Nos amours mortes n'en finissent pas de mourir. Chapitre 2 - Un chemin de palabres.

Aug 15, 2011 21:10

Alors, vous êtes chou, vous faites mine de rien, comme si on était vendredi et que j'avais pas un peu zappé de poster la suite de la fic, hum, oui désolé pardon, mais je suis happée par une faille spatiotemporelle depuis une semaine, vivement la rentrée, moi je vous le dit! ^^

Bref, en parlant de faille spatiotemporelle, la fic en subit une. Nous avons quitté Augusta juste après la mort de son mari. Et bien nous faisons un bond de plusieurs années. La voila grand-mère affublée d'un bout de chou maladroit et irritant, mais terriblement adorable nommée Neville (oui je suis partie pris et gâteuse de lui, on ne se refait pas. )

Oh, et un petit récap' des personnages récurrents parce que certaines se sont perdus dans les méandres de la jet set ficquesque^^: Ernestine est la meilleure amie d'Augusta, Enid est sa belle sœur, Algie est son frère, Eleanor est la femme de Rufus.

Bonne lecture.

(Pour les retardataires: prologue; Chapitre 1)

Fic: Nos amours mortes n'en finissent pas de mourir.
Chapitre 2 - Un chemin de palabres.

Personnages: Lady Augusta Londubat (née Wardstiff), un soupçon de Neville, Rufus Scrimgeour, et d'autres tout droit sortis de mon imagination sans borne.
Disclaimer: rendons à JKR ce qui lui appartient. Le reste est à moi.
Rating : PG
Nombre de mots: 3300mots.
Note: Merci à rebecca_vonbird pour son infinie patience, sa résistance hors du commun aux Majuscules Capricieuses, ses conseils judicieux et surtout ses divines conneries.
Le titre de la fic est fait de quelques mots chipés à "la chanson de Prévert" de Gainsbourg.

L'action se passe en 1989, soit 19 ans après le chapitre précédent. Augusta a 52 ans. Rufus lui, a grimpé les échelons et est maintenant Directeur du département de la justice.



*****

Les journaux en font leurs choux gras depuis deux jours. J'aurais eu bien du mal à y échapper. Ce matin, la gazette a mis l'affaire en Une. A croire que ces journalistes trouvent toujours ce qui m'agacera le plus et se font un devoir de me le jeter en pleine figure avant même que j'aie pu boire mon premier thé.

"Monsieur le directeur du département de la justice accusé de harcèlement sexuel par sa secrétaire"

Je chiffonne la gazette sans en lire plus et l'envoie valser à travers la pièce. Elle atterrit sur la tête de Twinny, notre elfe de maison. Je l'entends ronchonner un quart de seconde, mais quand je lève les yeux, elle s'est reprise et se fait elle-même la morale sur son comportement inconvenant : si la maitresse veut jouer à la bataille de boules de papier journal, Twinny ne doit pas ronchonner, faire la cible sans se plaindre, et accepter avec abnégation de jouer elle aussi.
Plof.
La gazette vient me frapper en pleine figure avant de me tomber sur les genoux. Et notre elfe tape des mains avec enthousiasme pour que je lui renvoie une nouvelle fois la balle.
Je repense à mon père qui m'a appris à ne jamais frapper l'un de mes serviteurs. Je repense à mon mari qui tentait de faire interdire les châtiments corporels sur les elfes de maisons. Je repense à Neville qui adore Twinny. Je dois respecter les générations passées et à venir.
Bien.
Juste un petit rugissement.
Mon grognement fait son petit effet sur Twinny qui manque d'en avaler le torchon blanc qui lui sert de vêtement, et préfère battre en retraite vers les cuisines. Et je l'entends se sermonner à nouveau dans le couloir jusqu'à ce qu'elle prenne l'escalier menant aux communs : la maîtresse a gagné, et non, Twinny n'a pas du tout réussi à viser la maîtresse en plein visage, c'est une malheureuse erreur, la maîtresse est bien trop forte à la bataille de boule de papier pour que Twinny gagne, non la maîtresse gagne toujours !
D'un accio, je fais venir à moi le plateau que l'elfe a laissé à l'autre bout de la table. Je me sers, et les effluves généreux du thé m'apportent un peu de calme. La tiédeur de la tasse réchauffe mes doigts. Je bois une gorgée, la laisse me brûler doucement la bouche, puis la gorge. Petite douleur délectable synonyme de réveil.
La gazette git, chiffonnée, sur mes genoux. Une photo couvre les deux tiers de la couverture. Scrimgeour est en plein discours, une de ses mains se balance vers ses auditeurs pour appuyer son propos. Derrière lui, une jeune femme le regarde d'un air glouton. Mais avoir froissé la gazette donne à Monsieur le Directeur des rides supplémentaires et marque la robe de la jeune femme de faux plis disgracieux.
Je me fais la morale. Me mettre en colère ainsi, alors que je m'étais promis de n'être qu'indifférence et détachement.
Décidée à ne pas céder à mon détestable caractère, je reprends le journal, le lisse d'un sort. Il suffit que je ne lise pas la une. Peu me chaut de cette pitoyable affaire. Voilà. Je me contenterai de tourner la page : "Tout les détails de la plainte". La page deux n'est jamais intéressante, passons plutôt à la troisième page : "Le détail de la procédure de harcèlement sexuel - le magenmagot sera-t-il saisi ? " … Très bien, page quatre alors : " Le recrutement ministériel : qui choisit les collaborateurs des haut fonctionnaires"…
Quand Neville arrive pour prendre son petit déjeuner, j'en suis contrainte à lire la page des sports. Surpris, il tique. Mais finalement, un sourire radieux s'installe entre ses joues bien rondes. Le voilà tout heureux. Il saisit l'opportunité au vol et se met à me parler, sans s'arrêter plus d'une demi-seconde, de quidditch. Je ne comprendrai jamais comment cet enfant arrive à discuter autant tout en engloutissant une demi-douzaine de brioches. Et le plus fâcheux dans toute cette affaire de "une " détestable, en dehors du fait que mon petit fils, dernier des Londubat, ne sache pas manger sans se couvrir de miettes grasses et de sucre, c'est qu'il me faut l'écouter sans me plaindre.

Pour me changer les idées, et oublier tant le quidditch que Monsieur le directeur du département de la justice, je décide que nous consacrerons le début de journée aux achats qu'a préconisé le précepteur de Neville. Une liste d'ouvrages plus longue que le bras. Le petit va crouler sous le poids de la culture.
Il nous faut aussi lui racheter quelques robes. Il grandit presque autant qu'il se tâche. Autant dire que sa garde robe ne fait jamais long feu.

Nous prenons donc la direction du chemin de traverse. Malheureusement, les ragots et la gazette en prennent eux aussi le chemin.
A chaque coin de rue, Scrimgeour ceci, le directeur cela, sa secrétaire blablabla …

Mme Guipure m'explique en marquant l'ourlet de la nouvelle robe de Neville que la secrétaire n'a que 26 ans. Si ce n'est pas honteux, une femme si jeune courir après un homme d'un âge certain et marié qui plus est.

- Viens Neville, allons chez Fleury et Bott. Mme Guipure nous fera parvenir tes robes quand elles seront retouchées … Non je suis pressée je n'ai pas le temps de papoter un peu pendant que vous cousez …

Messieurs Fleury et Bott mettent presque vingt minutes à rassembler les manuels que m'a demandés le précepteur, s'occupant plus à cancaner qu'à fouiller dans leurs étagères. J'ai droit, avec moult détail, à la façon dont la demoiselle a tout d'abord cédé aux avances … à moins que ce ne soit elle qui les ait initiées. On ne peut pas savoir avec ce genre de fille. M. Fleury ajoute qu'elle n'est d'ailleurs pas toute blanche dans cette histoire, et qu'elle avait été ravie d'obtenir ce poste. Un début de carrière très flamboyant, appuie M Bott. Saviez-vous qu'avant d'être promue secrétaire de monsieur le directeur, elle travaillait aux archives ? Et les deux hommes tombent d'accord, chacun sait bien que les archives sont un repaire de coquins. Trop de coins et de recoins dans ce service-là pour que les occupants soient des modèles de vertus.

- Ce n'est pas grave, ne cherchez pas plus cet ouvrage sur les licornes. Nous repasserons. J'ai d'autres courses à faire … pressée ! Oui je n'ai pas le temps. C'est ca, faites envoyer ma commande.

L'apothicaire et la cliente qui me précède s'interrogent, eux, sur l'acte qu'a refusé la demoiselle et qui l'a poussée à porter plainte pour harcèlement. Ce devait être une demande bien perverse, tout de même, car la fille est très remontée. Certainement quelque chose d'exotique. C'est que ces filles-là en ont vu de belles. Il faut que ce soit un acte très déplacé pour ce genre de personne soit choquée, s'accordent-ils. Leurs sourires sont faits de coins et de recoins, plus encore que le service des archives.

- Une glace, Neville, oui, je suis sûre que tu veux une glace, tant pis pour les ingrédients, j'enverrai Twinny … viens, sortons tout de suite.

Le marchant de glace souffle par-dessus la tête des enfants que la secrétaire est une habituée des promotions rapides et qu'elle a porté plainte uniquement car la suivante n'arrivait pas suffisamment vite à son goût. Cette fille a une ambition trop marquée pour être honnête.

- Non, tu n'as pas besoin de cette glace, après tu ne mangeras rien au déjeuner. Et ne fais pas cette tête ! Je sais, j'avais dit. Mais j'ai changé d'avis, allez dépêches-toi, partons d'ici.

A la ménagerie magique, pendant que Neville choisit une laisse pour Trevor, je crois échapper une minute aux rumeurs. Je tombe sur la modiste en charge de mes chapeaux. Pendant que son fils s'extasie devant les rats de compagnie, elle m'expose la dernière mode parisienne, de petits bérets chargés de plumes.
Selon leurs couleurs et leur provenance, les plumes forment un langage tel celui que l'on attribue aux fleurs : les plumes de coq du coté gauche pour faire preuve de votre haute extraction, celles de héron à l'arrière pour signifier votre bonne humeur, une plume de courlis placée au milieu de ruban montre votre dévouement.
Si vous êtes une jeune femme bonne à marier, il vous faut un bouquet de plume de colvert. Et la plume de paon passée à l'or fin accrochée du coté droit sera pour la veuve cherchant à se caser à nouveau (elle jette un œil à mon vautour empaillé). Puis viennent les plumes d'oie teintes posées sur l'avant du chapeau : une plume verte, vous avez trouvé "le couvercle à votre pot" et la chose est officialisée, une plume rose si l'on vous courtise, une plume rouge si vous cherchez encore votre moitié. Attention, deux plumes rouges sont signe que vous ne cherchez pas l'engagement, ce qui peut s'interpréter de façon quelque peu canaille. Trois plumes grenat, alors là, cela devient vraiment libertin. A ne réserver qu'aux danseuses et femmes de mauvaise vie.
Et vous savez quoi, il y a une petite semaine, elle a vendu un hennin ornée de pas moins de quatre plumes cramoisies. C'est vraiment indécent ! Et devinez donc qui était la cliente, me dit-elle en se penchant vers moi pour me confier ce croustillant secret. Autour de nous, tous les clients de la ménagerie se penchent en même temps qu'elle, pour ne pas perdre une miette de la discussion. La modiste, en dépit de ses grands airs de confidente, élève un peu la voix, pour que même Miss Brill qui se trouve derrière l'enclos des varans baveux puisse l'entendre : la gourgandine qui ose se promener avec un appel obscène à la luxure sur la pointe du chapeau n'est autre que la demoiselle qui fait la une de la gazette ce matin. Et dire qu'après ça, elle ose faire un procès pour harcèlement à un haut fonctionnaire. Toute la ménagerie souffle de dédain.
Et moi j'attrape Neville par le fond de ses nouvelles robes, avant de déguerpir. Tant pis pour la laisse à crapaud.

Quand nous rentrons enfin au manoir, la demoiselle s'est fait une réputation à tous les étages du chemin de traverse. Et moi j'en ai soupé de cette histoire.

Je suis ravie de retrouver la maison, d'autant plus que j'y ai fort à faire. Il me faut ranger nos achats, dont il manque la moitié tant je me suis hâtée de finir.
Puis il faut préparer la bibliothèque pour la réunion du club de lecture : installer les tables à thé et déplacer les fauteuils confortables du salon jusque dans la bibliothèque. S'occuper des rafraichissements et des sandwichs pour ces dames, sans oublier de sortir une bonne bouteille de whisky pour Ernestine. Prévoir le souper pour celles qui voudront rester : Enid sans doute puisque mon frère joue sa partie de carte rituelle du jeudi soir, et Mlle Rose qui a un faible pour mon argenterie. Faire préparer une chambre, également, pour Ernestine qui, comme toujours, aura abusé du whisky à la réunion et du vin au repas et que je ne pourrai pas laisser transplaner seule.
Il me faudra aussi débusquer Neville et le convaincre de descendre saluer mes invitées. Il devra affronter les doigts racornis qui lui pinceront encore les joues, les "quel petit grassouillet ! C'est bien ! " et les "récite-nous une poésie", comme s'il avait encore trois ans, alors qu'il en a neuf. Autant dire qu'il met un soin tout particulier à se cacher du mieux qu'il peut, les jours de réunions. Et il faut que je prévoie une bonne heure de négociation et mes pires menaces pour lui faire accepter de descendre quelques minutes.
Il faudra aussi que je me hâte de finir le livre assommant qu'a choisi Alberta comme sujet de cette semaine.

La journée passe vite. Quand vient seize heures, tout est prêt et je n'ai pas eu le temps de penser.
Me reste seulement à terminer ma lecture.
Et quelle lecture ! Je n'ai pas réussi à lire plus de trois pages de cet ouvrage." Pourquoi je ne suis pas mort quand l'Augurey a pleuré "de Gulliver Pokeby. Je ne sais toujours pas pourquoi l'auteur n'est pas mort, mais moi je préférerais l'être que de le lire.
Mais bon, j'ai bien lu la biographie d'Ulric le Folldingue pour faire plaisir à Mlle Rose, alors je peux tenter une nouvelle fois d'avancer dans le livre d'Alberta.
Je m'installe dans la bibliothèque, précisant aux elfes de m'envoyer les invitées dès qu'elles passeront la cheminée. Avec un peu de chance Enid, victime de la petite habitude qu'a mon frère d'avancer d'au moins un quart d'heure toutes les horloges du manoir, arrivera en avance et me sauvera d'un abus d'ennui soporifique.
Quand je vais pour prendre mon livre sur la table a thé près de mon fauteuil, j'y trouve la gazette. Les elfes l'ont placée là pour Ernestine, qui adore nous faire une lecture "agrémentée" de la page mondaine à chaque réunion.

- Monsieur et Madame Wallcot ont l'honneur de nous présenter leur fille, Iben. Photo ci-dessous … Oh par la barbe de Merlin, mais pourquoi faut-il que les gens affichent ainsi de telles horreur, quand on ne leur à rien demandé. Mais que cette enfant est laide. Le portrait tout craché de mon oncle Wilfrid, en plus poilu.
- Ernestine, voyons !
- Miss Brill fêtera ces 138 printemps dans un mois. A croire que cette vieille peau aura la nôtre !
- Ernestine, sois respectueuse !
- Lord Jamieson convolera avec Miss Jamieson en juin. C'est sa fille ?
- Non sa sœur.
- Oh, mais c'est pourtant avec sa fille qu'il convole tous les samedis soirs …
- Ernestine, s'il te plaît !
-Lord et Lady Avery sont victimes d'une terrible tragédie. Leur fils, âgé de tout juste 11 ans est mort à la suite d'un terrible accident domestique … Et hop, encore un petit cracmol qui n'aura pas reçu sa lettre pour Poudlard assez vite.
- Bon sang Ernestine, non, tu exagères ! Ils doivent être terriblement accablés.
- Oh oui, certainement autant que lorsque les Goyle ont perdu un bébé l'an dernier : mort né soi-disant. Ce qui est sûr c'est que l'enfant était aussi mat de peau que le tailleur portoricain de Mme Goyle …
- Ernestine !

Nous râlons toutes à notre tour contre cette langue de vipère, mais pas une de nous ne manquerait cette petite revue de potins.
Aujourd'hui, Ernestine n'aura pas à chercher bien loin pour nous faire part des petits travers de nos compatriotes. J'imagine que la une du jour pourra la faire tenir toute une soirée sans avoir à chercher d'autres sujets de cancan.
Je regarde à nouveau la photo. La fille est jolie, très brune, très fine, très jeune. Je dois me forcer un peu, mais j'arrive à la trouver un brin vulgaire. Rufus reste fidèle à lui-même : les yeux vifs, le sourire indescriptible. Cela fait des années que j'évite de l'observer ainsi. Je n'ai eu à lui faire face qu'une fois en vingt ans, juste après l'attaque de Franck. La peine me pousse toujours à des actes insensés et j'ai couru dans le bureau des aurors pour faire un scandale à la hauteur de mon tourment. Il était d'abord resté en retrait. Mais, comme je ne décolérais pas il avait fini par intervenir juste avant que je ne devienne trop ridicule, et m'avait fait sortir en me prenant par le bras. Algie était arrivé juste à temps pour le sauver du sort que je m'apprêtais à lui jeter … et certainement pour me sauver moi aussi. En dehors de ce jour, nous avons tous deux très bien su nous ignorer. Et j'arrive toujours aisément à passer sur les articles mentionnant son travail au ministère ou sa participation à telle ou telle affaire de gros sous.
Aujourd'hui, pourtant, j'ai du mal à quitter des yeux la photo de la gazette.
Il a gagné quelques rides, mais pas tant que cela. Il a perdu son uniforme d'Auror, et l'a remplacé par ses robes grises et strictes qu'affichent tous les hauts fonctionnaires. Je regrette la cape brune en drap de laine épais et l'uniforme où brillait l'insigne doré, mélange de rudesse et d'audace. Mais lui doit se réjouir d'avoir si bien avancé dans sa carrière. Et dans ses robes strictes, il aurait juste l'air collet monté si son sourire ne montrait pas trop de charme.
Ce sourire impossible m'a toujours énervée … et fascinée. Je n'ai jamais su si je devais le lui arracher des lèvres ou faire en sorte qu'il me regarde toujours avec cet air-là.
Je sais qu'il me faut arrêter de le regarder. Parce qu'après tout ce temps, cela me tourmente encore et qu'il m'en faut peu pour me prendre à rêver.
Sur la photo, mon trouble gomme la jeune femme. Je me dessine à sa place. Je me place dans l'assistance, tout près de son pupitre. Je me donne un mon air grave, absorbé par son discours. Et, un peu plus tard dans la cohue qui se forme après son discours, dans une alcôve formée par les plis de nos robes, j'envoie ma main chercher la sienne.
Les gros titres sont un peu différents. Je n'ai pas fait de procès, j'ai suffisamment de caractère pour faire face seule aux perversités de Scrimgeour, sans y mêler le Magenmagot. Non, mais on nous aura surpris. C'est cela. On nous aura surpris dans son bureau. Tiens, sa si prude secrétaire, par exemple. Et, jalouse que son sourire soit à moi et non à elle, elle aura vendu l'histoire à la gazette ! Et nous voilà en Une.
Le chemin de traverse en émoi, les potins en ébullitions, et Ernestine au bord de la crise cardiaque. Je l'entends parfaitement :

- Ah ! Tu aurais du me le dire ! Tu aurais du, vraiment. Je me serais abstenue de te sermonner pour que tu nous fasses un ou deux petits éclats de temps en temps, si j'avais su que tu nous préparais le scandale du siècle ! Quel beau travail, vraiment, je suis fière de toi … Et au lit, comment est-il ?

Je ne dis pas à Ernestine combien il est épatant, mais elle le comprend à ma moue désabusée.
Messieurs Fleury et Bott parlent des coins et recoins de mon manoir. L'apothicaire explique à sa cliente la position saugrenue dans laquelle on nous aurait surpris. Monsieur Fortarôme me gratifie certainement d’une passion coupable pour les hommes de pouvoir. Et ma modiste me fait envoyer un petit béret surmonté de quatre plumes d'oie teintes en rouge.
Cela fait un beau tintamarre sur le chemin de traverse, et cela ruine sans aucun doute ma bonne réputation. Je ne suis plus jamais invitée aux soirées de Monsieur le ministre, pas plus qu'à la Garden party de Miss Brill. Mais cela n'a pas d'importance. Parce que …
Mes doigts caressent le sourire de la photo.

Suffit ! Ma main, comme brûlée à vif, se raccroche au fauteuil qui a été celui de mon mari, comme pour m'attacher à son souvenir trop vite laissé de coté. Non, non, non. Et je froisse rageusement la gazette en même temps que mes délires avant de lancer le tout à travers la pièce. Le journal atterrit sur la tête d'Enid qui passe à cet instant la porte de la bibliothèque.

*****
A suivre…
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