Not Another Hero 01

Dec 25, 2009 18:31

Histoire où un personnage doué de raison s'égare sur des chemins bien peu recommandés.

Disclaimer: Une fois pour toute, les personnages et les lieux ne m'appartiennent pas, sauf exception, et ont été créés par J. K. Rowling. L'utilisation que j'en ai est à but purement récréatif et non lucratif.

Dédicace: À Myschka, une excellente auteure qui ne lira sans doute jamais cette fic, à Justine, une très jolie jeune fille qui ne lira etc., à Clo et Loua, comme toujours. À moi, parce que personne ne m'en fera. À vous, aussi.

Note: Première fic à chapitre terminée, première fanfic depuis une éternité... J'espère sincèrement que vous apprécierez ce document. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, bons ou mauvais. J'essaierai de publier régulièrement mais je ne peux rien vous garantir. Ce premier chapitre est assez court, j'espère qu'il n'est pas trop lourd. Passez un bon moment!

Chapitre premier : Où l'on fête un anniversaire et présente des personnages.

Le jour de mes quinze ans, je perdis un peu plus de mes illusions sur le monde dans lequel je vivais. J’étais né en juillet, ainsi ma famille profitait chaque année de l’occasion pour réunir tous ses membres, de ma grand-mère Molly à ma petite sœur Lily. Au fur et à mesure que les années étaient passées, je rechignais de plus en plus à servir de prétexte aux adultes pour se retrouver et commenter de façon plus ou moins fière les prouesses de leur progéniture. D’année en année, mon père se faisait plus fier de James, promu cette année capitaine de l’équipe de Quidditch de Gryffondor, ma mère se rengorgeait sous les félicitations à propos de Lily, chaque jour plus jolie et intelligente. Elle était à Serdaigle, c’était normal, faisait Ginevra Potter, faussement modeste, la petite ressemblait à la grand-mère qu’elle n’avait pas connue, avec sa longue chevelure auburn, ses yeux du même vert lumineux que son père, sa grâce naturelle et déjà plus si enfantine. James l'attrapeur peinait tout de même un petit peu à rattraper les points perdus face à sa cousine Rose, gardienne de Serdaigle - et pas féminine pour un sou, contrairement à elle-même à son époque, persiflait ma mère.

Mon cousin Ted entamait avec succès une carrière d’Auror, comme on aurait pu s’y attendre, connaissant son parrain, d’ailleurs James l’admirait tellement, et oh comme Andromeda devait être fière de son petit-fils, modèle de toute une génération, talentueux, gentil, amoureux et fiancé à ma cousine Victoire. Cette même cousine qui travaillait comme gratte-papier au ministère avant de poursuivre la tradition des femmes Weasley : se marier, vivre heureuse dans son foyer et avoir beaucoup d’enfants. Un destin de femme qui me faisait un peu pitié pour elle, qui aurait pu devenir tant d’autres choses qu’une mégère obèse et castratrice quand elle aurait trente-cinq ans. Bah, Ted était un peu plus ouvert que les autres hommes de ma famille, à laquelle il n’appartenait pas directement, comme le rappelaient mes oncles à chaque incartade du jeune métamorphomage, alors qu’ils étaient fiers de le dire des leurs chaque fois qu’un commentaire élogieux retentissait en public. Après tout, avec son superbe modèle paternel, mon propre père, Ted ne pouvait que faire honneur à sa future famille… C’était à vomir.

Je plaignais ce pauvre Ted, avec qui j’avais beaucoup en commun. Il était le premier de notre génération, et lui non plus n’était pas allé à Gryffondor, ouvrant la voie à la deuxième déception de la famille - moi. Poufsouffle n’était pas une mauvaise maison, et c’était toujours mieux que d’être à Serpentard, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ? Ted non plus n’avait pas le droit à l’erreur, il était l’héritier de deux héros de notre monde, Nymphadora et Remus Lupin, et portait le nom de son grand père mort en martyr, un de plus. Je regrette souvent le penchant de nos parents pour l’honneur des morts, lourd à porter pour les vivants. Mon père aurait pourtant dû le comprendre, le poids des morts et l’espoir des vivants, le jugement de la société dans chacun des regards, les attentes, toujours, si dures à satisfaire, il avait déjà vécu tout cela mais cela n'avait pas suffi à nous éviter le même fardeau.

En ce 20 juillet nous fêtions donc ma naissance, le jour où pour la première fois je déçus mes parents. J’étais arrivé onze jours en avance, trop tôt pour un double anniversaire, j’aurais pu être un Lion, je n’étais que Cancer. Cela ne me déplaisait point, mais… Ils avaient été déçus. J’aurais dû naître un 31. Comme mon père.

Mon apparence, au moins, les satisfit un temps. Mes yeux verts comme un crapaud frais du matin, mais non, d’un bleu-vert pourtant pas si banal, mes cheveux noirs comme une aile de corbeau, qui respectaient la tradition de désordre des mâles Potter, mon nez, un peu plus mutin que celui de mon père, mes quelques tâches de rousseur… Beaucoup de similarités, pas assez de différences pour éviter les commentaires sur notre fantastique ressemblance, à mon père et moi, et les attentes, toujours, qui allaient avec. J’étais né petit, je l’étais resté tout au long de ma croissance. Avec condescendance, mon père me disait que comme lui, j’aurais une poussée tardive, et j’arriverais à une taille honorable. J’avais quinze ans, la poussée tardait à venir. Je sentais que je resterais le seul nain de cette tribu de géants roux et bruns. Même physiquement j’affirmais de plus en plus ma différence. Mes cheveux trop longs pour ma mère prenaient des reflets roux au fur et à mesure que l’ensoleillement se prolongeait. Je les attachais peu souvent, pour éviter les comparaisons avec le catogan qu’arborait Oncle Bill dans sa jeunesse. Il avait un peu honte de sa pilosité à présent, le pauvre. Sa mère prenait la coupe de ses cheveux comme une grande victoire de l’ordre Weasley sur la débauche vestimentaire. Quant à moi, je résistais encore, ma demi-queue m’attirant les regards mauvais de ma mère, mais j’étais heureux d’avoir fait abdiquer le style « nid d’oiseau » qui régnait depuis des générations dans la branche paternelle.

Le jour de mes quinze ans, disais-je donc, j’étais assis dans l’herbe, à l’ombre d’un arbre dans lequel Ted était monté pour s’éloigner un peu de la foule familiale. Assis sur une branche basse, il surveillait d’un œil discret ses cousins qui jouaient au Quidditch, râlant les uns sur les autres, suant, puant sur leurs balais. D’une oreille attentive, il m’écoutait fredonner une chanson quelconque, de celles qu’on n’entend pas à la radio. Mon murmure vaguement musical se tarit quand quelques éclats de voix nous parvinrent de la table des « adultes ».

On parlait de James, ce qui ne me préoccupait que peu d’ordinaire, mais les rires condescendants de mes oncles avaient été couverts par une exclamation dégoûtée de ma mère. Je compris qu’il était question de Dwayne Corner, un des batteurs de Gryffondor, qui avait, me semblait-il, fait une déclaration à mon frère aîné. Oncle Ron rassurait son unique sœur sur le fait que jamais son fils ne s’intéresserait à celui qui devait n’être qu’une tapette efféminée, Charlie s’étonnait qu’on l’eut gardé dans l’équipe, et mon père justifiait l’excellence difficilement remplaçable du sixième année, et le ramollissement de la légendaire intransigeance de la directrice McGonagall. Ma mère continuait à se complaire dans un faux désespoir, et si il s’approchait de son fils, et si il le harcelait, pourvu qu’il ne le contamine pas, et quel exemple une école était-elle censée donner à des enfants… Une crise de larmes la secoua quand Tante Hermione lui rappela que le grand Dumbledore lui-même était à la fois homosexuel et un très grand sorcier et ma mère se lamenta sur mon prénom. Tante Mione, exaspérée, quitta la table pour se rafraîchir, s’attirant les persiflages des frères de son ex-mari, qui lui demandèrent pourquoi, déjà, on l’avait invitée.

Après un regard de sympathie à ma tante préférée, je relevai les yeux vers Ted qui me souriait, tristement complice. Je lui envoyai une grimace loufoque et il rigola tant et si bien qu’il tomba de son arbre. Il se vengea sur les chatouilles, effleurant parfois, discrètement, ma peau pâle qu’il connaissait bien.

J’avais presque treize ans quand il avait commencé à me caresser de manière plus poussée que la morale l’autorisait. J’étais encore plus petit qu’aujourd’hui, maigre et maladif depuis mon enfance. Il était le populaire préfet de Poufsouffle dont les yeux violets et les cheveux jaunes, quand lui prenait une envie de classicisme, faisaient le succès auprès de nombreuses demoiselles. Mes parents étaient en weekend à Saint-Petersbourg, James et Lily dormaient chez des amis, et ils ne pensaient pas pouvoir me laisser seul, ne me faisant plus confiance à cette époque. Ted m’avait donc surveillé. J’avais amorcé la discussion en lui demandant d’un ton faussement naïf pourquoi il semblait moins heureux en présence de Victoire, qui lui semblait destinée depuis des années, que lorsqu’il était seul, même sans ses nombreux copains et admirateurs.

Il s’entendait mieux avec moi qu’avec James depuis bien longtemps, et je le préférais à mon grand frère, aussi n’eut-il que peu de scrupules à m’expliquer la chose. Il était un peu gêné, certes, mais ne semblait pas craindre ma réaction. Ça faisait bien longtemps qu’on ne m’avait pas accordé autant de crédit, aussi je fis tout pour comprendre. Qu’il n’aimait pas les femmes autant que les hommes, qu’il ne pouvait se résoudre à avoir des relations aussi poussées avec sa cousine et qu’il sortait plus avec elle parce qu’on s’y attendait que parce qu’il le voulait. Il me fit comprendre presque à demi-mot qu’il avait entourloupé la belle en lui faisant croire qu’il la désirait pure la nuit de leur mariage, et se fourrait discrètement entre toutes les cuisses qui voulaient bien l’accueillir, pourvu qu’elles fussent surmontées d’un pénis. Je lui dis que je comprenais, que j’étais pareil, et il me jeta, moqueur, que j’étais un peu jeune pour pratiquer, quand même.

Il se pencha sur moi, dans le but de m’effrayer, mais je ne reculai pas. Ni ce soir là, où il se contenta de partir avec un air étrange, pensif, ni quelques semaines plus tard, lorsqu’il resta dormir au manoir Potter et ne finit pas la nuit dans son lit. Nous passâmes tranquillement des baisers au coït, mais avant la rentrée, cette année là, nous eûmes une discussion. Il n’était pas tranquille. Il adorait ce que je lui faisais, mais haïssait l’idée de s’imposer à moi. Il savait qu’on jugerait bien vite le préfet de sixième année et le gamin encore à deux ans des BUSEs, et quand bien même je le rassurai, il me fit comprendre qu’il souhaitait mettre fin à nos… entretiens.

Il ne mit pas trois mois avant de me revenir.

J’étais toujours trop jeune, il risquait toujours la prison à me peloter ainsi, mais ça nous faisait du bien à tous les deux. Il n’était pas exclusif, et même si aller voir ailleurs, comme il l’avait fait pendant notre « rupture » le laissait souvent déçu, il n’hésitait pas à recommencer, et s’était assuré que je ne le prendrais pas mal. J’étais moi aussi heureux que nos relations ne fussent pas sérieuses. Je me projetais plus que lui dans l’avenir, et je doutais que nous puissions faire accepter pareille abomination à ma famille. Je compris finalement qu’il ne quitterait pas Victoire. Il était à Poufsouffle, certes, mais pas stupide pour autant. Il était loyal à ma famille et plus encore à ses idéaux, il savait qu’il pourrait faire carrière plus facilement avec l’appui d’un Potter qu’avec son opprobre. Il disait en riant que ma fourberie légendaire l’avait contaminé et ensuite il me baisait. J’étais son régulier, il était mon premier, et nous nous plaisions dans notre débauche.

Depuis qu’il avait quitté l’école, nous nous voyions bien moins, mais les weekends à Pré-au-Lard avaient pris une toute autre… dimension. J’avais tâté des muscles de l’Auror, il avait glissé ses mains dans mes cheveux, taquiné ma minceur de ses lèvres et admiré ma fin de puberté d’un air lubrique. Il repoussait son mariage avec Victoire à la fin de ses études, officiellement histoire d’assurer un avenir stable à la fille de Vélane, et officieusement en espérant la larguer gentiment une fois installé là où la renommée de sa famille ne pourrait plus permettre de lui nuire. Il ne me disait pas qu’à ce moment là, il saurait prendre soin de moi si je le désirais, mais j’étais heureux de voir une issue de secours se profiler à l’horizon. Même si nous ne ferions jamais notre vie ensemble, il m’était reconnaissant d’avoir au moins un allié dans la place, et comme toute personne un tant soit peu intelligente, j’aimais assurer mes arrières - ça, il le faisait très bien.

C’était le sens de notre regard entendu, nous savions qu’aussi forts soient les cris de dégoût des adultes, le rire moqueur de James et la mine effarée de Lily, ce soir, nous nous enfoncerions l’un dans l’autre avec luxure et provocation.

Un autre éclat de voix me sortit de mes pensées. La conversation des adultes avait dévié sur moi à présent. On s’inquiétait avec condescendance, on parlait de mes camarades avec mépris, on niait que je puisse avoir une raison d’être ce que j’étais. Dans la lignée de leur dégoût des homos, on cita mon nom et mère s’exclama, oh, mon Dieu, il ne manquerait plus que ça. Dégoûté, je me levai, frôlai la table de leur assemblée bien-pensante, et m’enfermai dans les toilettes. Le silence qui me suivit pesait plus de gène que de remords.

Forcément. Depuis bientôt quatre ans que j’avais fait ma rentrée à Poudlard, chaque évènement louche, chaque problème, chaque dispute était mise sur mon dos. James tombait de son balai, c’était ma jalousie qui l’en avait poussé. Lily ratait un Optimal de peu, je l’avais distraite. Mes parents se disputaient, c’était toujours à mon sujet, ma faute en quelque sorte. Forcément. Je les avais déçus de façon irréversible ce jour là et j’étais depuis le mouton noir de la famille. La répartition de Lily, l’année suivante, était passée comme un hibou dans une volière. Après tout, elle n’était pas une copie ratée du sauveur de l’humanité. Je ressemblais moi-même trop à mon père pour qu’on me pardonne ce faux pas.

Harry Potter était un orphelin maltraité, il n’avait pas grandi entouré d’amour, il ne connaissait rien du monde sorcier, il n’était pas le modèle de sa sœur, l’espoir de ses parents, la faiblesse de son aîné, il était arrivé seul et perdu à Poudlard, mais contrairement à moi, il avait su éviter cette erreur. J’en étais d’autant plus impardonnable.

J’avais tout juste onze ans, cette année là et j'avais déjà volé un peu de la gloire du Sauveur de l’humanité, de la célébrité de l’ancienne joueuse des Harpies de Hollyhead, j’avais éclipsé la répartition de ma Serdaigle de cousine, pour faire moi-même la une des journaux. Un petit encart en bas de page signalait la répartition du fils Malefoy à Gryffondor, mais il était plus choquant encore de voir Albus Severus Potter, fils de Celui-qui-survivrait-encore-et-toujours et d’une ancienne star du Quidditch anglais être réparti à Serpentard.

Ce jour là, mon père avait laissé échapper un criminel pour - officiellement - la première fois en quinze ans de carrière, ma mère s’était effondrée en larme chez ses propres parents comme une petite fille, et Oncle Ronald avait échappé aux bras de sa femme, indignée de son comportement suffisamment longtemps pour envoyer une beuglante à la Directrice de Poudlard, et une à ce petit salaud ingrat, indigne, incompréhensible et insensible qui faisait tant de peine à ses parents pourtant aimants qui ne méritaient pas un tel déshonneur, et cætera, et cætera. Je crus en devenir sourd. Ce matin là, lorsque je quittai dignement la table des serpents, flanqué de mes camarades et de mon air le plus glacial, une fissure commença à se former entre moi et le reste de ma famille, dans un craquement d’une intensité douloureuse. Trop de haine peut-être. Depuis, elle avait pris l’ampleur d’un canyon, d’une contrée entière douloureusement sèche et dévastée par un cours d’eau depuis des siècles et des siècles.

Je ne haïssais pas ma famille, loin de là, ils avaient pris la peine de me mettre au monde et de m’élever malgré les déceptions, même s’ils me le rappelaient trop souvent. Je ne la haïssais pas, pas encore. Cela viendrait, le fil était ténu entre l’amour et la haine, et ne demandait qu’à se rompre, comme je savais qu’il le ferait à ma prochaine incartade.

J’avais tout juste quinze ans, et je m’y attendais. Simplement pas si tôt.

Ce fut Ted, une fois de plus, qui ouvrit le premier le chemin de la déchéance.

not another hero, fanfic, harry potter

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