One-shots > BL > L'intérêt de la science

Mar 21, 2009 19:12

Titre: L'intérêt de la science
Auteurs: drakys
Fandom: Original > One-shots > BL
Personnages: Irina Lebedev, Dmitry Vorobyov et Alexei Sokolov
Rating: PG-13
Nombre de mots : 3251 mots
Disclaimer: drakys
Notes: Posté pour little_meenoo dans le cadre d'ecrirepouraider. Pas des masses super-slashy, je suis partie un peu sur n'importe quoi et j'ai dû terminer sur une note… vaguement stupide. ;^^ En espérant que ça t'amuse au moins un tout petit peu de rien.

Il y avait quelque chose d'extraordinairement intimidant à être reçu par l'éminente Dr. Irina Lebedev. Ce qui n'était rien en comparaison avec l'extraordinaireté d'avoir la chance extraordinaire - quoi d'autre ? - de travailler pour elle. La liste de ses titres et distinctions aurait pu remplir au moins la moitié du dictionnaire, à condition qu'il soit vraiment épais, sans compter que son regard gris clair vous donnait l'impression d'être tout à la fois regardé au microscope et disséqué vivant. Un mélange qui, bizarrement, n'avait rien de plaisant.

Le plus étonnant, c'est que du haut de ses presque cinquante ans et de la hauteur vertigineuse de ses talons, qui pouvaient certainement considérer une seconde vie comme arme blanche, elle restait vachement bien roulée. Son décolleté attirait le regard et ses yeux dévoraient le dossier devant elle. Ce qui était pratique, parce que comme ça, elle ne remarquait pas qu'on regardait exclusivement son décolleté plutôt que de s'intéresser au dictionnaire de ses titres et distinctions étalé dans des cadres décoratifs sur les murs.

Ce qui mit Dmitry mal à l'aise, c'est qu'elle fixait sa signature sur le contrat avec une joie bizarre, définitivement sadique, ce qui lui fit réaliser qu'il s'était peut-être mis dans la merde jusqu'au cou en acceptant le boulot. Ce qui n'aurait pas été le premier boulot où il se foutait dans la merde dès le tout premier jour.

"Tout est parfait, parfait", la répétition, et le sourire qui l'accompagnait, fit avaler de travers le jeune homme. "Vous êtes un excellent élément, vous progresserez certainement très rapidement parmi nous."

Elle se leva et, par-dessus le bureau d'une propreté presque effrayante, étendit son bras pour lui serrer la main avec un enthousiasme définitivement louche. La civilité complétée, elle se laissa retomber sur sa chaise avec un soupir satisfait. Trop satisfait.

"Des questions ?"

Il n'avait pas encore ouvert la bouche pour les poser qu'elle les balayait du revers de la main, décidant que jamais au grand jamais il n'allait pouvoir lui poser une question à laquelle elle aurait envie de répondre.

"En temps et lieu, en temps et lieu", dit le Dr. Lebedev sur un ton sirupeux, comme elle aurait pu dire Hé hé, tu vas en baver, mon pauvre. "Les choses importantes d'abord !"

De quelles choses importantes elle parlait, Dmitry aurait aimé le savoir, mais elle ne les lui expliqua pas. Elle souleva plutôt le combiné et composa le numéro d'un poste, attendit impatiemment, pianotant de ses ongles rouge violent la surface du bureau.

"Dans mon bureau !", jappa-t-elle l'ordre. "Crevure !", ajouta-t-elle un peu tardivement, pour faire bonne mesure.

Son interlocuteur ne sembla pas très enclin à coopérer, à en croire le froncement de sourcils qui mit un vilain pli sur le front autrement lisse du Dr. Lebedev.

"Si tu n'es pas dans mon bureau dans soixante secondes, je coupe ton budget de 80%", l'expression du Dr. Lebedev se renfrogna à la réponse qu'on lui retourna, qui devait être composée du plus strict minimum de savoir-vivre. "Et je reprends la machine à espresso", ajouta-t-elle avec un plaisir rien de moins que sadique.

Quarante-neuf secondes plus tard, un homme entra dans le bureau en râlant surtout, mais en traînant des pieds aussi.

Il devait avoir une poignée d'années au-dessus de trente ans et présentait déjà comme une longue rayure de blanc sur le côté droit de sa tête, rayure pâle dans ses cheveux autrement foncés. La pâleur de cette mèche s'harmonisait parfaitement bien avec ses yeux qui hésitaient quelque part entre le bleu et le gris.

"Espèce de sale vieille peau radine ! Sans caféine, comment tu veux que mes sublimes neurones te pondent tes cochonneries à commercialiser !

- Ahem."

Le nouveau venu s'interrompit et tourna la tête, remarqua Dmitry, sa tête blonde, ses yeux franchement bleus, et s'en désintéressa aussitôt, lui trouvant une certaine similitude avec le niveau d'ennui que lui procurait le plancher et décidant donc de l'ignorer. Mais pas avant de lancer un commentaire irrité.

"Je croyais que tu avais dit que le nos ressources financières ne devaient plus servir à payer des prostitués."

Dr. Lebedev roula des yeux et referma avec la plus énervante lenteur le dossier du jeune homme. Elle le poussa devant le nouveau-venu.

"Sokolov, je te présente Dmitry Vorobyov, il sera ton nouvel assistant."

La nouvelle fit le même effet aux deux hommes. Ils échangèrent un regard surpris, décidèrent de fixer plutôt Dr. Lebedev et s'exclamèrent en même temps :

"Quoi !?"

C'était la première fois qu'ils étaient d'accord et il y avait de bonnes chances pour que ce soit la dernière.

***

"Cette emmerdeuse frigide est folle ! C'est quoi l'idée ? Il a encore une couche au cul, c'est pas possible ! J'ai autre chose à faire que de m'occuper d'un gamin !"

Dmitry cligna des yeux, se contenta de le suivre en silence. C'était ce qui semblait être la meilleure chose à faire de toute façon, souligner à son supérieur qu'il avait quand même vingt-cinq ans et ne mouillait plus son pantalon depuis longtemps paraissait d'une très mince utilité pendant que Sokolov monologuait sur ce qu'il devinait être ses mille et un défauts… mille deux… mille trois, plus un et un et un autre, le compte montait.

"Un assistant, c'est quoi la putain d'idée !? Je sais encore ranger mon bordel tout seul ! …Quand on m'en donne le temps. …Et le budget. …Et un accès exclusif à la fournaise."

Il grommela tout le long du corridor et aurait continué plus longtemps, si seulement le corridor avait eut le mérite d'être plus long.

"J'avais demandé des rénovations pour agrandir le labo, fait chier, pas qu'on gaspille notre argent sur un gratte-papier incompétent tout juste bon à classer les demandes de financement en ordre alphabétique !"

Il arriva enfin à une porte, glissa son passe magnétique dedans et entra, suivi de près par Dmitry qui accéléra avant que l'autre homme décide de lui refermer la porte au nez ou pire, sur le corps. La mort par porte sur rails pneumatiques n'avait jamais été tout en haut de son top dix des meilleures façons de mourir.

"Dites, ça vous dérangerait beaucoup d'arrêter de faire comme si je n'étais pas là ?", hasarda-t-il, au cas où son existence pourrait être un moment reconnue et acceptée.

Le côté chouette, c'est que c'est ce qui arriva. Le côté moins chouette, c'est que l'autre homme se retourna pour le fixer comme s'il était un être doté de pas grand-chose, surtout au niveau de l'intelligence.

"Bon. Écoute-moi bien", commença lentement celui qu'il ne connaissait encore que sous le nom de Sokolov. "Tu te mets dans un coin et tu ne touches à rien. Si possible, tu ne respires pas et au mieux, vraiment, tu peux te concentrer sur disparaître le plus rapidement possible."

Dmitry se contenta de faire ce qu'on lui disait, au moins pour la partie se mettre dans un coin et ne toucher à rien. Il aurait pu protester. Mais il se trouvait vachement bien payé l'heure pour ne rien faire du tout. Évidemment, après trois heures, rien faire devint légèrement ennuyant, surtout après avoir contemplé le plafond, fixé le plancher et tourné quelques généreuses centaines de fois sur sa chaise pivotante, les pieds en l'air et un grand sourire - un peu crétin - aux lèvres.

Il s'intéressa éventuellement à l'autre occupant de la pièce qui en contrepartie l'ignorait complètement.

L'autre homme travaillait sur le dernier petit, minuscule coin libre d'une longue table où s'empilaient un peu de tout. Des tas désorganisés de documents annotés, plans incomplets, sketchs abandonnés, livres ouverts, dossiers vomissant leur contenu tentaient chacun de dépasser le sommet vertigineux atteint par son voisin, dans une grande course pour rejoindre le plafond et peut-être plus loin encore.

L'endroit était propice à la création ou peut-être à la destruction, si une de ces piles venaient à se renverser sur l'imbécile heureux qui aurait eu l'idée saugrenue de se trouver sous le chemin dicté par les lois de la gravité. Sokolov arpentait son territoire du pas sûr de celui que la mort n'effraie pas, dut-elle venir par asphyxie sous un tas de restants plus ou moins verts et plus ou moins vivants de vieux lunchs oubliés. Il se pencha un peu plus sur ce qui semblait être une télécommande toute simple, dans le mouvement son coude heurta un pile électrique abandonnée là sans qu'on sache trop pourquoi.

La pile roula, heurta autre chose, qui frappa un machin, qui buta sur un autre truc, etc, etc, pour ne pas s'embêter dans les détails qui traînent, jusqu'à ce qu'un bécher tangue et valse et, réalisant qu'il n'avait pas de partenaire pour danser si bien, décide de mettre fin à ses jours.

"Attention !"

La catastrophe fut évitée de justesse, Dmitry arrêtant le contenant avant qu'il ne se jette, désespéré, en bas de la table vers une mort certaine. L'autre homme ne parut pas particulièrement impressionné par le sauvetage in extremis, ni même par la rapidité et l'adresse avec laquelle Dmitry était passé d'un point A à un point B sans rien faire exploser au passage.

"Juste parce que tu as sauvé mon pied d'une décharge d'acide, ne vas pas t'imaginer que je te laisserai travailler sur mes projets", lui dit Sokolov.

"…C'est du jus d'orange.

- C'est acide, du jus d'orange."

Dmitry surprit une petite pointe de sourire sur le visage de l'autre homme.

Il n'arriva pas à déterminer si c'était un bon ou un mauvais signe.

***

Le lendemain, Dmitry entreprit de s'imposer. Il nettoya le coin qu'on lui avait attribué, c'est-à-dire le carré d'un mètre par un mètre où il s'était approprié une chaise la veille. Il trouva après quelques recherches et des fouilles archéologiques poussées dans un fond de tiroir du ruban électrique avec lequel il traça sur le sol les limites de son domaine. Intrigué par son manège, l'autre homme daigna lui adresser la parole.

"Tu fais quoi au juste ?

- Je prends possession de l'endroit."

Il désigna très cérémonieusement son carré minuscule dans l'immense laboratoire encombré de tout ce que l'autre homme y avait laissé s'accumuler.

"Ce coin est à moi, j'y resterai et je ne ferai rien de mes journées, comme vous me l'avez demandé, chef de laboratoire Sokolov.

- …Tu serais pas un peu givré ?

- Vous êtes mon supérieur, je dois suivre vos instructions."

Sokolov plissa les yeux, avec un genre d'émotion que Dmitry interpréta comme de l'irritation. C'était peut-être aussi de l'agacement, il n'aurait pu le dire avec une certitude complètement certaine. Il se détourna et retourna à ses travaux, jetant quand même de temps en temps un coup d'œil en direction de l'assistant qu'on lui avait imposé. Dmitry s'évertua autant à ne rien faire qu'à ne pas l'aider.

Ce qui fit rapidement dégénérer la situation.

"Qu'est-ce que tu fouuuuus ?", lui demanda soudain Sokolov, en grinçant fort des dents, violentant au passage quelques molaires.

"Rien", fut bien obligé de répondre son assistant, ce qui était la plus complète vérité.

Les plus pointilleux auraient pu faire remarquer qu'être assis à l'envers sur sa chaise, les jambes étirées sur le dossier, constituait en soi faire quelque chose, soit être assis à l'envers sur sa chaise, mais Dmitry jugea qu'il ne faisait rien qui soit digne d'une mention à son supérieur hiérarchique. Sokolov plissa les yeux, ce qui, vu à l'envers, lui faisait une drôle de tête, constata son assistant. Il se détourna et se remit à l'ignorer, pendant la totalité de soixante secondes, pas une de moins.

Sokolov s'approcha à grands pas et le dévisagea.

"Qu'est-ce que tu fais ? ", voulut-il savoir.

Dmitry hésita.

"Je crois que je… Hm… Je ne fais rien.

- C'est ça le problème, ce n'est pas normal ! Pourquoi tu ne fais rien ? C'est quoi ça, hein ? Tu joues à quoi ? Tu veux me rendre dingue ? Je sais ! C'est elle", son visage exprima un dédain complet, "qui t'a demandé de faire ça ?

- …De faire quoi ?"

Sokolov parut pris de court par la question. Il ouvrit la bouche, la referma, le désigna. Chercha de toute la force de son cerveau le terme précis technique pour "être à l'envers sur sa chaise" et dû se faire à l'évidence : il ne connaissait pas le terme précis technique pour une pareille situation. Il se retrancha sur la meilleure option restante :

"ÇA !

- …Être à l'envers sur ma chaise ?", lui répondit Dmitry avec un calme parfait, manquant de peu de rendre l'autre homme fou sur le champ.

***

Sokolov ne lui adressait pas la parole de tous les deux jours suivants. Principalement parce que c'était la fin de semaine et qu'ils ne se virent pas et durent encore moins se parler.

La semaine suivante commença avec un évènement étrange, que Dmitry eut ensuite de la difficulté à classer entre flippant et dément. Sokolov le salua avec enthousiasme et s'intéressa à lui. De près. Dmitry n'avait jamais été protecteur de sa bulle d'espace personnelle, mais c'était légèrement dérangeant que Sokolov se tienne debout sur ses pieds.

"Bonjour assistant Dmitry !", lança-t-il d'une voix surexcitée. "Prêt à affronter une autre semaine de sympathique labeur pour créer un monde meilleur ?

- Bonjour, chef de laboratoire Sokolov", répondit-il malgré tout avec la plus grande amabilité, une vile petite voix dans sa tête le faisait terriblement s'inquiéter à savoir si son haleine sentait trop le café matinal, qui avait toujours tendance à se planquer dans la bouche malgré un énergique brossage de dents. "Euh…. oui ?

- Parfait !", s'exclama Sokolov. "Aujourd'hui, nous allons inventer la machine à voyager dans le temps ! Es-tu prêt à m'assister dans cette entreprise aussi sauvage qu'excitante, à repousser les limites du réel pour plonger dans le merveilleux et le fantastique ?

- Euh-

- Gé-nial !", couina Sokolov en joignant les mains, en battant des paupières et en ayant autrement l'air assez con, ce que Dmitry décida judicieusement de ne pas lui souligner.

Il libéra les pieds de son assistant et se retourna d'un geste prompt, pointant l'espace devant lui.

"Vite ! Aux archives, assistant Dmitry ! Remontons le cours du temps et profitons-en pour nous débarrasser des vieux dossiers !"

Par chance, Dmitry avait déjà flairé l'arnaque et il sifflota toute la journée comme un bienheureux en bougeant les boîtes, en ordonnant par numéro d'étude les nombreux, très nombreux, très très nombreux dossiers qui traînaient sous des couches épaisses de poussière. Sokolov se renfrogna en voyant que la tâche super trop ennuyante ne décourageait pas son assistant de jamais vouloir remettre les pieds au laboratoire.

Le côté chic, quand même, c'était que les dossiers allaient être en ordre et que ça allait clouer le bec de cette damnée Lebedev.

"Bonsoir, chef de laboratoire Sokolov", le salua Dmitry avant de sortir, quand dix-sept heures se pointèrent avec tout ce qu'elles impliquaient de belle liberté temporaire. "J'espère que demain saura m'offrir une expérience aussi exhilarante que ces excitantes façons de dompter les agrafes rebelles pour dominer les feuilles ordonnées et pour montrer à ses boîtes de classement que l'homme, enfin, pu étendre sur elles les lumières de la civilisation.

- Oh, ta gueule."

***

Après vingt-trois jours de peu de travail et beaucoup d'idées saugrenues - plus quelques heures à faire exploser une machine distributrice qui ne voulait pas lui donner ses arachides assaisonnées au BBQ - pour retrouver la quiétude de son laboratoire en toute absence d'assistant imposé, Sokolov réalisa la triste vérité : il n'allait pas pouvoir se débarrasser de Dmitry aussi facilement qu'initialement prévu.

Il avait osé penser que le graisser de la tête aux pieds et de le faire glisser dans les conduites d'aération pour juger de l'aérodynamisme du corps humain un fois bien couvert de graisse de poulet allait le décourager de revenir, mais ce crétin d'imbécile d'irritant en chef se pointait avec ponctualité tous les matins.

Avec un grand sourire, en plus !

…Comme si c'était plaisant de tester la résistance des trombones, dût-il pour le faire en recevoir deux tonnes par la tête, chacun propulsé individuellement via l'ingénieuse utilisation d'un élastique et d'une paille. Sokolov avait cru réussir à le convaincre de démissionner quand il lui avait gentiment suggéré une nouvelle expérience aussi excitante que nécessaire pour l'avancement de la science : c'est-à-dire d'essayer de déterminer si c'était possible de retenir son souffle sous l'eau pendant plus de trente secondes en étant attaqué par un renard atteint de la rage.

Bizarrement, tout échoua, repoussant le chef dans ses derniers retranchements. Sokolov réalisa qu'il allait devoir user des Grands Moyens.

Grands Moyens qui mettaient en vedette son charme incroyable et son charisme étouffant, sans compter son humilité et un ego qui passait encore dans les cadres de porte. Il entreprit donc, sans plus attendre, d'émettre clairement son intérêt pour copuler avec son assistant. Cet intérêt impliquait surtout des mains tâtant des endroits inappropriés et les tentatives d'insertion de langue dans le premier orifice venu. Généralement la bouche, question de facilité d'accès.

Ce plan, comme tous les autres, eut la fâcheuse idée de rater complètement.

Il n'avait vraiment pas de chance…

Dmitry haussa un sourcil et, plutôt que de lui mettre son poing sur la gueule, ce que quand même quatre-vingt-treize pour cent de ses prédécesseurs avaient fait - les restants se contentant de rester figés et/ou gênés, le regarda avec une expression entièrement, totalement, cent dix pour cent vide de tout sentiment.

"Je constate", osa-t-il même ajouter, "que vous êtes très affectueux aujourd'hui."

Et comme si cela ne suffisait pas, Dmitry l'embrassa en retour, comme si de rien n'était.

Comme si c'était parfaitement normal d'enfoncer comme ça sa langue dans la bouche de son supérieur, avec une navrante maîtrise qui vous faisait un peu perdre le fil de vos pensées et un peu fermer les yeux et... Sokolov réalisa, un peu tard, que la situation dérapait vers des ailleurs incontrôlées. Et quoi de plus dangereux qu'une situation non contrôlée dans un laboratoire rempli de toute une variété de produits chimiques ayant tendance à exploser de temps à autre, quand on insistait un minimum, dans l'intérêt de la science, sur leurs propriétés instables ?

"Hé ho !", l'interrompit Sokolov en reprenant le contrôle de lui-même, de la situation et de l'ensemble de sa bouche, depuis la langue jusqu'aux lèvres. "Du calme ! C'est moi qui dois faire ça et tu ne devais pas aimer ça ! Pourquoi tu ne respectes pas la procédure ?

- Vous n'avez pas encore daigné m'apprendre les procédures officielles à suivre dans ce laboratoire."

Sokolov y pensa une bonne grosse seconde, le genre de seconde qui en durait à peu près soixante, réalisa qu'il n'avait jamais vraiment daigné établir de procédures claires pour aucune situation, en laboratoire ou pas, préférant de beaucoup laisser les choses au hasard. Les résultats étaient nettement plus intéressants et permettaient de constater avec force statistiques, graphiques circulaires et autres outils technologiques que la patience de l'éminente Dr. Irina Lebedev diminuait en chute libre plus elle se rapprochait de la ménopause.

Ou c'était peut-être une question de budget.

"Tu peux commencer par m'appeler Alexei, déjà, puisque nos amygdales ont déjà fait connaissance.

- Comme vous voulez, Alexei.

- Non, quand même", s'emporta aussitôt Sokolov, réalisant avec horreur que son nom sortait avec un son vraiment Bien de la bouche de son assistant et que ce n'était pas déplaisant de l'entendre comme ça, à un point tel qu'il n'aurait pas craché sur l'idée d'entendre toutes les variations possibles. "Entendons-nous pour chef de laboratoire Alexei, on va se garder une petite gêne !

- Même si nos amygdales ont déjà fait connaissance ?", demanda Dmitry, avec juste un petit sourire.

(21 mars 2009)

genre : bl, genre : one-shot

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