Kemuri (Mushishi, mushi/Adashino, NC-17)

Dec 02, 2008 21:53


Titre : Kemuri
Auteur : Mokoshna
Fandom : Mushishi
Personnages : Adashino, Ginko
Rating : NC-17 (par précaution, mais personnellement je dirais du R)
Disclaimer : Mushishi est l'oeuvre de Yuki Urushibara.
Prompt : mushi/Adashino - Tentacle sex, masturbation - Expérience du jour : déterminer si coucher avec un mushi s'apparente à coucher avec un mushishi
Notes : J'ai eu un peu de mal avec ce prompt, je l'avoue, c'est pourquoi c'est aussi court. En fait, je n'étais pas sûre de savoir ce que voulait l'anonyme qui l'a demandé... Mais comme j'y ai pensé trop tard pour interroger l'intéressé, j'ai fait avec. C'est mon troisième essai ; un record en sachant que généralement, je suis satisfaite après un premier jet.
Pour l'info, selon le dictionnaire franco-japonais que j'ai consulté, « kemuri » veut dire bêtement « fumée ».


***

Lorsque Ginko venait rendre visite à Adashino, il avait toujours une merveille dans l'un des tiroirs de son bagage à lui montrer. Que ce soit une vieille pierre habitée par un mushi ou un morceau d'étoffe ayant appartenu à une personne possédée par un mushi, il avait toujours une histoire de prête, un conte à dévoiler pour qui voulait l'écouter. Plus que des objets, Adashino était avide de ces histoires : les aventures qu'avaient vécues Ginko pour récolter des morceaux de papier jaune suintants sur une terre en feu, la blessure qu'il s'était faite quand, voulant sauver un mushi en forme d'oiseau, il avait été attaqué par une colonie de goélands furieux, le vase qu'il avait obtenu après avoir fait filtrer à travers une passoire une eau rouge comme le sang. Chaque nouvel objet était un prétexte à ces histoires merveilleuses qui faisaient rêver Adashino à chaque fois, comme le grand enfant qu'il n'avait jamais cessé d'être. Une grande partie de ces histoire avaient sans doute été inventées par Ginko pour lui vendre au prix fort ses produits, mais qu'importait ? Adashino avait plus que les moyens d'acheter ces fragments de rêve.

Plus que les objets, plus que les histoires, la voix de Ginko fascinait Adashino. Grave et douce, elle était le reflet exact de son propriétaire. Adashino se serait laissé bercé par cette voix pour le restant de ses jours, si Ginko lui en avait donné l'occasion. Quelquefois, au milieu d'une histoire, Adashino perdait le fil de ce que le mushishi disait pour fixer ses lèvres. Chaque son produit l'atteignait en plein cœur ; il avait l'impression que son âme même vibrait avec les mots.

- Adashino ? Tu m'écoutes ?

- Oui, répondait Adashino. Continue, c'est passionnant.

Ginko lui lançait alors un regard dubitatif mais continuait son histoire comme si de rien n'était.

***
- Tu n'es pas marié, dit un jour Ginko sans que rien dans leur discussion n'ait pu amener à cette remarque. Comment ça se fait ? Tu dois avoir pas mal de prétendantes, pourtant.

- Tu crois ?

- Tu as un caractère étrange et une passion qui l'est encore plus, mais l'un dans l'autre, tu n'es pas un mauvais homme. Et tu es riche. Ta position de médecin t'attire l'admiration et le respect dans le village. Pourquoi n'as-tu pas pris femme ?

Adashino tira une longue bouffée de sa pipe.

- Je cherche encore. Ce n'est pas facile de trouver la bonne chaussure à son pied.

- Ah bon.

Ginko venait toujours avec quantités de trésors dans sa malle. Un mushi qui avait pris forme humaine l'espace d'un soir, pour berner sa victime du jour. Des étoffes qui s'étaient animées pour enrouler un homme et l'étouffer. Un coquillage qui abritait un oiseau de mauvais présage. Tant de merveilles qu'Adashino collectionnait jalousement, faute de pouvoir retenir l'unique personne qu'il souhaitait réellement garder près de lui.

- Si tu y mets du tien, tu crois que tu arriverais à me trouver une femme mushi ? fit-il en plaisantant.

- Quoi ?

- J'aime les mushi. Ma femme devra les aimer aussi. Mais si elle est un mushi elle-même, n'est-ce pas parfait ?

Ginko lui jeta un drôle de regard.

- Ne dis pas n'importe quoi.

- Je me demande...

Une autre bouffée de fumée. Ginko l'imita, avec sa cigarette qui ne quittait jamais sa bouche. Adashino le savait bien, lui qui ne cessait de fixer les lèvres de Ginko quand il parlait. À l'extérieur, une pluie fine se mit à tomber, imbibant plantes et bêtes. Adashino vit un couple courir sous un arbre pour s'abriter. La jeune fille, tout sourires, s'agrippait au bras de son ami.

Un couple heureux. Adashino jeta un coup d'œil en direction de Ginko et se mit à rire.

- C'est donc impossible ?

- Tu veux te marier avec un mushi ?

Adashino haussa les épaules.

- Peut-être pas me marier, mais au moins essayer de voir ce que ça fait...

- Je crois que le sake t'est monté à la tête.

Adashino ricana, se versa une coupe pleine qu'il vida d'une traite, sans regarder Ginko. L'alcool avait un goût abominable. Il n'aurait pas dû se servir tout seul.

- Je me sens si seul...

- Trouve-toi une épouse.

- Je n'ai pas envie. C'est si ennuyeux...

Il ferma les yeux et se laissa sombrer.

***
Douce, la brise qui lui caressait la joue. Chaud, le linge qui frôlait son corps. Ou était-ce autre chose ? Adashino émergea peu à peu, sans se presser. Il se souvint de la soirée, des mots échangés qui n'avaient pas grand sens, des lèvres de Ginko quand il exhalait la fumée qui éloignait les mushi, selon ses dires.

- Ginko ? murmura-t-il sans oser ouvrir les yeux encore.

- Chut, fit la voix grave de son ami. Ne regarde pas. Ressens.

Chaud, léger, quelque chose ondulait sur son corps, à plusieurs endroits à la fois. Adashino frissonna en s'apercevant qu'il était nu. Ginko l'avait-il déshabillé dans son sommeil ? Il ne sentait rien d'autre, si ce n'est le souffle de Ginko et ces choses qui lui frôlaient la peau. Même le sol n'avait plus aucune consistance. Il paniqua. La voix de Ginko le rattrapa.

- Non. Je suis là. Tu n'as rien à craindre.

Facile à dire ! Adashino bougea les doigts, tâta autour de lui. Il ne trouva que du vide. Il voulut ouvrir les yeux, mais ses paupières étaient comme scellées.

- Pardon, dit Ginko avec une note de regret dans la voix. Tu n'auras qu'à considérer qu'il s'agit d'un rêve.

Adashino déglutit, péniblement.

- Un mushi, articula-t-il, non sans peine. C'est la marque d'un mushi.

- Oui.

- C'est ça ? C'est vrai ?

Un souffle, léger, contre son oreille. Quelque chose de chaud sortit de la bouche de Ginko, alla se loger dans le cou d'Adashino.

- Kemuri, dit Ginko. Ce n'est que de la fumée. Un mushi-fumée.

- Celle que tu souffles ?

- Oui.

Kemuri s'enroula autour du visage d'Adashino, le caressa lentement, presque avec amour. Adashino sourit, et la fumée s'engouffra pas ses narines et s'incrusta entre ses dents. Pourtant, il n'étouffait pas, bien au contraire. Il se sentait bien.

Soufflant de plus en plus fort, Ginko fit circuler Kemuri sur tout le corps d'Adashino. Sous ses aisselles, le faisant rire car il était un peu chatouilleux. Entre ses orteils, le long de son ventre. Sur ses reins, entre ses cuisses. Adashino ne put retenir un cri quand il sentit Kemuri sur son sexe, sans pudeur aucune.

- Ginko...

- Chut... C'est Kemuri...

- Mais...

Un mouvement brusque ; Ginko, près de son visage, si près qu'Adashino sentait sa chaleur. Il lui souffla sur les lèvres. Kemuri lui fit un baiser, léger, si léger qu'il s'apparentait à une brise sans conséquence.

Kemuri lécha ses tétons, la base de son sexe. Il s'insinua entre ses fesses, titilla l'entrée, comme pour en tester la résistance. Adashino tremblait si fort qu'il avait l'impression de chuter ; pourtant il restait à sa place, quelque part au-dessus du sol. Il avait perdu tout point de repère. N'existaient plus que la voix de Ginko et le toucher éphémère de Kemuri.

Quand Kemuri le pénétra, après une attente qui parut durer des heures, la douleur fut si vive et si fugace qu'Adashino hurla comme il ne l'avait jamais fait. Le plaisir vint lentement, avec la voix de Ginko. Ginko qui lui murmurait qu'il n'avait pas à avoir peur ; que Kemuri ne voulait que le satisfaire. De quoi parlait-il ? Adashino se laissa guider par sa voix plus que par les mouvements de Kemuri. Ses membres étaient comme paralysés ; il aurait tant voulu pouvoir toucher Ginko, rien qu'un peu ! Mais malgré tous ses efforts, il ne put saisir de Ginko que le timbre sourd de sa voix, un souffle rauque qui déjà s'épuisait. Kemuri s'acharnait à le pénétrer, à lui donner du plaisir et à lui infliger une douleur plus intense que tout ce qu'il avait déjà ressenti.

Et Adashino perdit connaissance.

***
Il faisait déjà nuit quand Adashino ouvrit les yeux. Il n'avait pas bougé de sa place, près de la fenêtre. Ginko était toujours au même endroit, à savourer un thé depuis longtemps froid.

- Je dois y aller, dit-il en se levant. Une longue route m'attend.

- Tu ne veux pas passer la nuit ici ?

- Pas la peine. La lune est pleine, je n'aurai aucun mal à trouver mon chemin.

Adashino ne fit pas un effort pour tourner la tête vers Ginko. C'était inutile.

- Bien. Si tu as encore d'autres objets intéressants à me vendre, n'hésite pas.

Ginko prit ses affaires.

- Au revoir.

- Oui, au revoir.

La porte se referma sans un bruit. Adashino regarda Ginko s'éloigner le long du chemin. La dernière chose qu'il vit du mushishi avant qu'il ne disparaisse au détour d'un embranchement fut le mince filet de fumée qui sortait de sa cigarette. Il baissa les yeux.

Entre ses jambes, Kemuri acheva de s'évaporer.

*round 2, mushishi, !fic

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