intérieur de l’enveloppe.
Blake. Un excellent choix.

À suivre…

N'hésitez pas à reviewer, cela fait toujours plaisir !

***

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rating:pg-13, warning:viol, pairing:harry/draco, genre:yaoi, fandom:harry_potter, genre:fic

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