Edge > 6 > Bruised dreams, bullshit legends

Apr 27, 2009 14:26

Titre: Bruised dreams, bullshit legends
Auteur: drakys
Fandom: Soul Calibur UA > Edge
Personnages: Zhang Wu, Maxi, Murakami & Mitsurugi
Rating: R
Disclaimer: Namco pour les personnages, drakys, lai_choi_san et supaidachan
Nombre de mots: 5531 mots
Notes: Ici pour les persos. Posté dans le cadre d'ecrirepouraider pour lai_choi_san (Je sais que tu es débordée au boulot et tout, c'est pourquoi je me risque à poster un tout petit peu en retard sans ton accord officiel. C'est clair que si tu ne veux pas faire de don pour, c'est tout à fait de bonne guerre.) - et un petit peu pour annaoz aussi.

"Je croyais", dit lentement Zhang Wu, bras croisés derrière son dos parfaitement droit, "que tu voulais faire la Cage.

- Ouais…", arrive à râler Maxi, en boule par terre, en essayant de se relever.

Sa salive est mêlée de sang, coule jusqu'au plancher et il reste sur les genoux, rampe en avant sur ses avant-bras. Il veut se relever, mais la douleur l'en empêche et il essaie de l'ignorer, mais elle le nargue, aiguë, insupportable. Il ferme les yeux, jure à répétition plutôt que de gémir, ce qui fait sourire l'autre homme.

"Ouais", répète-t-il, arrivant à faire passer à peine plus d'assurance entre ses dents serrées.

"Alors, qu'est-ce que tu attends pour te relever ?"

Zhang Wu s'approche et le pousse du pied, force contre son épaule, lui fait perdre l'équilibre et sourit de le voir retomber. Maxi essaie aussitôt de se remettre d'aplomb, plus par entêtement que parce qu'il en est capable et l'autre homme le refait aussitôt tomber. Il pose son pied entre ses omoplates, appuie pour qu'il reste épinglé contre le sol.

"Debout !", le presse-t-il. "Qu'est-ce que tu attends ?

- Non mais, lâche-moi !", grince Maxi en essayant de se libérer.

Il lève la tête et sur son visage ecchymosé, son expression un peu moqueuse, un peu suffisante, a disparu depuis longtemps. Il vrille Zhang Wu du regard, que la pathétique démonstration de colère n'impressionne pas le moins du monde. Le chinois soupire, retire son pied et lui tourne autour, attend qu'il puisse puiser quelque part dans ses dernières ressources de quoi se redresser.

"Tu voulais que je t'aide", fait-il remarquer, sans la moindre trace d'émotion dans sa voix.

"Pas que tu me battes à mort, connard !"

Un rire amusé lui répond. Zhang Wu le condamne à rester au sol d'un autre coup de pied, un vrai coup de pied, et Maxi roule sur le côté, sent quelque chose craquer et il serre les dents, se recroqueville sur lui-même.

"Tu crois que c'est facile, la Cage ? Tu crois que ton adversaire va gentiment attendre que tu reprennes ton souffle, que tu te relèves ?", il enfonce le bout de son pied dans les côtes de Maxi, écarte d'un coup de talon la main qu'il essaie de lever pour se protéger. "Comment peux-tu croire ça ? Tu es un imbécile, c'est ça ? Tu es stupide ! Tu me fais perdre mon temps !"

Zhang Wu s'accroupit près de lui et enfonce son index sur les marques violacées de son visage, s'attire un autre regard furieux. Maxi claque sa main et réussit à s'installer en tailleur, grimace de douleur en sentant les trois quarts de son corps lui faire comprendre qu'il n'a pas le niveau pour affronter l'autre homme.

"Non, pas stupide, tu es pitoyable. Pas de résistance, pas de technique, pas-

- Alors apprends-moi !", crie Maxi en parvenant de justesse à bloquer un coup de pied qui lui aurait sinon explosé le nez.

"Relève-toi !", lui ordonne l'autre homme en reculant enfin. "Tu penses apprendre en restant par terre à croupir dans ta crasse ? C'est tout ce que tu vaux, dis-moi ? Tu veux passer le reste de ta vie avec les autres petites merdes dans ton genre, avec la petite racaille des rues ?

- Rhâ !", gueule Maxi et Zhang Wu arrête de l'insulter, au moins un instant.

Il le regarde et attend, patiemment. Maxi a besoin de deux minutes, deux très longues minutes pour arriver à se remettre sur pied et ne plus tanguer, son équilibre finit par arrêter d'hésiter et il s'essuie le visage avec le bas de son tee-shirt. Zhang Wu, malgré lui, est impressionné par son obstination.

"Ouaaais !", crie Maxi, poings serrés, comme s'il venait de gagner un combat important.

Il se recule de quelques pas, fait craquer son cou et corrige sa posture, se met en garde, prêt à en découdre. Même s'il a déjà été battu tellement de fois, il fait quand même passer son poids d'un pied à l'autre, toujours mobile.

"Allez viens, enculé !", réclame-t-il avec un grand sourire et un petit geste de la main pour dire à l'autre homme d'approcher.

Zhang Wu soupire et secoue la tête, ne lui souligne pas qu'il aurait pu le remettre à terre pendant qu'il essayait de se redresser. Il s'approche, lance quelques coups précis, mais sans force ou réelle vitesse, que Maxi bloque sans difficulté. Il continue à attaquer, à le laisser parer, il laisse Maxi gagner en confiance : ce qui ne prend pas longtemps.

"Alors, t'as rien à r'dire maintenant, hein ?", sourit Maxi, certain d'avoir enfin le dessus. "Tu crois encore que j'suis qu'un p'tit nullard ?

- Oui", lui répond calmement Zhang Wu en se penchant, évitant chacun de ses coups.

Il se glisse derrière lui, lui envoie un pied derrière les genoux, le renvoie brutalement à terre.

"Pathétique", commente-t-il en recroisant les bras derrière son dos.

Il tourne autour de lui.

"Relève-toi."

Maxi se contente de gronder.

"Les chiens qui jappent le plus fort ne mordent pas", siffle l'autre homme. "Relève-toi !

- J'vais me relever quand j'en aurai envie !", rétorque Maxi, essayant de gagner au moins un point contre Zhang Wu.

"Quand ?", lui demande-t-on aussitôt. "Quand !", insiste Zhang Wu en lui donnant un coup de pied dans les côtes. "Tu veux te relever après que quelqu'un panse tes petites égratignures ? Après qu'une de ces pétasses qui te tournent autour t'apporte une bouteille d'eau bien froide, avec un grand sourire débile, en paradant ses nichons ? Relève-toi !", ordonne-t-il encore, avec un autre coup. "Que veux-tu apprendre si tu restes par terre ? Tu veux apprendre à perdre, peut-être ?"

Maxi serre les dents et, lentement, se relève. Cette fois, Zhang Wu l'attaque aussitôt. Un coup précis de la paume au plexus le renvoie au plancher. Maxi n'a pas besoin d'être motivé cette fois, il se redresse mécaniquement, bloque les coups de pieds auxquels il est habitué. Zhang Wu sourit et lui envoie un coup de poing qui lui vole son souffle.

Plié en deux, Maxi râle de douleur. Il ne goûte que son sang, voit des points danser devant ses yeux.

"…Fait …chier !

- Lamentable. Tout ce que tu fais est navrant. Tu t'agites vaguement, n'importe comment, un peu dans tous les sens. Tu as des problèmes de vision ? Tu me vois mal, peut-être, quand pourtant je suis devant toi ?

- Et si tu m'disais ce que tu veux que je fasse !", siffle Maxi, jetant les bras en l'air, irrité. "Et arrête de m'insulter, putain de merde !

- Ça t'énerve ?", demande Zhang Wu avec un sourire en coin. "Tu n'aimes pas que je te dise que tu es une sale larve indigne de vivre ? Que tu es une merde, une saloperie de crevure ?

"Oh non, j'adore !", grince l'autre homme, sarcastique.

"Alors pourquoi tu ne me lattes pas la gueule, hein ?"

Zhang Wu lui tourne le dos avec un petit sourire de rien, constatant l'expression de surprise, de presque compréhension, qu'affiche soudain Maxi.

***

La porte s'ouvre avant même qu'il cogne et Maxi n'aime pas la façon dont Kyam le vrille du regard. Kyam ne le voit pas, il voit les marques violacées du jour, les anciennes qui sont des accents pâles en brun et en jaune, les traces rouge foncé et celles desquelles le sang est plus frais, toutes les couleurs qui traduisent les blessures et la douleur, la sévérité de l'entraînement.

"Crétin", dit-il plutôt que bonjour, ne cachant en rien sa désapprobation, et il lui pointe le sofa.

Sans soupir, sans reproche, mais avec une lassitude qui n'échappe pas à Maxi.

Il obéit et se laisse tomber sur les coussins au confort minimal, lance la tête en arrière et s'appuie au dossier, trouve que c'est le paradis ou même mieux tellement son corps hurle pour avoir enfin la paix. La sensation de quiétude, de perfection s'étire jusqu'à ce que le piquant du désinfectant agresse une coupure sur sa joue, brûle un chemin jusqu'à une marque sur son bras, s'étale en pointillés douloureux sur sa peau meurtrie et, instinctivement, il veut éviter, essaie de se dérober au contact. Un regard noir lui rappelle des engueulades sur leurs choix de vie respectifs et il ne veut vraiment pas les répéter, trop crevé, et il se tient tranquille.

Kyam ne dit rien, Maxi non plus. C'est la routine, une autre journée après le boulot.

Leur appartement est petit, misérable, mais ils n'ont pas de quoi se payer mieux. Ils le partagent avec Yagazzi, qui n'y dort que le jour, en vadrouille la nuit, et qui rapporte toujours en retard deux ou trois billets pour payer sa part du loyer.

Le réfrigérateur est rempli des restes rapportés des restaurants des environs par l'un ou l'autre d'entre eux ou de ceux livrés à des heures indues : ils sont tous incapables de cuisiner correctement. Au moins le ménage est fait, Kyam y veille, ou alors il est maintenu dans un état stable, ce qui donne un semblant de propreté aux trois pièces qu'ils partagent.

Maxi tique quand Kyam lui donne une claque sur le front pour le réveiller et ce n'est qu'à ce moment qu'il réalise qu'il s'est endormi. D'un côté, il s'en félicite, parce que dès qu'il reprend conscience, il sent aussitôt que son bras a eu besoin de quelques points de suture. L'odeur du désinfectant flotte encore dans l'air et Kyam lui tend un verre de shochu que Maxi accepte avec reconnaissance. Kyam le ressert trois fois avant de simplement lui laisser la bouteille et de nettoyer les linges sales, de ranger le fil et les aiguilles.

"Il reste de la pizza s'il tu es encore capable de te servir de ta mâchoire", lui dit Kyam en s'essuyant les mains sur un linge vaguement plus propre que les autres. "Sinon, Yagazzi a rapporté un peu de soupe. Et j'ai changé tes draps, mais ça ne vaut pas une douche ! À l'odeur que tu as, tu devrais-", il relève la tête et réalise que si Maxi n'a pas encore daigné l'insulter, c'est parce qu'il s'est rendormi.

Kyam secoue la tête et reprend le verre et la bouteille avant qu'ils tombent par terre. Il ferme la lumière et va laver les serviettes, qui vont resservir le lendemain, le jour suivant et ainsi de suite, jusqu'à ce que Maxi se lasse... ou alors qu'il devienne le héros de la Cage.

***

"Il paraît que tu as pris un élève, voilà qui est surprenant."

Zhang Wu, s'il est étonné, n'en laisse rien paraître. Ses baguettes, peut-être, sont tenues une fraction de seconde plus raides dans sa main, mais l'Oyabun ne regarde pas, ne remarque rien. Il ne regarde même pas l'autre homme, intéressé beaucoup plus par son repas. Il engouffre les ramen avec appétit, signale vaguement au tenancier de lui resservir du saké. Le Sakura-Dai est une toute petite échoppe, cachée bizarrement entre un combini et une tour à bureaux et Zhang Wu n'apprécie guère l'endroit.

Ils ne sont séparés de la rue que par un demi-rideau pâli par le soleil et la fumée et Murakami ne se formalise que trop peu d'être si à découvert. Il n'a avec lui que deux gardes du corps et ne paraît pas se préoccuper des risques qu'il courre. Zhang Wu le fixe du coin de l'œil et ne peut s'empêcher de vouloir qualifier l'autre homme ou de fou ou d'inconscient.

"C'est un morveux indiscipliné.

- Un défi, donc ?

- Un calvaire, oui !", réplique le chinois et il réalise trop tard l'émotivité qu'il laisse paraître, se rattrape aussitôt et redevient glacé. "Je ne vois pas de quelle façon cette information peut vous profiter, seigneur Murakami."

Murakami dépose ses baguettes et pousse son bol vide devant lui, hausse un sourcil.

"Je crois t'avoir demandé plusieurs fois de laisser tomber de telles formalités entre nous", par-dessus son épaule, il désigne du pouce ses gardes du corps. "Ils ne diront rien et je serai bien le dernier à te blâmer si tu te risques enfin à t'adresser à moi en te servant de mon prénom.

- Je ne pense pas qu'il serait approprié de vous manquer de respect en aucune circonstance", lui répond Zhang Wu sans hésitation.

L'autre homme boit une gorgée de saké, jette un regard en coin à la tasse de thé qui fume encore doucement devant le chinois. Il repose sa coupe et pianote sur le comptoir, garde le silence et derrière eux, à quelques mètres à peine, les voitures filent sur la rue en sifflant. Le calme n'est que relatif, dans la cacophonie des voix des passants. Le Sakura-Dai ne procure qu'un silence impur, coupé par la vie bruyante et animée du quartier.

"Les Ming avaient dit m'envoyer un allié", commence Murakami en se levant. "Je pourrai leur dire que tu combles parfaitement ce rôle, bien qu'il s'arrête là. Tu n'es peut-être pas ici depuis assez longtemps pour comprendre que les simples alliances ne bâtissent pas toujours les meilleurs liens. Considère donc de m'accorder ton amitié, nos affaires ne s'en porteront que mieux."

Il dépose le prix des deux repas sur le comptoir et salue le tenancier, se retourne et signale à ses gardes du corps qu'ils quittent la petite échoppe. Zhang Wu sait qu'il devrait se taire, mais il se retourne pour les suivre des yeux.

"…Êtes-vous vraiment dans une position où vous pouvez faire confiance à ceux qui vous entourent ?", lance-t-il et Murakami s'arrête.

Il a un petit rire pour toute réponse et s'éloigne, suivi de ses deux ombres.

***

"Zhang Wu", est-il salué simplement par l'Oyabun.

Ce dernier est assis devant la grande baie vitrée, coudes appuyés aux bras de son fauteuil, doigts joints devant sa poitrine. Il ne quitte par la Cage des yeux et Zhang Wu reste debout en silence derrière lui, pour ne pas le déranger. Maxi, rapidement impatienté, lui jette un regard si plein d'irritation que le chinois lui fait un signe discret de la main pour le calmer.

"…C'était aussi le Démon qui combattait, la dernière fois que tu es venu", lui dit finalement Murakami. "Je suis curieux. Dis-moi, que penses-tu de lui ?"

Zhang Wu s'avance et regarde le combat pendant un moment. Il fronce les sourcils, ses yeux suivent chaque mouvement avec une expression critique. Maxi, s'il regarde lui aussi le combat, n'arrive à le faire qu'avec un regard fasciné, un enthousiasme que Zhang Wu est loin de partager.

"La même chose que la dernière fois. Sa technique manque de finesse", répond-t-il. "Sa posture pourrait être corrigée. Par je ne sais quel miracle, il ne compte pas sur sa chance : il se fie à son instinct. Il sait deviner la situation d'un coup d'œil, sait quand il faut reculer, quand il faut attaquer, quand il faut tuer. …Ce n'est qu'une vulgaire bête sauvage", conclut-il avec un regard ouvertement dédaigneux vers celui qui se bat. "Une dangereuse bête sauvage", ajoute-t-il après une seconde de réflexion.

Sans quitter le Démon des yeux, Murakami a un étrange sourire, difficile à interpréter. Zhang Wu ne comprend pas sa réaction, il se demande s'il vient de l'insulter ou de l'amuser.

"…Sais-tu comment il est arrivé là ?

- Non", admet Zhang Wu.

"Il y a longtemps, on dirait une éternité maintenant", commence-t-il et il appuie son menton sur ses mains jointes pour conter l'histoire. "Un gamin avec la peau sur les os est débarqué chez mon père et y a tué deux gardes. Il s'est bien sûr retrouvé rapidement encerclé, sans que personne ne comprenne trop comment il était entré…"

***

Échevelé, couvert de sang, le garçon garde son couteau levé, respire bruyamment. Akikuni reste calmement assis devant le tablier de shôgi, lève simplement une main pour empêcher les gardes de virer illico l'étrange menace. Kunikiyo veut se lever, mais d'un autre signe, son père lui demande de rester où il est.

"Les assassins n'ont pas ton âge", dit-il après avoir terminé son tour et il lève enfin la tête. "Que viens-tu faire ici ?

- J'veux être fort !", siffle l'intrus avec la voix d'un homme, même s'il n'en a pas l'apparence. "Vous êtes les plus forts, c'est c'que tout le monde dit !"

"...Mais tu viens de tuer deux de mes enfants", Akikuni se lève et sourit, une fraction de seconde seulement. "Tuer sans raison, c'est l'idée que tu te fais de la force ?", demande-t-il, sévère. "C'est ce que tu veux faire, tuer pour être fort ? C'est une mentalité terriblement simpliste. Que feras-tu quand tu n'auras plus personne à tuer ?"

Le garçon ne répond pas. Ses yeux regardent ceux qui l'entourent, cherche qui finira par l'attaquer le premier. Son couteau ne tremble pas, son regard passe d'une personne à l'autre rapidement, il n'est pas nerveux, simplement prêt à affronter n'importe quoi. L'Oyabun s'éloigne de son fils et se rapproche, glisse ses bras dans les manches de son kimono.

"Quel est ton nom ?

- J'ai pas d'nom.

- Tout le monde à un nom.

- J'en ai pas", gronde le gamin avec obstination.

Tranquillement, Akikuni le rejoint et s'accroupit devant lui. Ne lisant pas de menace dans son attitude, le garçon ne l'attaque pas. Il le dévisage et ne comprend pas le sourire doux. Il comprend par contre le sérieux de son regard.

"Veux-tu le mien ? Mon nom te rendra fort", lui offre Akikuni.

Un coup d'œil rempli de doute répond à son offre. L'Oyabun sourit un peu plus largement quand le garçon hoche la tête.

"Je ne te le donnerai pas comme ça. Tu dois le prendre.

- Comment faut faire ?"

Akikuni soupire, libère une de ses mains, frotte son menton, pensif.

"Hmm, il existe au moins cent moyens", lui assure-t-il. "Disons que je te le donnerai si tu arrives à tuer un troisième de mes enfants. Trois morts, c'est un sacrifice suffisant pour te céder un nom et la force qui vient avec."

Le garçon fronce les sourcils et le fixe comme il se relève et lui tourne le dos, retourne devant le tablier de shôgi. Il tape deux petits coups dans ses mains.

"Laissez-le choisir qui il veut, défendez-vous, ne le tuez pas et ne vous laissez pas tuer."

Les gardes attendent, nerveux, et le gamin resserre ses doigts sur son couteau, ses jointures blanchissent. Il se tend, cherche des yeux.

Il court soudain et crie, défait le cercle qui essaie de se refermer complètement autour de lui, de l'écraser. Il se jette sur Kunikiyo qui recule précipitamment, lève le bras droit pour se protéger. La lame y mord, trace une ligne de sang avant que les gardes agrippent l'enfant et le force violemment à terre, surpris par sa fureur désespérée. Ils lui arrachent son couteau, le maintiennent au sol même s'il se débat comme un animal, crie et les griffe.

"Est-ce que ça va ?", demande Akikuni, inquiet, en voyant le sang.

Son fils hoche la tête, main pressée sur son bras, surpris. Akikuni rit doucement et retourne vers le garçon, fermement retenu le visage dans la poussière par deux gardes. Il se penche et l'agrippe par les cheveux, lui soulève la tête.

"…Pourquoi lui ?", demande-t-il, curieux.

"Il a l'air important", crache le gamin.

"Important ? Peut-être… Mais même désarmé, il a été trop fort pour toi. …Tu as échoué", lui fait remarquer l'Oyabun. "Je suis désolé, je ne peux pas te donner mon nom."

Le garçon le fixe, furieux, et Akikuni le relâche, fait signe pour qu'on le relève. Il désigne son fils.

"Tu as bien deviné, petit démon, il est important. Si tu l'avais tué, je ne t'aurais pas donné mon nom, j'aurais pris ta vie. Kunikiyo", s'adresse-t-il à son fils, "es-tu furieux d'être blessé ? Veux-tu qu'il soit exécuté ?

- Il ne doit pas être beaucoup plus jeune que moi…", répond Kunikiyo en laissant un des gardes s'occuper de sa blessure.

"Tu veux qu'il vive ?

- Oui.

- Alors dis-moi, si tu veux lui rendre sa vie, quel nom lui donneras-tu, Kunikiyo ?

- Mi… Mitsurugi", répond son fils, presque sans hésitation.

"Mitsurugi", approuve l'autre homme en hochant la tête. "Tu entends ça, petit démon ? Tu as un nom maintenant. Un nom fort comme deux épées. Utilise-les pour défendre celui qui a eu la bonté de te laisser la vie sauve."

***

"Mitsurugi…", répète Maxi, sans réaliser avec quelle admiration puérile il répète le nom et l'Oyabun rit doucement.

"Ton jeune protégé croit cette histoire ridicule, Zhang Wu."

Murakami accorde un regard à Maxi et lui sourit.

"Veux-tu entendre celle qui raconte qu'il est né d'une pierre ? Ou celle qui dit que son père est un vrai démon, épris d'une belle geisha ? Si tu connaissais le nombre de légendes qui l'entoure, tu apprendrais à te méfier de ce qu'on raconte sur lui."

Maxi baisse la tête, gêné, une gêne qui devient bien vite la honte d'avoir si facilement cru ce qu'on lui disait. Zhang Wu lui donne une claque dans le dos et rit, insulte sa naïveté en chinois et Maxi serre les dents, encaisse avec une tolérance qu'il n'avait pas autrefois.

"Tu accompagnais Zhang Wu la dernière fois, n'est-ce pas ?", demande Murakami. "Je me souviens de toi."

Son regard est de nouveau pour la Cage, il parle à Maxi comme si sa présence n'était pour lui d'aucun intérêt.

"Oui", répond Maxi et il se souvient, avec l'aide d'un coup de coude pour raviver sa mémoire, de rajouter le titre approprié, "seigneur Murakami."

Un silence suit sa réponse et sous leurs yeux, les hurlements de la foule excitée, étouffés par le verre épais, réclament sauvagement la mort de l'adversaire du Démon. Le seigneur Murakami, presque imperceptiblement, secoue la tête quand avec un grand cri, le favori lève son katana pour donner un coup final. Il se relève et tourne le dos à la scène.

"Que viens-tu faire ici, cette fois ?", demande-t-il.

"Je veux faire la Cage !", rétorque Maxi avec assurance et derrière lui, Zhang Wu grogne, irrité de son manque de subtilité.

L'Oyabun lui sourit, s'appuie à la fenêtre derrière lui.

"Tu crois que je suis en mesure de t'y lâcher, dis-moi ?", il croise les bras et derrière lui, le Démon essuie son visage, n'arrive qu'à étendre le sang.

Maxi fronce les sourcils, ne répond pas et Murakami fait signe à un de ses gardes du corps de s'approcher et il lui murmure quelque chose à l'oreille. L'homme hoche la tête et s'éloigne rapidement. Il tourne le dos à Maxi et Zhang Wu, pose la main droite contre la fenêtre et regarde un instant la foule bruyante, la Cage.

Ni Maxi, ni Zhang Wu ne voit pas la cicatrice sur son avant-bras. Mitsurugi ressort de son arène et des hommes qui viennent enlever le cadavre, nettoyer le sang.

"De tous les pouvoirs que j'ai, celui de te mettre dans la Cage ne m'appartient pas. Si tu veux t'y tenir, tu devras t'y tailler une place."

Bientôt, la grande loge luxueuse est vidée de ses occupants qui protestent, mais dès que le nom du seigneur Murakami est prononcé tout bas, poliment, mais avec le poids d'une menace précise, ils sortent docilement, craintifs d'avoir osé émettre la plus vague des oppositions aux désirs du maître des lieux. Les meubles sont poussés contre les murs, le tapis est roulé pour dévoiler le plancher dessous, sur lequel est tracé un grand cercle.

Maxi voit cette ligne qui a dû autrefois être blanche, qui est maintenant seulement grise et qui s'efface de plus en plus, marquée par les pas répétés, les chutes certainement et le poids de ceux qui ne sont peut-être pas relevés une fois tombés là. Il sourit, rend Zhang Wu dingue avec sa tête de gamin la veille du festival de quartier tant attendu.

La porte s'ouvre et Mitsurugi entre, escorté par un des gardes du corps de Murakami. Il s'est nettoyé rapidement et il ne reste plus sur lui que de pâles, mais obstinées traces de sang sur sa poitrine, ses bras, son hakama. Maxi réalise soudain ce qui se passe et pointe le Démon, se pointe ensuite, pointe à nouveau l'autre homme.

"Je vais me battre contre lui ?", il sourit quand l'Oyabun hoche la tête. "Génial !"
Murakami éclate de rire.

"Tu as du cœur au ventre. Mitsurugi…", dit-il seulement et le Démon jette un regard désintéressé sur le nouvel adversaire. "Le premier sorti du cercle ou mis à terre perd."

Sans plus de cérémonie, il fait un vague geste de la main et Maxi réalise que ce n'est pas un signal pour se mettre en place, c'est le début du combat. Mitsurugi est déjà sur lui et il évite de justesse un coup déjà impitoyable.

"Hé ho !", s'indigne-t-il et avant qu'il puisse vomir une insulte idiote, Zhang Wu siffle Maxi ! avec irritation, sauvant son élève de justesse d'un poing qui lui aurait éclaté le nez.

Maxi saute sur le côté, presque surpris de s'en tirer sans dommage, mais il n'a pas le temps d'apprécier la rapidité de ses réflexes. Il s'est laissé surprendre et il décide, piqué, de se reprendre aussitôt, adopte une meilleure position, recule et jette un coup d'œil par terre, rapidement, pour être certain de rester dans les limites du cercle. Son hésitation n'échappe pas à Mitsurugi, qui avance, menaçant, mais ses coups, même s'il les devine destructeurs, paraissent lents à Maxi. Beaucoup trop lent en fait et, incrédule d'abord, il évite avec facilité les poings.

Il sait, parce que les réflexes ont été martelés dans son corps, se pencher à la dernière fraction de seconde possible ou tordre son corps juste assez pour éviter l'impact ou encore, rouler pour absorber le pire de la force d'un coup. Maxi arrive même, parce qu'il est plus léger, plus rapide, à toucher l'autre homme deux ou trois fois par pure chance, beaucoup plus souvent avec des coups précis, mais Mitsurugi prend les coups sans changer d'expression.

Une telle impassibilité irrite Maxi, qui refuse catégoriquement de penser qu'il ne vaut rien au combat, qui refuse de regarder s'éloigner son obsession avec la Cage, son rêve d'en être le champion. Il se dit, une seconde à peine, que ce serait bien différent s'il avait une arme... mais entend aussitôt la voix condescendante de Zhang Wu : si tu as besoin d'une arme pour te battre, c'est que tu es encore plus nul que je pensais ! Et il se dit qu'il n'a pas trop envie d'affronter le Démon et son katana. Alors il redouble d'efforts pour forcer l'autre homme en arrière, centimètre par centimètre, impitoyablement, vers la limite du cercle.

Il prend confiance, trop, parce que Mitsurugi lui paraît trop lent et il concède trop volontiers du terrain. Ses coups deviennent plus rapides encore et Mitsurugi ne peut tous les éviter. Il bloque à peine, souvent de justesse, et si son visage ne change pas vraiment, Maxi décide d'y lire de l'irritation. Cette idée lui donne une nouvelle fougue, plante un sourire satisfait sur ses lèvres et il commence à prendre des risques inutiles.

Maxi oublie de réduire au maximum ses ouvertures, oublie de se retirer, prudent, après un coup bien porté, mais porté contre un Démon. Mitsurugi, bizarrement, ne profite pas d'aussi belles chances. Il accepte avec trop de complaisance les impacts et Maxi ne remarque pas, aveuglé par la certitude d'avoir pris l'avantage, que Mitsurugi ne bloque que les attaques portées vers ses points vitaux et qu'il ignore toutes les autres. Maxi, sans réaliser le piège qui se referme impitoyablement sur lui, brille de satisfaction et lance attaques par-dessus attaques, de plus en plus extravagantes, avec une assurance visible qui fait presque mal à Zhang Wu.

Le chinois serre les poings, furieux. Il ne voit que trop bien la direction que prend le combat et il veut insulter Maxi pour le rappeler à l'ordre, la seule technique qui fonctionne toujours, mais décide plutôt de garder le silence, mâchoire raide. Il n'a pas aimé devoir l'avertir plus tôt, trouve qu'il l'a fait mal paraître. Il ne veut plus se risquer à dénigrer encore plus ce qui, à son avis, sont les très maigres résultats de l'entraînement impitoyable qu'il a fait subir à Maxi.

Malgré lui, il manque de peu de soupirer quand Maxi et sa confiance trop facilement gagnée s'écroulent ensemble.

Mitsurugi profite d'une ouverture trop flagrante pour être ignorée. S'il s'est battu depuis le début du combat avec ses poings uniquement, avec une technique approximative, vulgaire aux yeux de Zhang Wu, il utilise soudainement un coup de pied vicieux, précis, qui s'écrase contre le genou de Maxi et brise son équilibre, le fait tanguer. Il évite la chute, plus par miracle que par mérite, et profitant de ses efforts pour rester debout, Mitsurugi lui enfonce un coude dans le ventre.

Il recule et Maxi, à bout de souffle, ne comprend pas la grâce qu'on lui accorde. De peine et de misère, il se redresse et dévisage Mitsurugi. L'autre homme ne le regarde même pas. Il attend un signe de l'Oyabun, qui se manifeste par un geste discret de la main : une invitation à continuer. Zhang Wu sur sa droite paraît surpris, une fraction de seconde à peine, avant de retrouver son masque froid et distant.

Maxi ne comprend pas trop ce qui se passe, mais il relève les poings sans hésiter, s'assure le plus discrètement possible que son genou n'a pas subi de dommage majeur et, rassuré, fait passer son poids d'un pied à l'autre pour pouvoir offrir le meilleur temps de réaction possible. Mitsurugi réduit la distance entre eux sans les forcer immédiatement à se battre, presque nonchalant et Maxi, tête brûlée, l'invite :

"Qu'est-ce que tu attends !?", grince-t-il.

L'autre homme hausse vaguement un sourcil pour toute réaction, ne se laissa pas provoquer même si Maxi enchaîne avec un geste vulgaire. Il assure sa position, réalise Maxi et il comprend, trop tard, qu'il ne pourra pas le mettre à terre : Mitsurugi se tient au milieu du cercle avec l'attitude tranquille de quelqu'un qui connaît déjà l'issue de l'affrontement. S'il veut gagner, réalise Maxi, il doit le faire sortir du cercle. Il se jette aussitôt sur Mitsurugi qui l'attendait.

Ses coups sont bloqués avec une facilité ridicule et tout ce que Maxi réussit à accomplir, avant de devoir reculer, haletant, c'est de le faire reculer d'un pas. Sur le visage de Mitsurugi, passe peut-être la surprise, mais Maxi ne la remarque pas, trop occupé à contrôler sa respiration, à retrouver un semblant de calme.

Il repasse à l'attaque, entêté ; Mitsurugi l'arrête du plat de la main, un coup bien placé sur sa poitrine. Maxi recule et bloque de justesse le coup suivant, s'épuise lentement en parades, en fuites, en essayant de ne pas perdre le rythme. Il n'arrive plus à porter de coup, Mitsurugi est un mur, referme toutes les ouvertures que Maxi croit deviner. Ses jointures saignent, ses poignets tremblent des impacts répétés des coups donnés.

Mitsurugi, sans pitié, lui enfonce un genou dans le ventre et dès qu'il se plie de douleur, une main le cueille, lui éclate le nez et le sonne. Maxi ne sait pas si c'est une seconde, une minute ou une éternité avant qu'il tombe à genoux et avant que l'autre homme finisse le travaille, le torde comme un chiffon et le coince par terre.

Maxi ne ferme pas les yeux, sait qu'il a perdu.

Pas parce qu'il est épinglé contre le sol, qu'il a perdu l'odorat, noyé par son propre sang. Pas parce que son bras gauche fait un angle bizarre avec le reste de son corps. Parce qu'il voit dans les yeux de l'autre homme quelque chose qui lui manque : le sang-froid nécessaire pour tuer.

Il ne ferme pas les yeux, attend simplement le coup qui le mettra enfin KO, mais le coup ne vient pas.

Mitsurugi se redresse après l'avoir dévisagé une longue, une interminable minute et finalement, il lui tend une main pour l'aider à se relever et Maxi est tenté, par fierté, de la repousser pour se redresser par ses propres moyens. En croisant le regard de l'autre homme, il change d'avis et accepte sa main, se laisse à demi-soulever et malgré lui, est impressionné par la force du Démon. Mitsurugi ne le relâche pas avant de très longues secondes, se penche presque imperceptiblement vers lui.

"C'est lui qui t'a entraîné ?", demande-t-il et Maxi suit son regard pour réaliser que les yeux de Mitsurugi sont sur Zhang Wu, il hoche la tête pour le lui confirmer. "Hmm", commente seulement Mitsurugi avant de le libérer et reculer, ne quittant pas le chinois des yeux.

"Heishiro", l'appelle l'Oyabun et il va aussitôt le rejoindre, met un genou à terre près de son fauteuil et paraît se désintéresser de Zhang Wu.

"Ton avis ?", lui demande Murakami dans un murmure, se penchant vers lui.

Il s'efforce de placer ses mains jointes devant son visage, cachant ses lèvres pour qu'il soit impossible d'y lire ses paroles. Mitsurugi lui répond au même volume, gardant la tête baissée pour que ses cheveux cachent son visage.

"Ne le mettez pas dans les combats à mort. Il sait gagner, pas tuer."

(27 avril 2009)

genre : série, univers : edge (soulcalibur ua)

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