Not Another Hero 02

Jan 05, 2010 01:31


Note: Merci pour le(s) com(s)'. Pardon pour le retard, je n'ai rien promis, mais je m'en veux quand même. Ce chapitre est presque maudit tant j'ai mis de temps à le corriger.

La scène de famille est un peu inspirée d'un chapitre de « When a lioness fights » de l'excellente Kayly silverstorm.

Enjoy !


Précédemment dans Not Another Hero :

Je ne haïssais pas ma famille, loin de là, ils avaient pris la peine de me mettre au monde et de m’élever malgré les déceptions, même s’ils me le rappelaient trop souvent. Je ne la haïssais pas, pas encore. Cela viendrait, le fil était ténu entre l’amour et la haine, et ne demandait qu’à se rompre, comme je savais qu’il le ferait à ma prochaine incartade.

J’avais tout juste quinze ans, et je m’y attendais. Simplement pas si tôt.

Ce fut Ted, une fois de plus, qui ouvrit le premier le chemin de la déchéance.

Chapitre deuxième : Où l'intelligence est un défaut, où l'on découvre des secrets, où l'on se félicite à tord et à raison.

Le jour de mes quinze ans, alors que la soirée avançait, nous étions remontés ensemble, Ted et moi, dans les branches de l’arbre, nous protégeant cette fois-ci plus des oreilles indiscrètes que de la chaleur du soleil. Dissimulés par le feuillage, nous discutions tranquillement en nous caressant discrètement, qui la peau d'une cuisse, qui la cambrure d’un dos, qui des lèvres et qui plus encore. Il murmurait à mon oreille les secrets les plus banals et je les commentais sur le même ton, avant d’inverser les rôles. Parfois un gloussement lui échappait, mais il semblait ailleurs, dans ses pensées. J’en su finalement le contenu, je n’avais pas eu à le lui demander, je savais qu'il finirait par me dire ce qui le tracassait, comme toujours.

Il s’était penché une fois de plus vers moi et avait chuchoté, rougissant, la raison de son trouble.

« Tu sais, Albus Severus, j’ai rencontré quelqu’un. »

La fin d’un monde.

Ce quelqu’un avait rendu Ted complètement dingue. Il savait lui faire l’amour comme personne, ne lui avait jamais demandé de prendre telle ou telle apparence pour satisfaire un fantasme, chose dont mon ami avait horreur, lui qui changeait seulement ses cheveux ou ses yeux en fonction de son humeur, d’ailleurs, ce bleu outremer aurait du m’alarmer. Lorsque sa chevelure prenait la couleur turquoise d’un ciel qu’on ne verrait jamais dans nos contrées, il était heureux, bien souvent trop à mon goût. Le quelqu’un, copié par Ted, avait les cheveux et les yeux d’un noir profond mais un peu sec, une bouche aux lèvres fines et un visage sévère où pointait malgré tout un petit nez mutin. Ses doigts étaient longs, sourit-il d’un air coquin, et il était « intelligent » partout. Il était grand et mince, le goût de Ted pour les maigrichons n’étant plus un secret pour moi, le premier d’entre tous. Il l’appelait par son prénom, pas Teddy comme le faisaient trop souvent mes oncles et tantes, pas Lupin ou Tonks, juste Ted. J’avais en commun avec mon presque cousin une aversion pour les diminutifs encore plus prononcée que celle que nous ressentions envers nos prénoms de baptême.

Cet être parfait se nommais Justus. Il avait fait ses études à Durmstrang avant de revenir au pays de ses racines. Ted m’abreuva de détails inutiles sur sa rencontre avec l’amour de sa vie, quand il était entré chez l’apothicaire pour un avis et était tombé sur son successeur, plus âgé de quatre ans que l’apprenti Auror. Lorsqu’il me décrivit la langue perfide et habile du vendeur et préparateur de potions, j’eus une pensée émue au fondateur de ma maison - les fils et filles de Salazard gouverneraient le monde, après tout. Cette langue acérée avait manié les mots pour rabaisser un peu mon arrogant ami, puis pour l’aguicher, et enfin l’embrasser. Lorsque Ted avait enfin émergé d’entre deux chaudrons, bien trop près à son goût d’un couteau à éviscérer, le loyal et séduisant Auror s’était presque jeté aux pieds nus du très brun Justus pour lui demander de l’épouser. Il avait autant pris son pied qu’avec moi - pas mal pour une première fois, et cette fois-ci était libre de toute culpabilité excepté celle de se débaucher sur ses heures de travail. Justus avait ricané et ne cessa de le baiser que lorsque manqua le lubrifiant hypoallergénique de Ted, que son amant n’avait pas en stock.

Depuis ils filaient le parfait amour. Si Ted avait rapidement constaté que les mots « mariage » « épousailles » ou « noces » exerçaient sur le brun venu de l'est un pouvoir aphrodisiaque, il était devenu de plus en plus sérieux dans sa demande, jusqu’à ce qu’ils aient, enfin, une conversation sérieuse sur leur relation. Gouverné par ses envies, suivant comme toujours trop son cœur et, depuis peu, son pénis, Ted occultait quelques détails. Sa fiancée, cette emmerdeuse, était toujours première de la liste. Justus avait accepté de parler de lui à sa mère et de la lui présenter si et seulement si mon ami était prêt à lui montrer la preuve de son sérieux. Engagement pour engagement, il ne le reverrait que quand il serait prêt à demander officiellement à la mère de Justus la main de son fils. Pour la protéger, disait l’apothicaire, mais aussi préserver son propre cœur, c’était ce qu’il attendait de Ted Lupin. Il n’attendrait pas trois ans qu’il soit suffisamment indépendant pour affirmer ses propres positions face à sa famille. L’apothicaire brun avait à peine consenti à patienter jusqu’à la fin du mois de septembre, qui marquerait la fin des stages et l’entrée de l’Auror dans la vie active.

Il exagérait, informai-je Ted. C’était plus qu’un ultimatum à ce niveau là ! Il demandait au métamorphomage de se mettre en froid avec sa famille, sans doute ses amis, et de ruiner sa carrière à venir juste pour lui ? Pour pouvoir lui présenter sa mère… Toute cette histoire puait l’embrouille et le secret de famille. Il voulait que Ted se risque à tout perdre pour lui. C’était cruel.

C’était brillant.

« Jette tout, je te dis tout, épousons-nous. » À mourir de rire. Soumettre un homme, l’amener plus bas que terre pour votre personne et une ou deux promesses avait en son temps été la façon de faire de Voldemort, et celle de Dumbledore. L’enjeu n’était pas le même mais… Je confirmais ma position, Justus aurait pu être le roi des Serpentards s’il avait fréquenté l’école. Pourquoi ne l’avait-il pas fait d’ailleurs ? C’était un secret de plus. Ça commençait à faire beaucoup.

Tout cela je le dis à Ted. Une petite voix emprunte de perfidie insinuait au fond de moi que j’étais plus embêté par l’occlusion de ma « sortie de secours » et la perte de mon « régulier » que par l'idée de compromettre le futur de mon ami aux cheveux bleus, mais je l’ignorai. J’aimais sincèrement Ted, la seule personne vraiment fréquentable de ma famille, sans doute parce qu’il n’en faisait pas tout à fait partie d’ailleurs. Je n’aurais jamais pu faire ma vie avec lui mais rien ne m’empêchait de lui souhaiter tout le bonheur du monde. J’accédai donc à sa demande d’aide, à condition de pouvoir faire les choses à ma manière.

Décidés, nous glissâmes à bas de l’arbre aux branches solides pour nous introduire nonchalamment à l’intérieur de l’ancienne mais plus si noble maison des Black. La salle de bal était la seule assez grande pour accueillir tous les membres de la tribu Weasley et apparentés. Je fronçai les sourcils en réponse aux regards renfrognés qui nous accueillirent. Ah, j’avais oublié. On fêtait mon anniversaire. La nuit était presque tombée, mais on ne pouvait commencer à se sustenter avant l’invité d’honneur, voyons, et Ted et moi étions un peu trop bien cachés dans notre arbre, quelle cruelle désillusion pour cette bande d’estomacs sur pattes. Tante Hermione me regardait l’air vaguement réprobateur, un sourire amusé lui faisait briller l’œil chaque fois qu’elle tournait son regard vers son ex-mari. Oncle Ronald, justement, était vert de rage, et de son estomac s’échappaient périodiquement les cris d’une faim douloureuse. Granny, en bonne matriarche, m’accueillit avec un grand sourire et invita Ted à prendre place à mes côtés.

Je fixai mon frère et ma sœur d’un air narquois en me servant tranquillement, commençant enfin le repas que je finirais de toute façon trop vite au goût de ma mère. Elle souhaitait que je me remplume mais même si je me trouvais moi-même trop filiforme, je ne pouvais ni répartir ma graisse excédentaire dans des endroits biens placés comme ma sœur, ni dépenser, comme James sur son balai, toutes les calories qu’elle me ferait ingurgiter si elle avait seulement son mot à dire.

Le plat principal terminé, je déballai mes cadeaux sans grand enthousiasme. J’étais l’exception à la règle selon laquelle tout petit garçon, adolescent ou même adulte du monde sorcier était fan de Quidditch, et mes oncles n’appréciaient pas réellement de devoir faire un effort, surtout pour moi. Après que j’eus refusé de quitter Serpentard, à onze ans, je reçus d’un de mes oncles - Ron, sans doute, même si les cadeaux ne portaient pas son nom - un livre sur l’adoption, Méthodes sorcières et moldues pour retrouver ses géniteurs. J’aurais aimé que la réaction de mon père soit un peu plus violente qu’un sourire indulgent, j’aurais voulu ne pas voir le sourire amusé de ma mère. J’aurais préféré être le fils d’Hermione, effectivement, leur dis-je, attirant encore plus sur moi la rancune du tout juste divorcé Ron, elle au moins semblait intelligente. Bref, depuis je reçevais des babioles inutiles à chaque occasion, et retournais à peine la pareille.

Le gâteau était une réussite et seules l’habituelle couronne de fraises et le glaçage à la framboise de cette merveille légèrement chocolatée me donnaient une perspective d’espoir, d’autant plus qu’il annonçait souvent la fin de la soirée. Malheureusement, avec le nombre de goinfres que comptait ma famille, je ne pouvais jamais garder une part pour la finir seul, tranquille dans ma chambre, soi-disant que toute fête se devait d’être conviviale. Au diable la convivialité, et qu’il emporte les invités !

J’empêchais d’une main gracieuse mais ferme une nouvelle part d’atterrir dans l’assiette de l’ex-mari de ma tante préférée - Ronald, pour rappel - quand Ted choisit de faire son annonce. Enfin annonce… C’était quelque chose du genre « Oh Oncle Bill, Tante Fleur, je vais annuler mes fiançailles avec Victoire, c’était bien, mais je suis férocement homosexuel et je me suis trouvé quelqu’un d’autre. Vous reprendrez bien une part de gâteau ? » Celui qui aurait dû être son beau père eut le temps d’avaler trois bouchées de mon gâteau quand l’absurdité loufoque de l’information lui parvint au cerveau. Tout à son crédit, s’il déglutit difficilement, pas une once de crème ne s’échappa de sa bouche. Sa femme l’avait bien dressé après tout. Ted ne savait pas la chance qu’il avait d’échapper à cette furie… Ou peut-être que si, justement.

Les autres Weasley ne se montrèrent pas aussi bien élevés. Un océan de bouches ouvertes s’ouvrit à la vue du métamorphomage, et j’hésitai entre rire et vomir, avant de me contenter de rester neutre - je tenais à garder mon gâteau pour moi dans sa totalité.

Le silence se brisa quand une tête à la chevelure bleue se précipita au sol, entraînant la chaise contre laquelle elle était appuyée, dans une tentative d’esquiver le poing de l’Oncle Bill, terrifiant dans son explosion de fureur. Sa femme avait perdu sa beauté légendaire et montrait deux rangées de dents pas tout à fait humaines. Des marmonnements dégoutés s’élevèrent de part et d’autre de la salle de bal. Bill serrait à présent son ex-futur-gendre-bientôt-mort à la gorge d’une poigne telle qu’on pouvait se demander à quel point la pleine lune était proche, et ledit cadavre-en-devenir assortissait progressivement la couleur de son visage à celle de ses cheveux. Il était étonnant de remarquer à quel point le bleu-asphyxie pouvait jurer dans le décor rouge et or de la pièce.

Ted était presque mort, son cavalier entra en scène, armé d’une voix forte, masculine et méprisante. La mienne.

Il n’eut pas à feindre la surprise, la déception et la trahison au fur et à mesure que le fiel se déversait de ma bouche. J’insultai la petite tapette qu’il était, le dépravé, l’immoral, le traître à sa famille - celle là elle était pour moi. Je continuai mon discours intolérant en poursuivant sur d’autres sujets, comme quoi j’aurais presque compris qu’il eut préféré une femme normale à défaut d’une créature hybride, que j’aurais même compris s’il avait choisi une Asiatique, que j’aurais peut-être accepté une Noire, tant qu’elle n’était pas en plus moldue, mais un homme, c’était…

La gifle d’Oncle Bill m’avait coupé dans mon élan. Les membres de ma famille me regardaient d’un air horrifié, le regard plein de dégoût et d’aversion pour ma personne. Mon oncle me passa un savon de sa voix de stentor, un savon comme jamais je n’aurais pu en imaginer même dans mes pires cauchemars. Tout y passa, ma conduite inqualifiable, mes idées dignes de Serpentard, crachouillait-il, la honte que j’apportais à la famille, et surtout mon intolérance. Mon rejet, par mes paroles, de toute sa famille - de Vélane en Loup, l’hybridisme était de rigueur - de ma belle-sœur Angelina, des parents d’Hermione, et de Ted qui, s’il n’appartenait pas tout à fait à la famille, aurait dû en être tant il lui faisait honneur par son engagement et son courage, Ted qu’il avait cru être mon meilleur ami et que je trahissais pleinement, qui n’avait rien fait de mal, rien choisi, à qui il n’en voulait pas, lui.

Je lui rétorquai qu’à l’entendre quelques minutes plus tôt, on en aurait douté.

Il n’avait pas à se justifier, et il était simplement déçu de ne pas le voir entrer dans la famille et inquiet pour Victoire, mais pas aussi intolérant que le vil reptile que j’étais. J’insistai, demandant à mon Oncle s’il ne risquait pas de regretter ses paroles hypocrites et il me hurla que tant que sa fille ne disait rien, il ne s’opposerait pas à leur séparation et soutiendrait le jeune homme dans tout ce qu’il entreprendrait, suivi unanimement par tous les membres de la famille.

La voix douce et lente de Victoire, ancienne bègue un peu bébête, ramena le calme sur la pièce. La séparation ne lui posait pas de problème. Elle était charmante, on était charmé, on l’écouta.

Je me dégageai d'oncle Bill d’un coup sec, m’approchant d’un pas décidé de la sortie de la pièce - et me rapprochant de Ted. Je levai le bras, comme pour lui porter un coup.

Je dépliai les doigts, et ma paume claqua contre la sienne.

Yeah.

Lorsque nous en discutâmes quelques jours plus tard, il me dit qu’il devrait me casser la gueule, mais son sourire était tellement grand que j’en avais mal pour lui. Mon petit stratagème avait marché au-delà de toutes ses espérances. Il avait vraiment cru que je lui tournais le dos, et cela me blessa un peu. J’étais capable, je le savais, de le laisser tomber plus bas que terre si ça me permettais de m’en sortir, et le réaliser me fit plus mal que le fait qu’il en ait conscience. J’avais un peu honte de moi.

Je coupai court à ses remerciements. Ce plan n’aurait pas dû marcher. D’abord, je n’y étais pour rien si Victoire était aussi indifférente à leur avenir commun qu’au reste du monde, ni si la grand-mère Andromeda était prête à se couper de toute la famille, si c’était nécessaire, pour permettre à son petit-fils d’être heureux, et qu’il lui importait peu que son bonheur se trouvât auprès d’un homme, d'une moldu ou d'un centaure. Ted s’en voulait de n’avoir pas su à quel point sa grand-mère l’aimait pour lui, et pas à cause des fantômes du passé. Il était heureux de l’avoir découvert.

J’étais aussi amer. Ce plan n’aurait vraiment pas dû marcher, même si je savais qu’il fonctionnerait. La rancœur m’envahissait rien que d’y penser. Plus que de mettre en jeu l’avenir de mon meilleur ami, j’avais également mis mes sentiments en balance. J’avais parié que ma famille me faisait assez peu confiance, avait tant honte de moi qu’elle se dresserait contre moi, quelle que fut ma position. J’avais joué sur leur mauvaise opinion, sur le fait qu’ils me pensaient capable de proférer de telles horreurs et de les croire.

J’avais parié, et au fond de moi je sentais que j’avais perdu.

Bah, Ted vivrait heureux maintenant, cette victoire là était immense. Son sourire se fana un peu lorsqu’il se rendit compte qu’il devait se rendre avec Justus chez sa mère dans quelques secondes. Il transplana si affolé que je crus qu’il se désartibulerait.

Le soir même, il me revint, pâle comme un linge, les cheveux grisâtres et les yeux hagards.

C’était du putain de secret de famille.

Ted me raconta la voix tremblante combien il était nerveux en rejoignant Justus à quatorze heures. Le brun avait répondu à son message en se rendant au rendez-vous, et mon ami fut heureux de lui annoncer qu’il avait rempli sa part du contrat. Justus avait semblé réticent mais avait tenu sa promesse. Il avait escorté son futur fiancé jusqu’à l’immeuble où il vivait, juste à côté de l’appartement de sa mère, dans le Londres moldu. Mon ami avait soupçonné quelque chose en se rendant compte que le couloir percé de portes en bois sombre lui semblait un peu trop familier. Il était déjà venu chez Justus, mais chaque fois en transplanant directement dans hall d’entrée, pas par l’extérieur.

Justus avait sonné à l'unique appartement du pallier, se mordant la lèvre inférieure, et ce fut Tante Hermione qui lui ouvrit.

À ce stade de l’histoire, j’avais dubitativement haussé un sourcil, et Ted était littéralement vert - oui, il savait aussi changer la couleur de sa peau.

Justus s’était avéré le fils de Tante Hermione. Un fils illégitime, quoi qu’elle ne soit plus mariée maintenant. Le frère de Rose, qui n’en savait rien et le prenait simplement pour le voisin un peu désagréable qui s’occupait d’elle dans la journée, quand elle passait les vacances chez sa mère. On comprenait plus aisément pourquoi elle ne s’était pas battue pour la garde de sa fille, acceptant que Ron s’occupe de la rousse qui n’avait alors que neuf ans, pour prendre un peu soin de son fils encore à Durmstrang.

Ce faisant, elle s’était attirées les foudres de ses deux enfants, Rose, délaissée et Justus, qui lui en voulait encore de l’avoir abandonné à l’époque, et de ne pas l’avoir repris avec elle à la mort de son père. Oui, Justus faisait partie des nombreux orphelins de la guerre qui fit rage à la fin du vingtième siècle dans l’Angleterre des sorciers. Son père, auquel il ressemblait d’ailleurs beaucoup, était mort le soir de la dernière bataille, laissant son fils de presque quatre ans orphelin. Ce dernier fut élevé par ses grands parents maternels, de moins en moins visités par sa mère. Elle était jeune, avoir un enfant à quatorze ans ne faisait pas partie de ses projets, et si elle avait été plus ou moins obligée de le mettre au monde, elle ne se sentait aucun devoir supplémentaire par rapport à lui. De plus, élever Justus l’obligerait à révéler son existence à ses amis et au monde sorcier, le mettant en danger, et la forçant à dévoiler les circonstances de sa conception.

Aucun Gryffondor n’aurait accepté qu’elle ait porté l’enfant de Severus Rogue.

L’ironie de la vie est sans commune mesure. Mon père avait choisi mon second prénom en hommage à un héros qu’il croyait mort sans descendance, et le nom de ce héros serait perpétué - ou pas - grâce à sa meilleure amie… D’ailleurs Hermione s’attendait à ce que je garde ce secret pour moi, tant que cela serait possible, insista Ted, puisqu’elle n’était pas dupe du fait que je serais rapidement au courant. D’ailleurs elle me félicitait de mon stratagème l’autre jour, elle-même était stupidement tombée dans le panneau, même si elle s’était remise plus vite que les autres.

Quelle merde épouvantable…

Il était compréhensible que Justus ait attendu avant de se dévoiler à mon ami. Des secrets qui le dépassaient de beaucoup dépendaient de la confiance qu’il pouvait avoir en Ted. Ted qui ne parlerait pas, c’était sûr, mais qui était parti, hésitant, directement après son entretien avec Hermione. Il avait besoin de digérer la révélation avant d’adresser la parole à Justus…C’était ce qu’il croyait.

Je lui dis que quitte à ce que ces secrets lui restent en travers de l’estomac, il devait parler à Justus. Qu’il ne croit pas mon cousin un de ces sang-purs imbéciles, prêts à le laisser tomber pour être né bâtard. Justus avait besoin de savoir que ce qui gênait Ted n’était pas la parenté de son amant, mais le choc de la découverte. Ted devait lui dire le plus important de tout ça : les sentiments qu’il éprouvait pour lui et qui n'avaient pas changé.

Il repartit chez son amant aussi vite qu’il l’avait quitté.

Je rencontrai Justus quelques jours plus tard.

Le portrait métamorphomagé du jeune homme que m’avait fait Ted était singulièrement en dessous de la réalité. Justus Prince, comme il se faisait appeler, avait bien sûr les cheveux et les yeux noirs, tenait de sa mère deux formidables cadeaux (un cuir chevelu sans séborrhée ; un nez fin et mutin). Mais le plus saisissant chez lui était sa prestance. Justus irradiait d’une classe folle qu’il tenait de son père comme me le dirait Hermione un peu plus tard. Son grand corps mince et pâle rehaussé de robes d’un noir profond, son maintien impeccable et l’élégante envolée de cape chaque fois qu’il quittait une pièce… Tant de charisme ne se trouvait pas chez le commun des mortels. Je compris plus aisément pourquoi Ted avait succombé au premier abord.

La conversation de Justus était agréable et sa voix profonde et chaude. Il souhaitait me rencontrer pour parler de Ted, bien sûr. Il voulait en savoir un peu plus sur lui, différemment, comprendre les liens qui nous unissaient depuis l’enfance, et en savoir un peu plus sur le neveu préféré de sa mère - moi. Comme m’y avait incité mon ami, je répondis sincèrement à ses questions, n’hésitant pas à lui en poser d’autres.

Il m’avoua honnêtement qu’il trouvait notre histoire bizarre et s’attendait à combattre un rival en ma personne, tout en étant sûr de remporter la partie puisque Ted était l’amour de sa vie. Rien que ça. Il me trouva drôle dans mon cynisme et me remercia d’avoir pris soin de son fiancé tout ce temps. Il me montra la bague qu’il comptait lui offrir, un anneau simple et solide en argent massif qui se transmettait de père en fils dans sa famille maternelle. Justus me confia ses hésitations quant à lui offrir un bijou pas magique pour un sou, vieux, un peu usé et irréversible dans sa forme contrairement aux joyaux sorciers, mais je le rassurai. Ted était un métamorphomage conservateur, il aimait bien les vieilles choses et les traditions qu’Andromeda n’avait pas tout à fait renoncé à lui enseigner. Il n’aimait pas que, sous prétexte qu’il pouvait modifier son corps à volonté, on puisse penser qu’il était versatile et qu’il ne se satisferait que d’objets, sentiments ou relations inconstants à son image.

Une bague immuable était un très bon cadeau. En plus, ça ferait plaisir à sa mère, et montrerait au monde entier à quel point il était sérieux - un sorcier n’offre pas une bague de fiançailles à n’importe qui.

Je pus féliciter Ted plus chaleureusement quand je le revis, la bague au doigt. Il semblait lutter pour empêcher son sourire de faire trois fois le tour de son visage, ce qui ne lui était pas impossible. Ses cheveux étaient d’un rose vif, une horreur, et ses yeux brillaient. J’aurais déjà repris les cours quand il le présenterait à son parrain et sa grand-mère, ce qui n’était pas forcément plus mal. Connaissant mon père, il ne ferait pas le rapprochement, et Ted informerait sa grand-mère du « problème » avant la rencontre, pour éviter un esclandre. Je me désolais simplement de ne pas voir la tête de mon père quand il découvrirait que son fils s’était trouvé un filleul qui ressemblait à Rogue.

Le premier septembre, je pris le train le cœur léger.

J'espère que vous avez apprécié!

not another hero, fanfic, harry potter

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