Challenge 30_baisers, Helen/John

Dec 15, 2009 16:03

Titre : Jack l'Eventreur
Couple : Helen Magnus et John Druitt
Fandom : Sanctuary
Rating : G
Thème : #2, Nouvelle, Lettre
Disclaimer : Pas à moi. ^___^
Notes : Rien de spécial~


*~*
Londres, 1888

L’air était lourd, le brouillard ne permettait pas de voir son chemin à travers les ruelles du vieux Londres. Ici et là, des rats grignotaient les restes d’un repas abandonné là, quelques fois chassés par les pas pressés d’un homme en redingote. Personne ne s’attardait plus dans ces ruelles, comme si l’instinct naturel de l’animal qu’était encore l’homme pouvait sentir l’aura maléfique des lieux. Car on ne pouvait s’y méprendre : l’endroit était tout sauf paisible.

La mort rôdait et régnait en maître sur la ville de Londres. La puanteur de la terreur, de l’envie, du meurtre, assaillait les narines des plus courageux, parmi lesquels figurait en tête la téméraire et ardente Helen Magnus. La brillante scientifique arpentait les ruelles sombres à la recherche de quelque chose… ou de quelqu’un. Aucune trace d’appréhension dans son regard déterminé, et ses pas se faisaient plus rapides à mesure qu’elle se rapprochait de sa proie.

Le souffle court d’avoir avalé les derniers mètres, Helen trouva enfin ce qu’elle cherchait. Le monstre, le tueur, la créature qu’elle avait elle-même engendrée… l’homme qu’elle aimait avec tout son être, moi.
- Ca suffit, John !
Ses yeux me transpercent comme deux lances de glace. Sa voix est dure à mes oreilles. Je suis sa proie, la mienne se trouve entre elle et moi, apeurée, inquiète, confuse.
- J’aimerais vous présenter ma fiancée, m’entend-je dire. Ou devrais-je dire, ex-fiancée.
- Ca suffit, John, répète Helen.
Je me délecte de son visage impassible sous lequel je devine sa colère bouillonner, furieuse de cette trahison. Elle sait depuis longtemps que je suis le tueur de Londres, Jack l’Eventreur, mais la vérité est toujours difficile à croire quand elle ébrèche la confiance que l’on a placée en quelqu’un de proche.

Comment lui expliquer qu’elle est la cause de toute ma haine ? Comment pourrait-elle ne serait-ce qu’effleurer la raison qui me pousse à tuer ? Le sang qui m’a rendu la vie, son sang, m’est à présent intolérable. Je sens en moi son influence, ses pulsions meurtrières, qui m’ont poussé à tuer cinq fois déjà. Oh, je ne peux avoir la prétention de dire que ce sang m’a corrompu. Non. J’étais déjà maudit, il n’a fait que le révéler.

Helen a sorti son arme, prête à faire feu sur moi. Ne comprend-elle donc pas qu’elle agit exactement comme je le souhaite ? Je sais qu’elle ne sera pas capable d’appuyer sur la gâchette, de mettre un terme à une vie qu’elle a sauvée et chérie. Helen Magnus ne peut pas être capable de tuer de sang froid, et encore moins un ami aussi proche que j’ai pu l’être. Alors je la regarde, mes yeux plantés dans la glace de son regard, tellement désireux de prouver sa détermination. Helen ne tirera pas.

J’hume le parfum de Mary, et je sais qu’elle sera la dernière. Je suis fatigué de courir, fatigué de jouer au chat et à la souris. Ce dernier meurtre sera l’apothéose de toutes mes actions. Tuer sous les yeux d’Helen, ce sera mon Grand Œuvre. Je peux déjà imaginer l’horreur que je lui inspirerai une fois que j’aurais ôté une vie juste à ses pieds, et qu’elle n’aura rien plu faire pour m’en empêcher.

Soudain, ma vie bascule. Helen a tiré. La détermination dans son regard n’avait jamais masqué l’horreur ou la peur. Je la dégoûte déjà. Et elle a tiré. Jamais je n’aurais pu m’en prendre à elle, non, pas à elle, que j’aime encore malgré moi de toutes les fibres de mon être. Ma soif de sang ne m’aurait jamais permis de toucher à un seul de ses cheveux. Je voulais la faire souffrir autant que je souffrais, mais pas la voir disparaître. Elle a appuyé sur la gâchette.

Je me suis envolé, l’esprit confus. Le sang coulait de mes blessures, mais la souffrance physique n’était rien en comparaison de la douleur que ressentait mon cœur. Je ne comprends pas pourquoi j’ai si mal. N’était-ce pas ce que je souhaitais ? Non, je ne voulais pas qu’Helen me déteste, je ne l’ai jamais voulu. La tradition veut que l’on châtie ceux qu’on aime plus que tout, je ne pense pas être si différent. Pourtant, en y réfléchissant, elle ne pouvait que me détester. Comment aurait-elle pu continuer à aimer un meurtrier ?

Je me terre, meurtri et assoiffé de sang. La Terre ne m’a jamais semblé si peu accueillante et pourtant tellement tentante. Je sais que je ne dois pas sortir. Je sais que je dois continuer à errer dans l’espace-temps afin de ne pas mourir. Je suis prêt à ce sacrifice, car je sais qu’un jour prochain, j’attendrai Helen au tournant. Dans un futur proche ou lointain, je la tiendrai à ma merci pour réclamer ma vengeance. Alors seulement, elle comprendra.

J’attends. Un siècle passe comme une journée, mais j’ai l’impression d’avoir passé toute ma vie à attendre. Il est temps. Je redécouvre le soleil et l’odeur de la pluie, et je m’émerveille devant les horreurs architecturales qui peuplent à présent le monde. Cent ans ont passé, mais je suis comme en terrain connu et familier, parce qu’il y a Helen, quelque part. Elle ne sait pas ce qui l’attend. Son bouclier ne protègera jamais son sanctuaire contre moi.

C’est si simple. L’intelligence d’Helen n’a malheureusement pas été héréditaire, et il est si facile d’amener l’enfant à faire exactement ce que je souhaite. Son parfum ressemble tellement à celui d’Helen, ses cheveux ont la même couleur, et ses yeux… ce sont les miens. Je le sais, depuis longtemps déjà. Helen me l’a cachée, et je le comprends. Je ne me ferais pas confiance moi-même.

Cruelle déception… Helen a voulu me tuer encore fois, et elle a presque réussi. Mon corps s’est désintégré, je sens encore les fourmillements de l’explosion. Elle me déteste plus que tout au monde. Plus encore maintenant que j’ai porté la main sur la prunelle de ses yeux. Jamais elle ne me le pardonnera, et je n’en ai cure. Je suis mort de sa main.

Mort ? Non, finalement. Je suis bien vivant, si j’en crois ces flux d’électricité qui me parcourent le corps. Et je suis, si je puis dire, complètement neuf. Ma soif de sang s’est comme envolée, et si je comprends encore ce qui m’a poussé à tuer auparavant, je vois cette partie de ma vie comme dans un brouillard. Etait-ce vraiment moi ? Est-ce que le moi d’aujourd’hui est le vrai moi ? Je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est que cette soif de sang a toujours été présente en moi. Et elle le sera toujours. Je ne connais qu’un moyen de la combattre : Helen.

Fin

*~*

Helen reposa le journal, un étrange sourire sur les lèvres. John ne manquerait jamais de la surprendre… en bien comme en mal.

sanctuary, challenge 30_baisers, john/helen, french

Previous post Next post
Up