argh troubleshooting et avec LJ qui débloque sévère ça a été difficile à arranger !
Titre : Prendre suffisamment de temps
Auteur :
ylgBase : Saiyûki
Personnages/Couples : Cho Hakkai, Sha Gojyō/Cho Kanan
Genre : avancée
Gradation : PG-13 / T
Légalité : propriété de Minekura Kazuya, je ne cherche ni à en tirer profit ni à manquer de respect.
Avertissements : toujours l’histoire de Kanan et puis un peu celle de Gojyo ; mention de sexe non descriptive
Thème : o2#o6, «
Attends un peu » pour
10_choixContinuité/Spoil éventuel : post série spéculatif, suite des thèmes précédents, etc
Nombre de mots : 1350
***
Ils se sont tous les trois donné le temps de faire le point, chacun sur soi même, et sur les autres. Ce qu’il faudra mais quand même pas des années non plus. Les décisions il va bien falloir les prendre.
Sur soi-même, Gojyō n’a plus beaucoup changé depuis la mort de sa belle-mère. Hakkai s’est apprivoisé lui-même il y a une paire d’années maintenant, lui, ses crimes et son nouveau corps. Pour Kanan, c’est nouveau. Elle se sent encore bizarre. Elle ignore les détails des procédures qu’elle a subies et le flou, l’inconnu concernant sa propre personne la révolte : encore une violation, à laquelle elle ne peut rien.
Le souvenir du monstre en elle ne s’est pas encore effacé. Il ne partira sans doute plus jamais. Et elle a à apprivoiser le sien, celui qu’est Gojyō, et celui de Hakkai.
Tous les trois sont des mélanges étranges. Ni humains ni yōkai, quelque chose d’entre les deux et de différent encore. Kanan n’a pas vraiment changé physiquement, rien ne prouve que ses changements dans la perception de son propre corps, de son propre état d’esprit, soient liés aux greffes ou à tel ou tel trauma subi, entre les violences, la décision de mourir et le retour malgré elle… Mais voilà. Il y a quelque chose de définitivement changé et si elle veut continuer à vivre il faut qu’elle fasse avec.
Elle s’habitue à Gojyō. La forme de ses mains, de ses oreilles, aide. Reste la couleur de ses yeux et de ses cheveux, mais elle les apprivoise. Après tout, aucun de ses agresseurs n’en arborait de pareilles.
Elle peut admettre que sa naissance, bien qu’issue d’un tabou, venait d’un acte d’amour et pas forcément de violence. Et qui est-elle pour condamner les unions interdites ? Elle y a payé son tribut. Elle fera taire ses préjugés.
Pour Hakkai c’est plus difficile. Le corps bien-aimé de son frère, de son amant, son autre elle-même, ainsi dévasté, elle ne l’admet toujours pas. Il contribue à son déni en ne s’acceptant pas beaucoup lui-même et en gardant toujours ses limiteurs en place. En maintenant cette illusion d’humanité…
Mais si finalement humains et yōkai se mélangent ainsi, ils ont à se demander : où est vraiment la limite ? Quelles sont leurs vraies différences ? Les yōkai ont plus de force physique, plus d’affinité avec la magie, et ont payé le prix d’être si vulnérables à une mauvaise magie. Les humains semblent plus fragiles et accusent les yōkai d’être vicieux et dangereux ; pourtant il y a autant de barbarie des deux côtés. Et, quoi qu’elle n’en ait pas vu beaucoup de ses propres yeux, Kanan sait qu’il y a aussi autant d’actes de bonté. Cette scientifique, pendant sa seconde captivité, l’a traitée avec plus de commisération que n’en ont eu les servantes lors de la première, et même… que les habitants de son village. Ou même certains adultes de l’orphelinat où elle a grandi.
Tous des personnes, pas juste des monstres…
Ils ont à faire le point sur les autres aussi. Y compris les « autres », les étrangers qui les entourent. Mine de rien, ils font de nouveau partie de la société. Société bouleversée par ces dernières années d’hostilité si franche entre humains et yōkai. Après un si long épisode de violence, eux trois, si marqués qu’ils soient, sont loin d’être les seuls à devoir se reconstruire. Et tout le monde n’est pas si prêt d’admettre de nouveau le mélange des deux races devenues ennemies. Revivre tous ensemble comme autrefois sera difficile.
Et eux, que vont-ils faire de leurs vies personnelles ? En plus de leurs relations si complexes, ils ne pourront pas non plus temporiser indéfiniment sur leurs relations avec le monde extérieur. Cette vie, il faut la gagner. Ils ne vivent pas en autarcie avec un petit jardin potager et la bordure d’une forêt giboyeuse.
Pour Hakkai la solution est simple ; il s’oriente naturellement vers le tutorat. Humains ou yōkai, élèves particuliers ou classes nombreuses, il trouvera toujours des enfants ayant besoin d’apprendre. Il a le talent pour ça et saura toujours se faire accepter.
Gojyō, ne sachant as faire grand’ chose d’autre, envisage de recommencer à plumer les pigeons le soir dans les bars, en se demandant quand même si ça n’a pas un peu perdu sa saveur. En journée, il commence à prendre des petits boulots ponctuels, des travaux qui n’exigent pas beaucoup.
Kanan est claire et nette : elle ne sera pas femme au foyer. Elle aussi trouvera bien quelque chose à faire.
*
Et, oui, ils ont fini par faire le point sur eux trois, comme un ensemble. Ça n’est pas tout de se rendre compte de leurs sentiments, de leurs attentes ; encore faut-il ensuite agir en conséquence ?
Là encore, ils ont besoin d’attendre un peu, de prendre le temps d’accepter pleinement situation et projets.
Ils y vont progressivement, pour se donner le temps d’être sûrs d’eux à chaque étape. Pour des gens qui ont eu par le passé une vie sexuelle tellement enthousiaste, y aller si timidement les surprend. Kanan se souvient encore du plaisir intense qu’elle a partagé avec Gonō avant… avant le reste. Gojyō, tant qu’il n’avait que du désir et pas de sentiments précis envers les filles, ne se posait aucune question. Hakkai a laissé les regrets et les remords étouffer tout désir après la perte tragique de son premier amour et les nouveaux projets qu’il a pu former une fois son deuil fait sont redevenus irréalisables.
Ils commencent, très chastement, par simplement dormir ensemble, juste dormir. Comme ils l’ont déjà fait plusieurs, par la force des choses, pendant leur grand retour et le début de leur séjour dans cette maison à rénover.
Pendant longtemps ça a été avec Hakkai au milieu, comme une zone tampon entre Gojyō et Kanan, à la fois objet de dispute et de conciliation pour les deux autres.
Il est temps de changer un peu. Ils ont assez repoussé le problème comme ça ; que se passera-t-il si maintenant c’est Kanan qui se retrouve au milieu ? Elle bénéficie d’une attention nouvelle. Deux beaux jeunes hommes entièrement dévoués à faire écran entre elle et le reste du monde, qui ne demandent qu’à être près d’elle. Pas grand’ chose vraiment, un peu de contact innocent, un baiser léger…
Et combien de temps encore avant de s’autoriser les plaisirs de la chair ?
Kanan guette son propre corps dans lequel elle ne se sent toujours pas complètement à l’aise. Elle attend encore le sang qui ne revient pas, qui n’est jamais revenu depuis… tout ce temps. Si longtemps. Ces deux yōkai, l’une médecin l’autre herboriste, et Hakkai aussi, lui ont juré qu’il n’y a plus aucune vie étrangère, aucun parasite en elle. Que ce qu’elle pouvait sentir d’étranger était pourtant intégré à elle. Qu’il n’y plus de changement désormais. Elle a sans doute perdu quelque chose, et pas gagné en assurance pour autant.
Elle se méfie quand même toujours. Pour l’instant, plus personne ne la touchera sans protection. Même si les risques sont plus pour sa tête, son cœur, que son corps.
Elle se fixe une limite avant d’oser.
*
L’attente touche finalement à sa fin. C’est aujourd’hui qu’on le fait !
Comme ça.
Ça arrive.
Le moment et les états d’âme y sont propices.
Gojyō et Kanan se retrouvent ensemble à la maison. Et pas complètement seul à seule : entre eux, le désir devient impossible à nier.
Ils y vont doucement. À son rythme. Sans se précipiter. Ils y mettent de la tendresse comme rarement. Et n’ont aucun remord.
Hakkai saura tout de suite à son retour et ils savent qu’il ne dira rien. Qu’il aura son tour aussi plus tard. Bientôt sans doute.
Mais avec qui ; avec lui ou elle ou les deux, ça ils ne savent pas encore.