Cet horrible blouson rouge, un fic Emma / Regina (1/2)

Dec 21, 2014 20:43

Titre original : (Sympathy is) More Than Just a Way of Leaving
Lien vers le texte original : http://fictorium.livejournal.com/61991.html
Auteur : damelola (fictorium)
Traducteur : hotladykisses (avec l’autorisation de l’auteur)

Fandom : Once Upon A Time
Couple : Emma/Regina
Classification : T (M pour la 2e partie)
Résumé : Regina n’est pas vraiment fan des goûts vestimentaires d’Emma. C’est vrai quoi : sinon pourquoi passerait-elle son temps à la contempler ? Situé pendant la saison 1.

Ce qu’il y a de merveilleux dans le fait d’avoir créé une ville ensorcelée où le temps, eh bien, ne passe pas, est que cela offre amplement l’occasion de faire les choses comme il faut. Regina s’est toujours flattée d’être quelque peu esthète, que ce soit dans le choix de ses vêtements ou dans la décoration des lieux où elle a habité au fil des années. Avec une ville entière sur laquelle déchaîner son imagination, elle a prodigué son attention à chaque endroit qui lui importait, et utilisé ses pouvoirs de maire pour empêcher qui que ce soit d’autre d’aller trop loin dans le mauvais goût. A l’exception de la boutique miteuse de prêteur sur gages de Gold, tout a plutôt été couronné de succès.

La demeure de Regina est une sorte de palais, avec l’escalier monumental et les chandeliers étincelants de rigueur. Un bâtiment plus grand ou plus audacieux pourrait attirer une attention mal venue, bien que plus Regina en lise sur l’Europe, plus elle regrette que le sort ne les ait pas tous transportés là-bas : il est bien plus facile de faire passer un château sur un continent qui en est pratiquement couvert.

Tout à Storybrooke est parfaitement assorti, et cela ne doit rien au hasard. C’est ainsi que Regina l’a conçu, et chaque éclat de couleur, chaque teinte neutre a sa raison d’être. Et puis Emma Swan débarque en ville, avec sa voiture insolite et ses goûts vestimentaires qui hérissent instantanément Regina. Si elle n’avait fait que passer elle aurait été vite oubliée, mais cette maudite femme s’attarde de plus en plus, et s’incruste dans la palette sur laquelle Regina veille depuis si longtemps.

Le point de rupture ? Cet horrible blouson de cuir rouge. Oh, Regina n’a aucun doute qu’il soit de rigueur pour draguer les mecs dans un bar mal famé ou pour racoler le client au billard. Mais dans sa charmante petite ville, Emma fait tache partout où elle va. Elle cause suffisamment de soucis pour capter l’attention de Regina, mais lorsqu’elle se pavane en cuir tape-à-l’œil et jean moulant, à chaque nouvelle fois qu’elle attire son regard, Regina a l’impression qu’elle se moque d’elle.

Mais Regina n’a pas exercé le pouvoir dans deux mondes sans apprendre un ou deux trucs. Il faut admettre que c’est un peu difficile ici, où elle ne peut faire jaillir aucun sortilège de ses doigts, mais elle a toujours été pleine de ressources.

***
La première tentative est directe et facile à organiser. Lors du prochain événement organisé par la ville - en l’occurrence une collecte de fonds pour la bibliothèque - Regina s’arrange pour se retrouver à côté d’Emma, un verre de vin bien rouge à la main. Le Merlot fait des taches absolument dramatiques, et Regina est presque triste de devoir renverser celui-ci, particulièrement bon, en faisant semblant d’entrer en collision avec le shérif.

Elle s’attend à ce qu’Emma soit furieuse tandis que le liquide sombre éclabousse le cuir, qu’il couvre en bonne partie de sinistres zébrures violettes. Il faut à Regina un effort de volonté considérable pour ne pas esquisser un sourire satisfait à la vue des conséquences de son acte.

« Ca vous apprendra peut-être à regarder où vous allez, shérif Swan.
- C’est vous qui m’êtes rentrée dedans. » fait remarquer Emma, toujours insensible au pouvoir et à l’influence de Regina. On dirait presque qu’Emma attend une excuse pour déclencher la prochaine dispute. « Et ne vous en faites pas pour ça. Je viens juste de le porter au pressing et ils ont pulvérisé sur le cuir un produit épatant pour le protéger. Le vin va s’en aller tout seul. Non pas que vous ayez proposé de le faire nettoyer.
- Je n’étais pas sûre qu’il supporterait un nettoyage à sec. » répond Regina d’un ton cassant, furieuse de voir son plan déjoué. « Le bas de gamme est si peu résistant.
- Vous m’en direz tant. » soupire Emma en se détournant à la recherche de toilettes où essuyer son précieux blouson. Regina fait signe au serveur de lui apporter un autre verre et mijote un nouveau plan tout en sirotant le Merlot.

***
La clé pour obtenir ce qu’on veut, c’est tout bonnement d’être prêt à passer à l’action à la moindre occasion. Donc lorsque Regina passe au commissariat dans la simple intention de casser les pieds d’Emma et de lui donner davantage de travail, elle n’est pas vraiment en train de penser à ce que porte celle-ci.

Mais tandis qu’Emma contrariée part à la recherche du dossier d’antécédents qu’il faut absolument à Regina dans la minute, elle laisse le vêtement incriminé sans surveillance, juste là sur le dossier de sa chaise de bureau.

Regina se garde bien de faire la difficile. Elle attrape le blouson, se précipite vers la porte, et crie à Emma en sortant : « Trop long, shérif. Je repasserai. »

Elle jette le blouson dans la benne à ordures du parking, avec un rire qu’on ne peut décrire que comme un gloussement. Ce n’est qu’une fois au volant de sa voiture qui s’éloigne que Regina réalise qu’elle vient de s’engager à passer encore plus de temps avec Emma Swan, ce qui est vraiment la dernière chose qu’elle souhaite.

***
Trois jours plus tard, Regina croise une fois de plus le chemin d’Emma. Regina est distraite par une nouvelle dispute avec Henri au petit-déjeuner, c’est pourquoi elle ne voit pas Emma venir vers elle (ni ce qu’elle porte) avant la toute dernière seconde.

« Madame le maire », la salue Emma d’un ton plus soupçonneux que de coutume derrière la solennité de la formule.

« Shérif. » répond Regina avec un signe de tête, en plissant les lèvres face au retour de sa catastrophe vestimentaire la plus détestée.

« L’autre jour, au commissariat… » Emma a l’air prêt à dégainer ses menottes et entamer un interrogatoire, mais quelque chose la pousse à se retenir. « Vous savez quoi ? Ce n’est pas grave. Je commence à parler comme Henri.
- Oh, étiez-vous encore sur le point de m’accuser de répandre mes sortilèges sur la ville, ma chère ? Parce que ce n’est pas faire preuve d’une grande imagination que de vous inspirer d’un garçon de dix ans. » Regina est aussi cassante que d’habitude, mais aujourd’hui mentir lui fait un coup au cœur. Avec Henri, les fausses excuses lui sortent de la bouche aussi facilement qu’elle respire, mais Emma Swan est une toute autre paire de manches. Cela donne vraiment envie à Regina d’éviter le sujet, et personne d’autre n’a jamais produit cet effet.

« Bon, dit Emma. Comme je disais, ce n’est pas grave.
- Je suis sûre que vous pouvez trouver des moyens moins agaçants de gaspiller l’argent du contribuable que de m’importuner ? » demande Regina - non pas que ce soit une vraie question.

« Ouais. » Emma hausse les épaules, et ne marque aucune hésitation avant de traverser la rue pour regagner son véhicule de police.

Regina fulmine un instant en pleine rue, sachant que personne dans cette ville ne sera assez bête pour interrompre sa crise de colère muette.

Une chose est sûre cependant : elle se débarrassera de ce satané blouson, même si elle doit pour cela détruire un nouveau royaume.

***
La réunion mensuelle à la mairie est la concession que Regina fait à Storybrooke pour y préserver les apparences de la démocratie. En réalité, ce n’est qu’un moyen de mener à bien rapidement une partie de son espionnage. Les petites disputes et les querelles de voisinage cachent souvent quelque chose de plus sérieux, et c’est grâce à cette vigilance que Regina a toujours été capable de colmater les petites fissures dans son univers d’une parfaite imperfection avant qu’elles ne causent de vrais problèmes.

Avant E.S. (Emma Swan), Regina était capable d’en avoir fini avec toutes les jérémiades et les formalités en une heure montre en main. Ces derniers mois, les citoyens de Storybrooke sont bien trop bavards, et posent beaucoup de questions que Regina n’aime pas du tout. Elle sait d’où cela provient, naturellement, même si Emma est assise à côté d’elle sur l’estrade et laisse Mary Margaret diriger l’interrogatoire public à sa place.

Quatre heures, ça doit être une sorte de record, pense Regina avec désespoir. Depuis longtemps son café est devenu tiède puis froid, et les Louboutin toutes neuves auxquelles elle n’a pas pu résister commencent à lui faire mal aux pieds. Elle finit par interrompre l’agaçant petit homme qui tient la quincaillerie (ce soir elle n’a pas le courage pour les noms, réels ou imaginaires).

« Merci pour votre temps, mesdames et messieurs. Mais mon fils m’attend avec beaucoup de patience, et il faudrait que j’aille le retrouver. »

La foule ronchonne, sans doute encore d’autres plaintes stériles à propos des panneaux de stop et des fleurs dans les jardins publics, mais Regina s’est levée et se dirige vers la porte. Seule Emma réagit assez vite pour la suivre, collée à ses basques d’une manière qui est en train de devenir une habitude très agaçante.

« C’est fini pour ce soir, shérif. » lance Regina par-dessus son épaule. Elle ignore Emma tout le long du trajet jusqu’à sa voiture, jette son sac à main sur le siège passager et tourne la clé de contact avec impatience. Naturellement, la voiture refuse de démarrer. Avec le temps, elle s’est pas mal attachée à cette petite Mercedes - bien que pas autant qu’à ses chevaux favoris - mais cette année, celle-ci met sa patience à rude épreuve.

« Flûte. » soupire-t-elle en donnant un coup de poing dans le volant, frustrée.

Histoire d’améliorer encore la soirée, Emma Swan frappe à la vitre côté passager, et Regina n’a nul besoin de voir le visage du shérif pour savoir que celle-ci arbore un sourire en coin.

Ignorant Emma, Regina attrape son sac à main et sort de la voiture.

« Je vous dépose ? » demande Emma, en agitant d’une main les clés du véhicule de police.

« J’y vais à pied, merci. Ce n’est pas loin.
- Comme vous voulez, dit Emma avec un haussement d’épaules. Mais… »

Ses mots se perdent dans un grondement de tonnerre, et comme déclenchée par un sortilège, la pluie se met à tomber à verse du ciel gris crépusculaire. Super, pense Regina. Elle balance un coup de pied dans son pneu par pure contrariété.

« Venez, madame le maire. » dit Emma en contournant la voiture jusqu’à Regina. La mairie est à présent en train de se vider tandis que les gens s’empressent de rentrer chez eux, et Regina ne voit guère d’autre option. Hochant la tête comme si c’était elle qui accordait une faveur, elle traverse le gravier non sans peine et se glisse dans le véhicule de police.

Graham ne la conduisait jamais ainsi, pense Regina, et pendant un instant il lui manque, tandis qu’elle regarde les gobelets de café abandonnés et les papiers qui jonchent le plancher de la voiture. Un jour peut-être, elle trouvera un shérif ordonné.

Emma se glisse à l’intérieur. Son blouson est assombri de taches de pluie, mais celles-ci ne tarderont pas à sécher. Le moteur démarre sans difficulté, ce que Regina ressent un peu comme une moquerie tandis qu’elles s’engagent sur la route principale, les essuie-glaces déjà à fond pour garder le pare-brise dégagé.

« Je me demandais… » commence à dire Emma, qui garde le regard braqué sur la route devant elle.

« Très bien. » dit Regina, acceptant la défaite avant même que la dispute n’ait pu démarrer. « Un quart d’heure, pas plus. Assurez-vous qu’il se couche à l’heure, et pas de lecture sous les draps.
- Merci. » dit doucement Emma. « C’est drôle, il y a quelques mois, j’aurais eu peur que vous tentiez de me faire quitter la route sous une averse pareille. Au lieu de ça, vous me laissez passer du temps avec Henri.
- Où voulez-vous en venir, shérif ? » Regina n’aime pas ces propos doux et nuancés. Elle attend mieux d’Emma.

« Je sais que ça n’a pas été facile pour vous. Et je veux seulement vous faire part de ma reconnaissance. Passer un peu de temps avec Henri, c’est…
- Oui, acquiesce Regina. Tout ce que je veux, c’est qu’il soit heureux. »

Elles gardent le silence pendant le reste du court trajet, et Regina s’abstient de faire toute une histoire du fait qu’Emma la suive à l’intérieur de la maison. Ces intrusions sont devenues presque normales, ce ne sont quasiment plus des intrusions.

Ce n’est que lorsqu’Emma retire son blouson humide et que Regina tend la main pour le prendre qu’elle se rappelle enfin sa petite vendetta.

« Je vais juste…, dit Emma.
- Il est en haut. » répond Regina, en se détournant du sourire qu’Emma ne semble pas pouvoir réprimer. C’était tellement plus facile au temps où elles se tapaient dessus dans le cimetière.

Mais en attendant, elle entend le crépitement du feu dans son bureau, qui l’appelle avant même qu’elle ne réalise où ses pas l’entraînent. Sa femme de ménage est vraiment une perle, et la pièce comme toujours immaculée. Regina drape son propre blazer sur le dos du fauteuil avant de s’installer sur la banquette près du feu, le blouson de cuir rouge encore serré entre les doigts.

Elle n’aurait aucune excuse si elle se contentait de jeter ce truc au feu, et Regina ne sait toujours pas pourquoi cela l’ennuie autant. Ce n’est que lorsqu’elle le met à sécher sur le métal orné du pare-feu que le souvenir lui revient en un éclair.

Oh, elle s’est relâchée ici à Storybrooke. Il y a eu tellement de choses à apprendre et à retenir que certains détails de sa vie d’avant sont devenus brumeux dans ce tourbillon. Elle tâche de ne pas s’attarder sur la raison pour laquelle elle a privé tout le monde de sa fin heureuse, parce que cela signifie repenser à celle qu’elle-même a perdue.

Mais la sensation du cuir sous ses doigts la renvoie tout d’un coup à cette chambre depuis longtemps abandonnée, remplie de chaleur et de lumière par une flambée deux fois plus grosse que celle-ci. Regina tente de contraindre son esprit à penser à n’importe quoi d’autre, mais elle se sent aspirée alors même qu’elle ferme les yeux pour résister.

Là-bas, le cuir est celui de la couverture d’un lourd volume posé sur le lit à côté d’elle. Le parchemin de ses pages est vierge et n’attend que l’encre de sa plume pour le teinter. Mais elle n’a pas de plume à la main, et il n’y aura pas le moindre mot à écrire.

C’est la plus futile des traditions : à chaque naissance royale, on attend de la reine qu’elle consigne dans ce que les paysans appelleraient tout simplement « le livre du bébé » chaque détail et souvenir de la vie de ce nouvel enfant, prêt à être archivé dans la bibliothèque royale une fois l’enfant devenu grand.

En larmes, elle jette le livre par terre où les draps ensanglantés attendent qu’une domestique plus endurcie vienne les ramasser. Qu’elle brûle le livre avec, pense-t-elle, et revivre tout cela lui a de nouveau fait monter les larmes aux yeux lorsqu’Emma entre dans le bureau, l’interrompant une fois de plus.

« Waouh, il fait bon ici. » dit Emma, se cantonnant à un sujet éprouvé.

« Je ne supporte pas le froid, ma chère. » répond Regina en se détournant pour essuyer la seule larme qui a trouvé le moyen de couler.

« Je peux, euh, avoir mon blouson ? demande Emma. Il est tard, et vous avez sans doute envie que je m’en aille. »

Regina lui tend le blouson, qu’elle tient toujours fermement. Elle ne regarde pas Emma, c’est pourquoi le shérif hésite avant de s’approcher pour récupérer son bien.

« Ca va ? » demande-t-elle. Regina refoule le plus gros de sa tristesse et remet en place son masque professionnel.

« Très bien. » répond-elle en s’efforçant vainement de prendre à nouveau un ton tranchant.

« Je n’essayais pas d’abuser, avec Henri. » explique Emma en enfilant son blouson par-dessus son pull léger. Les saisons deviennent plus distinctes cette année (plus semblables au monde réel, suppose Regina) et le souci intermittent de savoir qui est au juste Emma resurgit dans un coin de son esprit.

« Vous ne l’avez pas fait. Je ne pense pas avoir besoin de vous raccompagner ? » Regina esquisse un geste vers son sac à main, dans l’intention d’en sortir des papiers officiels quelconques pour avoir l’air occupée avec.

Cependant, Emma stupéfie Regina qui se fige sur place, en faisant le simple geste de tendre maladroitement la main pour lui tapoter l’avant-bras. A la décharge d’Emma, celle-ci a l’air également quelque peu choqué, presque comme si sa main agissait de son propre chef.

« Si vous vouliez… Vous savez quoi, je vais me contenter de m’en aller. » lâche Emma. Mais sa main repose toujours sur la peau nue de Regina (bon sang, pourquoi donc a-t-elle tenu à mettre des manches trois-quarts ce matin ?).

« Je… » Ce ne sont pas les brusques reparties qui devraient manquer à Regina pour la congédier, mais elle ne se sent pas bien. Est-ce ainsi que Graham se sentait lorsqu’il s’est mis à retrouver la mémoire ? Cette nausée, comme un vertige soudain, et tâcher de s’y retrouver dans les pensées de deux vies à la fois ? Regina n’a jamais été quelqu’un de distrait, mais quelque chose dans la proximité d’Emma - quelque chose dans son contact - la perturbe.

« Madame le maire ? » insiste Emma, en s’approchant encore davantage, l’air manifestement inquiet. Oh, maudits soient ces gens attentionnés, pense Regina, incapable de supporter l’idée d’Emma Swan en train de la plaindre. Ne sachant pas du tout quoi faire à présent, elle s’oblige à cesser de penser un instant.

Et c’est bien sûr le moment où son cerveau décide que la seule chose logique à faire est d’embrasser franchement Emma sur la bouche. Il y a un « Mmf ! » étouffé de surprise (Regina ne saurait affirmer qu’il ne provenait pas d’elle) mais les doigts chaleureux sur son avant-bras resserrent leur étreinte, et l’autre main d’Emma vient se poser sur la nuque de Regina, se glisse dans ses cheveux courts, l’attire plus près et approfondit le baiser.

Cela n’a rien d’un bisou affectueux, pas une fois que leurs lèvres s’ouvrent et que leurs langues se cherchent pour s’affronter. C’est brûlant, mouillé, et bon sang, c’est aussi enivrant que le cidre le plus fort de Regina. C’est également une déclaration de guerre, bien que sur un tout nouveau front. Regina n’a aucune intention de perdre, pas maintenant, et qu’Emma croie donc qu’il s’agit là d’une sorte de cessez-le-feu si elle est assez bête pour s’y méprendre.

Il n’y a guère de temps pour penser stratégie cependant, pas avec la chaleur du feu dans son dos et le cuir du blouson d’Emma si proche et si facile à saisir. Regina se flatte, dix ans derrière un bureau ou pas, de toujours en donner à chacun pour son argent, et voyons seulement si mademoiselle « J’ai appris à me battre en prison » va réussir à la surpasser. Elle tire avec force sur le robuste matériau, attire Emma plus près d’elle, et si ses ongles laissent quelques marques, eh bien soit.

« Merde alors ! » dit Emma haletante lorsqu’elles se séparent pour respirer. L’étincelle dans son regard dit qu’elle en a envie, en fait elle semble avoir envie de bien plus encore, mais en un instant les défenses se redressent comme les murs d’un château-fort. Regina recule et évalue sa victoire avec détachement (si ce n’est la manière dont ses lèvres lui semblent un peu meurtries, et celle dont sa poitrine se soulève sous l’effort pour reprendre son souffle).

Emma lui lâche le bras, et c’est comme si un sortilège était brisé. Regina conjure son plus méchant sourire pour compenser la perte.

« Eh bien, eh bien. » dit-elle. Mais avant qu’elle ne puisse s’en prendre à Emma, le shérif a quitté la pièce. Elle se précipite dehors dans la nuit. Le moteur de son véhicule vrombit à peine quelques secondes plus tard.

Regina s’écroule sur la banquette et regarde les flammes jaillir et flamboyer tout en pressant ses doigts (tremblants, bon sang) contre ses lèvres.

Oh, ce n’était pas du tout ce qu’elle voulait. Mais cela ne l’a jamais empêchée auparavant de retourner les choses à son avantage.

***
Il est si facile d’éviter quelqu’un quand on y est résolu, en particulier lorsque tout le monde vous déteste ou se méfie de vous à la base. Regina s’en tient essentiellement à sa maison et à son bureau, tandis qu’Emma devient un shérif fantôme, qui hante les petits incidents ou les troubles qui se déclarent. La ville a toujours été conçue pour se gérer facilement après tout, et il y a rarement la moindre nécessité pour que leurs chemins se croisent.

Regina se dit que l’important n’est pas le baiser mais la réaction, et qu’avec une ennemie susceptible de poser autant de problèmes qu’Emma Swan, il est toujours sage de la garder en réserve pour une autre occasion.

C’est Henri - évidemment - qui met fin à cette paix timide. Regina se demande s’il continuerait ses bêtises s’il savait quel changement était intervenu dans les relations entre les deux femmes qui tiennent le plus à lui. Mais quoi qu’il en soit, il s’offusque que Regina lui confisque (encore) son recueil de contes une fois que son bulletin a confirmé une légère baisse de ses notes.

« Je n’ai que dix ans, plaide-t-il. Ce ne sont même pas des notes importantes.
- Travailler dur n’a pas de sens si on n’est pas régulier. » lui dit Regina, et il lui jette un regard noir qui révèle sa ressemblance avec Emma. Il y a quelque chose d’autre dans cette expression qui tracasse Regina depuis des années, mais elle n’arrive toujours pas à mettre le doigt dessus. Peut-être qu’Emma Swan a commencé à l’irriter avant même qu’elle ne la rencontre.

C’est alors qu’elle décide d’interdire à Henri de voir Emma, dans un instant de pure rancune envers eux deux. Leur ADN commun n’aura guère de poids si Henri est consigné, et si Regina doit modifier son emploi du temps pour s’en assurer, elle le fera sans hésiter.

Henri, qui a dix ans et qui est complètement impossible, attend son premier moment de distraction pour s’enfuir. Elle lui dit bonne nuit à neuf heures - pas de réponse - et se réveille avant l’aube avec une inquiétude grandissante. Et de fait, le soleil n’est pas encore levé mais Henri est introuvable (ainsi que son sac à dos).

Regina tâche d’imaginer un moyen d’éviter d’impliquer Emma, mais face au choix entre retrouver Henri sain et sauf et quelques moments de gêne imprévus, il n’y a vraiment pas photo. Regina ne s’attarde pas sur le fait qu’Henri verra cela comme une tentative pour lui gâcher la vie plutôt que comme l’initiative pour le protéger dont il s’agit en réalité.

Elle tambourine à la porte de l’étrange maison reconvertie de Mary Margaret, et tape impatiemment du pied en attendant une réponse. Il est presque huit heures du matin et Henri a disparu un peu après le coucher de Regina à une heure. Cela ne peut vraiment pas attendre.

Heureusement, l’institutrice et ses minauderies ne sont pas là (Regina regrette presque le temps où celle-ci était plus combattive, dans la Forêt, avant de se rappeler à quoi cela les a conduits). Malheureusement, cela veut dire qu’Emma est là, et c’est elle qui ouvre la porte, la brosse à dents pendue au coin de la bouche. C’est grossier, négligé, et d’une certaine façon, Regina n’a rien vu d’aussi sexy depuis longtemps. Néanmoins elle chasse cette idée.

« Est-ce qu’il est ici ? » demande-t-elle d’un ton impérieux, un pied déjà sur le seuil pour montrer qu’on ne lui fermera pas la porte au nez, pas aujourd’hui.

« Henri ? » marmonne Emma à travers sa brosse à dents. « Non. »

Elle recule pour laisser entrer Regina et traverse la pièce pour finir ses ablutions matinales. Lorsqu’Emma ressort à grands pas de la salle de bain, elle est déjà en train de jongler avec ses clés, son téléphone et son blouson, prête à entamer les recherches.

« Mary Margaret va voir à l’école. Je vais essayer ses cachettes habituelles. Vous devriez rentrer chez vous, au cas où il reviendrait.
- Pour que vous puissiez jouer les héros, accuse Regina, pendant que je reste assise chez moi à ne rien faire ?
- Ca vous est déjà arrivé, madame le maire. Vous connaissez la procédure. Et puis, Henri est un gamin futé. C’est possible qu’il se soit juste caché dans les parages en attendant que vous partiez. » fait remarquer Emma tout en faisant sortir Regina dans la rue. Elle accroche à sa ceinture ce maudit insigne de shérif, et Regina détourne les yeux.

« Je veux venir avec vous », dit Regina, reconnaissante que ce matin Emma ait opté pour le cuir brun foncé mieux adapté à sa fonction.

« Je ne crois pas que ce soit une bonne idée. » dit Emma, et pour la première fois elle semble mal à l’aise, reconnaissant enfin l’étrangeté de ce qui s’est passé lors de leur dernière rencontre.

« Si vous croyez que je vais mettre à profit la disparition de mon fils pour une espèce de « plan cul », miss Swan… » Regina savoure la réaction que provoque le choix de ses mots. Emma fluctue entre le choc, l’indignation et la colère pendant les quelques délicieuses secondes où elle lutte pour garder son calme.

« Rentrez chez vous, madame le maire », insiste Emma en se glissant dans la voiture du shérif et en allumant la radio. « Je vous appelle dès que je sais quelque chose.
- Je n’ai pas d’ordres à recevoir de vous. » crache Regina, littéralement furieuse d’être congédiée.

« Rien que pour aujourd’hui, si ! » dit Emma en démarrant sa voiture et en s’éloignant du trottoir. Regina tape du pied, rien qu’une fois, de frustration, et regagne sa Mercedes de nouveau en état de marche.

damelola, fic : emma/regina, Traduction française, fanfic: traduction française, once upon a time, swan queen, (sympathy is) more than just a way of le, femslash

Previous post Next post
Up