Nos amours mortes n'en finissent pas de mourir. Chapitre 2 - Un chemin de palabres.

Aug 23, 2011 22:26

On avance, on avance! Dans la publication en tout cas, parce que l'écriture patine. Je me rassure en mettant mon manque d'inspiration sur le compte la fatigue due au boulot, et je compte sur le calme qui se profile enfin à l'horizon pour reprendre mes après midi d'écriture et avancer enfin plus vite qu'un escargot neurasthénique^^.
Heureusement pour moi, et pour vous, gentils lecteur, j'ai encore un peu de marge avant de tomber à sec de chapitre à vous mettre sous la dent.

Voici donc aujourd'hui le chapitre trois et son cortège de vieilles ladies ( en espérant ne pas vous perdre en route comme la dernière fois ^^.) Nous avons quitté Augusta mise à mal par ses souvenirs et les gros titres de la presse, nous la retrouvons quelques minutes plus tard pour une session mouvementée de son club de lecture du jeudi.

Bonne lecture.

Prologue: Usage abusif de meubles anciens. ;
Chapitre 1: Le temps qui attend et le temps qui espère;
Chapitre 2: Un chemin de palabres;

Fic: Nos amours mortes n'en finissent pas de mourir.
Chapitre 3 - Mlle Rose dans la bibliothèque avec le chandelier.

Personnages: Lady Augusta Londubat (née Wardstiff), , Rufus Scrimgeour, et beaucoup de vieilles ladies parfaitement intenables toutes droit sortis de mon imagination sans borne.
Disclaimer: rendons à JKR ce qui lui appartient. Le reste est à moi.
Rating : PG
Nombre de mots: 6200 mots.
Note: Merci à rebecca_vonbird pour son infinie patience, sa résistance hors du commun aux Majuscules Capricieuses, ses conseils judicieux et surtout ses divines conneries.
Le titre de la fic est fait de quelques mots chipés à "la chanson de Prévert" de Gainsbourg.

L'action se passe en 1989. Augusta a 52 ans. Rufus est maintenant Directeur du département de la justice.



*****

Nous sommes toutes installées à nos places respectives : Ernestine Globuc est à demi allongée sur la liseuse, un verre de Whisky déjà vide dans la main. La Baronne Aldonza(1) est enfoncée dans le fauteuil face au mien avec un plateau de sandwich sur les genoux. Alberta Prewett, ma plus veille amie, et Enid ma belle-sœur, se tiennent côte à côte dans le sofa rapporté du petit salon. Toutes deux sont très frileuses, et dans moins de dix minutes elles s'envelopperont, c'est certain, dans les deux grands châles que j'ai posés sur le dossier du sofa. Enfin Mlle Rose se tient bien raide sur la chaise la plus dure qu'elle a pu trouver, celle qui servait à ma belle-mère pour punir Edgar quand, enfant, il se montrait insupportable. Un supplice pour les reins. Mais Mlle Rose refuse de s'assoir plus confortablement. Son dos ne supporte que les assises bien fermes, dit-elle quand je tente de la pousser dans un fauteuil plus moelleux.
Ce soir, c'est Alberta qui a choisi l'ouvrage que nous avions à lire. C'est donc elle la maitresse de cérémonie. Elle prend une voix cérémonieuse pour dire les quelques phrases rituelles qui ouvrent la séance :

- Bien, nous sommes au complet. Mesdames, Mesdemoiselles, amies très chères, je déclare la huit cent quarante septième réunion …
- Non, Alberta ! Suivez un peu, nous en sommes à la huit cent cinquante deuxième réunion, corrige la Baronne Aldonza.
- Vous êtes sûre, Baronne ? Et bien comme le temps passe vite en charmante compagnie. Je déclare donc la huit cent cinquante deuxième réunion de notre club ouverte !
- La lecture est une amitié(2), lançons-nous en cœur tout en levant nos tasses de thé, ou nos verres de whisky, selon.
- Notre ami du jour : "Pourquoi je ne suis pas mort quand l'Augurey a pleuré" de Gulliver Pokeby.
- Oh par Merlin, non ! s'écrit théâtralement Ernestine. Je vous préviens, si nous devons passer la soirée à parler de cette chose …

Elle tient le livre du bout de deux doigts, bras tendu comme s’il s'agissait d'une vieille chaussette sale et malodorante.

-… je m'en vais immédiatement !
- Mais ... tente Alberta surprise.
- Oh pas de mais ! Que t'avons-nous fait pour que tu nous obliges à lire ça ? C'est parfaitement ignoble, Il n'y a pas la moindre intrigue, le style est atrocement prétentieux, et je suis certaine que les trois quarts des mots employés par l'auteur n'existent pas !
- Ernestine ! Calme toi, voyons, me sens-je obliger de dire même si je suis loin de désapprouver mon amie sur ce point.
- Oh, Augusta ! Tu ne vas pas me dire que tu as aimé cet Augurey de malheur !
- Et bien … je ne peux pas me prononcer aussi définitivement que toi.
- Tu ne peux pas te prononcer ? Ce serait bien la première fois que tu n'aurais pas un avis sur quelque chose … Oh, je vois : Combien de page as-tu réussi à lire ?
- …
- Par Merlin, si peu que ca ? Allez, combien, dis-nous ? Cent ? Quatre-vingt ?
- Dix-huit.

Ernestine éclate d'un rire victorieux qui fait trembler le thé dans les tasses. Je ne peux me retenir d'en faire autant. La Baronne se joint à nous, et avoue, entre deux hoquets, n'avoir lu que le premier chapitre, soit une trentaine de pages. Mlle Rose nous demande d'un air faussement niais si la quatrième de couverture compte pour une page à part entière. La Baronne lui répond que non. Alors Mlle Rose forme un zéro avec les doigts de sa main droite, juste avant de s'esclaffer. Et Enid, aussi rose qu'une fraise bien mûre à force de se retenir son rire, dit avoir battu le record puisqu'elle à réussi à lire les dix premiers chapitres. Ernestine lui décerne la médaille du courage. Et Mlle Rose lui demande combien de litres de café lui ont été nécessaires pour survivre à une telle épreuve. La Baronne semble au bord de la crise cardiaque. Des larmes de rire coulent sur ses joues, sa bouche grande ouverte laisse seulement échapper des couinements très peu distingués. Elle est aussi rouge que sa robe de velours cramoisie.
Alberta reste bouche bée face au fou rire général. Elle nous regarde les unes après les autres comme si nous étions bonnes à interner. La pauvre. Je tente de me calmer, j'ai une sainte horreur de lui faire de la peine. Enid est plus rapide que moi à se reprendre, et elle lui prend la main.

- Allons, nous sommes moqueuses, mais ce n'était pas si terrible, vraiment, je t'assure Alberta. Juste un peu différent de nos lectures habituelles. Nous avons été déroutées, voilà tout.
- Mais … mais … je ne comprends pas ! Comment ? Ce livre est pourtant une petite merveille ! L'intrigue m’a prise dès les premiers mots, et je l'ai lu en une seule nuit, le mois dernier !
- L'intrigue ? Mais quelle intrigue, ma chère ? se moque la Baronne. Est-ce que vous parlez de la description détaillée des plumes de la bestiole ou de celles de ses parasites ?
- Mais non, voyons, elle parle du passage sur les différences de longueurs de cou qui permettent de distinguer les mâles des femelles, propose Mlle Rose
- Oh, j'ai du m'assoupir à ce moment là, reprend la Baronne, parce que j'étais persuadée que ça permettait de donner l'âge de cette volaille.
- Ah, oui peut-être. Je ne sais plus. Mais par pitié, ne m'obligez pas à relire le passage pour savoir ce qu'il en est, répond Mlle rose en riant de nouveau.
- Mais voyons, de quoi parlez-vous ? Quels parasites ? Et les personnages ont tous un cou parfaitement normal … Bon peut-être la gouvernante a-t-elle un port de tête un peu raide, mais son cou reste dans des proportions acceptables, j'en suis sûre.
- Une minute, intervient Enid, Quelle gouvernante ? J'ai lu une dizaine de chapitres, et il n'y a eu aucune gouvernante. Juste cet oiseau et ses mensurations, son régime alimentaire, et son chant soit disant mortel.
- Mais non ! s'insurge Alberta. Voyons, il y a la demoiselle orpheline, qui est engagée par le lord aveugle pour lui faire la lecture. Ils tombent amoureux, et la gouvernante tente de les séparer pour hériter de l'argent du Lord !
- Alberta, je t'assure qu'il n'y a pas la moindre trace d'un lord, d'une orpheline ou de la moindre gouvernante dans ce livre !
- Mais si, voyons !
- Mais non, lui répondons-nous d'une seule voix.
- Montrez-moi ca ! Je ne comprends rien à cette blague de mauvais goût !
- Voilà qui est trop fort ! Ca nous donne un truc incompréhensible à lire, et après ça nous accuse de faire une mauvaise blague, marmonne Ernestine.

Alberta prend le livre que lui tend Enid, le tourne, le retourne, lit le résumé de la quatrième de couverture, ouvre et feuillette un peu, lit quelques lignes de la première page, puis de la dernière page. Et finalement, elle relève vers nous un regard perdu.

- Vraiment, c'est incompréhensible. Ce n'est pas du tout mon livre.
- Comment ?
- Pardon ?
- Quoi ?
- Vous dites que ce n'est pas votre livre, Prewett, mais c'est pourtant celui que vous nous avez conseillé, lance Mlle Rose d'un ton cassant.
- Mais non, dans mon livre, il y avait cette histoire d'amour impossible et fabuleuse et ce plan machiavélique …
- A moins que vous n'ayez une passion coupable pour la volaille magique, il n'y a pas plus, dans ce tas de feuillets, d'histoire d'amour que de plan machiavélique.
- Une minute, une minute, interrompt la Baronne. Cette histoire de fille et de lord aveugle me dit vaguement quelque chose.

Sur ces mots, elle se lève et se met à parcourir les rayonnages de la bibliothèque en marmonnant dans sa barbe, ou plutôt dans les trois poils noirs qui poussent sur son menton. Immense, aussi large qu'un troll, et presque plus poilue que son mari, la Baronne a un caractère tout aussi charpenté que son allure. Pour compenser ses airs masculins certainement, la Baronne ne s'habille, été comme hiver, que de robes de couleurs criardes couvertes de dentelles, de nœuds de satin, de broderies en tous genres. Un véritable étal de marchand de tissus à elle seule. Ajoutez à cela des cheveux qu'elle s'évertue à teindre dans un orange si vif que les yeux vous en tombent, et vous voila face à notre Baronne Aldonza, Dulcinée de son prénom.
Nous l'observons toutes en silence, farfouiller dans les rayons, exceptée Ernestine qui profite de l'interruption de la séance pour se resservir un verre. Elle prend un malin plaisir à troubler le silence en se servant très lentement, le très mince filet d'alcool entrechoquant les glaçons de son verre.(3) Le glouglou exaspérant du liquide qui s'écoule et le tintement sans fin des glaçons fait exploser Mlle Rose.

- Globuc, si vous ne cessez pas immédiatement ce vacarme exaspérant, je vous assomme avec le chandelier !
- Oh mais quelle humeur, Madame Rose !

Enid attrape de justesse le chandelier avant que Mademoiselle Rose ne s'en empare pour laver l'affront que lui fait Ernestine. C'est que Rose McCloud tient à son "mademoiselle". A 67 ans, elle s'enorgueillit de ce titre de jeunette, un moyen pour elle de compenser par une jeunesse éternelle, la déception de ne jamais avoir été mariée, et d'arriver à un âge ou il est peu probable qu'un prince charmant lui fasse enfin sa demande. Mlle Rose a toujours rêvé d'un grand mariage, d'un homme fortuné et de haute extraction, de grands manoirs et de famille noble. Malheureusement pour elle, ses origines moldues par son père lui ont coupé tout droit à un mariage avec un sang pur. Et le seul homme bien né qui lui ait porté de l'intérêt ne l'a fait que pour de viles raisons. Une fois "rassasié", le monsieur s'en est allé épouser sa cousine, et Mlle rose s'est trouvé avec un autre empêchement à un mariage noble: Elle avait perdu sa virginité. Mais la dame n'a pas voulu abandonner, et s'est entêtée à refuser les propositions de sorciers plus sincères, mais plus modestes.
Et aujourd'hui tout ce qui lui reste de fierté se niche dans ce "mademoiselle" auquel elle tient tant.
Ernestine sait très bien cela. Elle se montre cruelle en l'asticotant à chaque réunion. Elle trouve toujours un prétexte pour mettre la "miss" en fureur : un jour elle aura un retard impardonnable, une autre fois ce sera une moquerie sur une robe un peu trop étroite, ou encore une pique sur son âge. Et quand Mlle Rose est prête à exploser, Ernestine lui sert du "madame".
Mon amie prétend qu'il n'y a pas dans cet asticotage de méchanceté, mais une simple volonté de faire faire un peu d'exercice au cœur paresseux de Mlle Rose. Et il est vrai que la Miss se montre toujours prompte à s'emporter devant Ernestine, comme si défendre sa "particule", au fond, la ravissait.
Mais un jour ou l'autre, Enid ne sera pas assez rapide pour attraper le chandelier, et il nous faudra expliquer aux Aurors cherchant le pourquoi du comment du meurtre de Mme Globuc : "Mlle Rose, avec le chandelier, dans la bibliothèque".
Heureusement Enid a, ce soir encore, de bons réflexes, et la Baronne pousse un cri de victoire qui coupe net la dispute.

- Ahah ! Voilà, je savais bien que cette histoire me disait quelque chose. "Pourquoi je ne suis pas morte quand la gouvernante à crié" de Guenièvre Poughkeepsie. Et non "Pourquoi je ne suis pas mort quand l'Augurey a pleuré" de Gulliver Pokeby.

Alberta s'étrangle, et Ernestine s'insurge :

- Je ne peux pas le croire ! Tu nous as fait lire le mauvais livre ! Mais comment peut-on être aussi cruche ! A cause de toi, nous avons toutes failli commettre l'irréparable : Le suicide littéraire assisté !
- Ernestine, voyons ! gronde Enid
- Oh mais elle a raison, reprend la Baronne.
- C'est vrai que cette histoire d'oiseau est un appel au meurtre ! se moque Mlle Rose.
- N'en rajoutez pas ! dis-je pour qu'Alberta ne se trouve pas trop seule face à l'adversité.
- Je suis désolée, vraiment. Par Merlin je suis tellement navrée.
- Ce n'est pas grave, reprend Enid, cela peut arriver à tout le monde de faire une erreur. Nous n'aurons qu'à lire le bon ouvrage pour la prochaine réunion.
- Hors de question, coupe la Baronne. J'ai déjà lu ce livre et il est digne de Fifi Lafolle. Du mélo à toutes les pages !
- Et pas une once de sexe, en plus ! ajoute Ernestine qui ne perd jamais le nord.
- Mais pourtant quand Augusta nous propose l'un de ses livres à l'eau de rose qu'elle affectionne, vous ne dites rien ! remarque à juste titre Alberta.
- Oh, on peut pardonner à Augusta son goût pour les histoires qui se terminent bien. Si elle veut du drame, elle n'a qu'à regarder sa propre vie.
- Je te remercie de ton tact, Ernestine !
- Mais de rien, ma chérie.
- C'est aussi pour cela que nous lui pardonnons de nous servir toujours des petits gâteaux au café pour le dessert. Il lui faut un peu de sucre pour faire passer l'amertume de son caractère, me taquine la Baronne.
- Ah non, ca c'est pour combler le manque d'homme !
- Ernestine ! m'offense-je
- Quoi ? Ose dire que ce n'est pas vrai ?
- Je ne vois pas ce que cela vient faire dans la conversation.
- Combien de temps, Augusta ? Dis nous ? Cela fait combien de temps que tu n'as pas vu le loup ?
- Ah voilà un sujet de réunion nettement plus réjouissant que le ramage de l'augurey ! se réjouit Mlle Rose. Allez, Londubat, dites-nous tout.
- Je ne dirai rien et il n'y a rien à dire.
- C'est bien là le problème. Qui était donc ton dernier amant ?
- Ernestine, ca suffit !
- Ce devait être son américain, je suppose, lâche innocemment Enid vers qui tous les regards se tournent.
- Enid, mais enfin !
- Elles ne savaient pas, c'est cela?
- Ah ca non on ne savait pas, lui répond Alberta.
- Moi, si, ajoute Ernestine avec un air fanfaron.
- Cela m'a échappé, je suis navrée Augusta.
- Quel américain ? interroge la Baronne avec enthousiasme.
- Oh oui, quel américain ? reprend Alberta.
- Ah, l'américain! confirme Ernestine, dire que je l'avais oublié celui-là.
- Ernestine ! crie-je en espérant arrêter là le massacre.
- Voilà qui est définitivement plus intéressant que la volaille ! encourage Mlle Rose. Allez, donnez nous des détails.
- Mais ca suffit ! je rugis.
- Oh, ne monte pas sur tes grands hipogriffes, ma belle, dit Ernestine juste avant de se tourner vers les harpies qui me servent d'amies. Souvenez-vous, quand Augusta emmenait Franck voir la dune du Pyla, en France, pendant les vacances d'été, elle avait sympathisé avec un américain tout aussi veuf qu'elle. Le monsieur avait une fille de l'âge de Franck. Et pendant que les enfants grimpaient la dune, Augusta grimpait, elle, ce très cher américain.
-Par Merlin, Ernestine ! je gronde.
-Par Merlin, Augusta ! glousse Alberta.
-Et bien, vous nous aviez caché cela, Londubat ! se ravit Mlle Rose.
-Les américains ont une sacrée réputation, ajoute la Baronne avec un sourire carnassier.
-Dis donc, Augusta, la dune du Pyla, ce n'est pas là que vous étiez retournés trois ans de suite ? m'interroge Alberta
-Mais si, répond Ernestine sans me laisser le temps de m'offusquer. Trois ans à envoyer les enfants faire de l'escalade pendant que ça fricotait à l'hôtel !
-Ernestine, arrête tout de suite ! Et vous, cessez donc d'écouter. J'en sais de belles sur chacune de vous et je n'hésiterais pas à …
-Tu rougis encore plus que tu ne rugis, ma chérie, me coupe Ernestine de toute évidence ravie de me tourner au ridicule. Regardez-là, une vraie midinette ! Et puis quoi ? il y a prescription. Franck avait quoi ? Quinze ou seize ans, c'est ca ? Ca fait plus de quinze ans maintenant. Et depuis, rien ! Quinze ans sans que le moindre bout de bonhomme ne passe la porte de ta chambre. C'est désolant !
- Oh et bien, mon mari n'a pas passé la porte de ma chambre depuis plus de dix ans ! Et je n'en suis pas traumatisée, intervient la Baronne.
- Quand on voit l'allure de votre mari, on comprend que vous en soyez soulagée, tranche Mlle Rose.
- Mais c'est vrai que tu aurais du te remarier depuis le temps qu'Edgar est mort, reprend Alberta que pourtant je croyais mon amie depuis plus de trente ans.
- Vingt ans de deuil, ça commence à être déplacé, ajoute Mlle Rose. Que vous vous soyez consacrée à la mémoire de feu votre époux pendant cinq ou six ans, je veux bien. Mais passer votre vie seule, Londubat, ça ne se fait pas !
- Et pourquoi, je vous prie ? J'aimais mon mari et je ne compte pas le remplacer !
- Voyons, laissez-la en paix, tente Enid. Vous êtes bien aigries, mesdames ! A croire que vous n'avez jamais aimé personne. Si jamais il advenait quoique ce soit à Algie, par Merlin, que ça n'arrive pas, je ne pense pas que je pourrais me remarier sans sentiments. Quand on a été aimé comme ca, tout le reste parait fade.
- Merci Enid, même si il est certain que je ne me remarierai ja-mais !
- Et voilà ! Le problème d'Augusta c'est qu'elle refuse même d'aimer quelqu'un d'autre que son mari. C'est parfaitement ridicule ! reprend Ernestine.

La photo de Rufus me revient à l'esprit. Ernestine a tort et raison à la fois. Il y a eu quelqu'un d'autre qu'Edgar, en cela elle se trompe. Mais je refuse que cela compte, un point pour elle. Quoiqu'il en soit, plutôt lire d'une traite l'histoire de l'augurey que de l'avouer. Je chasse cette pensée en répliquant avec colère :

- Je n'ai jamais jugé ta façon de mener ta vie, Ernestine. Tu tombes amoureuse aussi souvent que tu te saoules, c'est dire. Grand bien te fasse, mais ce n'est pas mon cas. Je resterai fidèle à Edgar !
- Oh, nous voilà reparties, dit-elle en levant les yeux au ciel. Toi et tes histoires "d'amour-toujours" et de fidélité éternelle. Vraiment tu es d'un vieux jeu ! L'amour courtois, c'était au moyen âge ! Reviens dans notre siècle, et prends un amant ou deux, tu veux.
- Ernestine, il faut toujours que vous en rajoutiez, reprend la Baronne. On ne prend pas un ou deux amants quand on est une femme de bon goût. Mais on se remarie, c'est certain.
- Vraiment, vouer toute sa vie à un époux mort, ça ne se fait pas, continue Mlle Rose. Une femme ne reste pas ainsi sans un homme pour la protéger, d'autant plus quand elle a comme vous des obligations familiales lourdes.
- Je suis parfaitement apte à me protéger seule ! Tout comme je n'ai besoin de personne pour prendre soin de ma famille !

J'ai crié. Franck et Alice sont un point sensible que mes amies prennent habituellement un soin tout particulier à éviter. Mlle Rose recule au fond de sa chaise et préfère changer d'argument :

- Quoiqu'il en soit, l'amour c'est bon pour les pauvres. Il leur faut bien se consoler de ne pas avoir de position sociale. Les gens comme il faut parlent alliance, protection et finances !
- Mais vous entendez-vous parler vous toutes ? je les coupe en rage. Mon mari était l'homme de ma vie. Il n'y en aura pas d'autre. Je me fiche bien que vous trouviez mes sentiments pour lui déplacés, vieux jeu, ou je ne sais quoi d'autre ! Moi, ce sont vos propos que je trouve inacceptables. On dirait que vous n'avez jamais aimé !
- Oh, mais j'ai aimé ! Bien des fois, je t'assure, et dans bien des positons, me répond Ernestine. Tu es bornée à croire que pour aimer vraiment, on ne peut aimer qu'une fois. Qu'est-ce que tu crois ? Qu'Edgar, de là-haut, te regarde et attend de toi que tu n'aimes plus jamais ? Tu crois que quand tu le rejoindras de l'autre coté, il va te tenir le compte de tous ceux pour qui tu auras osé avoir des sentiments ?

Et bien … Quelque part oui, c'est effectivement ce que je crois, et je lui ai déjà donné trop de raisons de me faire des reproches. Je préfère ne pas répondre. Enid quitte sa place et vient s'asseoir sur l'accoudoir de mon fauteuil. Elle pose sa main sur mon épaule. Je lui souris en guise de remerciement pour son soutien. Ernestine se passe une main sur le visage en reprenant :

- Tu me désespères, vraiment, Augusta. Ce n'est pas un crime que d'avoir des sentiments pour quelqu'un. Ton mari est mort depuis presque vingt ans. Et là où il est il se fiche bien de savoir si tu t'es éprise d'un américain, d'un portugais, ou même d'une demi-douzaine de russes.
- Je n'étais pas amoureuse de l'américain, je réponds en préférant ne pas argumenter sur la troupe de moscovites. C'était …
- Voyons, tu n'as pas à te justifier, dit doucement Enid.
- Oh, mais laisses-la dire ! coupe Ernestine . C'était quoi, Augusta ? Bon, excitant, drôle, réconfortant ? Allez, tu ne vas pas être foudroyée par la fureur divine pour avoir pris un peu de bon temps ! Qu'est ce qui t'empêche de recommencer ? Ca te ferait le plus grand bien, au lieu de croupir dans ton deuil sans fin. Regarde-moi ! En pleine forme, pas une ride, et des fesses aussi fermes qu'à vingt ans !
- Oh, Merlin tout puissant ! On aura tout entendu, nous coupe la Baronne. Vous êtes-vous regardée dans un miroir récemment, Ernestine ? Aussi fripée et décharnée qu'une vieille pomme ! Et puis, vous mélangez tout, toutes les deux. Qui vous parle de sentiments ? Comme si l'amour et le mariage avaient quelque chose à voir ensemble. Vraiment, on dirait deux jeunettes de 16 ans élevées à coup de romans de gare, pour l'une, et de lectures pornographiques pour l'autre ! Je suis mariée depuis cinquante ans, et je n'aime pas mon mari. La belle affaire. Un mariage ce n'est pas fait pour cela.
- Vraiment, vous n'avez pas le moindre sentiment pour lui ? s'interroge Enid. C'est d'un triste.
- Bien, j'avoue. Juste après la naissance de mon premier fils, j'ai été prise d'une passion soudaine pour Herbert. Je roucoulais sur son passage, je me glissais dans sa chambre toutes les nuits, et à peine pensais-je à lui que je sentais un désir incontrôlable me piquer. Les hormones sans doute. Toujours est-il qu'Herbert lui n'avait pas de poussée d'hormone. D'autant plus que nous avions eu un fils. Il ne voyait plus du tout la nécessité de me toucher. Heureusement pour nous deux, mes désirs se sont évanouis comme ils étaient venus. Je ne pense pas que notre couple aurait survécu à des sentiments. L'indifférence nous sied bien mieux. Et puis vous m'imaginez roucouler devant Herbert ? Pathétique ! Non, non, j'ai un peu de dignité, je laisse cela à sa maîtresse.

A nouveau, la gazette me revient à l'esprit. Et à nouveau, je m'échauffe. Plus que je ne le voudrais.

- Ah, voilà. Que j'aime mon mari et que je tienne à lui être fidèle même après sa mort, c'est indécent. Mais que les hommes mariés délaissent leur épouse, et aient des maîtresses, cela ne gène personne !
- Les hommes sont comme ça, répond Enid d'une petite voix.
- Oh, Enid je t'en prie, tu ne vas pas prendre leur parti. Mon frère et toi vous adorez. Vous avez fait un mariage d'amour qui est un exemple pour toutes ces vieilles Ladies acariâtres ! Et …
- S'il te plait Augusta, crois-tu qu'il n'y a eu entre Algie et moi que des jours heureux ?
- Mais…
- Mais non ! reprend-elle calmement mais avec une voix ferme. Ne dis pas à ton frère que je t'en ai parlé, je t'en prie, il se reproche plus que moi cette histoire.
- Mais quelle histoire ?
- Rappelle toi : quand au bout de dix ans de mariage on nous annonçait que nous n'aurions pas d'enfant, Algie s'en est beaucoup voulu. Il m'a demandé de divorcer. Il voulait que j'épouse un autre homme et que j'aie les enfants que lui ne pouvait pas me donner. J'ai refusé, et je suis restée. Mais pendant plusieurs mois, presque une année, cela a été extrêmement difficile entre nous. Et un soir, il m'a avoué avoir eu une liaison avec Emily Goldstein.

Je tombe des nues. Mon frère adore sa femme. Il ne peut pas avoir …

- Allons Augusta. Ce n'est pas bien grave.
- Pas grave ? Mais comment peux-tu être si calme ?
- Il a eu une aventure, mais il m'est revenu. C'est tout ce qui compte pour moi. Je l'aime assez pour lui pardonner un seul accroc en presque 45 ans de mariage.
- Il avait certainement besoin de se prouver sa virilité, énonce d'un ton docte la Baronne. Les hommes sont en fait de pauvres choses. Il leur faut sans cesse montrer qu'ils font tourner les têtes. Sinon, ils pensent ne plus être digne de ce qui leur pend entre les jambes.
- C'est vrai, renchérit Mlle Rose, les hommes ne pensent qu'à satisfaire à leur plaisir ! Croire qu'il éprouve pour vous des sentiments profonds c'est être naïve ! Je l'ai été, et je m'en mords encore les doigts.
- Oh, je vous en pris, Miss, lui répond Ernestine. Vous vous fichiez bien des sentiments profonds de votre Lord. SI vous vous êtes laissée tripoter c'est uniquement parce que vous croyiez qu'il vous laisserait à son tour tâter son compte en banque et son joli nom de famille !
- Et bien la seule chose que cela démontre, ma chère Globuc, c'est que même pour ce qui est de la finance on ne peut pas faire confiance aux hommes ! Alors pour les sentiments, autant se mettre à croire aux Ronflaks cornus.
- C'est ainsi, les hommes veulent toujours les femmes qui ne sont pas les leurs, continue la Baronne.
- Et moi qui en ce moment ne suis la femme de personne, je peux vous affirmer que cet état de fait m'enchante ! ricane Ernestine.
- Par Merlin, Globuc, vous êtes impossible.
- Merci, Rose.
- Mademoiselle ! Pas de familiarité, Globuc !

Enid se précipite sur le chandelier une nouvelle fois, et Alberta se hâte, elle, de revenir au sujet initial.
- Les hommes sont pour la plupart des coureurs. Tenez, il n'y a qu'à jeter un œil sur la gazette pour s'en apercevoir !
- Oh, oui, dites-donc, avez-vous vu ça ? Un beau scandale ! continue la Baronne. Un tel déballage, c'est vraiment très inconvenant. Cette fille aurait pu régler ses comptes en privé !
- Comme si le magenmagot n'avait que ça à faire que de remettre à sa place une minette, argumente Mlle Rose
- Si toutes les maitresses s'indignaient de la sorte, ou irions-nous, je vous le demande ? reprend la Baronne en riant. Plus un homme n'irait voir ailleurs, et l'on finirait par devoir s'occuper de nos époux. Un beau désastre !
- Je veux bien m'occuper de certains, s'il le faut ! Et je promets de ne pas porter plainte s'ils se montrent trop exigeants.
- Ernestine ! tancent de concert Enid et Alberta, qui de toute évidence préfèrent s'occuper elles-mêmes de leurs maris.
- Et puis, après tout, c'est sa faute, à cette fille. On ne dit pas oui un jour, pour changer d'avis dans la seconde qui suit.
- Oh, mais arrêtez avec cette pauvre fille, je ne peux m'empêcher d'intervenir. Qui vous dit qu'elle a d'abord accepté ses avances ? Elle a peut être tout fait pour éviter que cela n'arrive, et c'est peut-être lui qui a fait à la dame son grand numéro de charmeur à deux mornilles, qui la poursuit sans cesse alors qu'elle n'avait rien demandé et qui ne la laisse pas en paix, même quand elle est bien tranquille chez elle, bien décidée à l'ignorer. Ah c'est certainement lui qui s'impose devant ses yeux à tel point qu'elle s'en trouve réduite à …

Je manque de dire "chiffonner la gazette". Je ravale mes mots juste à temps, et tente de continuer ma phrase comme si de rien était.

- A … à …
- … porter plainte, termine pour moi Ernestine avec un regard inquisiteur.
- Oh, je peux vous assurer qu'elle a cédé d'abord, répond la Baronne. Mon cousin connait bien sa mère, et la dame s'est plus d'une fois vantée devant lui du "grand intérêt" que Monsieur le directeur témoignait à sa fille.
- La demoiselle s'en mord les doigts voilà tout, continue Mlle Rose, elle ne doit pas savoir quoi faire pour se racheter une conduite. Elle se sentirait certainement mieux en faisant de Scrimgeour le seul coupable.

Un nœud se forme dans ma gorge en écoutant. Je m'admoneste tant que je peux, et me répète que l'on parle d'une demi mondaine sans scrupule … pas de moi.

- D'autant plus que, si j'en crois les confidences de la mère à mon cousin, la fille vient de louper un beau mariage à cause de cette histoire de coucherie. Il lui faut une excuse pour redorer son blason, et récupérer le fiancé perdu.
- La plus à plaindre dans cette histoire, c'est la femme de Scrimgeour ! tranche Alberta. Quelle honte pour elle, la pauvre.
- Elle est venue chez moi prendre le thé hier. Comme si de rien était. Je n'ai pas voulu la peiner plus, je n'ai rien dit.
- Elle a l'habitude, ajoute Ernestine. C'est tout de même un secret de polichinelle que l'infidélité maladive de Scrimgeour. Tout le monde est au courant. Tenez, Augusta l'avait surpris une fois, chez toi Enid, en train de s'acoquiner sur la coiffeuse de sa chambre, alors que sa femme faisait la causette au rez-de-chaussée.
- Oh, chez moi ? Mais quand ? Pourquoi ne m'avez-vous rien dit ? Et sur la coiffeuse, oh !
- D'ailleurs, je suis ravie d'avoir hérité de cette pauvre coiffeuse, c'est vrai qu'elle a juste la bonne hauteur pour s'amuser un peu. Cet homme s'y connaît tout de même.
- Oh, cessez de nous bassiner avec vos prouesses, Globuc, la coupe Mlle Rose.
- C'est une chose d'avoir une réputation de coureur. S'en est tout de même une autre que de faire la une de toute la presse pour avoir fait des avances.
- Pauvre Eleanor, s'inquiète Enid. Je n'aimerais pas me retrouver à sa place. C'est une femme d'une grande gentillesse. Elle ne mérite pas d'être mise ainsi en mauvaise posture. Elle souffrait déjà bien assez quand tout cela restait privé.
- Qu'elle demande le divorce ! clame Ernestine à qui ses quatre maris ont tous demandé le divorce.
- Qu'elle reste ! s'offusque Mlle Rose. Il ne manquerait plus qu'elle se passe de sa situation et de son argent à cause d'une gourgandine sans scrupule. Il est bien trop dur pour une femme divorcée de trouver un époux convenable de nos jours. Elle doit se contenter du sien.
- Après tout, elle l'a épousé en connaissance de cause, tranche la Baronne. Je suis même étonnée que ce genre d'histoire ne soit pas sorti plus tôt. A croire que Monsieur le directeur a le bras long. Et puis, un scandale en chasse un autre. Scrimgeour étouffera l'affaire à grands renforts de gallions, la fille se rétractera, un nouveau scandale fera la une de la gazette, et alimentera nos discussions tout aussi bien que celui-là.
- Et bien, en parlant d'alimenter, ma bouteille est vide et j'ai faim ! clame Ernestine.
- Oui, il se fait tard. Il faut que je rentre, approuve Alberta en se levant.

Je propose à ces Dames de rester souper. Enid, Ernestine et Mlle Rose s'empressent d'accepter, comme à leur habitude. La Baronne me demande le menu. Quand je lui parle de vol-au-vent, elle frappe dans ses mains, et me demande un parchemin et un hibou pour prévenir son mari qu'elle reste avec nous, et qu'il peut aller diner chez sa mère. Alberta, elle, décline poliment. Son mari refuse qu'elle s'absente le soir, et bien sûr, elle se refuse à lui tenir tête.
Nous la raccompagnons jusqu'à la cheminée de l'entrée. Enid et la Baronne parlent de la belle-mère de cette dernière. Une vieille bique de 144 ans, je cite, qui refuse de mourir et qui horripile la Baronne. Mlle Rose et Alberta parlent dentelles et velours, se détaillant les tenues qu'elles porteront mardi soir au bal donné par les Banks pour les fiançailles de leur fille.

Ernestine marche en retrait, faisant mine d'observer les portraits qui ornent le couloir, et devant lesquels elle a du passer un bon millier de fois sans jamais s'en préoccuper. Je m'arrête pour l'attendre. Je doute qu'elle soit tombée en pamoison devant Pollux Londubat et ses célèbres poils de nez si long qu'on dirait des moustaches. J'imagine qu'elle doit vouloir m'entretenir en privé.
Je ne me trompe pas. A peine nos amies ont-elles tourné à l'angle du corridor qu'elle me saute dessus :

- Dis donc toi! Qu'est-ce que tu me caches ?
- Que veux tu que je te cache ? Tu affabules, ma pauvre Ernestine.
- Si tu ne me dis pas ce qu'il en est, je vais t'en vouloir.
- Tu ne manques pas de culot ! Ce serait plutôt à moi de t'en vouloir, tu ne crois pas ? Qu'avais-tu besoin de parler de l'américain devant tout le monde ?
- De un, le club de lecture est loin d'être "tout le monde", et de deux, ce n'est pas moi qui ai lancé le sujet, mais Enid …
- Et toi tu as bien enfoncé le clou !
- … Et de trois, ne change pas de sujet ! Tu me caches quelque chose. J'en suis certaine. Tu nous fais tout un tralala sur l'amour, la fidélité, et blablabla. Et quand on parle de Scrimgeour, à qui habituellement tu ne te gênes pas de tailler une robe dès que tu peux, étrangement, plus un mot … Si ce n'est cette tirade plus qu'étrange pour défendre une briseuse de ménage …
- Oh, tu m'énerves ! Tout le monde s'en prend à cette pauvre fille. Il faut bien quelqu'un pour la défendre.
- Prends-moi pour une idiote, Augusta!
- Quoi ?
- Ne me dis pas que …
Je sens mon cœur sauter un battement et le souffle me manque. Je ne veux pas qu'Ernestine sache. Non, même pas elle. Personne.

- Oh ! C'est ça n'est-ce pas ! Oh par Merlin.
- Ernestine, non, ce n'est pas …
- Ton américain était marié, pas veuf !
- … ce que … oh euh …
- Il t'a menti, c'est ça. Et tu ne l'as appris qu'après. C'est pour ça que tu as annulé le voyage la quatrième année.

Je retrouve mon souffle. Je vais bien me garder de lui dire que si j'ai annulé cette année là, c'est parce qu'il ne venait pas à cause du décès de sa mère … Je me contente de sauter sur l'occasion pour me disculper même si c'est au prix d'un mensonge.

- Bien, tu as gagné, voilà, c'est cela.
- Oh le fieffé coquin ! J'aurais aimé le connaitre celui-là … Tu n'aurais pas gardé son adresse par hasard ?
- Ernestine, tu exagères.
- Oh, mais est-ce ma faute si tu ne sais pas reconnaitre un homme qui en vaille la peine alors que tu l'as sous les yeux ?
- Cesse tes sottises, et avance. La Baronne va râler si ses vol-au-vent sont froids.

Je l'attrape par le bras, et nous rejoignons les autres.

*****

A suivre…

*****

Notes:
(1) Un souvenir de "Chéri" de Colette, ou l'on trouve deux beaux exemples de vieilles dames délicieusement "hautes en couleurs": la baronne et Mme Aldonza.
(2)Pas de moi, bien évidement, mais de Proust.
(3)Oui, j'ai beaucoup trop regardé " Ally McBeal" et e ne peux vous cacher ma passion coupable pour John cage^^ (une chocogrenouille pour celui ou celle qui trouve la seconde référence au Monsieur dans ce texte!)

augusta, the l world, nos amours mortes, fic

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