Le jour où il avait oublié de se raser

Jul 14, 2009 19:29


JOYEUX ANNIVERSAIRE NII-SAAAAAAAAAAAAN.
On t'aiiiiiiiiiimeuh.
Et rien que pour vous, en ce jour de vénération (parce que Francis est vénérable à 200%) mon petit cadeau :

Titre : Le jour où il avait oublié de se raser
Auteur/Artiste:maikichelorrain 
Personnage(s) et/ou pairing(s): Francis, mention de Marianne (République française),
Rating: niet
Avertissement: beaucoup d'introspection... et Francis pas vraiment pervers (mon dieu, c'est possible)
Résumé: Avant de se rendre au traditionnel défilé du 14 juillet, Francis réfléchit sur le sens de sa fête nationale


Francis aimait se recueillir à l'intérieur du Panthéon. Les cryptes étaient fraiches et sombres, et pourtant l'atmosphère était chargée du solennel et du respect qu'imposait les lieux. C'était une ambiance unique, qu'il ne retrouvait nulle part ailleurs, où le silence de rigueur permettait de faire un lien entre les morts enterrés au nom de leur patrie, et les vivant venus leur rendre un hommage plus ou moins digne.

C'était une sorte rituel - chaque année, avant de se rendre place de la Concorde, il y faisait un détour.

Il ne savait plus très bien quand il avait pris cette habitude, depuis quand son esprit l'y poussait et si jamais cette étrange impulsion s'arrêterait un jour, mais une fois de plus ce matin là, ses pas le conduisirent sur les marches du temple de la République.

Le 14 juillet, depuis l'instauration de cette date comme fête nationale, le troublait. Un doute diffus, confus, qui le reprenait avant de se rendre à chaque défilé, et qu'il n'arrivait à supprimer qu'en allant écouter le silencieux témoignage de ceux qui étaient morts pour lui.

Pour Francis, le Panthéon était la preuve physique que ses interrogations avait une raison valide et fondée. Tous les ans, quand il montait les marches de l'édifice, son coeur se chargeait aux mots gravés sur le fronton 'Aux grands hommes, la patrie reconnaissante' - et qui était-il, sinon la patrie qui ne comprenait pas pourquoi tant d'êtres si exceptionnels avaient cru en lui.

Pourtant, le Panthéon n'était véritablement Panthéon que depuis la 3e République. Certes, des maréchaux d'Empire s'y trouvaient aux côtés de philosophes mort sous l'ancien Régime, et son inauguration remontait à la 1ère République.Mais la croix qui surplombait encore le monument témoignait des combats acharnés qui avaient opposé la nécropole à ceux qui voulaient rendre l'édifice à sa vocation première - la religion. Qui d'autre que la République l'avait transformé, et le mot était fort bien choisi, en temple?

Oui, le Panthéon, le 14 juillet, relevaient tous deux de la même ambiguïté : qui au fond, célébrait-on?

Francis?

La République?

Autre chose?

Francis n'était pas exactement né un 14 juillet - il ne se souvenait même pas de la date exacte, car cela remontait plus loin que ses souvenirs, mais il aurait pu proposer des hypothèses qui pouvaient totalement convenir. De 843 - partage de l'Empire de Charlemagne à 987 - fondation de la monarchie qui allait le régir pendant près de 800 ans, des événements, il y en avait à la pelle.

Quant à Marianne, elle n'était pas née ce jour là non plus. 21 septembre 1792 pour être exact, abolition de la monarchie, et 22 septembre, datation de l'an I de la République. A moins qu'on ne prenne le 4 septembre 1870, pour le jour où elle s'était vraiment mis sur les rails - encore que.

Se limiter à une simple date ne faisait pas comprendre ce qu'était le 14 juillet. Cela avait été un passage, un gouffre dans lequel le peuple s'était engoufré, entrainant avec lui la chute de l'Ancien Régime...

Néanmoins...

Qu'avait donc été la première fête nationale, en 1880, sinon une volonté des Républicains d'assoir leur régime? De rallier tout le monde autour d'une République une et indivisible, et des droits de l'Homme pour jeter dans l'ombre et l'opprobre ceux qui s'opposaient à elle?

Et où était donc sa place, à lui, dans des événements que Marianne organisait, pour au fond, se célébrer elle même?

Figé devant le caveau de Jean Moulin, dans celui où reposait également Malraux, Francis sentit son coeur battre plus vite, et les larmes lui monter aux yeux.

Si Jean avait tenté de se suicider en 1940, était-ce pour Marianne - parce qu'il ne supportait pas l'horreur de mentir, de lui faire du tort en accusant ses soldats alors qu'ils étaient innocents? S'était-il engagé pour lui, Francis, parce qu'il ne supportait pas de voir son pays aux mains des Nazis? Ou avait-il enduré des jours de tortures pour une raison qui transcandaient les deux autres?

Ces questions revenaient, sans cesse, chaque année. Telle une flamme qui ne se rallumerait qu'une fois par an, et dont il n'arrivait pas à éteindre complètement les braises

Francis soupira.

Peut-être était il sage de réfléchir sur les symboles et les valeurs qu'il arborait. Francis et Marianne, France et République étaient intimement liés, tels des mots unis par des sens plus profonds et cachés qu'ils ne le laisseraient entendre, au point d'en être presque synonymes. Et pourtant, en 1940, qui d'autre que Francis avait tiré une balle en pleine tête de sa République?

Mais le temps passait, il serait bientôt l'heure de se rendre à l'Elysée où il devrait accueillir l'Inde, qui cette année, serait à l'honneur du défilé. Marianne ne tolèrerait aucun retard, et même le bouquet qu'il comptait lui offrir ne suffirait pas à calmer sa colère.

Se dirigeant vers la sortie, Francis se retrouva entre les tombeaux de Voltaire et Rousseau, ses deux philosophes qui ne s'étaient jamais vraiment compris l'un l'autre - au fond qu'est ce qui avait pu les animer, eux, qui étaient morts près de 10 ans avant la Révolution?

Francis ferma les yeux, et tenta de se souvenir.

La passion de la liberté.

La volonté d'égalité

Le désir de fraternité.

Qu'est ce qui l'avait fait avancer, depuis 220 ans? Sur quoi lui et Marianne s'était toujours entendu, en divergeant sur les méthodes? Qu'est ce qui avait poussé la plupart des habitants de cette ville mortuaire qu'était le Panthéon?

Sinon des valeurs, des idéaux.

Aujourd'hui ce n'était ni totalement Francis que l'on fêtait, ni totalement Marianne, c'était aussi les raisons pour lesquelles ils avaient jugé dignes de se battre. Les raisons sur lesquelles les philosophes avaient discourus, pour lesquelles les résistants s'étaient battu, et qui avait poussé la Révolution à autre chose qu'une simple contestation.

Le coeur et l'esprit de Francis s'apaisèrent. Il arrivait à cette conclusion chaque année - seul changeait l'endroit exact où il se rendait compte que son malaise n'avait pas de vrai fondement.

Il n'était peut-être pas vraiment né un 14 juillet, mais c'était le jour où d'une royauté, il s'était petit à petit transformé en Nation.

Et la barbe, que ce jour là, pour la première fois, il avait oublié de raser. Et le jour, où un an après, il avait décidé que cela lui allait bien.

Et parce qu'aujourd'hui vaut bien sa petite anecdote :
Je tenais à avoir une petite pensée pour le gouverneur De Launay. Alors que nous fêtons la grande oeuvre devant l'éternel que ful la Révolution, lui, a passé une très mauvaise journée. En effet ce monsieur était gouverneur de la Bastille en 1789, et a fini son 14 juillet avec la tête trimbalée sur une pique dans tout Paris
:3

fanfic

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