Lectures

Dec 31, 2013 09:04

Un petit point sur mes lectures.
J'ai avancé pas mal dans mon bingo-livre notamment, et comme si je veux pouvoir barrer les cases il faut que je puisse poster un lien vers mon avis, voilà un petit florilège (c'est très satisfaisant intellectuellement, de barrer les cases). :)


- Littérature Canadienne : River of Stars, par Guy Gavriel Kay

Kay est un auteur très cher à mon coeur, mais j'ai eu du mal à rentrer dans ses derniers romans comme je l'ai fait dans les précédent. Est-ce sa manière d'écrire qui a évoluée, est-ce le fait que je l'aborde désormais en vo ? Je ne suis pas certaine.
Quoi qu'il en soit River of Stars est comme nombre de ses précédents romans ce que l'on appelle de la fantasy-historique : un monde imaginaire, et pourtant quasi identique à celui d'une période de l'histoire bien définie, mais qui malgré son exactitude historique parfois remarquable ne se présente pas comme tel. Les noms sont changés, les religions différentes, la magie et le surnaturel sont très peu présents, voire absents, contrairement à la fantasy classique.

River of Stars se déroule donc dans une Chine antique très proche de celle de la dynastie Song et couvre des décennies, au rythme de l'évolution et des changements politiques de l'empire, centré plus particulièrement autour de deux personnages : Ren Daiyan, jeune homme aux rêves de grandeur militaire dans un empire qui se méfie comme de la peste des soldats trop talentueux et dont la destinée va prendre une trajectoire imprévue ; et Lin Shan, éduquée comme un homme, dont la calligraphie et les talents de poétesse vont attirer l'attention d'un Empereur. Autour d'eux un cast de poètes et de politiciens, de Princes, d'Empereurs, mais aussi de soldats - et, au delà des steppes, de chefs de guerre nomades avides de changement.
Il est difficile de dire pourquoi j'ai été un peu déçue par ce roman, car il possède pourtant tout ce qui à fait pour moi l'attrait des livres de Kay par le passé : cette prise de distance et de relativisation des évènements, cette manière de les remettre dans le contexte global de l'histoire et de commenter sur le pouvoir du hasard, sur la manière dont les flux de l'Histoire sont imprévisibles et peuvent être changés par une décision consciente ou non, un détail en apparence insignifiant, une rencontre, un récit ; tout en gardant une énorme empathie pour les personnages. Il y a aussi manière d'écrire extrêmement poétique, sa relation à l'art - ici la poésie et la calligraphie - qui irrigue tout son récit et fait partie des personnages d'une manière vitale, ses personnages féminins, toujours forts et intéressants qui trouvent leur place tant bien que mal dans un univers où le pouvoir est principalement masculin...
Et pourtant l'alchimie n'opère pas, ou du moins pas totalement. Le livre met longtemps à de mettre en place, le style me semble plus lourd, presque une parodie de lui-même. On suit dès le début toute une galerie de personnages sans trop savoir lesquels vont être important, quel est la signification des scènes et des évènements que l'auteur choisit de nous montrer. Le fil narratif est difficile à appréhender pendant un long moment...
En y repensant, je crois qu'à force de trop déconstruire ces moments qui font l'Histoire et les légendes, Kay a changé le focus de ses romans, l'équilibre est rompu et l'histoire prend le pas sur les personnages, l'intimité plus viscérale qu'ils avaient dans d'autres de ses livres.
Ca n'en fait pas pour autant un mauvais roman : River of Stars reste comme tout les livres de Kay un roman singulier et complexe, aux personnages intéressants et ambigus, au contexte peint de manière saisissante et à partir du moment où le récit se condense plus et que le fil devient tangible, l'action démarre et les pages se tournent sans problème. Je soupçonne aussi qu'une deuxième lecture m'apportera beaucoup, et que je verrais notamment dans tout le début du roman les liens et la construction qui m'avaient échappé au premier abord.
J'attend beaucoup de Kay en tant qu'auteur, et c'est sans doute pourquoi ma réaction est beaucoup plus partagée que si j'avais attaqué River of Stars sans le connaitre.



- Théâtre : La guerre de Troie n'aura pas lieu, de Jean Giraudou

J'avais étudié des extraits de La guerre de Troie n'aura pas lieu au collège, sans toutefois jamais lire la pièce en entier, ce qui est à présent réparé.
Ecrite durent l'entre-deux guerres durant la monté des périls en Europe, La guerre de Troie n'aura pas lieu est une pièce qui traite de pacifisme et de bellicisme, entre absurde, satirisme et tragédie annoncée. Car Hector revient de guerre, las, pour découvrir que son frère Pâris a enlevé la belle Hélène et que les grecques sont sur le pied de guerre. Mais il ne la veut pas cette guerre ! Les troyens ne la veulent pas ! Et il va faire tout ce qui est en son pouvoir pour l'empêcher, quitte à rendre Hélène aux Grecques, quitte à prêter le flanc aux accusations de lâcheté, quitte à inventer et à réinterpréter, quitte à tuer, même, si cela est nécessaire.
Car il y a les contre et il y a les pour, et au centre, Hélène inscrutable et détachée de tout, dont la beauté cristallise le courant inexorable, l'absurdité des arguments et des manigances d'un côté comme de l'autre.

J'ai été surprise par cette pièce dans le sens où elle n'était pas tout à fait ce que j'en attendais basé sur mes souvenirs et sur sa réputation. Le côte absurde et parfois hors de propos de certaines discussions qui partent sur des tangentes qui n'ont en apparence rien à voir avec le sujet m'a notamment interpellé, mais en y repensant se justifie bien, puisque c'est le propos même de la pièce que de souligner la bêtise des hommes.




- Romance : Captain Vorapatil's Alliance (Saga Vorkosigan), de Lois Mc Master Bujold

Sous des dehors de science fiction ou de space opéra, la Saga Vorkosigan a toujours joué avec les genres, passant de l'un à l'autre au fil des romans, et Captain Vorpatil's Alliance à tous les marqueurs de la romance (y compris un faux mariage) en plus de l'habituel tourbillon de complots, manigances et tentatives de meurtre qui semble accompagner le clan Vorkosigan & cie.
Comme le titre l'indique, c'est pour la première fois Ivan qui est au centre de ce roman. Ivan donc, aime son job d'aide de camps d'un Général, à l'abri des regards, sa vie de célibataire relativement calme, loin des intrigues politiques ou de gens plus ou moins bien intentionnés essayant de l'embarquer dans des aventures douteuses... Jusqu'au jour où lors d'une mission à Komarr débarque By en pleine mission d'espionnage, et avec lui les problèmes : une mystérieuse jeune femme est en danger et il appartient à Ivan de l'aider !
On retrouve dans Captain Vorpatil's Alliance tout ce qui fait le plaisir d'un tome de la saga, avec toutefois le point de vue d'Ivan, qui a du coup une intensité maniaque bien moindre que celui de Miles et une méthode de résolution des conflits quelque peu... différente. Ce n'est certe pas le meilleur tome de la saga mais il s'en sort tout à fait honorablement et se lit sans problème.

Un point toutefois, me froisse (attention, spoilers), et c'est la tendance qu'à Bujold à présenter l'homosexualité comme parfaitement naturelle... sans jamais montrer aucun de ses personnages principaux dans une relation romantique gay. Aral est canoniquement écrit comme bisexuel et on sait qu'il a eu des amants dans sa jeunesse troublée, mais une fois avec Cordélia la question ne se pose plus. Bel Thorne est hermaphrodite et canoniquement amoureux de Miles... et va s'installer à l'autre bout de la galaxie pour filer le parfait amour avec une caddie. (J'aimais Bel, et j'ai toujours été un peu déçue de cette fin pour lui...)  Byerly est canoniquement bisexuel... et il aurait été incroyablement facile d'inverser le sexe de son intérêt romantique du roman (et cela aurait même eu le potentiel d'être un petit ressort de plus), mais non, c'est mentionné, mis de côté et vogue la galère sur les eaux de l'hétérosexualité. Ce qui n'est pas en soit un défaut, je le sais bien, mais c'est décevant de la part de Bujold.

J'ai quelques autres lectures dans ma manche, mais je n'ai pas encore décidé sur quelle case j'allais les mettre, donc pour l'instant je n'en parle pas.
Et j'ai décidé que j'allais lire La Femme Comestible de Margaret Atwood pour "science sociales" (je sais, c'est un roman, mais de la description qu'on m'en a fait je pense qu'il peut-être pertinent pour cette case) ; The Secret Life of Oscar Wilde par Neil McKenna pour "Un livre d'un genre auquel vous n'avez jamais ou peu touché" (à savoir la biographie) ; et la bd Le Loup des mers de Riff Reb's, tiré du roman de London, pour "Un livre qui est une adaptation".

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