La Magie, ça n'existe pas! - 5/5

May 01, 2011 18:45

Et voilà, le dernier chapitre de cette petite histoire qui je l'espère vous aura permis de passez un bon moment!

Mon crime impuni.

Ces derniers mois avaient été épuisants. Stressants. Et terrifiants.
Soudainement, ils avaient dû tout quitter parce qu’un enfant, qui n’était même pas le leur, le leur avait demandé. Lui et d’autres personnes qu’ils avaient plus ou moins déjà vues, avaient tenu à leur faire part des soi-disant dangers qu’ils courraient à rester là, chez eux.

Vernon avait hésité, acquiescé, refusé, puis changé d’avis, encore.

Et encore.

Comme il avait été difficile pour Pétunia de quitter cette maison. Son seul véritable foyer depuis qu’elle était partie de chez ses parents. Cette maison, le symbole de sa réussite. De sa vie de famille.

Normale.

Mais ils étaient partis. Harry ne voulait pas qu’eux aussi meurent à cause de lui. C’est cette détermination qui l’avait convaincue, elle. Et la peur de perdre Dudley. Cet amour maternel qui vous pousserait à faire n’importe quoi. Déménager, voler, tuer. Ou être tué.

Comme elle.

Ainsi, il leur avait fallu réapprendre à vivre dans un quartier qu’ils ne connaissaient pas, sous de fausses identités.
Tout recommencer, avec la possibilité de se réinventer.
Contrairement à ce qu’elle avait prétendu à Privet Drive, Pétunia n’avait jamais caché avoir une sœur dans ce nouveau quartier. Elle avait juste expliqué que son décès l’avait affectée et que depuis, elle évitait d’en parler. Jamais elle n’avait été aussi proche de la vérité concernant sa sœur… Vérité qu’elle ne s’était avouée qu’en débutant cette nouvelle vie.

En ce matin de juillet, presque un an après leur déménagement, la surprise de Mrs Dursley, désormais Mrs Miller, fut totale lorsqu’elle vit un hibou voler avec détermination vers elle.
Pour plus de sûreté, ils avaient emménagé près d’un village sorcier, et personne ici n’était méfiant envers ces volatiles qui, pour une raison que les Moldus ne s’expliquaient pas, semblaient avoir rompu leur cycle de vie naturel.
Vernon en avait été choqué, criant à tout va que ça n’était que de la provocation, qu’ils allaient certainement servir de cobaye à ces gens bizarres…

Et puis il s’était tu. Comme toujours.

Cependant toujours un peu gênée à l’idée d’être au centre d’un phénomène étrange, Pétunia se dépêcha de faire entrer l’oiseau. Rapidement elle détacha le pli et donna les restes de Mianhibou qu’elle avait trouvés dans l’ancien placard de Harry et qu’elle avait emportés sur un coup de tête.
Anxieuse, elle regarda l’enveloppe sur laquelle était indiqué un simple « Pétunia » et ne reconnut pas l’écriture. Depuis qu’ils étaient partis, personne de ce monde ne les avait contactés. Un pincement la sortit de ses réflexions. Le hibou voulait partir, visiblement la consigne avait été donnée, il ne fallait attendre aucune réponse.

Fébrile, Pétunia fit tourner et retourner l’enveloppe entre ses mains. Qui pouvait lui écrire à elle ? Que lui voulait-on ? Allait-on lui dire qu’elle pourrait redevenir Mrs Dursley ? En avait-elle seulement envie ? Tant de questions auxquelles elle avait peur de trouver une réponse…
Tentant de contrôler sa respiration, elle s’assit sur son sofa et commença à décacheter l’enveloppe. Ses doigts tremblaient. De quoi avait-elle peur ?

D’un coup sec, elle finit d’ouvrir le pli et sortit la lettre.

« Pétunia,

J’avoue que je ne sais pas vraiment pourquoi je t’écris. Peut-être pour vous dire que je suis vivant. Vous, la famille que je n’ai pas choisie, mais celle dont le sang coule dans mes veines.
Je ne sais ce qui vous intéresse dans les quelques lignes qui vont suivre, mais à cause de moi vous avez souffert et fait des sacrifices. Ils n’ont pas été vains. Comme aucun de ceux qui ont pu être faits avant.

Voldemort a été vaincu.

Cela fait une semaine maintenant que le Mal a cessé de régner dans notre monde. Vous n’avez plus rien à craindre. Personne ne s’en prendra à vous pour me trouver désormais, et si vous le souhaitez, vous pouvez retourner à Privet Drive.
Pour cela, allez voir votre voisine qui habite au n°21 de votre rue. C’est une employée du Ministère qui est au courant de la situation et qui vous réhabilitera dans votre ancien quartier si vous le désirez.

Cette année, il n’y a pas eu de célébrations pour fêter cet évènement. Trop de pertes, trop de blessures. La joie n’est pas encore assez forte pour prendre le dessus. La douleur est pour le moment omniprésente. Un jour peut-être nous goûterons au plaisir simple d’être là.

Mais il nous - il me - faudra parcourir un long chemin.

Que font les combattants quand la guerre est terminée ? Comment font les survivants quand il ne s’agit plus de survivre mais simplement de vivre ?
Je ne sais pas comment vivre ma vie de garçon de dix-huit ans. J’ai l’impression d’avoir déjà vécu ma vie… Suis-je autorisé à continuer d’exister alors que j’ai tellement tué ?

Les « Au nom de la liberté » ne me soulagent en rien. Chaque battement de mon cœur semble décompter le nombre de personnes qui ont souffert, qui ont perdu la vie pour moi. À cause de moi…

Peut-être que je te pose ces questions parce que mes parents ne sont plus là pour y répondre…
Durant ces derniers mois de traques, je suis passé à Godric's Hollow.
C’est là qu’ils vivaient.
Ainsi que Dumbledore.
Je n’ai pas pu rester aussi longtemps que je le voulais. Mais je suis passé quelques instants au cimetière. Je voulais voir ce qu’il me restait d’eux, d’elle…

Je me suis aussi rendu près des ruines de leur, enfin notre, maison. Rien n’avait changé depuis leur mort. Personne ne semble être venu violer ce sanctuaire. Seule la Nature y a recouvré ses droits.
Je me suis permis de jeter un coup d’œil à ces décombres, morceaux de vies brisées… Je n’ai rien trouvé… du moins pas ce que je cherchais…

Godric's Hollow, c’est aussi le nom du village sorcier près duquel on vous a fait déménager, si un jour tu veux la voir…

Il n’y a aucun moyen de ressusciter les gens que l’on a perdus.

Cette magie-là n’existe pas !

Mais je suis sûr d’une chose. Le sentiment le plus magique est l’amour.
Celui que l’on porte à la personne aimée, celui que l’on porte à nos enfants, celui qu’on se porte entre sœurs…
Maman aurait aimé te voir plus souvent. C’est du moins ce qu’il y avait d’écrit sur les quelques pages de son journal intime qui n’avaient pas brûlé…

Là encore je ne sais pas encore pourquoi je te parle de ça. J’ai l’impression que tu ne l’aimais pas trop.

Je vais te laisser vivre ta vie comme tu le souhaites. Vous n’entendrez plus parler de moi, ni du monde sorcier dorénavant. Je vais me reconstruire avec ces gens qui m’ont toujours accueilli parmi eux avec plaisir, qui m’ont toujours considéré comme faisant partie de la famille bien qu’aucun lien de parenté n’existe entre nous.

Adieu.

Harry. »

Pétunia sécha les dernières larmes qui striaient ses joues. Il lui avait fallu pas moins d’une heure pour parvenir à terminer cette lettre.

Alors tout devait se terminer comme ça. Par une lettre lourde de rancœur et un « Adieu » ?

Non, c’était trop facile !

Elle ne pouvait pas tirer un trait sur ce qui avait été ses sombres angoisses, ses désirs secrets des années durant, aussi simplement.

Ce gamin pensait-il être le seul à avoir souffert de leur mort ?
Pas un jour, depuis leur disparition, ne s’était passé sans que Pétunia se sente coupable.
Non, elle n’était pas une meurtrière. Elle n’avait jamais dit où sa sœur résidait, de toute façon elle ne l’avait jamais réellement su. Une histoire de secret…
Non, mais dans un sens elle l’avait tuée.

Un jour, alors que Harry s’était encore fait remarquer en se trouvant soudainement sur le toit de l’école, Vernon et Pétunia s’étaient violemment disputés. Celui-ci avait exigé que tout ce qui pouvait rappeler que ça existait devait disparaître de la maison pour que le petit puisse avoir une chance de devenir normal.

Pétunia savait que Vernon faisait allusion au paquet de lettres qu’elle avait précieusement conservées toutes ces années durant. En épouse obéissante qu’elle était, elle l’avait écouté et fait ce qu’il désirait. Du moins le croyait-il. La jeune femme n’avait pas pu se résigner à jeter la dernière lettre de sa sœur. Sa dernière preuve de vie. Elle l’avait soigneusement rangée et cachée pour que jamais son mari ne la trouve.
Cette lettre, ces quelques lignes écrites à la hâte dans laquelle Lily confiait à sa sœur que s’il leur arrivait malheur à James et elle, la famille Dursley se verrait confier la garde d’Harry. Elle avait la certitude qu’ainsi son fils serait aimé et entouré…
Pétunia n’avait jamais vraiment ressenti de culpabilité à l’idée de ne pas avoir élevé son neveu comme le souhaitait sa mère.
Non, ce qui l’avait rongé jour après jour était le fait de ne pas avoir cru en sa sœur. Pétunia avait toujours pensé que Lily avait dit ça pour se rendre intéressante, croyant peut-être que cette soi-disant menace les réconcilierait… Elle y avait toujours cru jusqu’à ce qu’en pleine nuit elle soit réveillée par quelques coups frappés à sa porte, un enfant sur le palier et une lettre rappelant les dernières volontés de la famille Potter…

Revenant peu à peu à la réalité, Pétunia concéda un dernier regard au parchemin avant de le déchirer.
Non, elle ne partirait pas. Elle ne fuirait pas sa douleur et ne redeviendrait pas Mrs Dursley.
Ici, elle avait enfin admis son amour pour sa sœur et le terrible vide que représentait sa disparition.

Non, elle ne partirait pas.

Pas avant d’avoir trouvé le courage d’aller lui rendre un dernier hommage.

De lui demander pardon.

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