La Magie, ça n'existe pas! - 4/5

Apr 25, 2011 16:42

Quatrième et avant dernier chapitre de cette petite histoire :


Hérédité chargée.

Dès qu’elle déposa le paquet joliment emballé dans les mains potelées de l’enfant, le silence revint.
Quelques secondes de répit.
Une fois de plus elle avait cédé aux caprices de sa progéniture. Mais comment refuser quelque chose au seul enfant que vous n’auriez jamais et qui, dès ses premiers instants de vie, avait été un soulagement.

Pétunia s’était toujours senti obligée de récompenser son fils pour son extrême banalité. Son enfant n’était remarquable en aucune chose. Il était conforme aux canons de la normalité et ne devait surtout pas en sortir. Il était comme elle, comme Vernon, et vivrait dans un monde où la magie n’existe pas !

Pas un seul instant durant les premiers temps de sa grossesse Pétunia ne s’était soucié de ça. Une lettre de cette sœur, dont elle était restée sans nouvelles des années durant, avait fait voler en éclat sa bulle de bonheur.

Par un matin de mars, alors que la neige tombait abondamment, apportant calme et sérénité à celle qui contemplait la chute inexorable des flocons, un hibou était venu frapper à la fenêtre de la cuisine. Le cœur de la nouvelle Mrs Dursley avait fait un bond dans sa poitrine avant de se mettre à battre la chamade d’angoisse et d’appréhension. De surprise, elle avait failli lâcher la tasse de thé brûlant qu’elle avait entre les mains. Pourquoi cet animal symbole de ce qu’elle fuyait venait chez elle ? Avec empressement, elle avait récupéré la lettre et chassé l’animal. Il était hors de question que les voisins s’aperçoivent de quelque chose. À la vue de l’élégante écriture, Pétunia sut qui était l’expéditeur. La grâce de Lily se retrouvait jusque dans sa calligraphie.

Au fil de sa lecture, la jeune femme apprit que sa sœur attendait également un enfant. Pétunia devait donner naissance à son fils mi-juin tandis que l’accouchement de Lily était prévu début août.
Quelques semaines sépareraient donc ces deux cousins qui ne se connaîtraient jamais.
Quelques semaines et un monde de jalousie, de rancœurs et d’incompréhensions.

Mais plus que les dates proches, ce sont les lignes qui suivirent qui retinrent l’attention de l’aînée des Evans.
Lily expliquait à quel point elle était heureuse que son enfant soit un sorcier. Oui elle le savait déjà car durant les premiers mois de sa grossesse, tout un tas de symptômes étranges étaient apparus. Ainsi, durant les premières semaines, tout ce qu’elle touchait prenait instantanément une couleur violette, et elle avait des envies si étranges que seule la magie pouvait en être à l’origine. Une autre fois, alors que James parlait au bébé, Lily se sentit décoller de quelques centimètres du canapé sur lequel elle était étendue. Ces manifestations étaient celle du bébé, il n’y avait aucun doute.

Lily exprimait aussi toute sa joie de savoir que son enfant, son fils, irait étudier dans la meilleure école qui soit et qu’il ne serait jamais jugé sur sa famille comme elle l’avait été. Le soulagement de la plus jeune des deux sœurs était manifeste.
Il ne serait pas un sang-mêlé.
Jamais il ne serait insulté comme elle l’avait été. Il n’aurait pas d’ascendance directe avec des Moldus. Il ne serait pas bizarre pour son monde, mais serait élevé dans le respect des sorciers ayant des origines moldues.
Malgré tout, Pétunia n’avait pu s’empêcher de constater que pour le bonheur de leur enfant chacune rejetait le monde auquel l’autre appartenait.

Bien qu’aucun phénomène étrange ne se soit passé depuis le début de sa grossesse à elle, Pétunia avait été prise d’une sourde angoisse. Après tout, le sang des Evans, ce sang qui avait fait de Lily une sorcière, coulait déjà dans les veines de son enfant. S’il fallait qu’elle annonce à son mari une chose pareille, elle le perdrait, elle en était convaincue. Vernon ne supporterait pas de devoir vivre ainsi.

Un peu perdue et sans trop savoir à qui s’adresser, la jeune femme prit un stylo, une feuille de son plus beau papier à lettre et commença à rédiger quelques lignes. Elle voulait demander à une autorité quelconque, du monde de sa sœur, s’il était possible de vérifier que son fils était normal, sans magie.
Elle avait d’abord pensé contacter ce vieil homme à qui, une fois, elle avait envoyé une lettre. Une lettre, pleine d’espérance et de doutes, pour savoir pourquoi elle n’avait pu aller dans cette école avec sa sœur…
Mais bien vite elle se reprit. La seule solution qu’elle avait était d’écrire à celle qu’elle s’était pourtant juré d’oublier. La missive était courte, et résumait l’urgence de la situation. Pas de regrets quant à l’absence de nouvelles durant toutes ces années, rien qui puisse laisser entendre des retrouvailles. Juste une terrible angoisse.
Comme si le hibou avait pressenti la réaction de Pétunia, il avait sagement attendu, perché sur une branche de l’arbre voisin. La jeune femme le siffla, le héla, tenta même de hululer, mais rien n’y fit avant que dépitée elle ne tente un « S’il te plaît ». Avec un manque de bonne volonté évident, l’oiseau vola jusqu’à elle avant de s’engouffrer par la fenêtre de la cuisine.

Les jours qui suivirent comptèrent parmi les plus angoissants de la vie de Mrs Dursley. Dès que Vernon quittait la maison pour se rendre au travail, elle se postait à la fenêtre de la cuisine, espérant et redoutant le moment où elle verrait de nouveau le messager de sa sœur.

Plusieurs fois elle avait relu la lettre afin de connaître les symptômes qui avaient permis à Lily de s’assurer que son fils serait un sorcier. Alors que rien de comparable ne lui était arrivé, Pétunia doutait et était rongée par l’angoisse.
Son mari était enchanté de cette grossesse et cela avait redonné un peu de passion à leur couple. Pétunia aurait été plus heureuse que jamais si elle n’avait eu à vivre avec cette épée de Damoclès vacillant en permanence au-dessus d’elle. Jusque là, elle avait réussi à cacher ses angoisses, mais elle savait que si elle n’obtenait pas de réponse rapidement, elle serait obligée de tout avouer à Vernon.
Une fois déjà il l’avait soutenue. La tare de Lily ne les avait pas séparés, mais qu’en serait-il de celle de son propre fils ?

Alors que la fin mars approchait à grand pas, la réponse tant attendue arriva. Cette fois, Lily avait pris garde d’utiliser un moyen moldu et seule l’élégante écriture avait permis à Pétunia de reconnaître, une fois encore, l’expéditeur sans même avoir ouvert le courrier. La jeune femme hésitait. Elle tenait entre ses mains le pli qui, elle le savait, allait changer sa vie à jamais. Soit elle serait condamnée, avec son enfant, à la disgrâce de son mari, soit elle n’aurait plus jamais à se soucier de ça. Sa sœur et elle vivraient sans plus se croiser, soulagées d’appartenir au même monde que leur fils.

Dès qu’elle eut fermé la porte d’entrée, le calme apparent de la jeune femme laissa place à une terrible excitation. Les mains tremblantes et le cœur battant à tout rompre, elle déchira l’enveloppe.
Il fallait qu’elle sache.
Maintenant.

Soudain, sans qu’elle puisse se contrôler, Pétunia fondit en larmes et se laissa glisser au sol. Les lignes écrites par Lily effacèrent les heures d’angoisse et de doutes. Aucun enfant Durlsey n’apparaissait sur les registres du Ministère de la Magie, ce qui signifiait que son fils n’était qu’un simple Moldu. Juste un être normal. Le soulagement fut tel que la jeune femme resta là, à serrer contre elle les mots libérateurs durant plusieurs minutes, incapable de faire le moindre mouvement, ne serait-ce que pour essuyer les larmes qui striaient ses joues.

Les dernières semaines de grossesse de Pétunia ne furent alors qu’enchantement et plaisirs de future maman. Vernon mit ce soudain retour de bonne humeur sur le compte des hormones et se félicita d’être en partie à l’origine de ce bonheur. Le couple était aux anges et pas même les difficultés de l’accouchement ne parvinrent à briser cette bulle de bonheur.

Depuis, la jeune mère savourait ce qu’elle considérait comme la plus grande réussite de sa vie. Elle avait une famille. Un époux tout ce qu’il y a de plus conventionnel, un bébé qualifié de « tout à fait conforme » par les médecins eux-mêmes, et une vie d’où rien ne sortait de l’ordinaire.

Cependant, quand son fils lui avait fait son premier sourire, Pétunia n’avait pu s’empêcher de penser que la magie existait bien quand même un peu.

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